À la veille du début des Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn (6 au 9 mars, Pays-Bas), l’équipe de France d’athlétisme comptera dans ses rangs l’une des révélations tricolores de l’hiver : Luc Brewin. L’athlète de 22 ans s’impose déjà comme l’un des grands espoirs des épreuves combinées dans l’Hexagone. Avec un record porté à 6199 points à l’heptathlon au X-Athletics de Clermont-Ferrand le 26 janvier 2025, validant ainsi son ticket pour l’Euro et les Mondiaux indoor (21 au 23 mars, Nankin), le sociétaire de l’US Talence confirme une progression fulgurante et ne se contente pas d’être bon dans une discipline : Luc Brewin veut les maîtriser toutes. Entre rigueur, polyvalence et ambition, le protégé de Gaëtan Blouin et Jonathan Baleston-Robineau nous raconte sa montée en puissance, ses défis et cette soif d’aller toujours plus haut, toujours plus loin.
— Luc, vous avez réalisé 6199 points à l’heptathlon, devenant ainsi le cinquième meilleur Français de l’histoire juste derrière notamment Kevin Mayer et Makenson Gletty. Comment vous sentez-vous avant ces Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn ?
Cette saison, je n’ai pas trop eu de problèmes au niveau physique, même si j’ai eu une petite gêne aux ischios en décembre. J’ai pu bien m’entraîner, bien me préparer et me parfaire au X-Athletics. J’étais un peu fatigué après la compétition, forcément, mais ces derniers jours, je me sens bien en forme. Je trouve que j’ai bien récupéré, donc c’est plutôt bon signe.
— Que retenir des Championnats de France Elite à Miramas (22 et 23 février) ?
C’était correct à Miramas. Satisfait, je ne sais pas, mais c’était bien. C’était régulier. Je n’avais pas des supers sensations à Miramas. Ce n’était pas non plus un grand jeu, c’était pour régler un peu les choses, refaire un concours à la longueur.
— Vous avez validé les minima pour les Europe et les Mondiaux indoor. Ça a changé quoi dans votre tête ? Une pression en plus ou juste une excitation pure ?
Ça ne change pas grand-chose. Je n’ai pas un gros stress, je me dis juste on verra ce que ça peut donner. Je reste assez focus sur ce que je dois faire moi, et puis je ne pense pas trop à la place. Je sais qu’il y aura un très haut niveau à Apeldoorn, mais c’est un heptathlon, il peut se passer plein de choses, c’est long. On va y aller épreuve par épreuve, et puis on verra ce que ça donne.
Luc Brewin totalise 6199 points à l’heptathlon au X-Athletics et devient le cinquième performeur français de l’histoire
Le pensionnaire de l’US Talence et Simon Ehammer, vainqueur avec 6205 points, se sont livrés une belle bataille durant deux jours ! pic.twitter.com/gEnSgZwOrE
— FFAthlétisme (@FFAthletisme) January 26, 2025
— Vous vous focalisez sur la place au final ou à votre performance globale ?
Je vais essayer de battre des records et de faire mieux qu’au Meeting X-Athletics, parce que c’était déjà vraiment pas mal. Je viens chercher encore mieux sur ces Championnats d’Europe en salle. Je pense que c’est faisable. Après, la difficulté, c’est toujours de tout aligner, mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible.
— Vous êtes un tout jeune bleu, quelle sensation ça fait ?
C’est toujours sympa d’être avec l’équipe de France. C’est toujours quelque chose de voir les athlètes qui sont dans l’équipe, et de se dire qu’on est dans le même championnat. C’est fou, mais c’est un peu attendu. On s’entraîne dur pour être dans des Championnats comme ça. J’ai déjà pu faire des compétitions avec certains des athlètes qui participent à l’heptathlon et au pentathlon qui sont là, donc ce n’est pas non plus inconnu.
— On imagine que votre objectif va être de d’améliorer votre record à la longueur (7,67 m en mai 2023), seule discipline dont votre meilleure marque n’a pas été battu à Clermont ?
