Athlétisme : On fait le bilan des Jeux olympiques de Paris 2024

12 août 2024 à 20:32

Ne vaudrait-il pas voir le verre à moitié plein pour nos Bleus lors de ces Jeux olympiques de Paris 2024 ? L’argent de Cyréna Samba-Mayela, des médailles en chocolat, un record d’Europe, six records de France battus, neuf athlètes/collectifs dans le top 8… l’équipe de France d’athlétisme a vécu une olympiade compliquée en termes de récompenses, dans un des rares sports universellement pratiqués (195 nations représentées lors de ces JO, 41 nations se sont partagé les 144 médailles mises en jeu à Paris), mais la compétition a fait éclore de belles promesses pour l’avenir. 

C’est fini. Après quinze jours d’émotions fortes et d’instants de bonheur partagés, il va falloir apprendre à faire sans. Ces JO de Paris 2024 auront été grandioses, diffusant des bonnes ondes en pagaille partout dans la capitale. Les Français se sont pris d’une passion ardente pour cet événement d’une vie. Pendant deux semaines, on a vécu au rythme du plus grand événement du siècle dans l’Hexagone. Et l’athlétisme, premier sport olympique, y est pour beaucoup.

Des trois coups de bâtons pour lancer la session du matin, dans un Stade de France comble du premier au dernier jour, à la cloche qui vibrait à chaque annonce de nouveau champion olympique, les 9 jours dyonisiens ont conquis des Français pas si ronchons que ça ainsi que les amoureux d’athlé à travers le globe. Au-delà de cette fête populaire, notre pays a répondu présent et a sans aucun doute été au rendez-vous de ces JO que l’on peut déjà qualifier d’inimitable. Un contraste probant avec les résultats partagés mais encourageants pour une équipe de France médaillée à une seule reprise lors de l’ultime journée et vécue comme un « ouf » de soulagement.

 

Les Bleus n’ont pas profité du « home advantage »

Il est vrai que nous n’avions pas prévu une telle vague bleue observée à Rio en 2016 et il n’était chose aisée de combler ce fossé générationnel dans ce si court laps de temps. Étonnamment, le fameux « home advantage », tant déblatéré à l’approche des JO de Paris 2024, qui devait aider les athlètes tricolores à empocher un maximum de médailles, a eu un effet paralysant plutôt que revigorant au Stade de France. Plusieurs athlètes de l’équipe de France se sont en effet livrés sur la gestion difficile des encouragements bruyants des 70 000 spectateurs en zone mixte.

On se contenterait presque de la seule breloque rapportée par Cyréna Samba-Mayela (en argent sur 100 m haies, comme Kevin Mayer au décathlon à Tokyo en 2021), une apothéose qu’on espérait plus. Même si « Les Jeux sont décevants« , reconnaissait Romain Barras, le directeur de la haute performance à la FFA, un élan s’est créé dans cette jeune équipe de France depuis les Championnats d’Europe de Rome (7 au 12 juin) réussis (16 médailles dont 4 en or). Les bases sont en train d’être posées pour les prochains Jeux olympiques de Los Angeles, on n’en doute guère. Tout n’est pas à jeter. Et de loin.

 

 

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Alice Finot, Clément Ducos, Jimmy Gressier et Gabriel Tual amortissent les Bleus

Dans le rayon des bonnes nouvelles, Alice Finot nous gratifié du record d’Europe sur 3000 m steeple en 8’58″67 mais la concurrence mondiale était bien trop élevée pour grimper sur le podium (4e au final). Abonnés aux médailles en chocolat, les Bleus dont la révélation Clément Ducos sur 400 m haies (troisième performeur français de l’histoire en 47″69) et le relais 4×100 m femmes (42″23) ne sont pas passés loin de débloquer le compteur avant « CSM ». Inconnu du grand public avant ces Jeux, Clément Ducos est allé titiller le trio intouchable (Rai Benjamin, Karsten Warholm et Alison Dos Santos) et promet de beaux résultats dans le futur.

Deux cinquièmes places sont à gratifier, celle de Rénelle Lamote qui attendait tant cette finale olympique sur 800 m et celle du relais 4×400 m femmes qui auraient pu viser plus haut. N’oublions pas les records de France battus, notamment celui de Jimmy Gressier (26’58″67), dans un 10 000 m d’enfer conclut même par un record olympique, et d’Agathe Guillemot (3’56″69) qui a amélioré pour la deuxième fois le record national sur 1500 m, tout comme le relais 4×400 m femmes (3’21″41), 4×400 m mixte (3’10″60) et le marathon de marche en relais mixte (2h56’54). Louise Maraval a réussi à s’inviter en finale du 400 m haies et augure de belles choses pour ses prochains rendez-vous. Jamais une Française n’était parvenue à intégrer le top 8 sur 400 m haies aux Jeux auparavant. Champion d’Europe sur les deux tours de piste, Gabriel Tual a tout tenté en finale pour décrocher la plus belle des médailles, sans que cela suffise (6e). Cela faisait également 20 ans (Athènes 2004) qu’on n’avait pas vu deux Françaises dans le dernier carré du 200 m aux Jeux olympiques. Pas de finale à la clé mais de l’espoir pour la suite.

