Effervescence sur la plage de Saint-Jean-de-Monts ! Quelques jours après sa médaille d’argent décrochée aux Jeux olympiques de Tokyo, Kevin Mayer s’est improvisé coach ce dimanche pour faire découvrir les 10 épreuves du décathlon sous un format festif et ludique intitulé « Mayer Expérience ». Durant la journée, Stadion a suivi le recordman du monde de la spécialité.
Lorsque l’on arrive aux abords de la plage, on ne voit qu’elle. Du haut de ses 40 mètres, la grande roue de Saint-Jean-de-Monts offre un panorama inégalable sur la station balnéaire et ses environs. Ce dimanche, le spectacle se déroule à ses pieds où l’Espace des Oiseaux baigné par le soleil a pris des allures de stade d’athlétisme. 250 enfants et adultes, de 10 à 60 ans, se sont donnés rendez-vous sur le site. Motif de ce rassemblement : La deuxième édition, après 2018, de la « Mayer Expérience » qui a su attirer de nombreux passionnés pour son grand retour, un an après avoir été annulée en raison du contexte sanitaire.
Passion et partage
Parler décathlon, Kevin Mayer sait faire. Rares sont ceux qui le font mieux que lui. À 29 ans, il lui a dédié toute sa vie. Révélé au grand public par sa médaille d’argent aux JO de Rio en 2016, sa performance avait mis un joli coup de projecteur sur la pratique. Le Montpelliérain est devenu la star de sa discipline depuis, cumulant les titres internationaux et le record du monde. À Saint-Jean-de-Monts aujourd’hui, Kevin Mayer avait donc décidé de passer une longue journée à la plage. Pas pour s’offrir une petite session de surf, l’une de ses nombreuses activités sportives fétiches, mais pour faire du… décathlon ! Une journée entière à faire découvrir son sport au plus grand nombre, le tout dans une ambiance décontractée. Une aubaine pour promouvoir sa discipline.
« Cette discipline m’a tellement apporté »
Le décathlon, c’est deux jours de labeur presque sans discontinuer, dix épreuves, et donc dix occasions de se rater. Mais le décathlon, c’est aussi deux jours de combat et d’entraide qui demande d’être de véritables couteaux suisses de l’athlétisme. Le décathlon est la quintessence de l’athlétisme. Le vrai Dieu du stade, celui qui sait tout y faire. Un sport qui essuie aussi injustement quelques critiques en raison de son format de compétition de 48 heures, trop long pour la télévision et avec un vainqueur qui peut n’avoir remporté aucune des dix épreuves disputées. S’ajoute la complexité de sa grille de points (table hongroise) qui oblige à manier la calculette.
Cependant, Kevin Mayer n’échangerait pour rien au monde sa discipline. Humble mais lucide, il connaît son importance dans le développement de son sport de prédilection : « Ça se voit que je suis passionné de décathlon. Cette passion, ce n’est pas suffisant de la pratiquer, il faut que je la partage. Cette discipline m’a tellement apporté. Elle m’a fait évoluer en tant que sportif et en tant qu’humain, dans mes relations sociales ou encore en matière de confiance en moi. Je me dis que ce n’est pas possible qu’il y ait si peu de Français qui le pratiquent. J’ai envie de montrer à tout le monde que c’est une belle école de la vie. Ça fait longtemps que je voulais faire découvrir les épreuves combinées au grand public et montrer que le décathlon n’est pas réservé uniquement aux élites. C’est un sport tellement riche et incroyable ! »
Une version ludique du décathlon
Au cours de cette journée, Kevin Mayer a proposé aux audacieux (10 groupes de 25 personnes, toutes les places ont été vendues en 48 heures) de participer à une initiation au décathlon sous forme d’ateliers avec des distances réduites. Évidemment, pas question d’enchaîner les dix travaux d’une seule traite. Ici pas de 100 m, mais un 60 m. Pas de 400 m, mais un 200 m. Pas de 1500 m, mais un 600 m. Néanmoins, le sautoir en hauteur ainsi que la cage de lancer de disque étaient bien présents. Pour le saut en longueur, l’avantage d’être sur une plage c’est qu’il y a déjà un bac à sable géant !
