Les Championnats d’Europe cadets se sont déroulés à Jérusalem, en Israël, du 4 au 7 juillet. L’occasion pour les Bleuets de goûter pour la première fois à une grande compétition internationale. Certains en ont profité pour briller, à l’image de Dejan Ottou sur 200 m et Clémence Rougier au triple saut qui se sont couverts d’or.
Clémence Rougier avait déjà marqué les esprits lors des qualifications du triple saut, elle a fait plus que confirmer en finale. La sociétaire du Limoges Athlé est devenue championne d’Europe cadette grâce à une meilleure marque à 13,72 m (+0,7 m/s) réalisée à son deuxième essai. Une performance XXL puisque la championne de France cadette en salle pulvérise le record de France de la catégorie de 30 centimètres (13,42 m par Sokhna Gallé établi lors de sa victoire aux Mondiaux de Villeneuve-d’Ascq en 2011). Il s’agit de la meilleure performance européenne en cadettes et la deuxième meilleure marque mondiale en… juniors ! Avec 13,72 m, la cadette aurait tout bonnement remporté les championnats de France Elite à Caen, le mois dernier où la première, Victoria Josse, est retombée à 13,49 m.
When you know it’s a good jump, you know it’s a good jump!
13.72m for Clemence Rougier 🇫🇷 in the second round of the triple jump final…and look how far behind the board she was! 😳#Jerusalem2022
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— European Athletics (@EuroAthletics) July 5, 2022
L’élève de Jean-Christophe Sautour en profite pour se hisser à la 24e place du bilan national, toutes catégories confondues. La Limougeaude avait déjà battu son record la veille, lors des qualifications, avec un saut à 13,21 m (+1,2 m/s). Elle est arrivée en terre israélienne avec une marque d’engagement à 13,06 m, désormais améliorée de 66 centimètres. Clémence Rougier a effectué cinq sauts à plus de 13 mètres et a dominé le concours, remporté avec 36 centimètres de marge sur sa dauphine, la Serbe Teodora Boberic. La camarade d’entraînement de Jeanine Assani-Issouf, sélectionnée aux JO de Rio en 2016 (record en 14,43 en 2018) était encore au Pôle Espoirs de handball à Angoulême l’an dernier. Son premier titre de championne de France l’été dernier, suivi d’une première sélection en équipe de France lors du match international à Franconville, l’a poussée à exploiter son potentiel en athlétisme. Celle qui réside à Bessines s’est inscrite à l’internat du lycée Auguste-Renoir à Limoges pour s’entraîner quotidiennement au Pôle Espoirs.
Dejan Ottou impressionnant sur 200 m
Lui aussi est monté sur la plus haute marche du podium. Pour sa première cape tricolore, Dejan Ottou s’est paré d’or sur 200 m grâce à un demi-tour de piste claqué en 21″10 (+1,5 m/s), record personnel et quatrième meilleure performance française de l’histoire de la catégorie. Auteur d’un bon départ, le champion de France cadets du 60 m et du 200 m cet hiver dans son jardin du Stadium Pierre-Quinon a tout de suite vu un écart se creuser avec Eduardo Longobardi, parti comme une bombe. Mais le représentant du Nantes Métropole Athlétisme n’a rien lâché. Et quand l’Italien, meilleur temps des engagés et le seul à être descendu sous les 21 secondes, auteur d’un record des championnats en demi-finales en 21″04, a commencé à se crisper à une cinquantaine de mètres de l’arrivée, le Français a su saisir sa chance. L’athlète coaché par Natacha Lappartien, qui était arrivé à Jérusalem avec un chrono de référence en 21″56, avait déjà mis une claque à son record en demi-finales, un peu plus tôt, en 21″19 (+1.2). Afin de favoriser ses chances de se qualifier aux Mondiaux juniors à Cali (1 au 6 août) avec le relais 4×100 m, le sprinteur de 17 ans va désormais se concentrer sur la ligne droite aux Championnats de France Cadets à Mulhouse (15 au 17 juillet).
What a final! 🥵
A storming finish from Dejan Ottou 🇫🇷 to win 200m gold in #Jerusalem2022! 🔥🔥🔥
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— European Athletics (@EuroAthletics) July 6, 2022
Martinez deuxième derrière l’ovni Furlani
Il est tout simplement tombé sur plus fort que lui. Thomas Martinez a décroché la médaille d’argent au saut en longueur grâce à un dernier bond mesuré à 7,73 m, aidé par un vent trop favorable (2,5 m/s). Le sociétaire du Martigues Sport Athlétisme est devancé par l’Italien Mattia Furlani qui a réalisé l’une des performances les plus marquantes de cette édition 2022 : Le champion d’Europe cadets passe la barre symbolique des 8 mètres dès son premier essai (8,04 m, +1,8 m/s). C’était seulement son troisième concours en plein air. Tout simplement impressionnant. Et comme si une médaille d’or ne lui suffisait pas, il s’en est offert une deuxième deux jours plus tard à la hauteur. Un concours parfait commencé à 1,95 m et terminé à 2,15 m, sans le moindre échec. Il est fort probable que nous n’ayons pas fini d’entendre parler de ce Mattia Furlani.
