Clémence Beretta : « S’il y a vraiment un événement à ne pas louper, ce sont les Jeux olympiques de Paris ! »

27 juillet 2024 à 17:40

À quelques jours des épreuves d’athlétisme aux Jeux olympiques de Paris 2024 (1er au 11 août), nous avons voulu échanger sur l’approche de cet événement d’une vie avec différents athlètes de l’équipe de France. Qualifiée pour le suprême rendez-vous du sport après un périple au bout du monde jusqu’en Chine, Clémence Beretta sera au rendez-vous du 20 km marche le 1er août prochain et visera une place de finaliste devant de nombreux Vosgiens qui ont affrété des bus pour la soutenir. Entretien avec une athlète qui en a sous le pied.

— Clémence, les Jeux olympiques sont sur toutes les lèvres. Où et comment s’est passée votre préparation ces dernières semaines ?

Le lendemain de mon épreuve à Rome (7e en 1h29’37), je suis partie directement en l’altitude à Saint-Moritz (Suisse) pendant quatre semaines. Lors de ce stage, on a réalisé des sorties longues mais sans gros volumes d’intensité. Par expérience, l’altitude est tellement « individuelle » avec les organismes que chacun réagit différemment. J’ai tendance à vite fatiguer en altitude sur l’intensité. On a voulu limiter cette fatigue et sortir du stage avec un état de fraîcheur. Globalement, on a marché chaque semaine aux alentours de 130 km. En redescendant sur les dix derniers jours chez moi dans les Vosges, on a vraiment réduit le volume pour arriver plutôt à des semaines aux alentours de 110 km, grand max. Je suis rentrée pour la fin de préparation chez moi avant de partir à l’INSEP le 24 juillet. Ce petit sas de décompression m’a fait du bien.

 

— Dans le cadre de votre préparation, vous n’hésitez pas à voyager dans les pays chauds afin de profiter de très bonnes conditions climatiques. C’est un choix qui semble porter ses fruits avec notamment un record de France sur 20 km marche (1h28’44 le 3 mars)…

J’avais fait le choix dès 2023 de faire les minima le plus tôt possible dans la saison. Ça incluait forcément des meetings du World Tour hors Europe sur janvier, février et mars. Il fallait donc que je retourne en Australie comme j’avais déjà fait sur l’année 2023. Faire quelque part deux saisons a été bénéfique parce que je bats tous mes records personnels sur 5 km, 10 km et 20 km. De base, j’avais prévu de faire les minima aux 20 km des championnats d’Océanie mais ça ne s’est pas fait. C’est pour ça qu’en dernière minute, je me suis inscrit à un Meeting de Taicang (Chine). Un dernier coup de poker avant de rentrer définitivement en Europe. Ce plan B imprévu a finalement fonctionné car j’ai battu le record de France et explosé le compteur pour les minima. J’aurai pu être qualifiée au ranking mais ça me tenait tellement à cœur de faire les minima !

« 200 personnes viendront spécialement pour moi des Vosges »

— Que ressentez-vous à l’idée de participer à des Jeux à domicile, devant votre public ?

On m’avait dit que les Jeux, c’était particulier mais j’étais un peu en mode « oui, on en fait tout un fromage »… Et c’est vrai que finalement, je me rends compte que ce n’est pas du tout la même énergie. En tout cas, dans ma tête, je me rends compte que ce n’est pas la même pression qu’un Championnat du monde par exemple. J’avais pas mal de stress et je me posais beaucoup de questions mais mon coach m’a toujours dit « mais non tu n’es pas en retard ». Il avait vraiment le discours de me rassurer et d’être un peu plus pragmatique. Maintenant, être aux Jeux c’est aussi une grande fierté. On a toujours la tête dans le guidon, mais il faut quand même se dire qu’il y a seulement 500 sportifs français qui sont qualifiés à cet événement-là et c’est complètement fou d’être parmi eux. 200 personnes viendront spécialement pour moi des Vosges, c’est de la pression aussi. S’il y a vraiment un événement à ne pas louper, ce sont les Jeux olympiques de Paris !

Comme chaque année olympique, le niveau est absolument fou et près de 30 filles ont fait moins d’une de 1h29’20 cette année. C’est du jamais vu ! Je repars sur mon objectif de refaire un top 16, comme aux Mondiaux de Budapest en 2023. Au fond de moi, j’aimerais faire mieux que 16e, puisque ça montrerait une certaine progression. Mais tout est ouvert et il ne faut pas se mettre de barrières. Il faudra courir très intelligemment. En dehors des 10 premières, mon coach m’a demandé d’être la meilleure des 20 autres premières filles en moins de 1h30. Voir même d’intégrer ce top 10 si la folie est là… J’ai reçu des photos du parcours de notre référent national qui y est allé pour nous. Le parcours n’est pas roulant et en faux plat montant. Je m’en fiche, les Jeux olympiques, c’est la place et pas le chrono !

 

— On imagine que cette qualification est un rêve de petite fille…

Je n’ai jamais réellement rêvé des Jeux. J’ai un parcours peut-être un peu atypique dans le monde du haut niveau parce que je n’ai jamais été un talent brut. J’ai émergé très tard parce que c’est seulement à 17 ans que je me spécialise vraiment en marche. Les Jeux, c’était quelque chose que je regardais à la télé mais ça n’a jamais été un objectif ou un rêve puisque ce n’était pas du tout ma vie. Puis quand je rentre au CREPS, juste avant mes 18 ans, je réalise que le sport devient quelque chose de très important. Je me dis « bon, ok, Paris 2024, on en fait un objectif ». C’est plus un rêve d’ado qu’un rêve de petite fille. Quand j’ai commencé à performer lorsque j’étais juniors puis espoirs, j’avais cette intuition et cette petite flamme qui me disaient que je serais aux JO à Paris.

 

— Quels conseils donneriez-vous aux jeunes athlètes qui rêvent de devenir spécialiste de la marche athlétique à haut niveau ?

Le moteur premier doit demeurer le plaisir. Ma philosophie est de ne pas commencer en voulant devenir un champion. Se spécialiser n’est également pas une mauvaise chose. Yohann Diniz a commencé la marche à 23 ans et a été champion du monde ainsi que recordman du monde. Il ne faut pas se mettre de pression, surtout sur des disciplines qui sont à maturité tardive, comme le marathon ou la marche. Ne pas se prendre au sérieux, c’est hyper important et je le répète, ne jamais oublier le plaisir. On ne peut pas performer sans.

Quand voir Clémence Beretta ?

  • 20 km marche femmes : Jeudi 1er août à partir de 9h20
  • Marathon de marche en relais mixte : Mercredi 7 août à partir de 7h30

Propos recueillis par Dorian Vuillet
Crédits photos : STADION

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