Kevin Mayer se raconte dans son ouvrage « Mes 10 commandements » écrit avec le journaliste Nicolas Herbelot aux Éditions L’Equipe-Solar. Le jour même de sa sortie, le jeudi 15 octobre, Stadion s’est entretenu avec le recordman du monde du décathlon (9126 points). Notre rédaction a eu la chance de lire son autobiographie en exclusivité. 

À 28 ans, Kevin Mayer a la volonté insatiable de marquer l’histoire de son sport et de sa discipline. Désormais il est aussi l’auteur du livre « Mes 10 commandements ». Le vice-champion olympique de Rio, qui ne fait donc rien comme tout le monde, n’a pas attendu la fin de sa carrière pour rédiger et publier son ouvrage, tout en assurant avoir encore de belles années devant lui sur les stades d’athlétisme. Parler décathlon, Kevin Mayer sait faire. Rares sont ceux qui le font mieux que lui. Si le Français n’est plus à présenter sur le plan sportif, aujourd’hui c’est un volet plus personnel que le combinard tricolore dévoile dans une autobiographie. Son enfance, ses convictions, son parcours pour devenir recordman du monde du décathlon, ses ambitions olympiques... C’est cet itinéraire qu’il a souhaité raconter avec l’envie de faire passer un message aux jeunes générations. Entretien.

— Kevin, comment vous est venue l’idée d’écrire cette autobiographie ?

Quand mon avocate Delphine Verheyden m’a proposé l’idée d’écrire ce livre, je me trouvais un peu jeune. Cependant, je me suis dit que j’avais appris beaucoup de choses pour arriver à ce record du monde, notamment grâce à des mentors et à des personnes qui m’ont donné de leur expérience. Je veux transmettre à mon tour ce que j’ai pu apprendre. Avec le livre, j’ai voulu rendre la pareille et je me suis dit qu’effectivement, c’était une bonne idée de partager mon histoire avec le grand public. Delphine a eu raison, c’était une superbe expérience et je suis assez fier de ce livre. C’est un petit résumé de ma première partie de carrière.

— Comment s’est écrit ce livre ?

Ça m’a demandé du temps et une grande implication puisque près de 40 heures d’interviews ont été nécessaires avec Nicolas Herbelot. Suite à ça, il y a eu des dizaines de relectures en changeant tout ce qui n’allait pas. Je ne voulais absolument pas qu’il soit bâclé et que cette autobiographie ne me ressemble pas. C’était un gros boulot avant sa publication. Initialement, elle devait sortir en avril mais avec le confinement, on a eu plus de temps pour la retravailler.

— Comment avez-vous choisi le titre « Mes 10 commandements » ?

C’est Nicolas et moi qui avons eu l’idée, ce sont les 10 commandements que je me suis imposés durant toute ma jeunesse et ma carrière. On voulait que ça fasse 10 pour faire référence aux dix épreuves du décathlon. Elles sont comme les dix étapes à franchir dans une vie. Le décathlon a façonné l’homme que je suis devenu. C’est un sport vraiment inspirant, ça me plaît de le faire partager au plus grand nombre.

— Vous ne faites pas que parler de décathlon dans ce livre…

C’est simple, grâce au décathlon j’ai beaucoup appris sur moi-même et sur la société d’aujourd’hui. J’ai dû creuser profond dans pas mal de domaines pour en arriver au record du monde. Cette discipline m’a forgé, en tant qu’homme mais également en citoyen avec des convictions éducatives et environnementales. J’évoque des sujets sociétaux comme la politique, l’écologie ou l’éducation. Aujourd’hui, je n’ai pas de leçons à donner mais avec ce livre je peux partager des réflexions, des valeurs et des expériences de vie. J’explique plus généralement la vie telle que je la conçois. Je suis sûr que ça peut apporter de l’expérience supplémentaire aux personnes qui vont le lire.

— Si ce livre devait faire passer un seul message, quel serait-il ?

Il y en a beaucoup, mais je pense que le message le plus important qu’on pourrait retenir, c’est de choisir sa voie. Pas pour le statut que cela peut nous donner ou pour l’argent mais vraiment parce qu’on aime ce qu’on fait. Ce n’est pas avec beaucoup d’argent ou en étant le roi du monde qu’on sera heureux mais en ayant fait ce qu’on aime toute notre vie.

— Que vous apporte personnellement la rédaction de ce livre ?

Ça m’aide de partager mes expériences, les bonnes comme les moins bonnes, ainsi que mes réflexions. Ça a été une interview de près de 40 heures donc on peut imaginer que j’ai eu énormément  de recul pour écrire ce livre. Grâce à ce livre, j’ai gagné en maturité et je me suis sacrément éclaté parce que c’est un sacré délire d’écrire un livre. C’est stressant parce qu’on se met à nu devant les gens mais j’ai vraiment eu à cœur de rentrer beaucoup plus dans les détails que lors de mes interviews et à la télé. Toutes les personnes qui vont choisir d’acheter ce livre vont se sentir privilégiées et je me dois de leur donner encore plus que d’habitude.

— Votre sixième commandement s’intitule : « La triche tu combattras ». Pourquoi avoir dédié un commandement entier contre le fléau du dopage sportif ?

C’est très important pour moi d’en parler. La plupart des gens font des généralités sur le dopage et ce point de vue m’attriste. Je n’ai jamais eu un penchant pour la triche. D’une façon générale, dans le monde du sport ou pas, je n’aime pas la triche. Je le dis d’ailleurs dans mon livre, les tricheurs me rendent fou et le dopage gâche un peu le sport. Je me suis déjà exprimé à de nombreuses reprises à ce sujet et c’est quelque chose que j’ai envie de combattre. Je suis vraiment engagé dans la lutte anti-dopage.

— Le dixième et dernier commandement « L’Olympe tu graviras » traduit l’objectif ultime de votre carrière ?

Être champion olympique, c’est quelque chose qui me plairait énormément c’est sûr. C’est le plus grand objectif de ma vie avec le record du monde que de remporter le titre olympique. Néanmoins, le plus important est que je continue à m’éclater dans mon sport, à l’entraînement et en compétition. 

— Quelles étaient les lectures de votre enfance ?

Je lisais beaucoup quand j’étais jeune, j’adore le science-fiction, j’étais à fond dans les Harry Potter ou dans Le Seigneur des Anneaux. J’ai toujours adoré la bande dessinée, Astérix, Tintin ou Gaston Lagaffe. Depuis quelques mois, je me suis mis aux mangas. Je suis actuellement en plein dans One Piece.

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