Timothée Adolphe a empoché la deuxième médaille du clan français devant Trésor Makunda sur 400 m (T11) aux Championnats du monde de para-athlétisme à Paris. Ce n’était sans doute pas le métal qu’il espérait mais le champion du monde à Dubaï en 2019 se contentera du bronze. Après la troisième place de Manon Genest mardi à la longueur, la maison bleue retrouve le sourire dans ces Mondiaux. Les médailles attirent les médailles non ?
Le mercredi, c’est la journée des enfants. Du matin jusqu’au soir, ils sont venus en nombre à Charléty pour soutenir les nombreux athlètes français en lice. Entre la seconde médaille tricolore remportée par Timothée Adolphe et son guide Jeffrey Lami, le quota réalisé par Trésor Makunda, la qualification en finale pour Mandy François-Elie sur 100 m (catégorie T37) mais aussi les trois françaises au départ de la finale du 200 m (T13), sans oublier la déception d’Axel Zorzi en finale du 100 m (T13), la journée a réservé son lot de surprises… plus ou moins bonnes. Le spectacle continue dans la capitale.
Quel finish !
Timothée Adolphe accroche la médaille de bronze sur la finale du 400m T11 ! #lequipeATHLE #Paris23 pic.twitter.com/7YdIkDc8gd
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Timothée Adolphe en bronze devant Trésor Makunda et son quota
Timothée Adolphe et son guide Jeffrey Lami devront se satisfaire du bronze. Grands favoris de la finale du 400 m en catégorie T11 (déficience visuelle sévère), les champions du monde en titre de la discipline ont dû laisser leur couronne au Brésilien Félipe de Souza Gomes et Jonas Silva de Lima (51″00). Les deux hommes avaient tout de même réalisé leur meilleur chrono de la saison sur le tour de piste (51″21) mais ce n’était pas suffisant pour décrocher un nouveau titre mondial. Après 200 m, le Versaillais dominait la course mais le dernier virage lui a fait perdre « les quelques centièmes qui coûtent chers à l’arrivée« . Ce très léger ralentissement dans la deuxième courbe lui a valu de perdre la première puis deuxième place laissée aux Espagnols Gerard Descarrega et Guillermo Rojo Gil qui complètent le podium (51″18). Ses compatriotes, Trésor Makunda et Lucas Mathonat ont couru en 52″38 et devront se limiter à une quatrième place synonyme de quota.
La déception a pris le dessus à l’issue de la course du côté de Timothée Adolphe. « J’ai de l’amertume parce qu’on venait chercher autre chose. On venait défendre un titre à domicile. On repart avec le bronze. Il y a de la déception », regrettait le « guépard blanc », comme il est surnommé, qui voit quand même le verre à moitié plein. Cela reste une médaille mondiale. On ne va pas cracher dessus. On ne peut pas avoir de regrets, on part sur les bonnes intentions, sur les temps de passage qu’il fallait. Il y a une dernière ligne droite un peu compliquée. On voulait offrir autre chose aux coaches, aux autres guides, à nos proches, au public de Charléty qui était en feu ce soir. On n’a pas réussi à faire la dernière ligne droite qu’on voulait, qu’on espérait ». Interrogé dans le même temps, son guide Jeffrey Lami a très simplement analysé leur course. « On a fait ce que l’on devait faire, il a manqué un peu de fraîcheur à la fin. »
Trésor Makunda, lui aussi, semblait touché après ce tour de piste. « Ce n’est pas ce qu’on attendait. Après, ce ne sont pas des excuses, mais il y a pas mal d’éléments qui peuvent justifier ce résultat : couloir numéro 1, la saison n’a pas été simple d’un point de vue personnel…». À 39 ans, le co-capitaine de l’équipe de France ne repartira pas des Mondiaux qu’avec des mauvais souvenirs, au contraire. « On a fait deux très belles courses (en série et en demi-finales), c’est notre deuxième finale en deux compétitions. Les choses se mettent en place. C’est prometteur pour les Jeux. On n’est pas si loin des gars devant nous. C’est intéressant de se dire que Paris 2024, c’est bientôt. On repart avec un quota. On a un an pour travailler, il faudra compter sur nous ». Le compte à rebours jusqu’au Jeux paralympiques de Paris 2024 est lancé !
Les trois Françaises du 200 m (T13) repartent sans médailles mais avec beaucoup d’espoirs
L’équipe de France était bien représentée en finale femmes du 200 m (T13). Nantenin Keita, Alice Métais et Célia Terki se sont accrochées jusqu’au bout pour aller chercher une nouvelle médaille tricolore, sans réussite. Respectivement 5e, 6e et 8e, les Bleues n’ont pas réussi à faire la différence dans une finale dominée par Adiaratou Iglesias en 26″86. Première à entrer en zone mixte après un chrono de 26″45 (record de sa saison), Nantenin Keita, co-capitaine de l’équipe de France, savait qu’aller chercher une médaille « aurait été un miracle ». Elle a surtout retenu l’esprit combatif des trois tricolores sur la piste et des Bleus dans leur entièreté. « Offrir ce spectacle là au public français était vraiment cool. De nombreux français sont en finale dans ces Mondiaux et ça montre que l’équipe de France performe. On a maintenant un an pour transformer ces cinquièmes, sixièmes et huitièmes places en médaille. »
Ça ne l’a pas fait pour nos trois Bleues malgré une belle performance ! 😨 #lequipeATHLE #Paris23 pic.twitter.com/SKv19iJURF
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Alice Métais a battu son record personnel mais cela n’a pas suffi. Avec un chrono de 26″54 (contre 26″81 en demie), la Berrichonne ne prend malheureusement que la sixième place. Passée la course, la championne de France 2020 a tenu un discours très positif. « Trois Françaises en finale, c’est déjà une belle victoire pour l’équipe ! ». Pour son premier championnat du monde, la jeune athlète de 22 ans a énormément appris et ressort d’une compétition « les étoiles pleins les yeux ».
