Depuis trois ans, la Coupe d’Europe du 10 000 m est organisée en Grande-Bretagne. Cette année, les Britanniques passent le flambeau à la France, par l’intermédiaire de la ville de Pacé. Nous étions présents lors de la conférence de presse organisée au Roazhon Park de Rennes ce mercredi 9 mars. Avant la compétition continentale du 28 mai qui regroupera le gratin des demi-fondeurs européens, les meilleurs coureurs français sont attendus le 16 avril, au stade Chasseboeuf de Pacé, pour le meeting de sélection. Les différents acteurs de l’événement ont pris la parole à tour de rôle et ont affiché leurs ambitions. Morceaux choisis.
« Cette grande aventure de la Coupe d’Europe du 10 000 mètres, c’est une opération qui a démarré en 1997. Il était nécessaire de trouver quelque chose qui puisse relancer cette discipline importante qui était le 10 000 mètres. Donc European Athletics avait créé à l’époque le challenge du 10 000 m. Ça s’est transformé depuis en Coupe d’Europe du 10 000 m. Les trois dernières éditions étaient en Grande-Bretagne, deux à Londres et une à Birmingham. C’est une manifestation très importante pour le demi-fond et le fond, qui a vu beaucoup de grands champions y participer. Je voudrais en citer quelques uns au hasard : Mo Farah en est un, Paula Radcliffe, la marraine de cette édition mais également du côté français, je ne citerai que le dernier qui a gagné la Coupe d’Europe l’an dernier à Birmingham, Morhad Amdouni. C’est vraiment une épreuve importante pour le haut niveau, mais c’est également une épreuve importante pour l’ensemble des coureurs. Et je crois que Pacé en courant fait en sorte d’élargir le nombre de participants des différentes courses qui seront ouvertes, l’élite mais également l’ensemble de tous ceux qui souhaiteront participer à ce 10 000 m. European Athletics est à vos côtés pour faire en sorte que cette compétition soit un succès. »
« J’ai vécu quelques éditions d’abord du Challenge du 10 000 m, puis ensuite de la Coupe d’Europe, puisque je l’ai moi-même, en tant que directeur général de la Fédération de l’époque, organisé à Marseille en 2010, et c’est vrai que c’était un peu compliqué à l’époque, parce que faire un 10 000 m tout seul dans un coin, ce n’était pas très attrayant on va dire. On avait eu l’idée d’y adjoindre un meeting au stade le midi. Ça avait changé un petit peu la donne et ce n’était plus qu’un seul 10 000 m. Et là, nos amis Anglais, plus récemment, on eu cette idée, dans le cadre du « 10 000 Best » qui était une opération de masse, de transformer ça en une fête. Ce n’est pas simplement voir une quinzaine de coureurs faire un 10 000 m puis c’est terminé, on s’en va, on rentre à la maison. Donc ça c’est vraiment très important, et je ne peux que vous encourager à poursuivre dans ce sens. »
« Le 10 000 m était en train de périr, il faut dire la vérité. Il était beaucoup concurrencé par les épreuves hors stades comme les courses sur route ou les trails, et cette dynamique qui a été relancée à Pacé fait le plus grand bien à l’athlétisme et à cette discipline. C’est vrai que depuis 2017 et l’organisation des championnats de France, d’ailleurs on ne peut plus les donner ailleurs qu’en Bretagne maintenant, ça a permis de fédérer tous les athlètes amateurs de cette distance. Le fait d’avoir un championnat de France avec plusieurs séries permet à tout le monde d’y trouver son compte et c’est une grande fête de spécialité. Vous savez, on est dans un sport où il y a plusieurs disciplines, et je dis toujours que c’est difficile d’avoir en même temps un lanceur de marteau et un marathonien, par exemple. Donc notre intérêt à l’athlétisme pour le valoriser, c’est d’avoir des épreuves thématiques. Et le thème du 10 000 m a été un beau produit breton. C’est vrai que Loïc Rapinel y a mis tout son cœur avec Pacé en courant, avec le soutien de la ligue, du comité départemental, des collectivités… Et je suis venu fin août, j’avais été impressionné de voir le nombre de séries et de coureurs de 10 000 m. On a aucun doute sur la qualité d’organisation qu’il y aura sur cette Coupe d’Europe. Donc vraiment, pour la Fédération, ça va être un grand moment, et la Bretagne et Pacé vont être le centre de l’Europe ce soir-là. »
« J’ai adoré le côté populaire et festif de l’évènement à Birmingham, et je suis sûre que les Français peuvent faire également la même chose avec une belle soirée d’athlétisme. Ils auront peut-être un peu plus de chance que l’Angleterre avec le temps… C’est assez proche, mais on croise les doigts pour que la nuit soit bonne pour produire des bonnes performances. Pas trop chaud, avec pas trop de vent et surtout avec cette ambiance qui entoure la piste. C’est bien d’attendre et de ne pas faire les courses au milieu de la journée quand les conditions ne peuvent pas être bonnes, mais plutôt le soir avec cette ambiance de fête. Le fait d’avoir tous les spectateurs autour de la piste, ça protège aussi un peu plus les coureurs et ça leur donne un peu plus de motivation. En regardant des courses, si ça commence bien avec une belle course au début, ça commence à rouler et toutes les autres suivent après. C’est pour ça que c’est aussi important pour les jeunes de regarder ces courses seniors et d’être inspirés pour commencer. Parce que c’est aussi ça qu’il manque, partout dans le monde, en sortant de cette pandémie, on n’a pas trop pensé aux juniors, aux cadets, aux minimes, qui ont perdu quasiment deux saisons. Il y en a qui ont même raté toute leur carrière minime ou cadette. Il faut retrouver la motivation et les soutenir pour qu’ils retrouvent la forme et la compétition. Ça a été difficile pour plein de gens pendant cette pandémie, mais je pense que ça a été difficile pour les jeunes, qui ont perdu une partie de leur jeunesse. Moi je sais en grandissant en tant qu’athlète, que c’est important d’avoir ces niveaux. »
