Championnats de France Elite : Pablo Matéo a mis le turbo à Angers

28 juin 2024 à 22:40

Passage obligé avant les Jeux olympiques, les Championnats de France Elite d’athlétisme ont débuté à Angers. Point culminant de cette première journée, le 100 m a souri à Pablo Matéo qui a battu son record personnel pour s’offrir un premier sacre national en 10″08 (+1,4 m/s). Yann Schrub, Amanda Ngandu-Ntumba ainsi que les inséparables Martin Lefevre et Maxime Dubiez ont animé un vendredi de fête dans la capitale de l’Anjou.

Dernière messe de l’athlétisme français avant les Jeux olympiques de Paris, l’événement de l’année, les Championnats de France Elite émerveilleront les amoureux de vitesse et de performances exceptionnelles pendant trois jours (28 au 30 juin). Lors d’une première journée éclatante au Stade du Lac de Maine à Angers où les fans ont répondu présent, tout le monde attendait le combat des chefs. Pressé dès les séries où il avait déjà battu son record personnel, Pablo Matéo (Lisses AC) a ensuite ébloui de son talent la finale du 100 m en décrochant un nouveau chrono remarquable de 10″08 (+1,4) et un premier titre de champion de France. Le jeune sprinteur de 23 ans succède à Mouhamadou Fall (Entente Franconville Césame Val-d’Oise) en devançant sur la ligne d’arrivée la relève Jeff Erius (10″11, record personnel) et la surprise du chef Dylan Vermont (10″15, record personel) tandis que Jimmy Vicaut, recordman de France, en a terminé à la sixième place place en 10″24. Trop agressif au départ, William Aguessy (US Talence) avait dû quitter les meilleurs sprinteurs plus tôt que prévu.

 

 

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« J’annonce un gros chrono »

« C’était le strict minimum (d’être champion de France). Je n’étais pas venu pour rien après je visais les 10 secondes ou moins, je sais que je les ai dans les jambes. J’avais à cœur de bien faire les choses car je ne cours plus que pour moi, soufflait Pablo Matéo à chaud et avec beaucoup d’émotion avant de revenir plus amplement sur sa performance du jour en zone mixte. J’ai eu deux semaines compliquées. Ça va beaucoup mieux, je suis en train de me remettre en jambes. Quand je suis en forme, que j’arrive à mieux dormir, ce n’est plus la même chose. J’avais prévenu, et aujourd’hui, on a vu qui est le meilleur. Je suis content, même si j’étais venu pour faire moins de 10 secondes. 10″08, c’est le minimum, mais c’est déjà bien. J’espère que vous serez au rendez-vous pour le 200 m, j’annonce un gros chrono. Moins de 20 secondes, ça vous va ? Je me cherche encore dans les blocs, des fois je sors bien, des fois pas du tout. Là, je suis bien sorti. Derrière, il ne faut pas faire d’erreur, j’en ai fait quelques-unes. Je savais que ça allait passer en me battant avec Jeff. Il est encore jeune, il a manqué d’expérience, ça ne sera peut-être pas pareil les prochaines années ! »

 

 

Seul bémol de cette finale : les temps. Avec des minima olympiques affichés à 10″00, il ne devrait pas y avoir de Français sur la distance reine aux JO de Paris. Même si le tout nouveau champion de France de la ligne droite est actuellement sélectionnable selon les critères de World Athletics (56e sur 56 places à la « Road to Paris », ranking mondial), la Fédération française a rajouté un critère supplémentaire, celui d’être dans les 24 meilleurs mondiaux (32 en cas de titre de champion de France). Et Pablo Matéo est malheureusement loin de cette place et ne sera vraisemblablement pas au départ de la ligne droite au Stade de France.

 

Yann Schrub fait parler son finish sur 5000 m

La soirée a pris une autre tournure lorsque le docteur Yann Schrub a cueilli ses adversaires. Dans son élément, le pensionnaire de l’Athlé Sports Sarreguemines Arrondissements a attendu le dernier tour pour glaner un premier titre de champion de France sur 5000 m. Yann Schrub ne s’est pas caché dans une « course de championnat » qui confirme avec aisance sa médaille d’argent sur le 10 000 m des championnats d’Europe de Rome. La deuxième place est finalement revenue à Romain Legendre (US Talence) en 13’42″71 tandis qu’Hugo Hay (Sèvre Bocage AC), l’autre favori de cette course en l’absence de Jimmy Gressier, s’en est sorti troisième avec un chrono de 13’45″37.