Malgré une dernière place et un temps de 27″21, Célia Terki est sortie de la piste sans déception. « Je me sens bien, j’ai aucun regret. Je suis arrivé aux championnats du monde avec une douleur aux ischios-jambiers et je la ressens toujours. Malgré ça, j’ai tout donné et les deux Françaises avec moi m’ont porté dans cette belle finale. C’était magique devant ce public ! »
« Je fais ce que je sais faire de mieux mais ça ne suffit pas »
La médaille d’or attendra pour Axel Zorzi. Le champion de France en salle 2022 est allé chercher un meilleur chrono qu’en demi-finale (10″99) mais n’a fini « qu’à » la cinquième place du 100 m (T13), loin derrière le Norvégien Salum Ageze Kashafali (10″45), recordman de la discipline et nouveau meilleur performeur des Mondiaux. Un résultat qui le prive d’un quota pour les prochains Jeux paralympiques en 2024 à Paris. À chaud, un sentiment mitigé envahissait le Lyonnais après sa course. « Il en manque un peu pourtant j’ai vraiment cru en mes chances. Dès les deux premiers appuis, ils sont déjà devant moi, c’est fatiguant. Je fais ce que je sais faire de mieux, ça ne suffit pas mais ce n’est pas un échec. »
Axel Zorzi décroche la 5e place de la finale du 100m T13 ! #lequipeATHLE #Paris23 pic.twitter.com/T9Ung2q4uD
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Mandy François-Elie assure la qualif’ en finale du 100 m (T37)
Après l’échec de la veille à la longueur, Mandy François-Elie a vite réagi lors de sa série du 100 m (T37) en réalisant son meilleur temps de sa saison en 13″66. « C’était difficile d’enchaîner, mais il ne faut rien lâcher », avouait-elle à la suite de sa course où la Martiniquaise a fini troisième à l’arrivée, compostant son billet pour la finale. Le stress s’en est allé et la triple médaillée olympique a profité de la clameur de près de 5000 enfants en tribunes le matin. « C’est génial, le public m’a porté ». La championne olympique de la catégorie à Londres en 2012 partira du couloir numéro 8 ce jeudi matin (10h48) dans une finale qui s’annonce compliquée pour l’athlète de 33 ans.
Tiffany Logette-Lods ne sera pas de la finale du 100 m (T11)
Tiffany Logette-Lods (guide Erwann Le Rolland) débutait ces Mondiaux ce mercredi. Pas habituée à concourir avec autant de monde dans un stade, Tiffany Logette-Lods, qui fêtera dans quelques jours ses 29 ans, a été agréablement surprise par l’accueil du public lors de son arrivée sur la piste dans la matinée. « Ce n’est pas effrayant mais d’un côté, cela impressionne beaucoup. Ça pousse énormément car c’est chez nous. On entend nos noms partout, il y a beaucoup d’encouragement et d’amour ». Après une première série ponctuée d’un record personnel égalé dans la discipline, en 13″12, la licenciée du Stade de Vanves a raté la qualif’ en finale du 100 m en catégorie T11 lors de la session de soirée. Celle qui s’entraîne à l’INSEP a terminé en quatrième position de sa demi-finale avec un moins bon temps que celui dans la matinée (13″24). « Les sensations étaient bonnes mais j’ai senti un couac pendant ma course. Ce n’était pas le chrono espéré, je peux être frustrée. »
Delya Boulaghlem disqualifiée après des problèmes de guide
Sa compatriote Delya Boulaghlem était également inscrite dans cette épreuve mais s’est arrêtée aux séries. La raison : la Grenobloise a malheureusement été disqualifiée. Son guide habituel Thomas Verro n’a pas pu se présenter pour raison personnel et son remplaçant Joachim Berland a franchi la ligne avant la licenciée du club Lyon Athlé. Une erreur fatale qui a plongé la jeune femme dans une grande détresse quand on l’a prévenu. Elle avait pourtant tout fait pour que ce changement éclair ne la pénalise pas. « Il ne faut pas trop réfléchir dans ces moments-là. Il faut y aller et ne pas se poser dix mille questions. Le staff a été au top, les guides aussi ». Le manque d’habitude lui a malheureusement coûté très cher.
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Texte : Dorian Vuillet Timothée Adolphe
Crédit photo : Grégory Picout / WPA PARIS’23