Championnats d’Europe de Munich : Yann Schrub s’offre une belle médaille de bronze sur 10 000 m

21 août 2022 à 23:13

Pour l’ultime soirée de ces championnats d’Europe d’athlétisme, Yann Schrub a décroché une superbe médaille de bronze sur 10 000 m en 27’47″13. Alors que son coéquipier Jimmy Gressier, quatrième place en 27’49″84, était attendu dans la lutte pour le titre, c’est l’étudiant en huitième année de médecine qui a mieux terminé la course pour aller chercher sa première médaille internationale sur piste. En argent, les relayeurs tricolores du 4×100 m ont apporté la neuvième et dernière breloque à l’équipe de France d’athlétisme à Munich.

Yann Schrub est intenable. Même contraint par ses lourds horaires d’interne en huitième année médecine et un entraînement de six séances par semaine, très loin de ses concurrents du soir, le Sarregueminois de 26 ans continue de trouver les moyens de briller. Ce dimanche à Munich, au milieu d’une course où les favoris ne manquaient pas, il s’est classé troisième de la finale du 10 000 m des Championnats d’Europe. Il y a toujours une belle médaille « surprise » dans ce rendez-vous continental pour les Français. Pas de doute possible, celle-ci revient de facto à Yann Schrub. Très honnêtement, pas grand monde ne s’y attendait, le champion de France de cross-country 2021 à Montauban lui-même d’ailleurs. « Le but, c’était un top 8. J’avais le quinzième temps des engagés. Même si je savais que j’avais des bonnes jambes, une médaille de bronze pour moi c’était inespéré ! », confie-t-il à notre micro.

 

 

« T’as des cannes, tu vas le regretter après »

Pour se faire, le sociétaire de l’Athlé Sport Sarreguemines Arrondissements (ville également connue pour son mythique drapeau bleu, blanc, rouge présent dans toutes les grandes compétitions internationales), a livré une course réussie dans la tactique. Le vice-champion de France de la distance en mai dernier à Pacé, aura toujours été bien placé durant les 25 tours de piste. Du premier au huitième kilomètre, le protégé de Dominique Kraemer est bien ancré dans le peloton, entre la 10e et la 13e place. À partir du huitième kilomètre, les choses s’accélèrent pour le natif de Thionville. Yann Schrub augmente son rythme et se replace dans le top 5, au niveau de Jimmy Gressier. « À un moment donné, j’ai eu un petit complexe d’infériorité face à Jimmy. Je lui laisse un ou deux mètres d’avance. Puis je me dis que non en fait, pourquoi tu le laisses partir ? T’as des cannes, tu vas le regretter après. J’ai eu quelques fractions de secondes où je l’ai laissé faire, mais j’ai réagi très vite ».

 

Le futur médecin prend donc l’avantage sur Gressier, puis continue sa progression. À 800 m de l’arrivée, le Norvégien Kbrom Mezngi place une attaque et se retrouve avec 15 mètres d’avance sur ses adversaires. Un pari qui ne fait pas peur à l’Italien Yemaneberhan Crippa, meilleur européen de la saison, qui effectue une grosse accélération et va finalement franchir la ligne en tête, avec un chrono en 27’46″13. Derrière, le Norvégien craque, on imagine alors quelques instants un double podium français, mais Gressier coince et c’est bien Yann Schrub qui en profite pour prendre le bronze en 27’47″13, record personnel amélioré de deux secondes (ancien : 27’49″64), juste derrière Mezngi qui aura finalement tenu en 27’46″93. À l’arrivée, Schrub lève les bras, savoure son tour d’honneur en faisant l’avion, épaules enroulées dans le drapeau tricolore et chapeau en forme de coq sur la tête qu’il gardera même en zone mixte : « Ce sont mes copains qui me l’ont donné alors je le garde ! Fier d’être Français ».

Cette performance, au-delà d’être en temps normal exceptionnelle, a un goût vraiment particulier. Cette médaille de bronze montre que tout est possible mais que surtout, il faut toujours y croire. La preuve : Yann Schrub ne s’entraîne « que » six fois par semaine quand la plupart des athlètes de son niveau font le double. Le reste du temps, le Lorrain travaille, beaucoup. Des gardes de 24 heures parfois, soit un rythme d’enfer si l’on rajoute à cela les entraînements. Pas de quoi impressionner le principal intéressé qui reste lucide : « J’ai tendance à travailler comme quelqu’un de normal, c’est à dire 35 heures. Je m’entraine le soir, j’espère pouvoir passer un cap, parce que ça va passer par là aussi. La médaille de bronze, ce n’est pas un aboutissement, je reste pour l’instant sur mon nuage car c’est important de profiter, mais j’espère que ça va être d’autant mieux par la suite, explique Yann Schrub qui veut continuer à passer des caps en athlétisme, sans bien sûr abandonner la médecine pour autant : « Ce sont mes deux passions. Je ne vais jamais faire que de l’athlé. J’ai envie de continuer la médecine, ça me fait plaisir et penser à autre chose. Cette double casquette me permet d’être en équilibre de façon harmonieuse ». Une personne normale, pour une performance pas banale.

