Marathon de Boston : Eliud Kipchoge, test grandeur nature avant les JO de Paris 2024

12 avril 2023 à 16:14

Le recordman du monde Eliud Kipchoge participera pour la toute première fois de son immense carrière au Marathon de Boston ce lundi 17 avril 2023. Les difficultés du tracé ressemblent à celles qu’il va retrouver lors du marathon de Paris 2024. À 38 ans, la légende de la course à pied garde intacte sa motivation de relever de nouveaux défis, et notamment la conquête en France d’un troisième titre olympique. Le Français Hassan Chahdi sera lui aussi au départ, avec des ambitions.

Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit sur Eliud Kipchoge au marathon ? Double champion olympique, recordman du monde, premier homme à être descendu sous les 2 heures lors d’une course non officielle, vainqueur de dix épreuves du World Marathon Majors : Londres (2015, 2016, 2018 et 2019), Berlin (2015, 2017, 2018 et 2022), Chicago en 2014 et Tokyo en 2022. Pas encore manifestement suffisant pour le patron du fond mondial qui possède également les chronos de référence à Berlin, Londres et Tokyo.

Après quoi peut encore courir le maestro du marathon ? Alors qu’il s’est déjà imposé dans quatre des six « majeurs » (Berlin, Chicago, Londres et Tokyo), il souhaite compléter sa collection en remportant les six courses dans sa carrière (New-York et Boston). Ce lundi, la fusée kényane de 38 ans s’attaque donc au Marathon de Boston. En cas de victoire, il ne lui resterait plus qu’à conquérir celui de New-York pour réaliser son incroyable défi !

 

 

Eliud Kipchoge est un homme de défi, et il vient de le prouver une nouvelle fois en annonçant qu’il voulait l’emporter à Boston avec le record du parcours qui est détenu depuis 2011 par son compatriote Geoffrey Mutai en 2h03’02. Pour le Marathon de Boston, il n’a pas changé ses habitudes en se préparant minutieusement sur les contreforts de la vallée du Rift à Kaptagat, dans l’ouest du Kenya, perchée à 2500 m d’altitude. Le double champion olympique s’est notamment entraîné sur un tracé d’une quarantaine de kilomètres reproduisant le dénivelé du parcours du plus ancien marathon du circuit international (première édition en 1897).

 

 

En pensant à Paris 2024

Pourquoi Eliud Kipchoge a-t-il attendu ses 38 ans avant de courir dans les rues du Massachusetts ? Les conditions météo souvent peu clémentes et le parcours vallonné qui ne se prête pas a priori à un chrono rapide à l’arrivée l’ont jusqu’à cette année toujours dissuadé à franchir le pas à Boston. Ce lundi, il devrait en effet s’élancer sous une pluie continue, ce qui pourrait l’empêcher de s’emparer du record de l’épreuve. Côté parcours, malgré la très cruelle Heartbreak Hill du 35e km (« côte crève-cœur » en français) et quelques montées et descentes, le circuit de Boston est assez roulant.

 

 

Toutefois, ce n’est pas un hasard si Eliud Kipchoge a jeté son dévolu sur la course américaine en 2023. En effet, les difficultés du tracé ressemblent à celles qu’il va retrouver lors du marathon olympique de Paris 2024. Habitué à des parcours ultra roulants, à l’instar de Berlin où il a battu deux fois le record du monde (2h01’39 en 2018 puis 2h01’09 en 2022), le natif de Kapsisiywa va participer à une sorte de répétition générale avant Paris. Le 11 août 2024 dans la capitale française, Kipchoge va tenter d’entrer encore un peu plus dans l’histoire de sa discipline en devenant le premier homme à remporter un troisième titre olympique.

 

 

Pas de meneurs d’allure

Facteur important : Il n’y a pas de meneurs d’allure à Boston. Celui qui compte 15 victoires sur 17 marathons disputés dans des conditions homologuées, dont 12 en moins de 2h05, va devoir composer sans des lièvres capables de l’emmener sur orbite pendant plus de 20 km tout en le protégeant du vent. Pour couper en vainqueur la ligne d’arrivée jugée sur Boylston Street, Kipchoge devra se concentrer sur son propre rythme et ne certainement pas s’embarquer dans une course tactique. Le recordman du monde des 42,195 km aura toutefois un adversaire de choix avec son compatriote Evans Chebet, vainqueur du Marathon de New York 2022 en 2h08’41, huitième performeur mondial de l’histoire en 2h03’00 (Valence en 2020).

Du côté du peloton féminin, la victoire devrait se jouer entre les Éthiopiennes Amane Beriso, meilleure performeuse des engagées en 2h14’58 (Valence en 2022), Gotytom Gebreslase, championne du monde en titre à Eugene 2022, ainsi que la Kényane Joyciline Jepkosgei, lauréate du marathon de New York en 2019 et de celui de Londres en 2021, ou encore l’Israélienne Lonah Chemtai Salpeter, deuxième du marathon de New York en 2022 et médaillée de bronze aux Mondiaux 2022. On suivra également la Kényane Hellen Obiri, cinquième meilleure performeuse mondiale de tous les temps sur semi en 1h04’14, qui a pris la sixième place à New York en 2022 avec un temps de 2h25’49 pour sa grande première expérience sur la distance. Les primes sont à la hauteur avec un total de plus de 700 000 dollars. Les vainqueurs femmes et hommes du Marathon de Boston 2023 recevront 130 000 dollars.

 

Hassan Chahdi sera aussi de la partie

À Boston, le parcours présente un dénivelé négatif de 142 mètres et ne répond pas aux critères de World Athletics. Pour qu’une performance soit homologuée, plusieurs critères entrent en jeu au niveau de la topologie du parcours : notamment le fait que le maximum de déclivité descendante doit être d’un mètre par kilomètre. Soit pas plus de 42 mètres de dénivelés négatifs. Les performances ne pourront donc pas servir de minima pour les Mondiaux de Budapest (19 au 27 août 2023) et pour les JO de Paris en 2024.

Dans ce contexte, Hassan Chahdi ne vient toutefois pas faire du tourisme et débarque à Boston avec des ambitions. Son expérience et sa science du marathon plaident pour celui qui a déjà bouclé la distance en 2h08’11 (Séville en 2022), soit une seconde de plus que les minima fixés (2h08’10) pour Paris 2024. Pour sa première course de l’année 2023, le septième performeur français de l’histoire sur marathon s’est classé quatrième du semi de Paris en 1h01’29. Actuellement, Nicolas Navarro (2h06’45 à Séville le 19 février 2022) est le seul marathonien tricolore sélectionnable pour les JO de Paris 2024. 

Crédit photo : Antoine Decottignies / STADION

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