Championnats du monde : Wilfried Happio à deux centièmes du bonheur

20 juillet 2022 à 6:08

Dans tout simplement le deuxième 400 m haies le plus rapide de l’histoire, le Français Wilfried Happio s’est classé quatrième de la finale des Championnats du monde en 47″41, à seulement deux centièmes de la médaille de bronze. Le hurlder de 23 ans s’est aussi approché à quatre centièmes du record de France de Stéphane Diagana. Au bout d’une course au scénario incroyable, c’est le Brésilien Alison Dos Santos qui a décroché l’or en 46″29, nouveau record des Mondiaux à Eugene, devant l’Américain Rai Benjamin (46″89). Le recordman du monde Karsten Warholm a explosé en plein vol après un départ canon.

Moins d’un an après avoir offert l’une des plus belles courses de l’histoire des Jeux olympiques en finale du 400 m haies à Tokyo, Karsten Warholm (45″94), Rai Benjamin (46″17) et Alison Dos Santos (46″72), les trois meilleurs performeurs de l’histoire, avaient toute la planète athlé braquée sur eux ce mercredi pour le grand match. Une finale dans laquelle le Français Wilfried Happio s’était offert un emplacement de choix au milieu des trois ténors de la discipline. Couloir 3 : Rai Benjamin. Couloir 4 : Karsten Warholm. Couloir 5 : Wilfried Happio. Couloir 6 : Alison Dos Santos. L’énoncé de la start-list de la finale du 400 m haies donnait à lui seul des frissons.

Près d’un an après le plus grand 400 m haies de l’histoire, les Mondiaux de Eugene ont offert ce mercredi un nouveau spectacle d’anthologie et le 400 m haies le plus rapide depuis la création de la compétition en 1983. Mais cette fois-ci, le recordman du monde Kartsen Warholm, de retour de blessure, a totalement explosé dans la dernière partie de course, tandis qu’Alison Dos Santos allait glaner un premier titre mondial (46″29), en établissant un nouveau record des championnats du monde. À l’âge de dix mois, le Brésilien de 22 ans a été victime d’un accident domestique, brûlé au troisième degré par de l’huile bouillante à la tête, aux épaules, à la poitrine et aux bras. Il en porte encore des cicatrices, notamment un trou dans ses cheveux qu’il protège du soleil avec une casquette en dehors de la piste. Derrière lui, l’Américain Rai Benjamin a de nouveau pris la deuxième place, comme lors des Jeux olympiques de Tokyo, malgré son meilleur chrono de la saison (46″89). Mais ce fut bien pour la dernière marche du podium que le duel le plus serré s’est disputé.

 

« Whaou, c’est Warholm »

Devenu le deuxième Tricolore le plus rapide de tous les temps derrière Stéphane Diagana (47″37 en 1995), grâce à ses 48″14 réalisés en demi-finales, Wilfried Happio n’avait rien à perdre. Au terme d’une énorme dernière ligne droite, l’élève d’Olivier Vallaeys à l’Insep s’est jeté sur la ligne, tombant même au sol après son cassé. Le tableau électronique tarde un peu pour dévoiler l’identité du troisième. Les chronos tombent : 47″39 pour Trevor Bassitt, 47″41 pour le Français. Encore troisième après le franchissement du dernier obstacle, il n’a pas pu contenir le retour de l’Américain dans les tous derniers mètres. Avec ce chrono de 47″41, le champion d’Europe juniors (2017) et espoirs (2019) a couru plus rapidement que lorsque Karsten Warholm était devenu champion du monde à Londres en 2017 (48″35) et même plus rapide qu’à Doha en 2019 (victoire en 47″42). Au jeu des chronos, il aurait même remporté les 14 des 17 dernières finales planétaires. Malheureusement, ce n’était pas assez pour une médaille aujourd’hui. Pas forcément attendu à pareille fête malgré son bond en avant aux Championnats de France Elite à Caen (48″57), Wilfried Happio devient le troisième meilleur performeur européen de tous les temps et n’est plus qu’à quatre centièmes du record de France de Stéphane Diagana (47″37). Une marque nationale qui lui semble promise. Vite, la suite !

« Pour le moment, je suis déçu, parce qu’au pied du podium. Dans quelques jours, je me dirai que j’ai vraiment progressé sur ces dernières semaines, mais pour l’instant, c’est la déception qui prime. Je suis quand même content de me rapprocher du chrono de Stéphane Diagana, c’est un mentor et un exemple pour moi, en tant que sportif et en tant qu’homme. Je savais que j’allais devoir partir fort, pour ne pas me laisser trop déborder par Dos Santos, notamment. Je me sens rapide sur ma première partie de course, j’essaie de mouliner devant mes haies, comme me l’avait conseillé Stéphane Diagana en plus de mon coach. Les dernières haies sont toujours plus compliquées que les autres, c’est logique. Je m’étais tellement mis dans la tête des images où je doublais Warholm, Benjamin, Dos Santos, que j’avais comme une impression de déjà vu quand j’ai dépassé Warholm. Bon, en même temps, au moment où je le passe, je ne comprends pas trop, je me dis « whaou, c’est Warholm ». Cela faisait trois ans que j’étais en 49 secondes et que je stagnais, alors que je m’entraînais dur. Il y avait un déclic mental à avoir. Quand on est fort chez les jeunes et qu’on commence à douter par la suite, on peut facilement trébucher ou se fixer soi-même des limites. Aujourd’hui, je ne m’en suis pas fixé. Ce n’est que du plus pour la suite. »

 

Karsten Warholm trop court

Le roi du 400 m haies passe rarement inaperçu. Avec sa manière si particulière de se motiver avant un départ, à base de violentes claques sur le visage et les cuisses, le volcanique Warholm sait comment électriser les foules et attirer la lumière dans un sport en manque de grandes stars et de personnages charismatiques depuis la retraite de la légende du sprint Usain Bolt. Mais au-delà de son tempérament exubérant, il y a cette force qui se dégage à chacune de ses sorties. Quand il surgit de son couloir, c’est en grande majorité pour avaler ses adversaires les uns après les autres à un rythme d’enfer. Pas cette fois pour le double tenant du titre (Londres 2017 et Doha 2019). Blessé à la cuisse droite à l’entame du 400 m haies à Rabat le 5 juin dernier, le « Viking » s’est effondré dans la dernière ligne droite après un départ canon pour prendre finalement la septième place de cette finale (48″42). « C’est probablement un manque de travail spécifique, lactique J’ai donné tout ce que j’avais mais je ne pouvais pas faire plus. Je suis déçu bien sûr mais c’est comme ça, c’est trop difficile de faire une performance dans ces conditions là. »

Crédit photo : Solène Decosta

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