100 kilomètres à pied, ça use, ça use… Et non ! En tout cas pas assez pour faire peur à l’équipe de France qui débarque aux Championnats du monde à Bangalore, au sud de l’Inde, avec de fortes ambitions. Emmenés par Floriane Hot et Guillaume Ruel, les Bleus, vice-champions du monde par équipes chez les femmes et les hommes en 2022, sont prêts à se mettre au niveau de l’événement. Le départ sera donné ce samedi 7 décembre à 1h30 heure française (6h00 heure locale).
Ce n’est pas l’épreuve la plus bling-bling de l’athlétisme mais sans doute la plus dure : le 100 km sur route, soit deux marathons et 15,6 km à enchaîner. Une épreuve qui demande de l’expérience et de la maturité, souvent après un passage réussi sur marathon et sur les distances plus courtes. Présentée comme la Silicon Valley indienne, Bangalore (Etat du Kanakarta) sera le théâtre des Mondiaux de la discipline ce samedi et les Tricolores peuvent prétendre s’illustrer.
Après un long voyage de près de 10 heures, le collectif tricolore a pris ses quartiers depuis lundi soir dans la ville qui compte 12 millions d’habitants. Les centbornards ont effectué deux stages de préparation avec la Fédération Française d’Athlétisme, un premier à Andrézieux-Bouthéon (Loire, 26 au 31 août) et un deuxième stage à La Réunion (début novembre) afin de s’acclimater aux conditions météo chaudes et humides, proches de celles qu’ils retrouveront à Bangalore.
Floriane Hot peut pleinement défendre ses chances pour le doublé
Deux ans après le rendez-vous planétaire à Berlin où elle était montée sur la plus haute marche du podium avec un nouveau record d’Europe en 7h04’03, Floriane Hot peut espérer récidiver. La représentante de l’Athlé Provence Clubs sait se préparer pour les grandes occasions et a prouvé qu’elle était toujours au rendez-vous des objectifs qu’elle se fixait. Tenante du titre, elle ne peut donc pas cacher une certaine ambition, surtout que la longue préparation s’est déroulée sans accroc, sans aucun pépin physique. « J’ai fait tout ce qui était prévu dans mon plan. Ça me met en confiance mais courir un 100 km est toujours imprévisible. Ce 100 km devrait être atypique et on devrait s’en souvenir. On vient de faire le repérage du parcours ce matin. Le parcours est vallonné avec notamment une montée assez raide. Il est beaucoup moins monotone que Berlin qui était en aller-retour, et au vu du profil du tracé, mentalement ça pourrait passer plus vite. »
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Si Floriane Hot ne cédera pas sa couronne planétaire si facilement et a toutes les cartes en main pour retrouver la plus haute marche du podium, la protégée de Jérémy Cabadet se montre vigilante. « Il est difficile d’avoir une stratégie de course mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne faudra pas s’emballer. Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte entre la chaleur (20 degrés au départ), l’humidité et le parcours. On va finir à 14h à Bangalore, et la température sera bien montée, mais on est préparé avec la chaleur du sud ! ». La championne de France 2024 sur marathon (le 24 mars à Cavalaire-sur-Mer) pourra compter sur le soutien et les encouragements de son compagnon Nicolas Navarro, 16e des JO de Paris sur marathon, mais aussi de son frère, de sa soeur ainsi que de ses parents qui ont fait le déplacement.
Marie-Ange Brumelot a marqué les esprits en 2024
Floriane Hot va notamment retrouver sur sa route sa camarade Marie-Ange Brumelot qui ne devrait pas être loin de la boîte non plus. L’ultra-fondeuse de l’Athle St Julien 74 était devenue la première athlète européenne à boucler un 100 km sous les 7 heures à Steenwerck (Nord) le 9 mai dernier. La Française de 31 ans installée à New York avait négocié la distance en 6h56’54, soit sept minutes de mieux que Floriane Hot, lors de son titre mondial en 2022 à Berlin. Toutefois, les 100 km de Steenwerck ayant perdu leur label national, le record de France et d’Europe n’avait pu être homologué.
