Championnats du monde d’athlétisme : Gabriel Bordier, la première éclaircie bleue

19 août 2023 à 16:32

Parti prudemment avant de réaliser une belle remontée, Gabriel Bordier a pris une superbe dixième place lors du 20 km marche des Championnats du monde en 1h18’59, pulvérisant son record personnel de plus d’une minute. À l’occasion de la première matinée de compétition, les Bleus se sont qualifiés pour la finale du relais 4×400 m mixte avec un nouveau record de France à la clé.

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C’est un véritable déluge qui s’est abattu sur la piste du Centre national d’athlétisme en début de matinée ce samedi, venant chambouler le programme de la première session de la compétition. À la chaleur des jours précédents s’est brusquement substitué un ciel noir déversant des trombes d’eau. Conséquence des intempéries : les organisateurs n’ont eu d’autre choix que de décaler de deux heures le 20 km marche hommes et d’une heure les épreuves se déroulant dans le stade. Un temps un peu plus clément a fait son retour malgré encore quelques gouttes. 

« J’ai réussi à ramasser les morts »

L’attente fut longue mais la fin rêvée. Une météo capricieuse ayant retardé la course de près de deux heures, Gabriel Bordier s’impatientait près de la célèbre place des Héros de Budapest, les « Champs-Elysées hongrois ». Pourtant, le changement d’heure de départ n’a pas gêné le jeune marcheur français de 25 ans, loin de là. « Le délai de deux heures m’a plutôt servi, il faisait moins chaud à 10h50, l’orage a rafraîchi les conditions, et moi, je préfère quand il fait plus frais ». Le Mayennais de 25 ans fut servi. Avec une chaussée humide qui n’a pas fait peur aux marcheurs, la course partait tambour battant. Tout de suite placé au cœur du peloton de tête, l’étudiant en huitième année de médecine au CHU de d’Angers a gravi les places les unes après les autres. En 26e position après 5 kilomètres d’effort (passage en 19’38), le sociétaire de l’US Saint-Berthevin continuait sa marche sans s’inquiéter. Chronométré à la 19e place au 10e kilomètres (39’26), sa folle remontée ne s’arrêtait pas là. Casquette bleu blanc rouge visée sur la tête, le natif de Laval a montré qu’il méritait sa place dans ces Mondiaux en terminant en boulet de canon.

Avec six places de gagnées entre le 15e kilomètre et l’arrivée, celui qui disputait ses deuxièmes Mondiaux a tout donné dans les derniers mètres de course pour rattraper et dépasser l’Italien Francesco Fortunato, parvenant par la même occasion à accrocher une 10e place avec un chrono d’enfer en 1h18’59, synonyme de record personnel et de meilleur classement dans un grand championnat. Loin derrière l’Espagnol Alvaro Martin, sacré en 1h17’32 avec sept secondes d’avance sur le Suédois Perseus Karsltröm et quinze sur le Brésilien Caio Bonfim, Gabriel Bordier avait un sourire éclatant après cette performance exceptionnelle, lui qui visait au minimum le top 16, au mieux un top 8. « J’ai vécu une journée parfaite devant ma famille, mes proches, mon staff. Ma 10e place, c’est énorme. Le chrono au moins autant, c’était parfait ! J’ai eu peur au début, car c’est parti très vite. Mais il fallait bien suivre et j’ai réussi à « ramasser les morts » en fin de course. J’ai d’abord fait une course d’attente en suivant longtemps l’Espagnol Alberto Amezcua ». Sur les dix premiers marcheurs, neuf ont amélioré leur chrono de référence (six records nationaux).

« Cela me tenait à cœur de lancer les Bleus du mieux possible »

Auteur d’une excellente saison 2023 avec notamment un record personnel sur le 10 km marche (39’02 à Albi le 30 juillet dernier), Gabriel Bordier avait aussi déjà assuré les minima olympiques sur le 20 km marche à La Corogne après son désormais deuxième meilleur chrono de l’année en 1h20’09. Vingt-quatrième des Championnats du monde 2019 à Doha, à la même position aux JO de Tokyo en 2021 puis absent des Mondiaux de Eugene l’année dernière, le protégé de Gérard Lelièvre est en nette progression dans ces grands championnats et entrevoit les JO de Paris 2024 d’un très bon œil. Autre point positif, le marcheur tricolore n’a reçu aucune pénalité durant ses 20 tours de circuit gérés de bout en bout dans la capitale hongroise. Une dixième place aux allures de médaille ? Une rampe de lancement pour l’équipe de France en tout cas. Il a déjà prévu de faire une pause de six mois dans ses études l’année prochaine pour se consacrer pleinement à la préparation des JO. « J’ai l’air frais après ma course ? C’est l’euphorie, quand on est content, on récupère plus vite. J’étais le premier Français en lice sur ces Mondiaux. Cela mettait une petite pression, mais j’ai tout donné, il fallait se rentrer dedans et ça me tenait à cœur de lancer les Bleus du mieux possible ». Cela devrait donner des idées aux autres membres de la délégation bleue !

