Magnifique ! Unique Tricolore engagée en finale ce samedi matin à Nankin (Chine), Marie-Julie Bonnin, en pleine confiance, est devenue championne du monde en salle du saut à la perche en s’élevant à 4,75 m, égalant le record de France absolu qu’on lui promettait depuis plusieurs mois. Carton plein pour les hurdlers Wilhem Belocian (7″58) et Pascal Martinot-Lagarde (7″85) en séries du 60 m haies, qui ont décroché leur billet pour les demi-finales du 60 m haies. Yanis Meziane a malheureusement chuté en demi-finales du 800 m.
Son cri de rage et de joie était tellement puissant qu’on est certain qu’on l’a entendu jusqu’à Pékin ! Ce 22 mars restera à jamais gravé dans la mémoire de Marie-Julie Bonnin qui est entrée dans l’histoire de l’athlétisme français. Treize ans après la médaille d’argent de Vanessa Boslak (2012 à Istanbul) au saut à la perche, la benjamine de la délégation bleue a décroché la plus belle des récompenses, en domptant une barre à 4,75 m à sa deuxième tentative. Si le réveil a été très matinal aujourd’hui pour la médaillée de bronze de l’Euro d’Apeldoorn (Pays-Bas), elle n’a pourtant pas eu de mal à se mettre en jambes lors d’un concours qui a débuté sous les coups de dix heures heure locale (3h10 en France).
Cela s’est vu sur le sautoir de Nankin, avec un concours attaqué avec brio à 4,45 m franchi au premier essai. Détendue et souriante comme à son habitude, la protégée de Damiel Dossevi a ensuite connu un petit coup de mou en s’élevant à 4,60 m à sa troisième tentative, avant de se rattraper magnifiquement dès la hauteur suivante en effaçant 4,70 m d’une seule traite. Ensuite, la finale a ensuite été interrompue de longues minutes en raison d’un problème technique du système électrique de remontée de barres, mais elle a su garder son sang-froid.
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Record de France égalé avec 4,75 m
Actuellement en pleine bourre après avoir amélioré son record avec 4,71 m cet hiver, la Girondine de 23 ans n’en finit plus de créer la sensation. Pour grimper sur son premier podium mondial chez les grandes, « MJ » savait pertinemment qu’elle devait au moins égaler la meilleure marque nationale détenue depuis 2018 par Ninon Chapelle (4,75 m à Monaco). Chose faite au deuxième essai, où son cri rageur a résonné dans toute la Nanjing Youth Olympic Sports. La Slovène Tina Sutej (4,70 m, argent), la Suissesse Angelica Moser (4,70 m) et la Britannique Molly Caudery (4,70 m, 4e) tenante du titre à Glasgow, qui était absente aux Pays-Bas, ont toutes les trois buté à, 4,75 m.
First global title
Marie-Julie Bonnin soars over 4.75m to equal the French national record in the pole vault and become the world indoor champion #WorldIndoorChamps pic.twitter.com/nrbbSUo6Eb
— World Athletics (@WorldAthletics) March 22, 2025
Victoire en poche, Marie-Julie Bonnin s’est présentée face à une barre à 4,80 m, trois tentatives infructueuses mais très prometteuses qui en disent très long sur son potentiel. La Tricolore devient la cinquième Bleue à s’imposer dans la compétition planétaire après Marie-Pierre Duros (3000 m en 1991), Muriel Hurtis (200 m en 2003), Eloyse Lesueur (longueur en 2014), et Cyréna Samba-Mayela (60 m haies en 2022). Non, vraiment, c’est sûr, l’athlétisme français a de beaux jours devant lui.
