Marathon de Berlin : Record du monde pour Eliud Kipchoge en 2h01’09

25 septembre 2022 à 12:20

Il l’a fait ! Eliud Kipchoge s’est adjugé pour la quatrième fois le Marathon de Berlin ce dimanche, en établissant un nouveau record du monde sur la distance mythique. Une victoire époustouflante en 2h01’09, abaissant de 30 secondes son chrono de référence (2h01’39) réalisé il y a quatre ans sur le tracé berlinois réputé pour être le plus rapide de la planète. Une performance extraordinaire mais prévisible. Récit et analyse.

Vous ne pourrez pas dire que l’on ne vous avait pas prévenu. Plus de sept mois qu’on ne l’avait pas vu sur les bitumes, alors forcément le retour à la compétition d’Eliud Kipchoge, ce dimanche au Marathon de Berlin, quatre ans après avoir battu le record du monde en 2h01’39, est un véritable événement. Et il a triomphé, comme d’habitude. On savait qu’on allait assister à une magnifique course. Mais de là à penser que le record du monde allait être renvoyé au fond de la cave… on ne se serait pas risqué à de tels pronostics !

 

 

Un train d’enfer d’entrée de jeu

La course de fond est une mécanique de précision absolue. Aucun élément n’est laissé au hasard. Le Marathon de Berlin réunit toutes les conditions pour claquer une performance exceptionnelle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les sept précédents records du monde ont tous été battus dans la capitale allemande depuis 2003. On ne change pas la formule gagnante pour Eliud Kipchoge : le double champion olympique est parti en tête dès le coup de pistolet du starter et est passé sur un rythme de folie en 14’14 aux 5e km puis en 28’23 au 10e km, courant sur les bases de moins de 2h01. La fusée kényane, les Nike Alphafly Next% 2 aux pieds, est parfaitement mise sur orbite sur ce marathon disputé dans des conditions idéales : un parcours ultra-rapide, très peu de vent, une dizaine de degrés et pas de pluie. Un groupe de six, dont trois meneurs d’allure (Kiplimo, Koech, Kipkemboi, des camarades d’entraînement de Kipchoge) lesquels encadrent parfaitement la star du macadam, se forme.

 

Un passage au semi en 59’51

Les trois lièvres chargés d’imprimer le tempo pour Kipchoge sont donc partis sur des bases plus rapides que le record du monde, obligeant l’Éthiopien Guye Adola, vainqueur à Berlin 2021 en 2h05’45, à prendre sa foulée, au risque d’exploser en route. Surprise : L’Éthiopien Andamlak Belihu (23 ans), encore novice sur marathon avec une seule incursion à Valence en 2021 en 2h09’43, est également de la partie. Alors que Kipchoge compte déjà plus d’une minute d’avance sur son chrono de référence au 13e km, c’est à ce moment précis qu’Adola lâche prise. En contrôle, l’ancien pistard, champion du monde du 5000 m à Paris en 2003, a bouclé la première partie de course sous l’heure, en 59’51. Des bases folles. Du jamais vu. C’est une minute plus rapide (60’50) que le plan de route qu’il s’était fixé à cette étape de la course. À mi-parcours, il était déjà évident que le record du monde allait trembler. « J’avais prévu de courir le premier semi en une heure, mais mes jambes allaient tellement bien que je me suis laissé porter », a déclaré Kipchoge à l’arrivée.

 

Les moins de 2 heures attendront

Juste après le 25e km et l’arrêt programmé du dernier lièvre, Eliud Kipchoge a décollé, faisant exploser Belihu (finalement 4e en 2h06’40) qui l’accompagnait encore. Le dernier cité, qui détient de solides références sur 10 000 m (26’53″15 en 2019), n’a pu qu’observer, impuissant, son maillot et ses manchons blancs ainsi que son cuissard rouge, s’éloigner puis disparaître de sa vue. Ne déréglant jamais sa foulée, Kipchoge a continué tout seul à dérouler sa partition. Il s’est battu contre lui-même et contre le chronomètre. En respectant ce principe de régularité en courant sur les bases de 2h01 tout au long de son marathon, Kipchoge est passé sous la monumentale Porte de Brandebourg avant d’entamer la dernière ligne droite dans une ambiance de fête. Le marathonien de 37 ans n’a finalement pas franchi la barre des deux heures, avec un temps de 2h01’09, quatre ans après ses 2h01’39, déjà dans la capitale allemande. Un incroyable chrono établi grâce à une moyenne de 20,9 km/h sur 42,195 km, soit plus 2’52 par kilomètre.

