Trail : Jérémy Desdouets va tenter d’établir le record du GR 34

07 avril 2021 à 12:26

Le 15 mai prochain, Jérémy Desdouets va tenter d’établir le record de vitesse sur le GR 34 entre le Mont-Saint-Michel et Saint-Nazaire. Dans la lignée des Fastest Known Time (les meilleurs temps connus sur certains parcours), le traileur breton disposera d’un mois pour parcourir les quelques 1900 kilomètres qui sillonnent la région.

Réputé comme étant l’un des plus beaux sentiers de France de part ses vues imprenables sur la mer, le GR 34 n’en est pas pour autant le plus simple. Sur un parcours très technique, Jérémy Desdouets se lancera dans ce défi avant tout pour contribuer à la mise en valeur du territoire Breton, qu’il connaît particulièrement bien. Le natif d’Hennebont (Morbihan) a en effet déjà parcouru près d’un quart des sentiers côtiers ces dernières années.

 

Une tentative inédite

Le jeune papa de 30 ans n’en est pas à son premier défi, et compte déjà un palmarès bien rempli dans le monde de l’ultra-trail. 2e de l’Ultra-Marin (87 kms), 4e du Challenge Ouest Trail Tour en 2018, 4e du Challenge Golden Trail Series France-Belgique, 31e de la TDS (UTMB) en 2014, sélectionné en équipe de Bretagne de trail en 2019 et dans la Team Ouest Trail Tour pour la Diagonale des fous en 2019, et la liste est encore longue ! L’établissement du record du GR 34 serait donc la cerise sur le gâteau, car il n’a tout simplement jamais été entrepris. Pour la première fois, le parcours a été validé par la Fédération Française de Randonnée, rendant l’homologation d’un record enfin possible. L’inédite initiative menée par Jérémy Desdouets promet donc de se transformer en une aventure sportive hors-norme.

60 à 90 kilomètres par jour

Pour mener à bien son pari, le traileur breton devra parcourir entre 60 et 90 kilomètres par jour, soit de 10 à 12 heures d’efforts quotidiens. « Le défi s’annonce énorme mais c’est jouable. Alors oui ça va être dur mais j’en suis conscient, avoue l’élève de Sébastien Pineau. Il va falloir que je garde une fraîcheur mentale tout au long du parcours ». Jérémy Desdouets sera accompagné dans cette aventure par de nombreux partenaires. Le tracker de l’application OpenRunner et la montre GPS de Suunto enregistreront l’intégralité du parcours. Côté nutrition, le licencié au CIMA Pays d’Auray pourra compter sur le spécialiste canadien Naäk, qui lui a préparé pour l’occasion un programme nutritif adapté, à base de barres de nutritions et de shakers notamment. Une équipe de kinés, indispensables dans le périple, se relayera pendant toute la durée du parcours. Côté équipement, il portera les chaussures et les vêtements de la marque Adidas Terrex, une collection spécialement conçue par la marque aux trois bandes pour les sports outdoor comme le trail.

 

Un défi au profit de la SNSM

Le 22 mars dernier, soit à moins d’un mois du départ Jérémy Desdouets effectuait l’une de ses dernières reconnaissances du parcours. Au programme, « un bon casse-croûte » comme il l’a appelé, entre Lorient et Auray. En deux jours, le traileur breton a avalé 160 kilomètres sans assistance. Un test concluant pour l’athlète, qui savourait « l’énorme satisfaction avec le sentiment que la préparation a payé ». Au-delà d’un véritable défi sportif, c’est une aventure solidaire que va mener Jérémy Desdouets, puisque sa tentative de record sera au profit de la SNSM. Le GR 34 se situe à proximité de 50 stations de sauvetages permanentes, ou saisonnières. En 2019, 9000 bénévoles sauveteurs en mers ont pris en charge près de 37 000 personnes.

 

Les étapes envisagées par Jérémy Desdouets

Semaine 1 : Mont-Saint-Michel – Paimpol, un départ exceptionnel

« C’est quelque chose à partir du Mont Saint-Michel. C’est un endroit rêvé pour démarrer un sentier de Grande Randonnée. Il y a ici un cadre mystique surplombé par son Abbaye, ensablé dans sa Baie. Les premiers kilomètres du GR34 passent dans les terres à proximité de Dol-de-Bretagne. Hormis ces incursions intérieures qui apportent un peu de dénivelé positif, ce début de parcours est plutôt roulant et devrait rapidement nous amener aux fortifications de Saint-Malo et aux hôtels particuliers perchés de Dinard. J’ai vraiment hâte de passer le Fort de la Latte, et le Cap Fréhel. Si le soleil est au rendez-vous, ce passage devrait être mémorable. Le sentier y est déjà plus joueur avec une succession de montées et descentes, de marches, de cailloux. Une fois passé Saint-Brieuc, je rentrerais sur les terres du Trail Glazig. Je repenserai forcément à mon joli podium de février 2018 sur l’épreuve de l’Ouest Trail Tour que j’apprécie. »

Semaine 2 : La côte de Granite Rose… pas si rose !