 

 

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« Forcément, je n’avais pas les mêmes sensations qu’à Rome. J’ai eu du mal à récupérer après les Europe, j’ai aussi profité et un peu coupé, dévoilait un Yann Schrub aux yeux rivés sur Paris. Je n’avais jamais été champion de France et l’adversité ne manquait pas, même s’il n’y avait pas Jimmy (Gressier). Je suis content de ma course et de pouvoir gagner à nouveau au finish. C’était une bonne dernière préparation de course tactique avant les Jeux. Demain, je pars en stage à Vichy pour le reste du mois (de juillet, NDLR). On va vraiment penser à la prépa des Jeux, au Stade de France, et aux 5000 m et 10 000 m qui m’attendent ».

 

 

Sarah Madeleine intouchable

Seule à passer la ligne d’arrivée, Sarah Madeleine a dominé le 5000 m féminin de la tête et des épaules. Huitième des Europe de Rome en 15’02″56 début juin, a fondeuse de l’EFCVO a été sacrée championne de France en 15’44″88 devant Aude Clavier (Amiens UC, 15’57″31) et Maëlle Porcher (Grand Angoulême Athlétisme, 15’59″35). « Il y avait pas mal de pression aujourd’hui, même si j’étais au-dessus, avouait la nouvelle reine du 5000 m dames tricolore. C’est un soulagement. J’attends quand même que ça soit officiel (sa qualification olympique, ndlr). Je suis actuellement 27e au ranking et il suffisait de gagner pour valider un top 32. Il y a vraiment de la marge… C’était mon quatrième 5000 m en moins de deux mois. Si je veux être en forme aux JO., il fallait absolument que ma forme redescende après les Europe. Du coup, j’ai relâché à l’entraînement. Aujourd’hui, j’avais pour consigne de ne rien faire pendant 3000 m et, lors des derniers 2000 m d’en remettre progressivement et écrémer, jusqu’à lâcher un gros dernier tour et m’amuser. »

 

 

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Amanda Ngandu-Ntumba survole le concours du lancer de poids

Le premier titre de la soirée avait été attribué à Amanda Ngandu-Ntumba (CA du Roannais) qui a repris son bien au lancer du poids dames avec un jet impressionnant mesuré à 17,11 m, son record personnel amélioré de près de 60 centimètres (ancien : 16,61 m). La sixième performance française de tous les temps, rien que ça. « C’était incroyable, ce n’est que du bonheur, affichait-elle sourire aux lèvres en zone mixte. C’est une barrière qui a été brisée, et une barrière que je ne pensais pas passer si tôt. 17 m, ça me paraissait loin, parce que les mètres au poids, ça ne se gagne pas facilement, surtout que je ne m’entraîne pas spécialement dans cette discipline. Ça me donne plus de confiance pour le concours du disque. L’objectif ? D’aller chatouiller Mélina ! ». Bientôt 18 mètres ? « Pourquoi pas », selon la nouvelle championne de France de la discipline qui récupère son titre acquis en 2020, 2021 et 2022.

 

 

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Amanda Ngandu-Ntumba enrichit son palmarès avec une huitième couronne nationale (plein air et indoor confondus). Celle qui participera au concours du disque ce samedi a devancé Christine Gavarin (15,92 m, Aiglon du Lamentin) et Naomie Wuta (15,63 m, Dynamic Aulnay Club). Et le concours d’Auriana Lazraq Khlass (Athlétisme Metz Métropole), neuvième avec 14,47 m, a été stoppé après ses trois premiers essais. La vice-championne d’Europe 2024 à Rome à l’heptathlon sera encore sur la piste angevine puisqu’elle a choisi de s’aligner sur le 100 m haies (séries et finale samedi), le lancer du javelot (samedi) et le 200 m (séries et finale dimanche).