J’aimerais bien sortir un gros saut ! Je trouve qu’au X-Athletics, j’en ai fait seulement qu’un, parce qu’après le premier, j’avais sorti un petit peu ma cheville qui avait pris un peu un choc à l’impulsion. Je ne voulais pas forcément forcer dessus et c’était un bon saut, mais je n’avais pas eu des super sensations non plus. Je n’avais pas l’impression de vraiment avoir décollé et j’ai juste progressé en vitesse. Je pense toujours arriver très vite en longueur, parce que c’est surtout ça qui fait aller loin. Et à l’inverse de Miramas, aux « Elite », où je n’ai pas trouvé de super sensations, j’espère que dans ce grand Championnat, il y aura un public avec l’ambiance et qu’avec la concurrence, j’arriverai à sortir un gros saut.
— L’heptathlon et le décathlon, c’est une science de l’équilibre : vitesse, puissance, endurance, technique… Quelle est la discipline sur laquelle-vous travaillez le plus à l’entraînement ?
On n’a vraiment pas mis d’accent sur une discipline en particulier, même si je fais beaucoup plus de haies et pas mal de courses ces derniers temps. Au final, je me sens globalement bien partout depuis le X-Athletics. Plus le temps avance, plus j’ai l’impression d’apprécier toutes les épreuves, et j’aime bien le challenge de toutes les disciplines. Le javelot, par exemple, c’est une épreuve que j’aime beaucoup, alors que je ne suis pas forcément très forte. La perche, la longueur, les haies, ce sont des épreuves sympas qui sont venues plus facilement que d’autres.
Un combinard vainqueur !
Cinquième performeur français de l’histoire à l’heptathlon, Luc Brewin (US Talence) s’offre le titre chez les Nationaux sur 60 m haies en 7″75, record personnel battu de six centièmes à Nantes pic.twitter.com/KSeAGCbQr8
— FFAthlétisme (@FFAthletisme) February 9, 2025
— Les lancers sont maintenant des défis pour vous ?
Je les travaille, et je pense, en tout cas, j’espère, qu’avec le temps, ça progresse. Au disque lors du Décastar, j’étais très content de battre mon record. Je fais 45 mètres (45,12 m pour être précis) et ça commence à être correct. Au poids, en salle aussi, je n’ai pas fait un très bon concours sur les trois lancers, mais j’ai sorti un bon dernier, donc ça vient aussi.
— Quand êtes-vous arrivé au pôle de Talence ? Et comment est-ce que vous avez fait pour vous adapter aussi vite ?
Je suis arrivé pendant l’été en préparant le Décastar. Je me suis adapté assez vite, après j’avais déjà pu faire des stages nationaux, avec les coachs Jonathan (Baleston-Robineau) et Gaëtan (Blouin) qui sont sur Talence. Je les connaissais déjà un peu et je savais que ça marchait plutôt bien aux stages, donc c’est pour ça que je pensais que ça pourrait être bien d’intégrer le pôle.
— Comment en êtes-vous venu à faire des épreuves combinées, qu’est-ce qui vous attire ?
J’ai commencé l’athlé en éveil, quand j’étais tout petit, à 7 ans à peu près. Quand tu es jeune, tu fais un peu de tout, et j’étais dans un club où on avait un bon entraîneur d’épreuves combinées. Ça s’est fait un peu tout seul et je n’ai pas eu vraiment le choix, c’est plus que je n’ai jamais arrêté de tout faire. Et j’aime bien les épreuves combinées, donc je ne me suis jamais vraiment spécialisé.
— Vous arrivez à Apeldoorn avec la quatrième performance européenne de l’année derrière le Norvégien Sander Skotheim (6484 points), nouveau recordman d’Europe, l’Allemand Till Steinforth (6255 points) et le Suisse Simon Ehammer (6205 points). Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à Apeldoorn ?
Pas de blessures et beaucoup de plaisir. J’ai vraiment hâte d’y être !
► QUAND VOIR LUC BREWIN ?
- Première journée de l’heptathlon : Vendredi 7 mars à 9h30
- Deuxième journée de l’heptathlon : Samedi 8 mars à 14h05
Propos recueillis par Dorian Vuillet
Crédit photo : Thomas Brachet