C’est une immense performance : Sous le feu des projecteurs et acclamé par la foule, Baptiste Chassagne a réalisé une véritable démonstration sur la Diagonale des Fous 2025 à La Réunion (175 km et 10 150 m D+) après 23h31’54 d’un effort intense. La Française Blandine L’Hirondel, huitième au scratch, a effectué un sacré numéro en dominant magistralement le classement féminin en 27h06’09.
Il continue d’éblouir le petit monde de l’ultra-trail. Annoncé parmi les prétendants à la gagne, Baptiste Chassagne s’est imposé avec brio ce vendredi sur la 33e édition de la Diagonale des Fous, se disputant sur une distance de 175 km et 10 150 m de dénivelé positif et sur un tracé qui traverse l’île de La Réunion, de Saint-Pierre à Saint-Denis en passant par Cilaos, le Maïdo ou encore Mafate, jusqu’à la ligne d’arrivée jugée au stade de La Redoute à Saint-Denis.
Sur l’un des ultra-trails considérés comme l’un des plus difficiles du monde, le Lyonnais, fan de Saint-Etienne (ASSE), a été indiqué en tête sur chacun des points de ravitaillement. Deuxième sur l’UTMB 2024 derrière Vincent Bouillard avec qui il a été sacré champion du monde par équipes il y a trois semaines à Canfranc, l’athlète de la Team On Running (31 ans) a signé un succès qui ne souffre d’aucune contestation en 23h31’54, pour sa première participation à la Diag’ et pour seulement son troisième 100 miles.
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Un défi physique plus que mental
Alors qu’il était présent pour « découvrir l’île et le parcours, et ce que ça fait de courir devant et gagner », le diplômé de Sciences Po Paris a pris les commandes dès les premiers kilomètres pour ne plus jamais les lâcher, accentuant même son avance au fur et à mesure de cette épreuve très exigeante. Il lui a fallu aller puiser au plus profond de ses forces, plus physiques que mentales selon ses dires. Son aventure sur l’île de La Réunion n’a en effet pas été de tout repos avec un organisme qui a été mis à rude épreuve en raison de la chaleur qui s’est abattue en début de matinée, notamment lors de la traversée de Mafate, avec un mercure qui est monté autour des 30 degrés.
Ses premiers mots à l’arrivée sont à son image, empreints d’humilité. « J’avais entendu parler du mythe, et si tu respectes cette course elle te donne beaucoup. Je crois que c’est ce que j’ai fait, je suis venu avec beaucoup d’humilité et beaucoup de modestie. Je ne dirais pas que c’est un exploit parce qu’il y a beaucoup de grands noms qui m’ont précédé. Un moment dans le parcours je me suis dit que tous les grands étaient passés par là, c’était super dur, mais c’est comme ça qu’on se forge. Ce n’est pas un exploit, à ma petite échelle, c’est juste un cap que je passe. Je suis reconnaissant de toutes les personnes qui ont permis cela. Ce qui est incroyable en ultra, c’est que quand c’est quelque chose qui nous fait rêver, on ne sent pas la douleur ou très peu. C’était extrêmement dur physiquement mais mentalement, comme je faisais quelque chose qui me transcendait, je ne ressentais pas cette douleur. »
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Allô ? C’est François D’Haene !
Se faire prodiguer des conseils par un quadruple vainqueur (2013, 2014, 2016 et 2018), ça aide avant de partir à l’assaut de la longue traversée mafataise. « Je remercie François D’Haene qui m’a appelé pendant 45 minutes il y a cinq jours pour me conseiller sur la Diag’. Il m’a donné une stratégie, il m’a dit « réalise un départ tonique, ensuite tu te mets en veilleuse à partir de Mare à Boue (km 56) et tu finis avec ce qui te reste’. Et c’est exactement ce que j’ai fait, à la seconde près. J’étais en phase avec ce plan, quitte à exploser. Je voulais être acteur de ma découverte. Dès le premier kilomètre j’ai su que ça allait être une course de coeur. J’ai pas les mots, juste merci ! »
« Je suis marqué au fer rouge mais je n’y retournerai pas de sitôt ! »
Champion de France de cross long 2023 à Millau et dixième sur l’UTMB la même année pour sa première apparition, Baptiste Chassagne a apprécié son escapade dans le cirque de Mafate, passage souvent redouté des traiteurs en raison de ses sentiers étroits et techniques. « C’était très bizarre, lorsque je suis rentré dans Mafate (2000 m d’altitude), j’étais pressé d’en sortir, mais lorsque je suis sorti, j’étais presque nostalgique. Je suis marqué au fer rouge mais je n’y retournerai pas de sitôt ! ». Comme lors de sa deuxième place à l’UTMB en 2024, Baptiste Chassagne a dégainé une pagaie sous l’arche d’arrivée. « C’est une pagaie créole, je voulais rendre hommage à La Réunion parce que les Réunionnais ont montré beaucoup de ferveur. »
Yannick Noël et Aurélien Dunand-Pallaz sur le podium, Ludovic Pommeret excellent quatrième
Grand animateur de cette Diagonale des Fous 2025, Yannick Noël monte sur la deuxième marche du podium en 24h27’33, alors qu’Aurélien Dunand-Pallaz, lauréat en 2023 mais contraint à l’abandon en 2024, complète le podium en 25h13’35. Exceptionnelle quatrième place de Ludovic Pommeret (25h30’45) qui, pour célébrer ses 50 ans, a décidé d’enchaîner trois ultra mythiques en trois mois : la Hardrock 100 aux États-Unis (1er), l’UTMB à Chamonix (6e) et la Diagonale des Fous (4e). Respect.
Blandine L’Hirondel impériale
Chez les dames, en lice pour la première fois de sa carrière sur la Diagonale des Fous, Blandine L’Hirondel revenait sur l’île où elle a découvert le trail, rencontré son compagnon, et est devenue la traileuse de haut niveau qu’elle est aujourd’hui. La double championne du monde du trail a accompli une sublime performance en négociant l’épreuve au huitième rang au scratch en 27h06’09.
« Merci au public d’être aussi nombreux à cette heure là. Les encouragements étaient dingues tout au long du parcours et c’est ce que j’aime à La Réunion et sur la Diagonale des Fous, du premier jusqu’au dernier vous serez là. Je voulais juste terminer cette Diag’ et la victoire c’est la cerise sur le gâteau. C’est une grande fierté. J’ai découvert le trail ici, ma vie a changé ici, j’ai fait mes études à La Réunion. »
L’ambassadrice KIPRUN, marque running et trail de Decathlon, a relégué ses premières poursuivantes à plus de cinq heures : Manon Campano (32h33’01) et Anne Champagne (33h01’30) l’accompagnent sur le podium. Amoindrie par une blessure au mollet droit, la Canadienne Marianne Hogan, principale rivale de Blandine L’Hirondel, a rendu son dossard au Maïdo Tête Dure (km 124).
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Crédits photos : Imaz Press / Grand Raid