 

Rose Loga sur sa lancée

Le duel était annoncé et a bien eu lieu entre Rose Loga (Athlé Chartres Luce Asptt Mainvilliers) et Alexandra Tavernier (Annecy Haute Savoie Athlétisme). Dans le sillage de sa médaille de bronze aux championnats d’Europe à Rome, la première a pris le dessus, sans pression, sur la médaillée de bronze des Mondiaux de Pékin (2015) avec un jet à 70,60 m. La passation de pouvoir a semblé avoir lieu et Alexandra Tavernier (69,50 m), qui restait sur une impressionnante de huit victoires consécutives aux Championnats de France Elite (invaincue depuis 2016 à Angers), repart avec l’argent tandis que Xena Ngomateke (EFCVO) se contentera d’une belle troisième place grâce à un lancer de 65,12 m.

 

 

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« Après beaucoup de concours entre jeunes, ça fait énormément plaisir de me dire que je suis avec les seniors. C’est important d’être bien présente dans ces championnats de France Elite car c’est une belle étape avant les grandes échéances. Ce rendez-vous là remet du fil dans cette saison avant les Jeux. J’ai d’ailleurs du mal à me projeter sur ces JO mais je vais prendre le temps de bien me préparer pour pouvoir arriver dans les meilleures conditions possibles », livrait Rose Loga après son sacre.

 

 

Lenny Brisseault sacré malgré des conditions compliquées

Le lancer du javelot hommes a un nouveau champion de France Elite. Lenny Brisseault (Nice Côte d’Azur Athlétisme) rafle la médaille d’or grâce à un jet à 71,49 m perturbé par un vent tourbillonnant. « Ça fait plaisir de gagner pour la première fois chez les Elite, réagissait-il. La performance laisse un peu à désirer, j’étais venu pour beaucoup plus que 71 mètres. Mais il faut relativiser, parce que les conditions météo n’étaient pas propices aux grosses performances. On avait un vent latéral sur l’aire d’élan, mais ça devait souffler beaucoup plus fort dans les airs. Tout le monde était en-deçà de son niveau, mais l’intérêt d’un championnat, c’est de le gagner. C’est donc une grosse satisfaction. Gagner après mon père, c’est particulier, parce que c’est une passion héréditaire, je suis très content de reprendre le flambeau familial ». Le jeune lanceur de 21 ans devance Felise Vahai Sosaia (Club Athletique Jules Garnier) et ses 69,69 m. Le champion en titre Rémi Conroy (69,35 m, Entente de Haute Alsace) doit se contenter d’une médaille de bronze.

 

 

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« Can we have two golds ? » : Deux médailles d’or à la hauteur masculine

Du côté de la hauteur chez les hommes , Martin Lefevre (Villeneuve-d’Ascq Frétin Athlétisme) et Maxime Dubiez (EFCVO) n’ont pas pu être départagés et sont par conséquent sacrés champions de France. Les deux athlètes ont chacun franchi 2,13 m dès leur premier essai avant d’échouer, tous les deux, à 2,17 m. « Ce sont mes premiers championnats de France, et je ne devais même pas être qualifié, initialement, donc je suis très heureux de terminer sur un premier titre national, se réjouissait Martin Lefevre. J’en suis très fier. Max a fait un concours irréprochable, et dans ce superbe sport, il n’y a rien de mieux que de partager la médaille d’or. »

 

 

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Son jumeau du soir Maxime Dubiez n’en revenait toujours pas. « À la hauteur, depuis Tamberi et Barshim, tout est possible. C’était notre inspiration aujourd’hui : « Can we have two golds ? ». On a fait un très beau concours tous les deux, et il fallait le terminer de la meilleure manière. Quoi de mieux que de finir sur une victoire pour deux ? ». Pour la belle histoire, Sébastien Micheau (Sèvre Bocage AC), qui disputait le dernier concours de sa carrière avant d’entamer une carrière de pompier, complète le podium (2,13 m au deuxième essai).

 

Ilionis Guillaume forfait de dernière minute

Touchée pendant son échauffement au quadriceps, la grande favorite du concours du triple saut féminin Ilionis Guillaume (Stade Bordelais Athlétisme) a pourtant dû renoncer au rendez-vous national alors qu’elle semblait avoir le record de France (14,69 m) dans les jambes. Déjà qualifiée pour les JO, la médaillée de bronze aux championnats d’Europe de Rome avait amélioré sa meilleure performance à 14,59 m la semaine dernière à Guadalajara (Espagne). Cette absence a profité à Anne-Suzanna Fosther-Katta (ES Montgeron), de nouveau médaillée d’or après un sixième et ultime essai mesuré de 13,77 m (+1,7 m/s). Rouguy Diallo (13,69 m, Nice Côte d’Azur Athlétisme) et Jeanine Assani-Issouf (13,59 m, Limoges Athlé) complètent le podium.

