Blandine L’Hirondel a conservé brillamment son titre mondial de trail long en Thaïlande, en réalisant une course pleine d’intelligence. Un bonheur ne venant jamais seul, les Bleues l’emportent également à nouveau par équipes après leur sacre de 2019. Retour sur les résultats de l’équipe de France qui repart de Chiang Mai avec sept breloques.
Elle avait la pancarte de favorite, ça ne l’a pas du tout embêté. Au Portugal en 2019, Blandine L’Hirondel s’était révélée aux yeux du monde, en montant sur la plus haute marche du podium dès sa première sélection. La sociétaire de l’Alençon Running Club a assumé son statut et s’est offert cette fois le titre de la confirmation. Si elle n’a rien perdu de sa fraîcheur et de son sourire qui ne la quitte jamais, même en plein effort, l’élève de Philippe Propage a appris au fil des saisons à affiner sa stratégie et en a offert la parfaite démonstration samedi matin en Thaïlande en remportant son deuxième titre mondial à l’issue d’une course dont elle a coupé la ligne d’arrivée en 8h22’14. « Ce titre est un aboutissement, ça me donne envie de pleurer rien que de le dire, savoure celle qui avait déjà été sacrée championne d’Europe cette année. C’est le fruit de beaucoup de travail. En 2019, j’étais outsider, je n’avais aucune pression. Là, j’étais la grande favorite. Je me suis battue jusqu’au bout. Nilsson était très costaude, j’ai vraiment cru pendant la première partie de course qu’elle était au-dessus. C’est ce qui rend la victoire en plus belle. »
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, le collectif féminin est, lui aussi, monté sur la plus haute marche du podium. Derrière leur leader, Audrey Tanguy et Marion Delespierre ont réalisé une superbe course d’équipe, en restant ensemble du premier au 78e kilomètre d’un parcours comptant 4800 m de dénivelé positif. Toujours solidement accrochées au top 10, elles terminent à de magnifiques places d’honneur. Huitième des championnats d’Europe début juillet, la Savoyarde Audrey Tanguy progresse encore dans la hiérarchie en se classant sixième en 8h51’57. La Lyonnaise Marion Delespierre, qui effectuait ses premières foulées sous le maillot tricolore, termine septième et main dans la main avec elle. Trois Françaises dans le top 10, six dans le top 20 avec Jocelyne Pauly, quinzième en 9h14’20, Manon Bohard Cailler, dix-neuvième en 9h23’24, et Laure Paradan, vingtième en 9h25’30 : la densité des Bleues n’a aujourd’hui pas d’égale sur la planète trail.
Nicolas Martin et le collectif tricolore en argent
La course, annoncée très ouverte, a finalement été survolée par l’Américain Adam Peterman (26 ans). Le vainqueur des Western States 100 cette année l’a emporté haut la main en 7h15’53’’. Derrière lui, Nicolas Martin décroche une magnifique médaille d’argent en 7h28’44 et retrouve le podium en individuel, six ans après avoir déjà terminé deuxième des Mondiaux. « Pour être honnête, je ne pensais pas gagner une autre médaille en individuel dans ma carrière, confie l’athlète de l’AL Echirolles, éprouvé comme tous les traileurs par la chaleur humide. Il y a plus de densité qu’avant. Je suis resté assez discret aujourd’hui, même si j’avais d’assez bonnes jambes. J’ai pris quelques risques puis j’ai vu rapidement que j’étais un ton en dessous de l’Américain. »
Comme chez les femmes, l’équipe de France place trois athlètes dans le top 10, avec les excellentes sixième et dixième places de Thibaut Garrivier (7h50’12) et Paul Mathou (7h53’47). Pour leurs débuts chez les Bleus, les sociétaires de l’Entente Sud Lyonnais et du Dordogne Athlé ont réalisé des courses pleines, qui permettent au collectif tricolore de monter sur la deuxième marche du podium. À noter également la prometteuse quinzième place de Martin Kern en 7h59’53.