 

 

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Sasha Zhoya et Thibaut Collet ratent le coche

Certains ont tout de même déçu. Héritier d’un certain Renaud Lavillenie pourvoyeur de médailles olympiques (2 breloques à son actif), l’Isérois Thibaut Collet, qui pouvait légitimement croire au podium à la perche, a été éliminé dès les qualifications. Une « honte » lui avait traversé l’esprit et le corps après ces qualifications, de quoi revenir plus fort alors qu’il n’a que 25 ans. Son jeune compatriote Sasha Zhoya (22 ans), l’avenir des haies françaises dès les demi-finales du 110 m haies alors qu’il avait les moyens de s’approcher de la médaille au vu de ses derniers chronos. Deux échecs cuisants pour ses deux cracks qui auront une revanche à prendre dans quatre ans à Los Angeles où le collectif tricolore devrait, on l’espère, être (un peu) plus fort.

Dans le grand bain des Jeux pour la septième fois de sa carrière, Mélina Robert-Michon a nourri des regrets de sa finale du disque ratée, terminant à la douzième et dernière place. Avec Louis Gilavert, Alexis Miellet et Nicolas-Marie Daru, le 3000 m steeple français avait ses chances. Pourtant aucun des trois n’est parvenue à se hisser en finale. L’ombre du grand Mahiedine Mekhissi plane encore et toujours. Enfin, le regrettable Kevin Mayer aurait pu apporter une médaille supplémentaire (l’or ?) s’il avait été à 100% de ses capacités. Mais avec des « si », compliqué de performer…

 

 

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Trois records du monde battus !

Si (encore un) les supporteurs tricolores n’avaient pas assez vibré avec leurs compatriotes, ils ont pu s’extasier devant les performances à couper le souffle de quelques-uns des plus grands athlètes de tous les temps. À commencer par l’extraterrestre Armand Duplantis, venu décrocher les cieux de Saint-Denis à 6,25 m de hauteur, nouveau record du monde de la perche. Dans son sillage, Sydney McLaughlin-Levrone, une des fusées de la Team USA, a ébloui de son talent la piste violette en s’adjugeant la meilleure perf’ de tous les temps sur 400 m haies 50″37 (ancien : 50″65). Les relais américains ont fait aussi des étincelles. Lors des séries, les États-Unis ont battu le record du monde du relais 4×400 m mixte, programmé aux JO pour la deuxième fois seulement, et ont largement amélioré leur propre record. Les « cainris » n’ont toutefois pas été sacrés champions olympiques le lendemain, domptés par les Pays-Bas de Femke Bol.

 

 

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Passée quelque peu inaperçue, Nafissatou Thiam a décroché un troisième sacre olympique consécutif à l’heptathlon et est rentrée dans la légende tout comme Sifan Hassan, triple médaillée (en or au marathon puis le bronze sur 5000 m et 10 000 m) et Faith Kipygeon, sacrée pour la troisième fois de d’affilée sur 1500 m. Des « petits » pays ont aussi émergé lors de ces JO de Paris 2024, en l’occurrence Sainte-Lucie grâce à Julien Alfred, titrée sur 100 m et en argent sur le demi-tour de piste, et la Dominique avec Thea LaFond qui a recueilli les lauriers au triple saut,

Déjà mis en lumière par la médaille d’or historique de Letsile Tebogo sur 200 m, le sprint botswanais a marqué un peu plus les mémoires lors du dernier jour avec un relais 4×400 m, encore emmené par son athlète star, et médaillé d’argent. Douché par ce même Tebogo sur le demi-tour de piste, le monstre américain Noah Lyles a échoué dans sa quête de triplé (voire quadruplé) et s’est « seulement » vu sacré champion olympique du 100 m et médaillé de bronze sur 200 m. Voilà une parenthèse enchantée de 13 jours passées beaucoup trop vite et dont on s’en souviendra longtemps. Très longtemps.

 

Après-Jeux : Place à la vie normale !

Il est désormais l’heure de redescendre, décrocher, oublier non (jamais!) mais tenter de passer à autre chose. Il faut désormais reprendre une vie normale. Pas si simple. Qu’est-ce que c’était bon, vivement Los Angeles 2028 pour revivre de telles émotions !

Tous les résultats de l’athlétisme aux JO de Paris 2024

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta & Gaëlle Mobuchon / STADION 

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