« C’est comme un rêve »
« Je n’arrive pas à y croire. C’est comme un rêve. Nous étions là pour une médaille, mais pas pour l’or. Il y avait beaucoup de filles qui étaient fortes ici et je m’attendais à ce qu’elles soient en pleine forme. La saison est longue et nous l’avons très bien gérée. Toutes les filles sont fières et c’était vraiment difficile de sauter à la fin du mois de mars, mais nous avons réussi. Je pense que ce mois-ci, j’ai sauté deux ou trois fois à l’entraînement. Si je me sens en bonne forme et forte, je sais que j’y arriverai. Et c’est ce qui s’est passé. Je me sens vraiment en confiance. Je savais que ça allait passer (à 4,75 m). Je tenais la bonne perche, plus rigide que celle avec laquelle j’ai l’habitude de sauter, et je me suis dit : ‘ah, je le sens, c’est la bonne perche’ et je l’ai dit à mon entraîneur. Au premier essai, je me suis dit que j’étais sûre que ça allait passer. Parfois, lorsque vous vous élancez, vous pouvez sentir que c’est le bon. C’est ce que j’ai ressenti. Il y a deux mois, nous n’étions pas sûrs de pouvoir sauter ici. Mais j’ai senti que j’avais quelque chose à faire. Nous ne nous attendions pas à ce que cela se passe aussi bien, mais nous avons essayé, et je suis tellement fière que nous ayons fait le bon choix. La médaille décrochée à Apeldoorn m’a soulagée. Je suis venue ici en sachant que personne ne serait contrarié si je ne faisais pas quelque chose de bien ici. »
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Du travail bien fait pour Wilhem Belocian et Pascal Martinot-Lagarde
Le 60 m haies hommes est devenu au fil des ans l’un des principaux pourvoyeurs de médailles pour l’équipe de France d’athlétisme. Avec 8 médailles en cinq éditions (mais aucun titre) depuis 2012, les hurdlers hexagonaux ont démontré leur savoir-faire sur les haies hautes dans le grand championnat planétaire indoor. Une tradition que voudront perpétuer Wilhem Belocian et Pascal Martinot-Lagarde. Positionné dans la même série que la star américaine Grant Holloway qui a signé une 71e victoire consécutive depuis 2017 en 7″49, le premier nommé, vice-champion d’Europe à Apeldoorn, s’est adjugé la deuxième place en 7″58, là où les quatre premières étaient directement qualificatives pour les demies, sans forcer son talent.
Business as usual @Flaamingoo_ cruises through the 60m hurdles heats with the fastest qualifying time of 7.49 to effortlessly advance to the semifinals #WorldIndoorChamps pic.twitter.com/1RCt3lvrKI
— World Athletics (@WorldAthletics) March 22, 2025
Après 27 jours sans compétition et la finale des Championnats de France Elite à Miramas (4e en 7″63, le 23 février), Pascal Martinot-Lagarde a renoué ce samedi avec le 60 m haies. Quatre fois médaillé dans l’exercice (bronze à Istanbul en 2012, et trois en argent en 2014 à Sopot, en 2016 à Portland et en 2022 à Belgrade), treize ans après sa première médaille mondiale indoor, PML, pas idéalement placé à l’extérieur au couloir 8, a assuré l’essentiel en coupant la ligne au troisième rang (7″85, ex-aequo, au millième près avec le Roumain Alin Anton). Le pensionnaire de l’ES Montgeron, qui a connu une mise en action hésitante, a surtout été gêné par le Slovène Filip Demsar (6e en 7″89), placé à sa droite, ce qui a engendré une mauvaise réception après le franchissement du premier obstacle, sans grande conséquence à l’arrivée heureusement. Wilhem Belocian et Pascal Martinot-Lagarde se retrouveront lors des demi-finales, ce samedi à partir de 12h50 (heure française).
Yanis Meziane a joué de malchance
La joie de Marie-Julie Bonnin contrastait avec la détresse de Yanis Meziane, quelques minutes plus tôt. Avec seulement les deux premiers athlètes de chacune des trois courses qui rejoignaient la grande explication, la demi-finale de Yanis Meziane sur 800 m ressemblait fort à… une finale. Mais le représentant de l’Athlé 91 s’était préparé à l’enchaînement des tours à haut niveau dans une même compétition. À son aise en séries hier et arrivé gonflé à bloc sur la piste, le champion d’Europe espoirs 2023 n’a jamais pu défendre ses chances.
Malheureusement, un fait de course a écarté le Tricolore de 23 ans pour la finale, après un peu plus de deux tours de piste (passage rapide au 400 m en 51″07). Alors que Yanis Meziane virait en quatrième position, il a en effet joué de malchance en chutant suite à un croc-en-jambe involontaire d’un concurrent kényan (Noah Kibet), à l’entrée de la ligne droite opposée. Il a toutefois tenu à terminer son effort (6e avec un temps anecdotique de 2’23″96), d’une demie remportée par l’Américain Josh Hoey, meilleur performeur planétaire l’hiver (1’43″24), au-dessus du lot en 1’45″23. La FFA a déposé un appel qui a été rejeté. Coup dur.
Marie-Julie Bonnin a donné le ton à la journée des Bleus. Rendez-vous à 11h34 ce samedi pour la suite de la compétition, marquée par la finale du saut à la perche masculine avec le Suédois Armand Duplantis ainsi que les Français Thibaut Collet et Baptiste Thiery.
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Crédit photo : World Athletics
