Et de 5 ! Wilfried Happio a apporté la cinquième médaille tricolore de ces Championnats d’Europe vendredi soir à Munich, en prenant la deuxième place du 400 m haies en 48″56 derrière le recordman du monde Karsten Warholm lequel signe cette fois le record des championnats en 47″12. Toujours côté Français, Ludvy Vaillant échoue à un centième du podium (48″79) qui revient à Yasmani Copello (48″78), tandis que Victor Coroller prend la huitième place en 50″46.
Il était attendu, il a répondu présent. Wilfried Happio entrait en piste doté du dossard bleu du meilleur performeur continental de l’année sur 400 m haies. Avec ses 47″41 de sa quatrième place aux Mondiaux de Eugene, record personnel, le sociétaire du Lille Métropole Athlétisme avait presque le « devoir » de monter sur le podium à Munich, c’est chose faite. « Ça met une pression de ouf. Ça m’était arrivé quelques fois en espoirs et en juniors mais j’avoue que là, ce n’est pas pareil. Avec le recordman du monde à côté de soi, on doit prouver. C’est un statut que je dois prendre l’habitude d’avoir, il faut savoir se faire confiance », expliquait le nouveau vice-champion d’Europe à notre micro.
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« C’est une cerise sur le gâteau après un été avec plein de moments de bonheur et de satisfaction »
Visiblement, pour la confiance, c’est bon. Sortons de la zone mixte, et revenons sur le tartan de l’OlympiaStadion. Le deuxième meilleur Français de l’histoire derrière Stéphane Diagana (47″37 en 1995) a bien jailli des blocks, tout comme Karsten Warholm, placé devant lui au couloir numéro 4, toujours très bon partant. De nouveau en forme physiquement après avoir été trop juste lors des Mondiaux après une blessure à Rabat début juin, le « Viking » se retrouve vite seul devant. C’est donc pour la seconde place qu’il y a lutte. En sortie de dernier virage, la bataille pour l’argent se joue à cinq, le quadruple champion de France Elite en titre parvient à prendre le large, d’abord sur la neuvième, puis surtout sur la dixième et dernière haie où le français termine avec beaucoup plus de vitesse que ses adversaires, dans le chrono de 48″56. Un premier podium international chez les grands pour celui qui n’a que 23 ans, « un cap de franchi » disait même le principal intéressé, drapeau tricolore sur les épaules. « Cette médaille représente une année éprouvante avec énormément de boulot mais aussi de confiance avec le coach. C’est une cerise sur le gâteau après un été avec plein de moments de bonheur et de satisfaction. J’ai essayé de faire mon maximum, en arrivant avec de la fatigue, parce que c’était ma quinzième course en trois mois. Je me suis battu jusqu’au bout. J’ai senti Yasmani Copello sur ma droite à l’entrée de la dernière ligne droite. Je savais que j’ai un bon finish, j’ai pris une bonne inspiration pour aborder cette partie-là, et je profite d’être en quinze foulées dans mes deux derniers intervalles pour pouvoir bien rythmer et accélérer au-dessus de ma haie. Je crois que c’est ce qui me permet de repasser devant avec plus de vitesse. »
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Karsten Warholm répond présent
Un premier podium fêté avec les copains de l’équipe de France au bord de piste, dans une course finalement remportée par le tenant du titre, Karsten Warholm. On avait quitté le Norvégien sur une image rare : le hurdler le plus rapide de l’histoire avait craqué en finale des championnats du monde, il y a presque un mois déjà dans l’Oregon, suite à un manque de préparation pour blessure, qui ne pardonne pas à ce niveau là, même quand on a couru 45″94 l’année passée, aux JO. Le désormais double champion d’Europe avait cette fois-ci plus de temps pour se préparer, et ça s’est vu. Le champion olympique de Tokyo a appris de la mésaventure américaine et est parti moins vite qu’à Eugene (mais très vite quand même, la magie des champions sûrement), mais a surtout réussi à garder le rythme, jusqu’au bout et sans commettre de faute comme cela a pu être le cas en demi-finale, pour boucler son tour en 47″12, record des championnats à la clé. Comme si ce n’était pas suffisant, le double champion du monde 2017 et 2019 est le premier athlète à conserver son titre sur le 400 m haies depuis l’Allemand Harald Schmid qui avait réalisé cet exploit, triple champion d’Europe entre 1978 et 1986.
Ludvy Vaillant tout proche du bonheur
La sixième à un centième. L’équipe de France était toute proche de refaire un doublé sur les haies après celui des hurdlers du 110, Pascal Martinot-Lagarde et Just Kwaou-Mathey. La photo-finish en a décidé autrement. A la lutte dans cette fameuse bagarre à cinq, le récent vice-champion des Jeux Méditerranéens à Oran, a absolument tout donné pour décrocher le bronze. Après le passage du dernier obstacle, le Martiniquais est exactement au même niveau que le Turc Yasmani Copello et le local Joshua Abaku. Le public Allemand pousse légitimement pour son représentant, mais les trois concurrents franchissent, du moins à vue d’œil, la ligne d’arrivée en même temps. Après une très longue attente pour savoir qui montra sur la boite, le verdict tombe : Yasmani Copello est l’élu pour un tout petit centième en 48”78, après nous avoir gratifiés d’un des nombreux plongeons réalisés lors des championnats. Le protégé de Jean-Claude Berquier prend la quatrième place, la plus frustrante, avec un cheveu d’écart. « Ce que je retiendrai, c’est qu’on était trois personnes pour la troisième place. Je termine quatrième comme il y a quatre ans. C’est un peu difficile à digérer à chaud. Je fais une course de malade. Je reviens très bien. J’ai respecté ce que je voulais faire, mes jambes connaissent par cœur mon schéma de course. »
De la frustration, c’est aussi ce qu’a ressenti Victor Coroller après sa course. Après avoir bouclé son tour semé de haies à la huitième place en 50”46, le Breton estime être « passé à côté de sa finale » comme raconté en zone d’interview. Nous préférons retenir son retour au très haut niveau, après plusieurs saisons de grosses galères. Une première sélection en grand championnat depuis Berlin 2018 et première finale internationale, un nouveau record personnel en 49″11 plus tôt dans la saison. L’essentiel est ailleurs pour celui qui s’entraîne désormais à Zurich.
Une belle génération qui permet au 400 m haies Français d’avoir de beaux jours devant lui. Côté équipe de France, de nouvelles occasions se présentent dans la course à la médaille avec, tout d’abord, Renaud Lavillenie, accompagné de Thibault Collet, qui va tenter de décrocher une cinquième récompense européenne en plein air en finale la perche (20h05). Rénelle Lamote se présentera en finale du 800 m à 20h15 « pour gagner ». Enfin, le relais 4×400 m masculin tentera d’aller chercher le Graal à 21h15. Autant vous le dire, cette avant dernière soirée de compétition risque encore d’être explosive !
Tous les résultats, en cliquant ici.
Texte : Briac Vannini
Crédits photos : Matthieu Tourault / STADION