« Là, tu fléchis un peu et tu pousses sur ta jambe », glisse-t-il. Même si la technique au disque n’est pas parfaite et si l’engagement est hésitant au premier jet, leur professeur est là pour leur prodiguer de précieux conseils sur les deux essais suivants. « Il faut que le disque soit le plus loin de toi ». Très vite, les progrès sont là. « Oui, bien joué, c’est parfait », s’exclame-t-il. Petit rituel sympa, sur chaque troisième essai, le recordman du monde lançait une clap pour accompagner l’ultime tentative de chaque néo-décathlonien, aussitôt imité par les centaines de spectateurs au bord de la plage. « On se tape les cuisses et on crie ! ». Kevin Mayer peut aussi taquiner. « Le cri était beau, le jet un peu moins. »
Toujours en convalescence avec son dos, Kevin Mayer, entouré par une équipe de 80 bénévoles dynamiques, n’a toutefois pas ménagé ses efforts pour accompagner les participants à la découverte du décathlon. Il a épaté la galerie en réalisant un salto au saut à la perche, et il a même fait quelques « bêtises », en expédiant son javelot dans la mer, à une bonne cinquantaine de mètres ou encore son vortex de la plage jusqu’à la route, là aussi à une cinquantaine de mètres ! Les stagiaires d’un jour qui, pour beaucoup connaissent bien l’incroyable palmarès du Français, sont donc à l’écoute. Le champion décèle déjà quelques potentiels. Mais au-delà de l’aspect sportif, il est surtout venu partager une passion dévorante. Très joueur, il a réalisé un pari avec la jeune athlète Lisa Daviaud laquelle devait boucler son 60 m haies moins de 9″50 (9″46 à l’arrivée) et a dû comme promis l’identifier dans la vidéo de sa course sur son compte Instagram qui compte plus de 307 000 abonnés.
Des participants heureux
Petits et grands prennent plaisir à découvrir les dix volets du décathlon. Chacun a de quoi trouver son activité préférée. Vers 18 heures, voilà le moment « redouté » de tous, le 600 m (3 tours de 200 m sur le sable), l’ultime épreuve, qui fait office de 1500 m. Sous le regard des spectateurs passionnés amassés autour du parcours sur la plage, l’ambiance est excellente. « C’est énorme, tout le monde qu’il y a ! », souffle Kevin Mayer à son frère Thomas, qui a co-imaginé la Mayer Expérience. Parce qu’il connaît parfaitement la difficulté de ce dernier épisode, il ne se fait pas prier pour accompagner les derniers courageux de chaque groupe : « Allez, jusqu’au bout ! ».
À l’issue des douze ateliers, on a longuement échangé avec plusieurs chanceux : « C’est sympa à vivre, et une superbe expérience, ça fait découvrir un super sport et de nouvelles personnes. Là, les épreuves sont réduites et il y a moins de compétitivité mais faire un vrai décathlon pendant deux jours, ça doit être un autre niveau », s’exclame Louis, qui a eu la joie de participer à la « Mayer Expérience » pour la deuxième fois après 2018. « On voit la difficulté d’enchaîner toutes les épreuves et l’endurance qu’il faut avoir pour aller au bout. On sent bien que dans les dernières épreuves, on n’a plus de forces. Je fais du triathlon donc la course je connais mais les sauts et les lancers, c’est vraiment une découverte », poursuit Alix. « C’est grâce à Kevin que j’ai commencé l’athlétisme à AJ Blois-Onzain il y a trois ans, et aujourd’hui je fais principalement du sprint et des sauts », se réjouit Noa.
Une édition très réussie
L’après-midi s’est terminée vers 19 heures par une séance de dédicaces et un échange avec le vice-champion olympique de Tokyo. Tous ont remercié chaleureusement le champion français et l’équipe de bénévoles pour ces moments. Nul doute qu’ils auront tous apprécié cette initiation au décathlon et qu’ils seront repartis, fatigués mais remplis de superbes souvenirs des différentes épreuves. La « Mayer Expérience », une belle opération de promotion pour l’un des plus beaux sports qui soient. Et qui sait, parmi eux, se cache peut-être un futur Kevin Mayer.
Vers 21 heures, le double vice-champion olympique était de retour sur la plage pendant une heure pour évoquer son parcours et même dévoiler quelques anecdotes, avant de répondre aux questions de public. Une soirée très appréciée où il a été longuement applaudi.
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Crédits photos : STADION