Championnats du Monde de Doha : Quel bilan pour les Français ?

06 octobre 2019 à 20:48

C’est avec deux médailles dans sa besace que l’équipe de France a quitté ce dimanche les Championnats du Monde de Doha (Qatar). Deux médailles conquises par Quentin Bigot au marteau et par Pascal Martinot-Lagarde sur 110 m haies. Quel bilan pour les Français ?

Ce soir, la 17e édition des Championnats du Monde d’athlétisme a refermé ses portes à Doha sur un bilan en deçà de ses attentes pour la France. Consciente de ne pas être en mesure de renouveler les mêmes exploits qu’aux derniers championnats internationaux, l’équipe de France avait pour tâche de confirmer l’ascension de certains et de donner leur chance à des nouveaux talents. Avec seulement deux médailles, l’argent pour Quentin Bigot au marteau et le bronze pour Pascal Martinot-Lagarde sur 110 m haies, les Bleus n’ont toutefois pas été à la hauteur des espérances. On est loin du côté clinquant de la moisson de Londres en 2017 avec cinq médailles dont trois titres. Ce rendez-vous planétaire oblige nécessairement à une remise en question à un an des Jeux, sans toutefois que la sonnette d’alarme doive être tirée.

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PML assure

Cette compétition n’aura pas révélé de nouveaux talents, le camp français n’a pu reposer que sur des valeurs confirmés. En décrochant le bronze sur 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde est monté sur un dixième podium dans un grand championnat chez les seniors (indoor et plein air confondus). Voilà une statistique qui ne devrait pas rassurer ses concurrents directs. Habitué aux récompenses, PML revient toutefois de loin. Auteur d’une saison galère après avoir été touché par une mononucléose au mois de juin, le hurdler de 28 ans a réalisé une très belle course et a profité de la chute du tenant du titre, le Jamaïcain Omar McLeod, pour s’offrir la première médaille mondiale en plein air de sa carrière. L’équipe de France comptera donc sur lui pour ajouter une nouvelle médaille dans l’escarcelle tricolore l’an prochain à Tokyo.

Côté tricolore, il y a eu néanmoins une révélation qui se nomme Djilali Bedrani. Le Toulousain a su se faire une place parmi les grands. Les très grands. Car finir cinquième d’un championnat du monde pour sa première participation, ça montre la valeur que prend peu à peu ce garçon de 26 ans. Avec un chrono de 8’05″23, le protégé de Sébastien Gamel a signé le quatrième chrono européen de l’histoire sur la distance derrière les Français Mahiedine Mekhissi (8’00″09) et Bob Tahri (8’01″18), et le Néerlandais Simon Vroemen (8’04″95).

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Les lanceurs se distinguent 

C’est là que réside la vraie satisfaction de l’athlétisme français. Les lanceurs tricolores ont sorti le grand jeu, à l’image d’un Quentin Bigot (78,18 m) qui aura réussi à arracher l’argent au marteau à l’issue d’un concours à rebondissements. Il est possible que le record de France de Gilles Dupray à 82,38 m ne passe pas l’année 2020. Son homologue féminin Alexandra Tavernier a également réussi le plus beau classement des Bleues en prenant une sixième place avec 73,44 m. La recordwoman de France (74,84 m) n’a pas réussi à trouver les clés lors de la finale pour se rapprocher du podium, lequel s’est joué à hauteur de sa marque nationale (74,76 m).

La vice-championne olympique Mélina Robert-Michon, qui arrivait à Doha après une saison difficile, aura finalement décroché la dixième place au disque (59,99 m) après avoir brillé en qualifications en réalisant son meilleur jet de l’année à 64,02 m. Un petit mot aussi sur Alexie Alaïs qui, avec une meilleure marque à 60,46 m, s’est classée quatorzième des qualifications du javelot, à 44 centimètres seulement de l’entrée de la finale.

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Les leaders en retrait

À Doha, les cadors n’ont malheureusement pas tenu la boutique. Yohann Diniz a abandonné lors du 50 km marche, Renaud Lavillenie n’a pas passé le cap des qualifications de la perche et Kevin Mayer, touché aux ischio-jambiers, a jeté l’éponge après la septième épreuve au décathlon non sans avoir démérité. Une blessure qui le priva certainement du titre. Nul doute que nos trois recordmen du monde sauront rebondir pour dérocher la plus belle des breloques à Tokyo. Jimmy Vicaut, sur 100 m, et Pierre-Ambroise Bosse, 800 m, sont passés au travers en étant prématurément éliminés dès les demi-finales.

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La jeunesse engrange de l’expérience

Au-delà des médailles, l’indicateur d’une nation forte se trouve au niveau du nombre de qualifiés dans les finales. De ce point de vue, la moisson des athlètes est famélique. Avec 6 finalistes, les Tricolores ont eu du mal à se faire une place face aux meilleurs mondiaux. Au tableau des médailles, la France a terminé vingt-quatrième, derrière les Etats-Unis (29 médailles dont 14 en or), le Kenya (11 médailles dont 5 en or) et la Jamaïque (12 médailles dont 3 en or). Un constat un peu plus alarmant : aucune athlète française n’aura connu le frisson du podium à Doha, comme si la petite forme de Mélina Robert-Michon et le manque de réussite d’Alexandra Tavernier avaient définitivement effacé toute chance de médaille féminine française aux Mondiaux. L’équipe féminine semble donc se trouver dans une mauvaise passe.

Hormis le 4×400 m masculin, les collectifs ont failli, surtout celui que l’on attendait : le 4×100 masculin, disqualifié en finale. Dommage, car le groupe a le potentiel pour battre le record de France (37″79 en 1990). Pourvue de nombreux talents, autant chez les hommes que chez les femmes, la France doit continuer à les faire progresser et à les faire passer le cap du très haut niveau, mais cela demande encore un peu du temps. Toutefois, les derniers résultats de nos Espoirs présents au Qatar dans lors des championnats de leur catégorie peuvent laisser présager de bonnes choses pour l’avenir.

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André Giraud confiant 

Toutefois, ces Mondiaux ont eu vocation de former aux grands événements une nouvelle génération dans la perspective des Europe de Paris et des JO de Tokyo en 2020, et aussi en vue de Paris 2024, et c’est parfaitement réussi. Outre la chasse à la médaille, les Français étaient également venus pour marquer des points dans la course à la qualification pour Tokyo l’été prochain.

Pour autant, n’oublions pas que le sport est tout sauf une science exacte et heureusement. Il n’y a jamais eu deux années de suite où l’équipe de France a fait le plein de médailles :  « A Pékin, en 2015, nous avions fait deux médailles de bronze et l’année suivante on remporte six médailles aux JO de Rio. On aurait préféré être plus régulier dans nos résultats mais c’est la vie de l’équipe de France avec des hauts et des bas » a résumé André Giraud, le Président de la FFA.

Après tout, sur la route de Tokyo 2020, Doha 2019 n’est qu’une étape… Championnats du Monde Doha France Championnats du Monde Doha France Championnats du Monde Doha France Championnats du Monde Doha France

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