Record de France du 4×400 m mixte

L’équipe de France a attaqué ses championnats du monde de Budapest avec une très bonne nouvelle au centre national d’athlétisme. Avec dans l’ordre, Gilles Biron, Louise Maraval, Téo Andant et Amandine Brossier, les Bleus se sont qualifiés pour la finale du relais 4×400 m mixte en se classant deuxième de la seconde série en 3’12″25, un chrono synonyme de record de France. L’ancienne marque nationale avait été établie lors des Europe par équipes à Chorzow le 25 juin dernier, en 3’13″36. Seule Louise Maraval a intégré le quatuor puisqu’en Pologne, c’était Fanny Peltier qui avait été choisie pour faire la deuxième relayeuse. « On s’attendait au record de France, ce n’est pas une grosse surprise. On savait qu’on devait faire un gros chrono pour passer en finale. Ca nous a fait une très bonne mise en jambes pour ce soir. On a tout un programme de récupération pour enchaîner les tours. Tout le monde a répondu présent au rendez-vous. On vise le podium, on n’est pas là pour faire de la figuration ». La victoire est revenue à l’équipe néerlandaise (3’12″12) conduite par Femke Bol, recordwoman d’Europe du 400 m haies.

Les Bleus ont rendez-vous en soirée à 21h49 pour la finale où ils retrouveront notamment les États-Unis (3’10″40), la Grande-Bretagne (3’11″19) et la Belgique (3’11″81) qui ont marqué les esprits dans la première série. Le relais 4×400 m mixte, qui est désormais un objectif prioritaire pour le clan tricolore, au même titre que les deux autres 4×400 m, est seulement au programme des grandes compétitions internationales depuis les Mondiaux de Doha en 2019.

 

 
 
 
 
 
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Les combinardes françaises bien lancées 

Pour la première fois, trois Bleues sont engagées à l’heptathlon. Après deux épreuves, elles ont pris place en milieu de peloton. La championne de France Esther Turpin-Condé vire en septième position avec 2030 points après avoir couvert le 100 haies m inaugural en 13″24 (+0,4 m/s), enchaîné avec un bond à 1,77 m à la hauteur. Treizième avec 1974 points, Auriana Lazraq-Khlass a réussi ses débuts en s’approchant à deux centièmes de son record sur 100 m haies en 13″62 (-0,2 m/s) et en égalant son record à la hauteur avec 1,77 m. Léonie Cambours cumule à cette heure 1944 points, récoltés grâce à un 100 m haies chronométré en 13″56 (-0,2 m/s) et saut en hauteur enregistré à 1,74 m. C’est l’Américaine Anna Hall qui mène actuellement les débats avec 2145 unités (12″97 sur 100 m haies et 1,83 m en hauteur).

Hilary Kpatcha a tout tenté

Les autres Français en lice ont vu leur compétition s’arrêter là. Les demi-fondeurs Djilali Bedrani (7e de sa série du 3000 m steeple en 8’20″69) et Agathe Guillemot (8e de sa série du 1500 m en 4’06″18) ont été à leur niveau mais ont manqué de jus dans l’emballage final. Pour son premier grand championnat, Fred Moudani-Likibi a terminé quinzième de son groupe avec un meilleur jet à 18,88 m, à distance de son record (20,54 m). Pas plus de réussite pour Yann Chaussinand, treizième de son concours de qualifications du marteau avec 72,17 m.

Enfin, coup dur pour Hilary Kpatcha, qui avait dû déclarer forfait juste avant le début du concours de saut en longueur aux France Elite à Albi en raison d’une légère douleur à l’ischio-jambier gauche. Quatorzième  aux bilans mondiaux avec 6,86 m cette saison, la sauteuse en longueur du CA Balma a avorté sa première tentative et n’a ensuite pas pris de risque pour aggraver sa blessure. « J’ai tenté et ça n’est pas passé. Je n’ai pas de regrets. Je me sentais bien à l’échauffement. Mais lors de mon deuxième saut, j’ai senti que ça s’était recontracté. Je me suis dit qu’il fallait quand même que je tente. Mais plus je courais, plus ça se crispait. Je pense que ça aurait pété si j’avais essayé d’en mettre un peu trop. »

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION

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