Ma vie de photographe aux Jeux olympiques de Tokyo

20 août 2021 à 12:44

Si vous nous avez suivi assidûment pendant la période des Jeux olympiques de Tokyo, vous n’avez pas pu tomber à côté des superbes clichés d’athlétisme publiés sur notre site et sur nos réseaux sociaux. Notre photographe Solène Decosta était placée à quelques mètres seulement des plus grandes stars de notre sport, le rêve de tout passionné. Elle nous raconte son quotidien et les coulisses de cet événement incroyable pour un photographe professionnel.

L’arrivée au Japon

Ça y est, on y est enfin, les Jeux olympiques tant attendus ! Après plus d’un an d’attente et de préparation, de nombreux formulaires, mails et de tests PCR, me voilà enfin arrivée au Japon. Konnichiwa, arigato et daeki kensa. Bonjour, merci et… test salivaire. Voici les principales expressions à connaître par cœur lorsque l’on débarque au pays du soleil levant en plein Jeux olympiques. Partir à Tokyo couvrir les JO en ces temps de pandémie mondiale n’est pas une mince affaire. Néanmoins, étant arrivée après les « grosses vagues » venues de France, je sors relativement rapidement, et avec succès, au bout de deux heures de l’aéroport Haneda, où plusieurs de mes confrères ont passé plus de six heures. Direction l’hôtel où je séjournerai pour les quatorze prochains jours.

Premiers jours à Tokyo

Le jet-lag a vite gagné un combat où il était le seul participant. Les nuits sont courtes et les siestes nombreuses : j’ai trois jours de « quarantaine » à l’hôtel avant de pouvoir prendre part aux festivités. Pendant ces trois jours, je dois passer des tests salivaires avec des bénévoles plus adorables de jour en jour. J’ai quand même le droit de sortir pour récupérer ma chasuble photographe au Main Press Center et d’assister au briefing photo au stade. Je découvre également le périple qui m’attend chaque jour si je prends les bus mis à la disposition des médias : chaque trajet doit transiter par le centre de bus, ce qui ajoute pas mal de minutes à un trajet.

La découverte du stade

À la fin du briefing photo, j’en profite pour visiter le stade (capacité d’accueil de 68 000 places). Je me retrouve dans le plus grand des stades où j’ai pu travailler. Je cherche mes angles, je prends mes repères, refais le parcours réservé aux photographes… Une immensité qui restera malheureusement sans supporters, mesures covid obligent.

La compétition

Le 30 juillet arrive bien plus vite que je ne le pensais, et avec ce premier jour des épreuves d’athlétisme, beaucoup de stress et de pression pour moi de participer à un événement que j’ai regardé tous les quatre ans à la télé depuis Sydney. Au bout de quelques jours, je suis dans mon élément, « comme un poisson dans l’eau » prête à affronter ces JO comme il se doit. Quelques 500 photographes rivalisent au bord de la piste pour réaliser la meilleure photo. Les jours passent, les épreuves aussi, les joies, les peines, les larmes, les cris… Du sport comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. Les journées étaient pour la plupart découpées en deux sessions : celle du matin commençait aux alentours de 9h et se terminait au plus tard à 13h et celle du soir commençait le plus souvent à 19h et se terminait vers 22h-23h. Le temps d’envoyer les photos, ranger le matériel, arriver à l’hôtel… Les nuits étaient très très courtes pendant ces 9 jours.

La rédaction de Stadion m’avait dit en amont du décathlon « tu ne lâches pas Kevin Mayer d’une semelle ». La consigne a été respectée où j’ai suivi le recordman du monde de la spécialité tout au long de ses dix travaux, le mercredi 4 et le jeudi 5 août. Mes photos ont d’ailleurs été publiées en temps réel sur l’ensemble des réseaux sociaux du champion français (mayer.deca). Dans une compétition internationale, il faut savoir gérer la pression liée à l’envoi d’images en temps réel à la rédaction. La plupart du temps, pour les grands événements comme celui-ci, j’envoie mes photos aussitôt, notamment lorsqu’un athlète français décroche une médaille.

Il est vrai que ce n’étaient pas les meilleurs Jeux olympiques pour nos Bleus, mais trois records du monde sont tombés, deux sauteurs se partagent la plus haute marche du podium à la hauteur… Le spectacle a été à la hauteur de l’événement ! Si le manque de spectateurs s’est fait ressentir pour tous les photographes présents, je n’ose pas imaginer le ressenti des athlètes face à cette situation. C’est déjà une chance inouïe que ces Jeux aient été maintenus et l’organisation a vraiment fait de son mieux pour que tout le monde puisse travailler dans les meilleures conditions. Ces Jeux étaient atypiques et singuliers et c’est une réelle chance d’avoir pu y prendre part. En ce qui concerne le matériel, j’ai principalement utilisé l’objectif « Canon EF 400mm f/2.8L IS III USM » avec un boîtier « Canon EOS 7D Mark II ».

Le bilan

Quelle folle aventure. En tous points incroyable. Les bénévoles étaient la cerise sur le gâteau : ils étaient attentionnés et vraiment d’une grande aide. L’organisation a été remarquable compte tenu des mesures en place et du nombre de personnes sur place. Le compte à rebours avant Paris 2024 est plus que jamais lancé et j’espère que le spectacle sera aussi beau à la maison. Un grand MERCI à Stadion de m’avoir fait confiance.

Article rédigé avec le soutien du service CPS de Canon France.

Crédits photos : Solène Decosta

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