Quelle soirée d’athlétisme ! Dans un stade olympique de Munich déjà plein à craquer et dans une ambiance de folie, Jules Pommery a décroché la médaille de bronze au saut en longueur à la faveur d’un bond à 8,06 m et au terme d’un improbable dénouement. D’abord éjecté du podium, le Français de 21 ans a bénéficié après réclamation de l’annulation d’un saut mordu de quelques millimètres d’un de ses concurrents. Récit !
Un incroyable scénario, où tout s’est joué à 1 millimètre. Remettons-nous dans le contexte : Jules Pommery, 21 ans, atterrit à 8,06 m (-0,4) m/s au quatrième essai de la finale de la longueur, le deuxième bond de sa jeune carrière à plus de 8 mètres, après son record personnel à 8,17 m à la fin de mai. À ce moment-là, le champion de France Elite 2022 est alors troisième du concours, pour son premier championnat chez les grands, crédité d’une marque similaire au Britannique Jacob Fincham-Dukes réalisée au premier essai et lequel le devance au bénéfice d’un deuxième meilleur saut (7,97 m contre 7,85 m). Loin devant, le champion olympique en titre, le Grec Miltiadis Tentoglou avait déjà scellé le titre avec 8,52 m, record des Championnats d’Europe.
« J’ai passé deux heures à manger des bonbons ! »
Seulement voilà, la beauté du sport fait que tout peut se passer, jusqu’au bout. Au sixième et dernier essai, le Suédois Thomas Montler s’envole lui aussi 8,06 m (-0,5 m/s) et passe devant Jules Pommery, grâce à un deuxième meilleur saut (7,95 m contre 7,85 m). Le protégé de Robert Emmiyan manque sa dernière tentative et se retrouve alors quatrième, au pied du podium. C’était sans compter sur une double réclamation, déposée à la fois par la France et la Suède, qui considéraient toutes deux que le meilleur bond de Fincham-Dukes, à 8,06 m, était mordu. Une trentaine de minutes plus tard, après analyse plus poussée de la vidéo de la planche litigieuse par les juges, les deux nations obtenaient satisfaction. Si bien que Thomas Montler se hissait sur la deuxième marche du podium et le jeune Français sur la troisième. Un ultime appel britannique était rejeté plus tard dans la soirée, et le podium était entériné. Au terme d’une soirée particulièrement longue, Jules Pommery est officiellement médaillé de bronze, vers 23h40 ce mardi, deux heures après la fin de son concours. Comme promis, il s’est présenté à notre micro en zone mixte, lui qui avait assuré faire ses premiers mots une fois que la décision (positive ou négative) serait tombée. « J’ai passé deux heures à manger des bonbons ! J’ai une team autour de moi géniale, je n’ai pas attendu tout seul à subir la situation. Elle a un bon goût quand même (la médaille), mais on verra demain sur le podium ! Je suis très heureux, relâché… je suis en bronze quoi ! ». Quelle soirée à rebondissements en Bavière pour Jules Pommery qui aurait évidemment préféré remporter le bronze dans d »autres circonstances. Il est le premier médaillé français en longueur depuis la troisième place de Kafétien Gomis (8,14 m) à Zurich en 2014.
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Paris 2024 dans le viseur
Le sociétaire de l’AS Guérigny-Urzy, également champion d’Europe juniors de Boras en 2019, ouvre le compteur tricolore à Munich et prend rendez-vous pour la suite. « J’ai appris, j’ai fait des gros concours, c’était mon quatorzième de la saison qui a commencé fin avril. Je ne suis pas blessé, je suis capable de me montrer dans de grosses compétitions. C’est super encourageant pour les prochaines saisons. Au classement mondial, je vais ramasser un paquet de points qui me serviront pour les Mondiaux de Budapest en 2023 et dans la suite logique pour les Jeux olympiques de Paris 2024 ». Celui qui s’entraîne à l’Insep sous la direction de Robert Emmiyan, toujours détenteur du record d’Europe de la spécialité (8,86 en 1987), n’en restera sans doute pas là et s’affirme désormais face aux cadors de la longueur.
Cette deuxième soirée a bien sûr été marquée par la première médaille tricolore de la semaine par Jules Pommery à la longueur, qui, on l’espère, va lancer la dynamique bleue pour de nouvelles breloques. Le public munichois a également apporté un plus à cette « night session » en proposant une ambiance unique, pour notre plus grand plaisir. Et vous savez quoi ? Ça ne fait que commencer ! Rendez-vous dès ce soir avec la finale de la perche féminine (20h00) avec Margot Chevrier et Marie-Julie Bonnin, la finale du triple saut hommes (20h15) avec Jean-Marc Pontvianne et Enzo Hodebar, la finale du marteau femmes (21h00) avec Alexandra Tavernier, sans oublier la finale du 400 m hommes (21h43) avec Thomas Jordier. Nous retrouverons bien sûr les demi-finales du 110 m haies (20h30) avec quatre hurdlers français en lice : Pascal Martinot-Lagarde, Sasha Zhoya, Just Kwaou-Mathey et Aurel Manga. Spectacle garanti.
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Propos recueillis par Briac Vannini
Crédits photos : Elyse Lopez & Gaëlle Mobuchon / STADION