Championnats d’Europe de cross-country : Yann Schrub n’était pas là pour blaguer

10 décembre 2023 à 20:01

Magnifique ! Yann Schrub est devenu le premier Français de l’histoire sacré champion d’Europe de cross-country ce dimanche à Bruxelles, permettant également au collectif seniors hommes de finir deuxième. La journée débutait de la meilleure des manières pour l’équipe de France avec la médaille de bronze de la junior Jade Le Corre. Emmené par un Alexis Miellet de gala, le relais mixte s’offrait, par la suite, son premier titre sur l’épreuve. Un peu plus tard dans l’après-midi, Valentin Bresc s’emparait de l’argent et permettait aux espoirs hommes de monter sur la deuxième marche du podium. D’une course à l’autre, récit d’une journée haute en couleurs en direct du pittoresque Parc de Laeken !

 

Juniors Filles (5000 m) : Jade Le Corre, à jamais la première

La compétition avait à peine démarré qu’elle s’annonçait déjà prolifique pour le clan tricolore. À l’issue d’une course parfaitement maîtrisée, Jade Le Corre ouvrait la voie à ses coéquipiers en venant décrocher la médaille de bronze chez les juniors filles, la première de l’histoire de l’équipe de France dans cette catégorie. « Très contente de cette médaille. Je suis venue chercher un top 5 et me retrouver avec une troisième place, c’est incroyable ! Je n’arrive toujours pas à réaliser ce que je viens de faire ! ». Une sacrée surprise puisque jusqu’à aujourd’hui, aucune junior française n’était montée sur un podium continental dans les labours.

Après une 27e place en 2021 en Irlande, puis une 12e place l’an dernier dans les labours italiens, la sociétaire de l’EA St Quentin En Yvelines a fait sensation en venant s’offrir une place sur le podium, son premier au niveau international. Toujours dans le coup, l’athlète de 18 ans qui avait dominé le cross de sélection à Pontcharra, a dû résister aux assauts de l’Allemande Kira Weislors dans le dernier tour pour conserver sa place sur la boîte.

 

 

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Au final, elle n’est devancée que par la Britannique Innes Fitzgerald, quatrième l’an dernier, et par la Danoise Sofia Thogersen, vice-championne d’Europe juniors 2023 du 1500 m. « C’était un parcours très dur, très boueux, on ne pouvait pas faire beaucoup de relances car il y avait plein de boue. Mais c’est un parcours qui me correspond, donc je pense que c’est pour ça qu’aujourd’hui je fais une très belle place. Il faut prendre ce qu’il y a à prendre, et on fera mieux l’année prochaine ! », promet Jade Le Corre.

Les autres Françaises réalisent un joli tir groupé puisque Adèle Gay se classe 20e, Laly Porentru 23e et Clara Entresangle 24e. Margot Dajoux, 19e l’an dernier à Turin termine cette année à la 37e place. Les juniors filles terminent finalement en quatrième position, à neuf points des Suédoises qui se classent troisièmes.

 

 

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Juniors Garçons (5000 m) : Les Bleuets engrangent de l’expérience

Il fallait attendre le dernier tour pour connaître le dénouement d’une course dominée du début à la fin par le trio composé du Néerlandais Niels Laros, du Danois Axel Vang Christensen et de l’Irlandais Nicholas Griggs. Comme l’an dernier, la dernière ligne droite réservait son lot de surprises, et alors que le grand favori Niels Laros semblait avoir course gagnée, il se faisait reprendre dans les tout derniers mètres par Axel Vang Christensen, qui décroche son deuxième titre après celui acquis à Dublin deux ans auparavant. Après s’être écroulé l’an dernier dans l’ultime ligne droite alors que le titre lui tendait les bras, Nicholas Griggs cédait cette année dans le dernier tour et venait couper la ligne en troisième position.