« J’espère y apercevoir quelques fous de bassant et surtout des macareux moines pour compléter ce décor de carte postale. Si tout va bien, une semaine devrait s’être écoulée depuis mon départ. Je pense que ce sera un moment déterminant où le mental devra jouer un gros rôle. C’est rassurant de se dire que je serai dans un bel endroit à ce stade, ça pourrait m’aider à rester focus et positif. J’appréhende un peu à l’approche de Roscoff car le dénivelé y est très marqué, il ne faudra pas s’affoler. Mais je serai proche de l’Ile de Batz, chère à ma mère qui y a vécu dans sa jeunesse. Je m’y suis rendu à plusieurs reprises et croyez-moi je serai mieux sur le sentier que dans les remous capricieux du passage! »

Mi-parcours – Pointe Finistère – Wild Wild West : Le coup de cœur

« Le GR34 est souvent sollicité par les épreuves bretonnes de trail et donne lieu à des joutes dantesques entre les meilleurs coureurs de l’Ouest. Le Trail de l’Aber Wrach sillonne la rivière du même nom. Cette course a été mon premier résultat sur une épreuve du West Trail Tour, avec une sympathique 4ème place en mars 2017. J’en garde un excellent souvenir qui marque les débuts de notre collaboration avec mon entraîneur Sébastien Pineau. J’y penserai au passage de Guissény en voyant le « caillou » qui sert de ligne de départ ! Ensuite, je passerai à la Pointe de Saint-Mathieu et à la photogénique Pointe du Petit Minou avec ses pavés irréguliers et son phare. Comment ne pas penser au bien-nommé Trail du Bout Du Monde sur ses sentiers ? La Presqu’île de Crozon sera certainement un grand moment. Cet endroit fait partie de mes coups de cœur, notamment la section Cap de la Chèvre – Morgat. Elle est très technique avec beaucoup de cailloux, des racines, des petites falaises. Le minuscule sentier slalome entre les pins maritimes dont le vert puissant contraste avec le bleu turquoise de l’océan, tout ça sous l’œil bienveillant du plus à l’Ouest des Monts bretons, le Menez Hom (330 m). »

Semaine 3 : Finistère Sud – Morbihan, rendez-vous en terre connue

« À partir du mythique Cap Sizun et la Pointe du Raz, le profil de dénivelé va progressivement s’adoucir et devenir plus « roulant » dans le Finistère Sud, où se succèdent les petits ports de charmes nichés en embouchures de rivières comme Pont-Aven, Brigneau, Merrien, Douëlan. Mentalement, les remontées de rivières seront compliquées puisqu’on a souvent l’autre rive à quelques dizaines de mètres en face sans pouvoir traverser. C’est ce que j’avais vécu sur la Laïta lors d’une reconnaissance Pont-Aven – Lorient. Je connais bien cette section du GR car j’en suis originaire. Ce sera spécial de passer dans le port de pêche de Lorient, devant la base des sous-marins et son pôle compétition « course au large ». J’ai également reconnu la section Lorient / Quiberon / Auray / Baden en mars dernier. J’en prendrai plein les yeux sur la Ria d’Etel et la côte sauvage quiberonnaise avant de basculer dans la petite mer intérieure qu’est le Golfe du Morbihan sur les traces de l’Ultra-Marin. Le Golfe est un endroit remarquable, que je connais finalement plus à la voile qu’en courant puisque j’y ai navigué avec ma famille depuis tout jeune. J’espère que mes camarades de club du CIMA Pays d’Auray partageront un bout de sentier avec moi vers Saint Goustan, encore un endroit assez incroyable ! »

Partie finale vers Saint-Nazaire : La dernière ligne droite

« Certainement la partie que je connais le moins. J’appréhende énormément les alentours de la Tour du Parc et Damgan. Le temps devrait être long. Mais arrivé si proche de Saint-Nazaire, j’ai vraiment du mal à imaginer dans quel état d’esprit et dans quelles conditions je serais. Ce sera un voyage dans l’inconnu à tous les points de vue. »

Pour suivre les dernières préparations de Jérémy, et sa tentative de record à partir du 15 mai, rendez-vous sur son compte Instagram.

Emeline Pichon / STADION
Crédits photos : Jérémy Desdouets

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