Théo Pedré, de la sensation aux regrets
Lors du Meeting de Franconville le 19 juin dernier, Théo Pedré avait annoncé la couleur pour Jérusalem. Record pulvérisé (13″65 à 13″26), quatrième meilleure performance française de tous les temps chez les cadets, derrière Sasha Zhoya, Wilhem Belocian et Kenny Fletcher, et à égalité avec Ladji Doucouré. Rien que ça. En Israël, le hurdler de l’EFCVO était clairement favori. Troisième de sa série en 13″74 (+1,3 m/s) il est repêché au temps en demi-finale (13″50. +0,4 m/s) pour tenter de décrocher un podium. Le lendemain, jour de finale, le champion de France cadets du 60 m haies a dû se contenter de la huitième place en finale, avec un chrono de 14″23 à près d’une seconde de son temps d’engagement (13’’26). L’athlète entraîné par Olivier Marchand peut logiquement nourrir des regrets, la victoire se jouant “seulement” en 13″50 (le Néerlandais David Pronk). Nul doute que Théo Pedré se remettra de cet épisode, l’histoire ne fait que commencer. Mathéo Boulineau, autre hurdler français engagé, a pris une prometteuse quatrième place en 13″60 (+1,1 m/s).
Belle dernière journée pour les Bleuets
Trois médailles avant de commencer la dernière journée, il y en aura au final quatre de plus pour clôturer ce rendez-vous continental. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette journée à très bien commencé. Dès 8h40 du matin (7h40 en France), Léna Auvray s’empare de la médaille de bronze sur le 5000 m marche. La recordwoman de France cadette (record en 23’19″50) boucle ses douze tours et demi en 23’26″07 (4’41/km), le deuxième meilleur chrono de sa jeune carrière. La marcheuse de Fougères est devancée par l’intouchable espagnole Sofia Santacreu (22’46″32, record national U18) et l‘Italienne Martina Sciannamea (23’15″40). Léna Auvary a parfaitement lancé la dynamique, et c’est d’abord Hicham Errbibih qui en a profité sur 2000 m steeple (obstacles à 84 cm). Tout de suite placée, le vice-champion de France cadets de cross-country aux Mureaux résiste bien en fin de course pour s’offrir une belle médaille d’argent et un record national U18 en 5’40″35. Le sociétaire du Club Olympique Moselotte, dans les Vosges, est devancé par l’Espagnol Sergio Del Barrio qui réalise la meilleure performance mondiale de l’année en 5’38″35.
Peu de temps après, cette fois-ci au disque féminin, une troisième médaille d’argent pour l’équipe de France arrive, grâce à Princesse Hyman. Dès le premier essai, la Guadeloupéenne voit son jet arriver au-delà des 50 m, pour la première fois de sa carrière. 50,27 m précisément pour l’athlète de Sainte-Anne, à 37 centimètres seulement de la première place et de l’Allemande Curly Brown qui a fait retomber son disque à 50,64 m, également dès sa première tentative. À quelques minutes d’intervalle, Alexandre Montagne obtient la dernière médaille de la journée, et des championnats pour la délégation tricolore. Une médaille de bronze au décathlon qui vient récompenser un superbe parcours. Le vice-champion de France cadets de l’heptathlon et du 60 m haies a amélioré six records personnels. Par la même occasion, il réalise le meilleur décathlon de sa carrière avec 7591 unités. Le Bourguignon termine même tout proche de la médaille d’or. Longtemps en tête pendant le week-end, le 1500 m (4’45″61), dernière épreuve qu’il n‘apprécie que moyennement, a eu raison du combinard du Dijon UC. Malgré un record personnel battu sur la distance, il voit l’or lui échapper d’un rien. Le podium se joue en seulement 35 petits points. C’est l’Allemand Amadeus Gräber qui l’emporte (7626 points) devant le Suédois Leo Gorransson (7609 points). Ça s’est joué à quelques secondes sur le dernier volet…
Fin de journée, fin de Championnats, il est l’heure de faire les comptes. Sept médailles sont tombées dans l’escarcelle de l’équipe de France : 2 en or, 3 en argent et 2 en bronze. C’est un peu moins (comme annoncé) que les 12 breloques remportées lors de l’édition précédente, à Gyor, en Hongrie, en 2018. Au classement final, la France est sixième. La Grande-Bretagne domine ce classement avec 8 médailles d’or pour un total de 16 breloques. L’Allemagne est deuxième avec 14 médailles dont 4 en or, devant l’Italie et ses 3 titres pour un total de 11 podiums. Pour la prochaine édition, rendez-vous en… 2024, en pleine année olympique, à Banska Bystrica, en Slovaquie.
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Texte : Briac Vannini
Crédit photo : STADION