 

 

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« Ça a été un concours compliqué, mais au moment du dernier essai, je me suis dit ‘écoute, donne tout et tu verras bien’ !, pouvait se réjouir Anne-Suzanna Fosther-Katta. Avant ça, je n’arrivais pas à me mettre dedans, il m’a fallu trois sauts pour vraiment me réveiller. J’étais quand même physiquement assez bonne, je pensais qu’il y avait quelque chose à faire. J’avais du mal à trouver le bon timing et à trouver le temps au sol. La performance reste satisfaisante, le plus important est de repartir avec la médaille d’or. »

 

Ana Delahaie profite des absences pour briller

Sans les trois têtes d’affiche tricolores de la marche française (Camille Moutard, Clémence Beretta et Pauline Stey), Ana Delahaie (Stade Bordelais Athlétisme) s’est parée d’or sur 10 000 m marche en enregistrant le meilleur chrono de sa carrière (45’41″15). Seule sur sa planète, la Bergeracoise devance Caroline Osmont (46’55″78, AS Tourlaville) et Elvina Carré (46’59″14, Louhans Athlétic Club). « J’avais travaillé sur ces allures, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer en compétition. J’ai vraiment adoré, le public a été génial et les conditions étaient parfaites. Je suis née à Angers, je me suis dit que les étoiles étaient alignées pour moi. »

 

 

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Amandine Brossier et Wilfried Happio faciles en séries

Encouragé par tout un stade acquis à sa cause aux Championnts de France Elite, la locale de l’étape Amandine Brossier (SCO Angers) démarrait sa conquête d’un quatrième titre hexagonal mais aussi et surtout d’un chrono l’envoyant directement au Jeux (50″95). Loin de ces minima, l’Angevine a pourtant survolé sa série avec un chrono à 51″33, le meilleur temps de séries, et sera la grande favorite pour la finale, samedi à 19h30. Une dernière chance pour voir l’Olympe. Wilfried Happio (Lille Métropole Athlétisme) s’est donné une chance de devenir le premier hurdleur français à conquérir 6 titres nationaux sur 400 m haies. Le vice-champion d’Europe 2022 de Munich, qui vient de réaliser 48″01 à Madrid le 21 juin, a totalement contrôlé sa série (1er en 50’’61) et sera notamment accompagné en finale (dimanche, 14h30) par Stéphane Yato (50″08, Athlétic Clubs 92), Fantin Crisci (50″12, EA Grenoble 38) mais aussi Hugo Menin (50″72, Villeneuve d’Ascq Fretin Athlétisme).

 

 

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Le 800 m féminin toujours plus dense

Les différentes favorites en lice ont passé le cap des séries du 800 m ce vendredi. Taulière du 800 m mais de plus en plus bouleversée par les jeunes pousses, Rénelle Lamote (Montpellier Athlétic Méditerranée Métropole) s’est tranquillement qualifiée en finale en remportant la première série en (2’03″24) devant Agnès Raharolahy (2’03″64, Nantes Métropole Athlétisme). La triple vice-championne d’Europe devra particulièrement se méfier en finale (ce samedi à 19h40) d’Anaïs Bourgoin (2’03″26, EFCVO) et de Léna Kandissounon (2’03″11, Haute Bretagne Athlétisme) qui se sont imposées dans leur course respective sur 800 m.

 

Le patron Azeddine Habz en contrôle

Azeddine Habz avait le sourire au bout d’une série de 1500 m parfaitement maîtrisée (3’40″36). Samedi (19h50), il faudra également compter sur Maël Gouyette (Haute Bretagne Athlétisme), vice-champion de France 2023, lui aussi totalement en contrôle lors sa série en 3’44″87. Romain Mornet (3’40″33, Athletic Club La Roche-sur-Yon), Alexandre Selles (3’40”88, EFCVO) ou Flavien Szot (3’41″05, SA Toulouse UC) se mêleront assurément dans cette lutte.

Tous les résultats des Championnats de France Elite 2024

Texte : Dorian Vuillet
Crédit photo : Solène Decosta / STADION

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