 

 

Cette fois, la stratégie du negative split, qui consiste à courir la seconde partie de course (1h01’18) plus vite que la première (59’51), n’a pas opéré. Preuve que Kipchoge a pris beaucoup de risques. Celui qui compte désormais 15 victoires sur 17 marathons disputés dans des conditions homologuées égale le nombre de succès à Berlin de l’Éthiopien Haile Gebrselassie (2006 à 2009).

 

Une impression de facilité déconcertante dans ses foulées

On dit souvent que la perfection n’existe pas. Pourtant, quand on regarde Eliud Kipchoge courir aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de critique possible. Sur la fin d’un marathon, la majorité du commun des mortels va avoir une foulée qui se dégrade. Eliud Kipchoge lui réussit à garder un geste extrêmement efficace. Sa technique de course, qui montre très peu de déperdition, est un exemple à montrer dans toutes les écoles d’athlétisme du monde. Il a du pied, un haut du corps qui ne bouge peu, un relâchement et une sérénité extrême. Rien ne bouge et ne perturbe son avancement et visuellement on ne voit aucune dégradation de sa foulée pendant le dernier tiers de course, là où la casse musculaire de la répétition du geste à haute intensité ou le manque de réserve pourrait se faire sentir. Le temps de contact au sol est bref et Kipchoge profite au maximum de l’effet de rebond au moment de l’impact au sol.

 

 

Les Nike Air Zoom Alphafly Next% 2 aux pieds

Eliud Kipchoge est aussi connu pour avoir été l’athlète qui a été au coeur de la conception des premières chaussures à plaque carbone de Nike. En 2016 déjà, il remportait l’or aux Jeux olympiques de Rio avec un prototype de la Nike Vaporfly. Comme on l’avait indiqué dans notre article de présentation du Marathon de Berlin, le Kényan a opté pour les Nike Air Zoom Alphafly Next% 2 dans un magnifique coloris orange fluo qui empêche de passer inaperçu. Une paire taillée pour la vitesse, considérée comme l’une des meilleures paires de chaussures de longue distance sur route du monde, peut-être même la meilleure, qui dispose (évidemment) d’une plaque en carbone sur toute sa longueur afin d’offrir une sensation de propulsion vers l’avant.

 

Inusable malgré ses 37 printemps

À cet âge, la fin semble particulièrement proche, si elle n’a pas déjà sonné. Mais Eliud Kipchoge n’est pas fait du même métal que les autres et n’est donc pas prêt de s’arrêter. Il a d’ailleurs confirmé ce dimanche qu’il reste le patron incontesté du fond mondial. Double champion olympique, recordman du monde, vainqueur de dix épreuves du World Marathon Majors : Londres (2015, 2016, 2018 et 2019), Berlin (2015, 2017, 2018 et 2022), Chicago en 2014 et donc Tokyo en 2022. Pas encore suffisant pour Eliud Kipchoge qui possède également les chronos de référence à Berlin, Londres et Tokyo. Après quoi peut encore courir le maestro du marathon ? Alors qu’il s’est déjà imposé dans quatre des six « majeurs » (Berlin, Chicago, Londres et Tokyo), il souhaite compléter sa collection en remportant les six courses dans sa carrière (New-York et Boston).

 

 

Temps de passage – Berlin 2022 : 5 km : 14’14 / 10 km : 28’23 / 15 km : 42’35 / 20 km : 56’45 / Semi : 59’51 / 25 km : 1h11’08 / 30 km : 1h25’40 / 35 km : 1h40’10 / 40 km : 1h54’53 / Marathon : 2h01’09

Temps de passage – Vienne 20195 km : 14’10 / 10 km : 28’20 / 15 km : 42’34 / 20 km : 56’47 / Semi : 59’54 / 25 km : 1h10’59 / 30 km : 1h25’11 / 35 km : 1h39’23 / 40 km : 1h53’36 / Marathon : 1h59’40

Temps de passage – Berlin 2018 : 5 km : 14’24 / 10 km : 29’01 / 15 km : 43’38 / 20 km : 57’56 / Semi : 1h01’06 / 25 km : 1h12’24 / 30 km : 1h26’45 / 35 km : 1h41’02 / 40 km : 1h55’32 / Marathon : 2h01’39

Crédit photo : NN Running Team

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