Peu connue dans l’Hexagone, c’est en outre-Atlantique que Yanis David fait ses gammes. En Floride plus précisément, où la Française est arrivée après le bac. Une fois son diplôme obtenu, la talentueuse guadeloupéenne de 23 ans a décidé de rester sur place. Femme de championnat, elle a tout à gagner aux Jeux olympiques de Tokyo au saut en longueur.
Sept ans après avoir empoché l’or aux Jeux olympiques de la jeunesse à Nankin (Chine), Yanis David découvre aujourd’hui l’immensité du village olympique. La jeune femme de 23 ans marche sur les pas de son idole Carl Lewis, et elle est bien déterminée à briller. « Je me suis fixé un objectif en début d’année, et ce n’est pas parce que je suis parmi les plus jeunes que je suis seulement là pour prendre de l’expérience », assure-t-elle en conférence de presse. Le ton est donné.
Il faut dire que son cadre de vie est, depuis cinq ans, dédié à la pratique de sa discipline. Une fois le bac en poche, la Guadeloupéenne a le choix entre rester sur son île, partir en métropole ou tenter l’aventure américaine. La proposition est trop alléchante : Yanis David fait ses valises, direction la Floride. Étudiante à l’université de Gainesville, elle s’entraîne sous la houlette de Nic Petersen. Déjà championne du monde juniors en 2016 à Bydgoszcz (Pologne), son palmarès s’étoffe, avec le titre européen chez les espoirs l’année suivante au même endroit.
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Titres universitaires, et premiers Mondiaux
Aux États-Unis, les étudiants qui concilient école et sport de haut niveau sont bien souvent pris en charge. Pas de frais médicaux, ni scolaire, pas de logement à trouver. En 2019, c’est l’explosion. Yanis David remporte le triple saut et la longueur aux mythiques championnats universitaires NCAA. Elle s’envole à 6,84 m, cinquième performance française de tous les temps, et synonyme de minima pour Doha.
Éliminée en qualifications, ce premier grand championnat lui permet d’acquérir de l’expérience. Cette saison a été plus compliquée pour la Guadeloupéenne : « Je me suis sentie bien physiquement, mais les performances n’ont pas suivi. C’est au niveau mental que ça a pêché. À certains moments, je ne m’amusais plus, je n’arrivais même plus à me concentrer sur l’athlétisme ». Un passage délicat pour cette pure compétitrice. Yanis David sait s’entourer, et elle sait aussi sur qui compter : sa psy et son entourage l’aident à se ressourcer et à avoir ce déclic nécessaire, pour retrouver le chemin de la performance.
« Aux championnats de France Elite à Angers (25 au 27 juin), je me suis dit « ça passe ou ça casse » », avoue-t-elle. Son abnégation, et tout ce travail mental effectué depuis des mois, paient. Yanis David devient championne de France élites, 6,63 m à la clef. Rassurant, avant de prendre l’avion pour Tokyo. Désormais, elle n’a plus rien à perdre. L’objectif premier est d’atteindre la finale. Ensuite, tout peut arriver. Les qualifications de la longueur se déroulent ce dimanche dès 2h50, heure française.
Texte : Mathilde L’Azou
Crédit photo : STADION