Le roi, c’est encore et toujours lui ! Sept mois après avoir décroché un deuxième titre olympique à Sapporo, Eliud Kipchoge n’a pas failli à sa réputation et s’est imposé ce dimanche sur le marathon de Tokyo en 2h02’40. Du côté des femmes, la victoire est revenue à Brigid Kosgei (2h16’02), mettant une fois encore le Kenya à l’honneur. Vous dormiez cette nuit ? Vous n’avez pas suivi la course ? Pas de panique. Stadion a veillé pour vous !
Cette nuit, un peu après 3h du matin (11h heure locale), pendant que vous aviez certainement déjà rejoint les bras de Morphée, Eliud Kipchoge coupait la ligne d’arrivée du marathon de Tokyo en vainqueur, dans le temps de 2h02’40. C’est certes moins bien que son record du monde obtenu en 2018 à Berlin en 2h01’39 mais il s’agit tout de même du nouveau record de l’épreuve qui était détenu depuis 2017 par Wilson Kipsang en 2h03’58. Le Kényan au palmarès long comme le bras (en 2003, à seulement 19 ans, il remportait le 5000 m des Mondiaux à Paris devant la légende marocaine Hicham El Guerrouj) a encore montré qu’il était bien le patron sur la planète marathon.
Un départ canon
Le meilleur spécialiste de l’histoire faisait ses retrouvailles avec le bitume japonais, sept mois après avoir conquis un deuxième titre olympique à Sapporo. Avec de grosses ambitions. Eliud Kipchoge se sentait en forme, au point de penser au record du monde. Avec au départ huit hommes ayant couru sous les 2h05 dans leur carrière, la lutte s’annonçait explosive ! Parti sur un rythme monstrueux : 14’17 au 5 km puis 28’37 au 10 km, courant sur les bases de moins de 2h02, la fusée kényane, un prototype des Nike Alphafly Next% 2 aux pieds, était parfaitement mise sur orbite sur ce marathon disputé dans des conditions idéales : un parcours favorable, très peu de vent, une dizaine de degrés et pas de pluie.
Kipchoge est parti, plus personne ne l’a revu
Malheureusement, un peu après le passage du 10e km, alors que le peloton de tête était encore composé de sept coureurs dont les meneurs d’allure Noah Kipkemboi et Philemon Kacheran, il y a eu une une erreur d’aiguillage. Suivant le flot de motos qui les accompagnait, les hommes de tête, guidés vers la droite (au lieu de la gauche), ont pris un mauvais virage qui leur a coûté une bonne dizaine de secondes. Avec un semi-marathon atteint en 1h01’03, Eliud Kipchoge suivait à la lettre le plan de route qu’il s’était fixé à cette étape de la course. À titre de comparaison, à mi-parcours, il était passé en 1h01’06 lors de son marathon record à Berlin.
Le groupe de tête se réduisait tout doucement, mais en dépit de sa domination, Kipchoge ne masquait pas un léger agacement face à l’absence de relais par ses deux derniers adversaires. Au 27e km, il multipliait en effet les invitations auprès d’Amos Kipruto et de Tamirat Tola pour mener l’allure, mais ces derniers restaient sagement calés dans sa foulée. Le Kényan a alors pris les choses en main et plaçait une accélération brutale qui faisait disparaître Tamirat Tola (3e à l’arrivée en 2h04’14), lauréat du marathon d’Amsterdam en octobre dernier. Amos Kipruto, le dernier à avoir pu suivre son tempo infernal, s’accrochait comme un beau diable. 1h26’51 au 30e km, le record était toujours en vue (bases de 2h02’09).
Eliud Kipchoge, avec sa foulée si fluide, si parfaite, a fait la différence autour du 36e km, pour lâcher définitivement son compatriote Amos Kipruto (2e à l’arrivée en 2h03’13), médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha en 2019. Le double champion olympique ne relâchait pas son effort et finissait en solitaire pour rallier la ligne d’arrivée dans le chrono stratosphérique de 2h02’40.
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À 37 ans, il a quasiment tout gagné sur marathon. Double champion olympique, recordman du monde, vainqueur de neuf épreuves du World Marathon Majors : Londres (2015, 2016, 2018 et 2019), Berlin (2015, 2017 et 2018), Chicago en 2014 et donc Tokyo en 2022. Pas encore suffisant pour Eliud Kipchoge qui possède également les chronos de référence à Berlin, Londres et Tokyo. Après quoi peut encore courir le maestro du marathon ? Alors qu’il s’est déjà imposé dans quatre des six « majeurs » (Berlin, Chicago, Londres et Tokyo) et qu’il compte 13 victoires sur 16 marathons disputés, il va tenter de compléter sa collection. Il a en effet annoncé vouloir remporter les six courses dans sa carrière.
Il lui restera alors à vaincre à Boston et New York pour avoir la totale, histoire de continuer à rouler un peu plus sur la planète marathon. « Je suis tellement fier de gagner dans les rues de Tokyo, là ou les gens ont la course à pied dans le cœur et dans la tête. C’est formidable d’avoir remporté 4 des 6 courses du « Abbott World Marathon Majors ». Je voudrais dire que je veux que le monde s’unisse. Ma victoire d’aujourd’hui est là aussi pour apporter une énergie positive dans ce monde. »
Au total, 27 coureurs ont bouclé les 42,195 km en moins de 2h10. À noter que Mosinet Geremew (2h02’55), quatrième marathonien le plus rapide de l’histoire, a mis le clignotant un peu avant le 25e km. Le Kenya a également été à l’honneur chez les dames avec la victoire sans conteste de Brigid Kosgei, en 2h16’02 (record du parcours et troisième meilleur temps de l’histoire), qui détient depuis le 13 octobre 2019 à Chicago le record du monde de la distance sur course mixte en 2h14’04. Les Éthiopiennes Ashete Bekere (2h17’58) et Gotytom Gebreslase (2h18’18) complètent le podium.
Temps de passage d’Eliud Kipchoge : 5 km : 14’17 / 10 km : 28’37 / 15 km : 43’16 / 20 km : 57’53 / Semi : 1h01’03 / 25 km : 1h12’26 / 30 km : 1h26’51 / 35 km : 1h41’30 / 40 km : 1h56’03 / Marathon : 2h02’40
Tous les résultats du marathon de Tokyo, en cliquant ici.
Crédit photo : Antoine Decottignies / STADION