Moisson exceptionnelle pour l’équipe de France aux Championnats du monde de Trail et course en montagne 2023 à Innsbruck, dans le Tyrol autrichien (7 au 10 juin). Avec six breloques dorées, dont trois en individuel (Clémentine Geoffray, Benjamin Roubiol et Marion Delespierre) et autant par équipes, la France a remporté le classement des médailles de cette deuxième édition des Mondiaux regroupant course en montagne et trail.
Clémentine Geoffray, au terme d’une course incroyable de 45 kilomètres et 3100 m de dénivelé, s’est offert le titre de championne du monde de trail court en Autriche ce jeudi, près de trois mois après son titre de championne de France. Avec un départ rapide mais assuré, un long segment médian à se rapprocher progressivement de la leader de la course, puis un assaut final irrésistible : le plan était parfait, et s’est déroulé sans accroc. Sur les sentiers du Tyrol autrichien, la Chambérienne de 28 ans, membre de la Team 100% féminine EVADICT, a coupé la ligne d’arrivée en 4h53’12, avec deux minutes de marge sur sa dauphine Judith Wyder, et seize sur sa compatriote suisse Theresa Leboeuf. « Je savais que j’étais en forme, mais de là à gagner… Je ne m’attendais pas à ça, c’était incroyable ! J’ai pensé très fort à tous mes proches. Et puis le parcours était magnifique : courir dans un tel décor, c’était génial. La montagne, c’est mon dada, j’ai pris beaucoup de plaisir ! »
Le sacre pour l’équipe de France féminine
Un bonheur n’arrivant jamais seul, les prestations très solides de Louise Serban-Penhoat et Lucille Germain, respectivement dixième en 5h20’21 et quinzième en 5h22’20, ont offert à la France la médaille d’or au classement par équipes, devant la Suisse et les Etats-Unis.« Ça montre bien que quand on se bat pour une équipe, on arrive vraiment à se surpasser », glisse la première nommée. « C’est un grand moment, complète Lucille Germain. Je pense qu’on va bien le savourer ! Clem fait une très grosse course, Louise aussi. Rien que d’en parler, c’est beaucoup d’émotions ». De retour à son meilleur niveau, la Vosgienne installée en Savoie s’est montrée à la hauteur sur un parcours « très dur », qui en a fait plier plus d’une. « Il fallait s’accrocher mentalement. Quand on m’a donné toutes les infos sur le classement par équipes au dernier ravito, ça m’a mis le feu pour finir à bloc ». Marie Goncalves, 28e, et Noémie Vachon, 31e, ont également pu savourer le podium avec leurs coéquipières au son de la Marseillaise.
Les Bleus décrochent le bronze
Le clan tricolore a célébré un deuxième podium collectif ce jeudi soir, avec l’équipe de France masculine qui s’est hissée sur la troisième marche du podium. Dans une course de très haut niveau, qui a vu le tenant du titre Stian Angermund doubler la mise avec classe, Thibaut Baronian a pris une quatrième place pleine de panache, en 4h25’41. Aux avant-postes tout au long de la course, le Bisontin a mené la chasse derrière le Norvégien, qui s’était échappé en compagnie du Britannique Thomas Roach. Frédéric Tranchant a également donné le maximum pour accrocher la neuvième place en 4h31’07. Thomas Cardin, parti avec la tête de course, nourrissait des ambitions individuelles élevées, mais a connu un milieu de course plus difficile entre le 15e et le 30e kilomètre, et a franchi la ligne à la seizième place en 4h37’50. Grâce à une belle fin de course, l’Isérois offre la médaille de bronze au camp tricolore. Loic Robert, 21e en 4h42’18, et Julien Rancon, 42e en 4h54’37, ont également bien mérité de monter sur le podium, en compagnie des Britanniques, intouchables avec trois coureurs dans le top 8, et des Italiens.
Le soleil a atteint son zénith ce vendredi dans le ciel autrichien. C’était aux alentours de 15h, et il s’est alors paré d’une belle teinte bleue. C’est à ce moment-là que Benjamin Roubiol et Marion Delespierre ont pris les commandes de la course longue des championnats du monde de trail, pour ne plus la lâcher. Pour Roubiol, le déclic a eu lieu un peu avant le 70e kilomètre, dans la dernière montée de la journée, puis a creusé l’écart avec l’Italien Andreas Reiterer, qui menait les débats depuis une quarantaine de kilomètres. Il franchit ainsi en grand vainqueur la ligne d’arrivée en 9h52’59, après 85 km d’effort et 6500 m de dénivelé positif.
À 23 ans, Benjamin Roubiol a fait preuve d’un sang-froid et d’une gestion de course remarquables, sur un tracé particulièrement exigeant, avec des montées très raides et de longues descentes martyrisant les quadriceps. « J’ai fait très peu d’erreurs aujourd’hui, je peux être fier du résultat. Je me suis interdit de penser à la victoire presque jusqu’au bout. J’avais besoin d’être dans le moment présent et concentré au maximum sur mes sensations, pour assurer mon alimentation, mon hydratation, ne pas paniquer, et profiter à fond ».