Pour sa première participation à l’échéance, le premier Français, Aurélien Radja s’adjuge une prometteuse 11e place. Il devance ses camarades Gaston Rohmer (16e), Oscar Thébaud (24e), Ishak Dahmani (31e) et Youssef Boutayeb (35e). Ils ont néanmoins emmagasiné une expérience utile pour la suite de leur jeune carrière. Le collectif se classe cinquième.

 

 

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Relais Mixte (4×1500 m) : Un quatuor en OR !

Après avoir décroché quatre médailles (argent à Tilbourg en 2018, Lisbonne en 2019, Dublin en 2021 ainsi que le bronze à Turin en 2022) sur les quatre dernières éditions, l’équipe tricolore du relais mixte avait forcément à cœur de perpétuer la tradition. Grande nouveauté cette année : chaque équipe avait la responsabilité de décider de l’ordre du passage de ses relayeurs. L’occasion de voir plusieurs différentes stratégies se dessiner. Si la majorité des équipes avait alors aligné un homme en premier relayeur, c’est Bérénice Cleyet-Merle qui avait pour mission de lancer sur orbite son équipe côté français.

Deuxième relayeur, le Franco-Belge Antoine Senard remontait le peloton et donnait le brassard à Sarah Madeleine en deuxième position, derrière les Britanniques. « On a tous su mettre notre individuel au service du collectif, et c’est ça qui est beau. A chaque fois on encourageait le copain pendant qu’on s’échauffait, en attendant notre passage. Voir un relais comme ça qui se construit petit à petit, c’est beau », s’émerveillait celle qui a remporté le cross de sélection à Allonnes.

 

 

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Dernier relayeur français, l’expérimenté Alexis Miellet s’élançait au coude à coude avec le Néerlandais Anderiessen. Les deux hommes avaient alors en ligne de mire la relayeuse britannique Khahisa Mhlanga. Au terme d’une dernière ligne droite de folie, au cours de laquelle il aura fait parler son excellente pointe de vitesse, Alexis Miellet coiffait tout ce petit monde au poteau, et venait offrir au collectif tricolore sa première médaille d’or dans la discipline !

« Ça fait plaisir de partager une discipline collective dans un sport individuel. On s’est vraiment tous encouragés, on savait qu’on allait pouvoir lutter pour la première place. Après de là à vraiment gagner… Il y a d’autres années où on visait la première place et on a terminé deuxième ou troisième, donc là c’est vraiment concret et ça fait vraiment plaisir, se félicite le crossman déjà paré trois fois de la médaille d’argent dans la discipline. On va encourager les autres copains de l’équipe de France puis après on ira se boire un coup ! »

 

 

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Ils ont bien mérité de savourer un cornet de frites et une bière belge (avec modération) dans un pays où ils sont roi !

 

Espoirs Femmes (7000 m) : Au pied du podium

Dès l’entame de la course, le peloton se décantait et Megan Keith s’envolait. La Britannique, championne d’Europe juniors en 2021, et deuxième l’an dernier chez les espoirs prenait l’épreuve à son compte en cessant de ne creuser l’écart. Impressionnante de facilité, et jamais inquiétée, elle s’impose finalement avec 1’23 d’avance sur sa première poursuivante, synonyme de plus large victoire dans cette compétition ! Derrière l’intouchable Megan Keith, la bataille fut plus rude. Longtemps à la lutte avec l’Espagnole Maria Forero, médaillée d’or l’an dernier chez les juniors, les Finlandaises Ilona Mononen et Nathalie Blomqvist tiraient finalement leurs épingles du jeu et venaient signer un magnifique doublé pour compléter le podium.

 

 

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Première Française, la championne nationale 2023 du 5000 m et du 10 km, Manon Cumy rentre dans le top 20 en décrochant une 17e place. La sociétaire du Doubs Sud Athlétisme devance Camille Laurent, victorieuse du cross de sélection à Allonnes (21e), Héloïse Laigle (23e), Thaïs Paris (29e) et Ines Hamoudi (38e). Tout comme leurs homonymes juniors, le collectif des espoirs femmes (61 points) termine à la quatrième place du classement par équipes (à 11 points de l’Espagne, troisième).