L’équipe de France féminine est complétée par Sophie Le Béherec (Free Run Athlé 37), qui va honorer sa première cape bleue à 48 ans après avoir dû déclarer forfait en 2022 en raison d’une blessure, et Louise-Marie Thévenin-Lebran (Courir à Abbeville, 26 ans). Les deux athlètes étaient descendues sous les 8 heures à Steenwerck, en établissant respectivement un temps de 7h51’49 et de 7h54’32. Vice-championnes du monde dans la capitale allemande derrière les Etats-Unis, les Bleues trouveront une belle opposition incarnée par la Britannique Sarah Webster, nouvelle recordwoman d’Europe des 100 km en 7h03’48 à Perth le 24 mars dernier, ainsi que l’Irlandaise Caitriona Jennings et l’Américaine Courtney Olsen, respectivement troisième et quatrième à Berlin en 2022.
Guillaume Ruel pour un nouveau top 5, voire mieux
Ce samedi 7 décembre est coché dans son agenda depuis de nombreux mois. Guillaume Ruel (27 ans), cinquième des Mondiaux 2022 sur 100 km et recordman de France en 6h13’42, réalisés le 22 juin dernier à Los Angeles, s’est minutieusement préparé pour cette échéance. Le Normand du Pays Saint-Lois Athlétisme a effectué une longue série de cinq marathons en sept semaines : 2h22’38 à Rouen le 29 septembre, 2h23’27 à Saint-Hélier le 6 octobre, 2h22’33 à Val-de-Reuil le 20 octobre, 2h18’54 à Rennes le 27 octobre et 2h31’44 à Deauville le 17 novembre (après avoir réalisé un semi en 1h10’29 quelques minutes avant et un 10 km en 30’28 la veille).
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De plus en plus expérimenté sur l’exercice, le recordman d’Europe du 50 km (2h47’23 à Pretoria en 2022) semble bien armé pour frapper un grand coup. Le pharmacien de formation, qui détient un record personnel en 2h14’48 sur marathon (Rennes en 2023), possède également de beaux temps de référence sur des distances bien inférieures (29’50 sur 10 km en 2024 à Nice et 1h04’53 sur semi-marathon en 2024 à Séville) et a beaucoup d’atouts pour viser un nouveau top 5. Le coureur natif de Coutances sera une nouvelle fois opposé aux Japonais lesquels avaient réalisé un doublé il y a deux ans. Le record du monde est la propriété du Lituanien Aleksandr Sorokin, de 16 ans son aîné, qui a parcouru la distance en 6h05’35 en 2023 à Vilnius.
De la partie en 2022 à Berlin, Benjamin Polin (19e, Athletic Vosges Entente Clubs), champion de France 2024 de marathon, et Julien Nison (24e, Entente Sambre Avesnois 59), vice-champions du monde par équipes derrières les Japonais, possèdent une expérience internationale, à l’inverse de Jocelyn Kerbourc’h (Ao Charenton) et Jérôme Bellancar (Blagnac Sporting Club) qui revêtiront pour la première fois le maillot tricolore à 43 et 46 ans.
Un parcours vallonné
Après un premier tour de 2,7 km, les ultra-fondeurs français vont ensuite effectuer une boucle de 4,7 km à parcourir à vingt reprises autour du campus universitaire. Le départ et l’arrivée se situent au GKVK University Stadium. Le tracé est composé de faux plats, d’une montée assez raide qui devrait casser les pattes au fur et à mesure des tours, d’une longue descente et de quelques virages serrés. Autant dire que le chrono passera au second plan au profit des médailles à aller chercher. Avec 4h30 de décalage entre Paris et Bangalore, le départ sera donné à 1h30 heure française (6h00 heure locale).
Crédit photo : STADION