 

Jimmy Gressier aura osé

Au départ, le grand public attentait probablement un autre Français sur le podium, voire même pour la victoire finale, en la personne de Jimmy Gressier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le natif de Boulogne-Sur-Mer s’en sera donné les moyens mais peut-être un peu trop tôt. Au départ, le vainqueur de la Coupe d’Europe du 10 000 m à Pacé en mai dernier, arrive confiant sur la piste. En jambes à l’entraînement et en constante progression depuis au moins cinq ans maintenant, tous les ingrédients sont réunis pour lui dans ces championnats.

Le coup de feu retentit, les 26 athlètes se lancent. Le numéro 1 français part plus vite et prend tout de suite les commandes du peloton, sans faire semblant : 2’40 au premier kilomètre puis 2’45 au second, le ton est donné. Après 3000 mètres, celui qui a terminé onzième sur la distance aux Mondiaux de Eugene, va passer le relais au Britannique Marc Scott, histoire de récupérer un peu, le rythme redescend alors quelque peu. Le Norvégien Kbrom Mezngi s’envole à deux tours du terme, mais le médaillé de bronze des derniers championnats de cross-country à Dublin est toujours dans le coup. Cependant, quand l’Italien Crippa puis Yann Schrub accélèrent, Gressier n’a pas autant de jus et semble payer son début de course en mode turbo. Résultat : une quatrième place en 27’49″84. Une déception pour celui qui visait l’or, mais qui s’est tout de suite retrouvé dans les bras de son compatriote médaillé, l’esprit d’équipe. Le troisième français engagé dans cette finale, mais pas des moindres, Yoann Kowal, se classe quinzième en 28’17″39. Le champion d’Europe du 3000 m steeple 2014 à Zurich, est en pleine préparation pour le Marathon de Londres le 2 octobre prochain, et ce 10 000 m fut une bonne étape, avec en prime une accélération après 11 minutes de course, pour prendre le large et refaire monter le tempo de la course, avant de logiquement se replacer au cœur du peloton.

 

Le 4×100 m masculin en argent

Après six ans sans médaille internationale, revoilà le 4×100 m tricolore. Très en forme ces derniers mois, les relayeurs ont tenu leur rang dans cette dernière soirée de compétition. Après la très bonne série mais la désillusion en finale à Eugene, le collectif France avait à cœur de se rattraper et de remettre les choses en place comme l’explique très bien Jimmy Vicaut à notre micro : « À Eugene, il y aurait pu y avoir un truc, il y a eu un accident, ça arrive à tout le monde. On gagne ensemble et on perd ensemble, cette fois on gagne, on est très content de passer sous les 38 secondes. Maintenant il faut continuer ». Une deuxième place donc, derrière la forte équipe de Grande-Bretagne, victorieuse en en 37”67, record des championnats et qui reste invaincue dans la compétition depuis 2014. Pour se faire, Méba-Mickaël Zézé a parfaitement lancé le TGV tricolore en 10″38 pour passer le témoin au Bordelais Pablo Mateo qui réalise une ligne droite opposée en 9″10 lancé. Il transmet le témoin à Ryan Zézé (9″33), toujours bon dans ce dernier virage, et Jimmy Vicaut (9″13), champion d’Europe il y a douze ans à Barcelone avec le relais 4×100 m, finit le travail. Un très bon 37”94 à l’arrivée, à 15 centièmes du record de France, qui confirme la très bonne forme de cette équipe accompagnée de main de maître par Richard Cursaz.

C’est déjà la fin de ces championnats d’Europe de Munich. Neuf médailles au total pour les Bleus : Cinq en bronze et quatre en argent. Pas de médaille d’or pour la première fois depuis 40 ans et l’Euro d’Athènes en 1982 certes, mais tout de même quelques satisfactions en plus de ces neuf breloques. Notamment la jeunesse qui a répondu présente et qui a quelque part redynamisé cette équipe avec une excellente cohésion, une quête d’expérience et des performances prometteuses. Un vent de fraîcheur bienvenu et nécessaire à deux ans des JO de Paris 2024. Mention spéciale au public allemand qui a tout simplement apporté une réelle plus-value dans ces « night sessions », en plus du cadre magnifique de l’OlympiaStadion. Un public de connaisseurs qui se passionne pour l’athlétisme, ça ne peut être que bénéfique pour les athlètes.

Tous les résultats, en cliquant ici.

Texte : Briac Vannini
Crédits photos : Elyse Lopez & Matthieu Tourault / STADION

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