Laura Salin-Eyike veut mettre la barre haut

01 décembre 2016 à 19:29

Quadruple championne de France de saut en hauteur chez les jeunes, Laura Salin-Eyike fait déjà naître de grands espoirs. La protégée d’Emmannuel Huruguen à Nantes affiche un sourire angélique et son plaisir de s’entraîner désormais 6 fois par semaine pour continuer à progresser, sans cacher qu’elle aspire à monter sur la plus haute marche du podium chez les seniors. Mais le chemin chez les grands est encore long et elle se concentre sur son objectif de l’année : la qualification pour les championnats d’Europe espoirs. Pour cela, la mayennaise devra encore grappiller quelques centimètres. Entretien avec celle qui avoue être souvent interpellée dans la rue pour sa ressemblance flagrante avec la chanteuse américaine… Rihanna.

Après une séance de pliométrie au Stadium Pierre-Quinon de Nantes, Laura Salin-Eyike va se confier pendant plus d’une heure. C’était le 22 novembre. Pendant l’entretien, elle s’exprime avec douceur, calme et simplicité..

— Stadion : Bonjour Laura, cette année vous avez réalisé 7 concours entre 1,80 m et 1,83 m. Comment expliquez-vous cette régularité ?

Effectivement, je pense que c’est l’année où j’ai été la plus régulière. Je pense qu’on peut expliquer cette régularité par le cap des 1,80 m qui a été franchi l’an dernier et m’a donc conforté dans l’idée que c’était quelque chose de très réalisable et je pense que se sentir capable de franchir une barre facilement permet de la franchir la plupart du temps. De plus mon coach m’a dit que 1,80 m ça devrait être une barre que je franchis tout le temps sans que cela pose de problème, j’ai donc essayer de prouver le plus souvent possible que c’était le cas.


ʻʻ Il ne faut pas brûler les étapes ʼʼ

— Que vous manque-t-il pour l’instant pour aller encore plus haut ?

Pour le moment, je pense que ce qui me manque pour aller plus haut c’est de la souplesse car je suis vraiment « rigide » et en hauteur c’est un élément important mais je pense que le plus gros manque c’est vraiment le côté technique où je suis vraiment en retard. Même si je progresse, ma progression est lente et par rapport aux autres sauteuses j’ai un retard important. Ces deux éléments combinés font je pense que je ne puisse pas encore attaquer des barres au-dessus 1,85 m, aujourd’hui je peux franchir régulièrement des barres entre 1,80 et 1,85 m mais mes problèmes techniques et de souplesse sont un frein quand la barre monte.

— Et les 1,90 m, vous y pensez ?

Bien entendu, j’y pense, comme toutes les sauteuses à peu près de mon niveau. Je pense d’abord aux 1,85 m qui seront d’abord un mini-cap avant les 1,90 m. Je pense qu’il ne faut pas brûler les étapes, et ne pas vouloir aller trop vite. Il me reste 7cm avant d’y arriver ce qui est quand même beaucoup donc j’attends de me rapprocher d’un peu plus près des 1,90 m avant d’y penser réellement.

— Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un cap depuis votre première sélection au DécaNation en 2014 ?

Oui et non. Je pense avoir franchi un cap dans le sens où j’ai appris à me confronter à des filles qui font du haut niveau avec des records personnels à plus de 2 mètres. Même si cette compétition m’a apporté un peu d’expérience, il me manque beaucoup de choses à apprendre et à connaître. De plus depuis cette sélection je n’ai pas été rappelée en équipe de France, même si j’ai progressé ça n’a pas été un élément déclencheur à mes performances..


ʻʻ Même si on est des concurrentes sur le sautoir cela ne nous empêche pas d’être copines ʼʼ

— Au regard des bilans 2016, aucune sauteuse ne se détache réellement. Cela signifie que chaque championnat est très ouvert. La première place peut-elle être un objectif envisageable ?