Les Bleus deuxièmes sur le format court
La cinquième médaille du jour, pour les Tricolores, avait été la première à tomber dans leur escarcelle au cours de ce fructueux samedi, sur le format court masculin. Dans ce qui était peut-être l’épreuve la plus relevée de ces Mondiaux, les Français ont réalisé un beau tir groupé en étant quatre à se hisser dans le top 15. Avec la solide sixième place de Thomas Cardin en 3h19’31, suivi de Frédéric Tranchand, douzième en 3h22’20 après une fin de course difficile, l’inévitable Julien Rancon, treizième en 3h24’02, et Timothée Bommier, quinzième en 3h27’45, les Bleus décrochent l’argent derrière des Italiens intouchables. L’équipe féminine de trail court termine collectivement cinquième et s’offre deux places dans le top 20 avec Mathilde Sagnès, douzième en 4h05’54, et Esther Eustache, dix-septième en 4h08’59.
De l’argent et du bronze pour les juniors
Les collectifs juniors se sont illustrés lors de la dernière journée des Mondiaux, consacrée aux épreuves de course en montagne. C’est au sprint que Mélaine Le Palabe a pris la quinzième place de la course juniors hommes en 24’28. Un ultime effort, sur la distance de 6 km au programme du jour, qui place le français une seconde devant le Mexicain Manuel Santiago et offre par la même occasion la deuxième marche du podium ce dimanche aux Bleuets de la course en montagne, un demi-point devant la Grande-Bretagne, médaillée de bronze. Pour être vice-champions du monde, la cinquième médaille collective tricolore dans cette catégorie, les U20 ont pu compter sur Pierre Boudy, onzième en 24’02, ainsi que sur Baptiste Cartieaux qui est allé chercher une superbe septième place et se classe également troisième européen en 23’29
Sur un parcours très exigeant, leurs homologues féminines se sont également illustrées en allant chercher le bronze. Lili Anne Beck, septième en 28’59, a su élever son niveau au meilleur moment, suivie de près par Pauline Trocellier, huitième en 29’13. Nélie Clément, quatorzième en 30’23, complète le collectif. Les juniors filles ne comptaient jusque-là qu’une médaille collective aux Mondiaux, avec de l’argent il y a 22 ans. Les seniors rêvaient d’imiter la nouvelle génération en fin de matinée, mais les équipes masculine et féminine n’ont pas pu s’appuyer sur des leaders à 100% de leurs capacités. Sylvain Cachard, fiévreux depuis samedi, a été contraint à l’abandon dès la première bosse. Christel Dewalle, qui souffrait de problèmes gastriques depuis plusieurs jours, a fait ce qu’elle a pu mais a dû se contenter de la trente-et-unième place en 54’32.
Les Bleues au pied du podium
Malgré ces coups du sort, l’équipe féminine n’est pas passée loin de monter sur la boîte. Elle se classe quatrième avec 48 points, à trois unités de l’Italie, qui décroche le bronze. Adeline Martin, dixième en 51’01, confirme son retour au plus haut niveau, alors que Marie Nivet et Clémentine Geoffray, respectivement seizième en 52’06 et vingt-deuxième en 53’03, se sont bien battues. L’équipe masculine s’est aussi montrée à son avantage à l’image de Théodore Klein, douzième en 43’01. Sans oublier les prometteurs Baptiste Fourmont, vingt-troisième en 44’01, et Killian Allaire, trente-et-unième en 44’36, qui ont tenu leur rang. Cette génération talentueuse, qui prend le relais de prestigieux anciens, repart de Thaïlande avec une sixième place collective. Lors des premières épreuves de course de montagne de ces championnats du monde, Christel Dewalle a pris la huitième place de la course ascensionnelle en 58’49. Avec la quinzième place d’Adeline Martin en 1h01’17, qui signait son retour à la compétition de très haut niveau, et Clémentine Geoffray, classée vingt-deuxième en 1h02’38, l’équipe de France décroche la quatrième place collective.
Crédits photos : Cyrille Quintard / FFA