Un travail d’équipe d’une efficacité redoutable
Marion Delespierre a de son côté produit son effort à partir du 55e kilomètre, pour aller chercher l’allemande, Katharina Hartmuth, emmenant dans son sillage Manon Bohard Cailler, avec qui elle a partagé une grande partie du chemin. La Lyonnaise a eu course gagnée dans la dernière descente, même si des crampes sont venues lui offrir une dose d’adrénaline supplémentaire. « J’ai eu peur de me retrouver comme dans les films, incapable de courir dans les derniers mètres, souriait-elle quelques minutes après son arrivée. J’ai essayé de rester lucide et de bien m’hydrater. J’en ai presque occulté que j’allais terminer première. C’est quand on m’a donné le drapeau que j’ai réalisé que c’était gagné ». En bouclant le parcours exigeant du jour en 11h22’31, elle devance sa dauphine germanique de 6’43. Manon Bohard Cailler complète le podium et décroche le bronze de cette épreuve longue des Championnats du monde de trail, en 11h34’22. « La journée a été belle, même si la fin a été très difficile pour moi. Avec la médaille d’or de Marion, celle de l’équipe, et celle des garçons, c’est une sensation indescriptible. »
L’or pour tous
En prenant la dixième du jour en 12h01’30, Audrey Tanguy est allée « chercher plus loin que jamais, physiquement et mentalement, les ressources nécessaires » et participe, tout comme Jocelyne Pauly, dix-septième en 12h25’17, à la victoire collective des Bleues, devant l’Allemagne et l’Italie. C’est la troisième de rang pour les Bleues, pourtant rapidement privées de leur leader Blandine L’Hirondel. La double tenante du titre a bien essayé de jouer sa carte, mais une douleur au pied présente depuis quelques semaines l’a rapidement contrainte à l’abandon.
Les hommes aussi ont eu droit à leur Marseillaise collective, reprenant l’or que leur avait chipé les Etats-Unis au mois de novembre en Thaïlande. Thibaut Garrivier a achevé la « course la plus difficile de carrière » à une méritoire quatrième place en 10h14’49. Baptiste Chassagne s’est chargé de classer les Bleus au premier rang, devant les États-Unis et l’Italie, en prenant la quinzième place individuelle en 10h35’21. Pour sa septième édition des Mondiaux de trail, Nicolas Martin a dû s’arrêter au 53e kilomètre, vaincu par un genou récalcitrant. Il a alors repris son rôle de capitaine de route avec tout l’entrain qu’on lui connaît. Paul Mathou est allé au bout de ses forces, frayant tout au long de la journée entre la quinzième et la vingtième place, mais a été contraint de quitter la scène à moins de dix kilomètres du but. Cela ne l’empêchera pas de fêter dignement avec ses camarades la nouvelle moisson française.
Les juniors en argent
Et de trois qui font onze. Lors de la quatrième et dernière journée des championnats du monde off-road à Innsbruck ce samedi, la France a récolté trois nouvelles médailles par équipes sur le format « montagne classique ». Sur un parcours pas si classique, mi-urbain, mi-sentier, les deux équipes juniors ont pris la médaille d’argent, et les seniors femmes le bronze. L’équipe de France U20 masculine fut la première à passer à l’action, sur une boucle de 7,5 km comptant 375 m de dénivelé positif. Le champion de France Anatole Berthou, après une première partie d’ascension difficile, a réussi une remontée progressive lui permettant de décrocher la sixième place du classement en 28’43. Avec la neuvième position de Jules Mongellaz (29’16) et la treizième de Jules Barriod (29’48), les Bleuets se sont intercalés entre l’imbattable Suisse et l’Italie. « Ce sont de très belles places, savourait Berthou. Par équipes, on savait que le podium était jouable, et deuxième, c’est vraiment une bonne performance ». Chane Souard, quatrième junior tricolore en lice, se classe 21e en 30’23.
Les juniors filles ont imité leurs homologues une heure plus tard grâce à un tir groupé parfaitement orchestré. Septième en 34’52, Margot Dajoux a montré l’exemple, lors d’une course « géniale mais archi-dure ». Alice Mugnier a réalisé une superbe remontée de l’arrière pour s’offrir une neuvième place en 35’05. Pauline Trocellier s’est classée onzième (35’09), et Lili Beck quinzième (36’01). Les Françaises terminent entre la Grande-Bretagne et l’Espagne au classement par équipes.
Les Bleues décrochent le bronze
Pour sa première sélection en course en montagne, l’habituelle routarde et crosswoman Cécile Jarousseau a parfaitement rempli les critères pour être adoptée par ses nouvelles camarades de jeu. Accrocheuse dans les montées, solide dans les descentes, elle a géré son effort à merveille pour prendre la neuvième place et vient à bout des 15 kilomètres du parcours réservé aux seniors en 1h08’40. Avec Christel Dewalle, treizième (1h10’02) grâce à des montées express dont elle a le secret, et Elise Poncet, 24e en 1h11’49, les Françaises ont pris la troisième place derrière le Kenya et la Grande-Bretagne. La quatrième Française, Nélie Clément, a achevé sa première expérience internationale chez les grandes à la 42e place (1h14’58).
Les Bleus n’ont pas démérité
Théodore Klein, premier français du jour chez les seniors, a tenu son rang tout au long des 15 kilomètres et 750 m de dénivelé positif au programme de cette dernière journée, pour aller chercher la douzième place, en 1h00’20. Emmanuel Meyssat franchit la ligne d’arrivée à la quinzième place (1h00’44), soit un rang de mieux que sur la course verticale de mercredi. Parti très vite, Quentin Meyleu a dû lutter contre des pieds qui brûlent causés par la brutalité de l’effort demandé, et a achevé son parcours à la 47e place (1h04’26), tandis qu’Alexandre Fine a passé la ligne à la 52e place (1h04’51). Par équipes, les Français ont terminé sixièmes.
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Crédits photos : © Alanis Duc / FFA