« L’Ille-et-Vilaine attire beaucoup de compétitions de haut niveau. Mais la richesse principale, ce sont tous ces bénévoles, tous ces mordus de tous les sports. Accueillir des compétitions sportives de haut niveau, c’est à deux niveaux : la communication sur notre département et sa dynamique évidemment, et c’est faire revenir au sport beaucoup de Bretilliennes ou de Bretilliens, c’est du lien social, un partage de valeurs. On ne peut que suivre toute cette armée de bénévoles, tous ces amoureux du sport. »
« Une Coupe d’Europe du 10 000 m en Bretagne, on ne peut pas rêver mieux. C’est vrai qu’ici, au niveau du spectacle, on connaît un peu le public breton donc ça donne envie. Ça donne envie de pouvoir faire quelque chose, par contre rien n’est gagné d’avance. Je vais me donner les moyens de pouvoir faire au mieux, et de pouvoir conserver mon titre. Pour moi, c’était un rêve de gagner ce titre en 2018. On court par passion et j’ai couru vraiment à l’envie. J’avais deux choses en tête, d’abord les minima pour les JO, mais surtout aussi d’aller chercher cette victoire. Il s’avère que ce n’était pas si simple chez Mo Farah, parce que dès qu’il s’aligne, c’est pour aller gagner. J’ai pris toute ma force et ma confiance en moi pour aller chercher cette victoire et je suis bien content. Actuellement, je suis le leader de cette discipline. C’est une pression en plus mais je vais m’amuser et je vais tout donner sur cette Coupe d’Europe. Pour aller décrocher le titre, c’est surtout l’envie et la volonté de pouvoir bien faire, comme on a pu l’avoir à Birmingham. Maintenant on a une équipe dynamique, une volonté, et nous, les athlètes français, on se spécialise un peu plus sur les longues distances. Si on est tous en forme le jour J, je pense que personne ne pourra nous battre. C’est vrai que je dis ça, il faut avoir de l’audace, mais je pense qu’on a une bonne équipe qui est dynamique et qui a de la volonté, et ça c’est bien. »
« Notre volonté, c’est d’organiser tous les ans des championnats de France. Que ce soit sur piste, en salle, ou alors sur la route ou même le cross. Je pense que c’est important, il faut dynamiser notre Ligue, il faut donner des objectifs à nos clubs. On l’a vu les années précédentes, lorsque l’on organise des championnats de France sur notre territoire, il y a une dynamique qui se crée et les athlètes veulent à tout prix faire partie de ces championnats. En Bretagne, il y a une certaine qualité d’organisation. On sait organiser des compétitions, que ce soit techniquement mais aussi sur tout ce qu’il y a autour comme le côté festif. »
« C’est une fierté de succéder à ces capitales européennes : Londres, Lisbonne etc. C’est un grand honneur d’accueillir ce type de manifestation. C’est la première fois évidemment qu’on a dans tous les sports, à ma connaissance, un championnat d’Europe à Pacé. On n’a jamais connu ce niveau de compétition. Donc on est très fier de cette organisation. Depuis 2017, on a vu une montée crescendo de l’organisation du 10 000 m à Pacé. La première année, il y avait assez peu de compétiteurs, et puis tous les ans de plus en plus. Ce que je retiens également, c’est ce côté convivial, ce côté sport pour tous. Je pense qu’il n’y a pas autre chose que le sport qui puisse mélanger toutes les personnes et créer un lien social. Je pense que ça sera une très belle manifestation. Pour une commune comme Pacé, c’est un enjeu très important. »
« Je souhaite à cet évènement une super belle réussite. Je remercie à l’avance les nombreux spectateurs qui vont venir nous soutenir et applaudir les brillants coureurs. On va avoir du spectacle et des participants de très haut niveau. C’est avec plaisir qu’on va les accueillir à Pacé. Je remercie aussi Gaëlle Houitte d’être mon bras droit. Si on a une telle manifestation à Pacé, c’est beaucoup grâce à elle. On a voulu relancer ce 10 000 m qui était vraiment au raz des pâquerettes. On est montés à Paris et on s’est dit « on va l’amener à Pacé ce 10 000 , et on va faire quelque chose ! ». Ce qu’on veut, c’est que pendant trois ans ça soit un réel évènement pour la Bretagne. On est fiers d’avoir amené cette manifestation sportive en Bretagne, en Ille-et-Vilaine et à Pacé. Voilà le mot de la fin ! »
À propos du choix de la marraine : « J’ai tout simplement pensé que s’il y avait bien une athlète qui pouvait faire le lien entre les Anglais, qui ont organisé pendant trois ans la Coupe d’Europe et puis nous, en France, c’était Paula Radcliffe qui est une merveilleuse coureuse de 10 000 m et de marathon. Elle a tout de suite accepté ma demande et ça va être un réel plaisir de l’accueillir à Pacé pendant tout le week-end, parce qu’elle nous a dit qu’elle profiterait du week-end pour quitter Monaco. Donc elle va venir avec toute la famille, ses enfants vont participer le matin aux épreuves réservées aux jeunes et elle sera à notre disposition et à la disposition de tout le public, et ça c’est merveilleux. »
Propos recueillis par Emeline Pichon
Crédit photo : Gaëlle Mobuchon / STADION