 

Espoirs Hommes (7000 m) : Valentin Bresc, l’argent après le bronze

La course espoirs hommes avait des airs d’un match France/Grande-Bretagne. En tête tout du long, le quatuor composé des deux britanniques Will Barnicoat et Matthew Stonier ainsi que des deux Bleuets Valentin Bresc et Flavien Szot, se détachait rapidement du peloton. À l’entame de la dernière boucle, Szot et Stonier cédaient du terrain, laissant un duel entre Barnicoat et Bresc se dessiner. S’il a longtemps pris ses responsabilités, avec panache, Valentin Bresc était finalement battu dans les ultimes hectomètres par Will Barnicoat, déjà vainqueur l’an dernier chez les juniors.

« Je suis satisfait même si je suis un peu frustré quand même car j’étais vraiment très proche du titre. J’y ai vraiment cru jusqu’au dernier mètre. Malheureusement, je n’ai pas su mettre la petite accélération qui a pu faire la différence, analyse le médaillé de bronze en 2022 de l’autre côté des Alpes. J’ai mené toute la course, donc j’ai peut-être perdu un peu de jus, même si je me sentais super bien. Ma stratégie était de faire la différence dans le dernier tour, mais avec la boue c’est compliqué de faire vraiment l’écart. J’ai fait le maximum que je pouvais. Je sentais que ça m’accrochait encore, j’ai tout donné je me suis dit « je vais prier pour que ça tienne », ça n’a pas tenu jusqu’au bout, mais je suis quand même satisfait ».

 

 

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Comme l’an dernier à Turin, l’équipe de France composée de Teo-Rubens Banini (15e), Flavien Szot (17e), Luc Le Baron (18e), Titouan Le Grix (48e) décroche une superbe médaille d’argent. « L’année dernière on a déjà fini deuxième mais on ne va pas cracher sur une médaille d’argent. Même si on visait le titre, l’équipe est contente », soufflait Valentin Bresc.

 

Seniors Femmes (9000 m) : Un petit point qui fait toute la différence…

Le suspense pour la première place s’envolait en même temps que la foulée de Karoline Bjerkeli Grovdal. En s’imposant avec 45 secondes d’avance, la Norvégienne qui était déjà double tenante du titre assoie encore un peu plus sa suprématie européenne, et vient du même coup s’offrir sa dixième médaille continentale. Derrière elle, l’Italienne Nadia Battocletti, quatre fois victorieuse dans les catégories jeunes (juniors et espoirs), s’adjuge une belle médaille d’argent, notamment grâce à une dernière boucle mémorable. La Britannique Abbie Donnelly complète le podium.

 

 

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Au terme d’une course gérée d’une main de maître, Cécile Jarousseau, 25e l’an dernier à Turin, s’offre un magnifique top 10 en coupant la ligne d’arrivée au 7e rang. La représentante de l’Entente des Mauges devance de quelques unités sa camarade Marie Bouchard (12e). Margaux Sieracki termine 20e, Célia Tabet 29e et Mélanie Allier 38e. Le collectif tricolore manque le podium pour un petit point (38 contre 39 pour la Belgique), et se classe donc quatrième. Rageant. 

 

Seniors Hommes (9000 m) : Le triomphe de Yann Schrub

Époustouflant ! En tête de A à Z, Yann Schrub (27 ans) a su prendre ses responsabilités en menant la course, en patron, du début à la fin, se surprenant lui-même ! « Au début, je pensais que j’allais craquer parce que personne ne me suivait derrière, je me suis dit « c’est sûr que je vais le regretter ». Je n’avais pas confiance en moi, je ne pensais pas que les gars allait péter comme ça. Dans ma tête, je m’étais mis un scénario où ça allait se jouer dans les 500 derniers mètres, avec Isaac, Hugo, Bastien, Fabien… Et je me suis dit « on va se battre à huit sur les 500 derniers mètres », détaille celui qui a mis entre parenthèse la médecine depuis octobre 2022 pour se consacrer à fond aux Jeux olympiques de Paris 2024.