Je pense que Marine (Vallet) se détache quand même un peu du groupe cette année, elle a prouvé qu’elle était la meilleure et sur toute la saison que ce soit hivernale ou estivale. Après, la première place, je pense qu’on la veut toute, et je vais faire en sorte de m’en rapprocher le plus possible. Rien n’est impossible donc tout est envisageable.

— Il y a un bel état d’esprit entre sauteuses en hauteur cette saison. Vous êtes notamment proche de Marine Vallet ou encore Solène Gicquel.

Effectivement, il y a un bel état d’esprit entre les sauteuses. C’est vrai que je m’entends super bien avec Marine et Solène, on se voit sur différents concours tout au long de l’année comme nous ne sommes pas loin géographiquement. Et puis on se connaît depuis les stages, ou lorsqu’on parle durant les chambres d’appels etc et puis ça fait maintenant quelques années qu’on se suit alors même si on est des concurrentes sur le sautoir cela ne nous empêche pas d’être copines, bien au contraire, il y a toujours eu un bel état d’esprit, on s’encourage et on se félicite de nos différentes performances et c’est ça qui est super.

— Comment expliquez-vous par ailleurs les difficultés de la hauteur française à percer au niveau international ?

On a des bons sauteurs et des bonnes sauteuses en hauteur, mais chacun est dans son coin. Il faudrait des stages pour nous rassembler, avec différents coachs par exemple afin d’apprendre de tout le monde, de plus le fait d’être ensemble, ça tire vers le haut. C’est comme ça que la France deviendra une nation sur laquelle on peut compter à l’international au saut en hauteur. Je crois qu’il faut aussi lui porter de l’intérêt, montrer à ceux qui ont un bon niveau mais pas encore assez bon pour les grands championnats qu’on croit en eux, qu’on les soutient.

Laura Salin-Eyike en pleine concentration dans le concours du saut en hauteur des Championnats de France Elite à Angers.

Laura Salin-Eyike en pleine concentration dans le concours du saut en hauteur des Championnats de France Elite à Angers.

— En parallèle de votre carrière d’athlète de haut niveau, où en êtes-vous sur le plan professionnel ?

Sur le plan professionnel, cette année j’ai complètement changé de voie. J’étais en deuxième année de STAPS, mais ça ne me plaisait pas et donc j’ai arrêté. Et à la rentrée de septembre j’ai donc repris en deuxième année de sociologie, ça me plaît donc j’espère avoir trouvé des études qui me correspondent. Après je ne sais pas encore où ces études vont me mener, mais j’ai encore un peu de temps pour y réfléchir.


ʻʻ Je ne me suis fixée aucune limite, je veux juste aller haut ʼʼ

— Cette année se profilent les Championnats d’Europe espoirs…

Oui, et c’est ma dernière année chez les espoirs alors forcément, j’y pense. Je ne sais pas encore à combien seront fixés les minima, mais les championnats d’Europe espoirs c’est l’objectif de cette année. Je vais tout faire pour atteindre cet objectif et surtout ne rien regretter. On verra comment se profile la saison…

— On ressent chez vous, beaucoup de plaisir dans la pratique de votre discipline…

C’est vrai, je prends beaucoup de plaisir dans le saut en hauteur, c’est une sensation tellement géniale que ça ne peut qu’être du plaisir. Aujourd’hui je prends aussi beaucoup de plaisir dans la plupart de mes entraînements, que ce soit la musculation, la vitesse ou même si ce n’est pas ce que je préfère l’aérobie, tout me plaît. Le plus important c’est d’abord le plaisir dans n’importe quelle pratique et puis s’il y a du plaisir les performances suivent aussi. Je prends du plaisir aussi à me demander jusqu’où je vais aller, je suis capable de sauter combien ? Je ne me suis fixée aucune limite, je veux juste aller haut.

ARTICLES RÉCENTS
NOUVEAUTÉS
NOUVEAUTÉS

NEWSLETTER

Rejoignez nos 30 000 abonnés pour ne rien manquer de l'actualité de l'athlétisme, du running et du trail !