« Mais en fait, dès le début ça s’est décanté. Je regardais derrière car je me disais que ce n’était pas possible. J’ai été surpris par la forme que j’avais. Dans ma tête j’avais mes deux coach, Antho (Anthony Notebaert) et Dom (Dominique Kraemer) qui me disaient « Yann, quand t’es devant faut assumer ! ». Et là je me suis dit « ce n’est pas possible, si je ne le fais pas… ». Mais à deux tours de l’arrivée, je savais que si j’avançais bien dans la boue, j’allais gagner, parce que j’avais vraiment des jambes formidables. »

 

 

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D’une facilité déconcertante, le fondeur de l’Athlé Sport Sarreguemines Arrondissements a fait l’écart à l’entame de la sixième et dernière grande boucle, de 1500 m, distançant petit à petit son principal poursuivant, le Britannique Hugo Milner, qui craquait finalement dans l’ultime effort. Toujours lucide sur un parcours pourtant joueur, le médaillé de bronze à l’Euro de Munich 2022 sur 10 000 m prenait même le temps d’haranguer la foule dans une dernière ligne droite mémorable ! « À deux tours de l’arrivée, j’ai essayé de relancer, puis j’ai essayé de maintenir l’écart pour pouvoir savourer à la fin et ralentir et profiter du public. Parce qu’on s’entraîne tellement dur que quand des moments hypers rares comme ça arrive, on aime bien savourer aussi. Je suis dans un rêve éveillé ! ».

 

 

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Un rêve éveillé également partagé par l’un de ses deux entraîneurs, Dominque Kraemer. « On visait une médaille, on ne l’a jamais caché. Après, de là à aller chercher le titre… Surtout après le règne de Jakob Ingebrigtsen, qui a quand même duré quelques années. J’espère qu’il y aura un nouveau règne de Yann, sait-on jamais ! On est heureux. C’est un résultat extraordinaire ! ». En s’imposant dans les labours belges, Yann Schrub offre la France le premier titre de son histoire chez les seniors hommes.

 

 

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« Je suis d’autant plus fier ! Je suis vraiment content que ça soit moi. Il y a plein de personnes qui se sont déplacées, mes parents, ma copine, mon frère. Mais l’athlé c’est un sport où il faut rester humble. On peut être bien un jour, on peut être mal un autre jour, on peut craquer, il peut y avoir des blessures… Aujourd’hui, je suis content car ce titre était inespéré, c’était dans un coin de ma tête mais pas à ce point-là », nous confie Yann Schrub.

 

 

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Un bonheur n’arrivant jamais seul, les Tricolores venaient conclure cette journée en apothéose, en décrochant, la deuxième place par équipe chez les seniors hommes derrière les Belges, grâce à Fabien Palcau (10e), Hugo Hay (15e, malgré une chute au départ), Donovan Christien (40e), et Bastien Augusto (52e) lequel a très longtemps joué les premiers rôles avant malheureusement de baisser pavillon. « C’est vraiment bien, ça reste une médaille. Certes, on est un peu déçus parce qu’on voulait forcément garder le titre, trois fois de suite ça aurait été beau. Mais ça reste une deuxième place, il ne faut pas non plus dénigrer ça. Il y a des copains qui sont déçus, mais il ne faut pas qu’ils oublient que ça reste une médaille. On peut être fiers de nous ! », concluait le tout nouveau champion d’Europe, Yann Schrub.

 

La France deuxième au tableau des médailles

Quinze ans après avoir accueilli l’événement pour la première fois, Bruxelles abritait pour la deuxième fois les Championnats d’Europe de cross-country. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la capitale belge semble réussir aux Bleus. Après avoir décroché six médailles en 2008, un record, les Tricolores sont cette année repartis de Bruxelles avec autant de breloques, les classant deuxième, derrière la Grande-Bretagne au tableau des médailles.

Tous les résultats des Championnats d’Europe de cross-country 2023, en cliquant ici.

Texte : Emeline Pichon
Crédits photos : STADION

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