Marathon de Valence : Frère, Chahdi, Navarro et Carvalho affamés

06 décembre 2020 à 12:48

Réputé pour se courir (très) vite, le marathon de Valence a livré une nouvelle fois des chronos explosifs ce dimanche. Dans une course de toute beauté dominée au finish par le Kényan Evans Chebet en 2h03’00, les Français Mehdi Frère (2h08’55), Hassan Chahdi (2h09’15), Nicolas Navarro (2h09’17) et Florian Carvalho (2h10’24) ont tous pulvérisé leur record personnel. En tout début de matinée, le Kényan Kibiwott Kandie a établi une nouvelle marque mondiale sur semi-marathon avec un chrono de 57’32.

Si vous êtes passionnés de running, on l’espère, au moins autant que nous, le Marathon de Valence, diffusé en direct sur la Chaîne l’Équipe n’était à manquer sous aucun prétexte. De notre côté, on s’est régalé. Encore une fois, la course espagnole n’a pas failli à sa réputation, pour le quarantième anniversaire de l’épreuve disputée dans des conditions d’organisation certes particulières (un circuit en boucle fermée de 21km à parcourir deux fois, protocole sanitaire renforcé) mais des conditions météo parfaites en ce dimanche automnal (une température fraîche autour des 10°C au moment de l’arrivée, un temps sec et surtout pas un souffle de vent).

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Chebet au finish

Derrière les légendes Eliud Kipchoge et Kenenisa Bekele, il y avait sur le macadam de Valence ce qui se fait de mieux à travers le monde. Les meilleurs sont longtemps restés groupés sur un rythme proche du record du monde (passage au semi-marathon en 1h01’14). Au terme d’un sprint haletant sur la passerelle de plus de 150 mètres de long enjambant les eaux devant le musée de la Cité des Arts et des Sciences, le Kényan Evans Chebet (2h03’00) s’offre la victoire devant son compatriote Lauwrence Cherono (2h03’04). Chebet réalise le septième meilleur chrono de tous les temps et abaisse à la même occasion le record de l’événement, sur un parcours certes différent (2h03’51 par Kinde Atanaw en 2019). L‘Éthiopien Birhanu Legese (2h03’16) complète le magnifique trio. Chez les féminines, c’est la Kényane Peres Jepchirchir qui monte sur la plus haute marche du podium en 2h17’16 (67e au scratch). Des débuts prodigieux pour la recordwoman du monde du semi-marathon exclusivement féminin (1h05’16) qui bouclait son premier marathon et qui se positionne déjà au cinquième rang de l’histoire de la distance.

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À chacun son record, pas de jaloux !

Le plateau proposé par les organisateurs pouvait nous faire penser qu’on allait assister à une course « d’enfer » pour les 4 Tricolores en lice. Mais de là à penser que leur record personnel respectif allait tomber… Arrivé en Espagne avec un temps d’engagement de 2h14’15, Mehdi Frère, qui était sans doute le moins attendu de tous, a été le premier Français à en finir à la 20e place, en retranchant plus de 5 minutes à son record personnel en 2h08’55. Un gouffre. Seulement cinq hommes dans l’Hexagone ont fait mieux que lui (le record de France appartient à Benoit Zwierzchiewski depuis ses 2h06’36 à Paris en 2003). Le représentant du Pays de Fontainebleau est passé au semi en 1h03’10 (sur les bases de 2h06’20), plus rapide que son record en 1h04’20. Si ses dernières fulgurances (28’08″27 sur 10 000 m à Pacé et 27’24 sur un 10 km virtuel réalisé lors de sa prépa marathon) pouvaient présager un chrono aux alentours des 2h12, on ne se serait pas risqué à de tels pronostics au vue de la préparation tronquée.

Un chrono qui récompense ses efforts à l’entraînement avec un volume chronométrique de 160 km de moyenne par semaine. Les spécialistes apprécieront. Alors que les sélectionnés pour les JO de Tokyo sont connus (minima à 2h11’30) : Morhad Amdouni, Hassan Chahdi, Nicolas Navarro et Benjamin Choquert comme remplaçant, la question de savoir si les cartes vont être rebattues sera certainement posée après la prestation du protégé de Thierry Choffin. Les choix à venir des sélectionneurs pourraient être cornéliens dans quelques mois avant de communiquer la liste des 3 athlètes.

Justement Hassan Chahdi (22e), parlons en aussi car il retrouvait l’épreuve reine ce dimanche après près de deux ans sans marathon et une qualification olympique décrochée à Séville (Espagne). En manque de repères, le Haut-Savoyard est parti très fort, sur les bases de 2h06’30 au semi. Un rythme effréné mais payant qui a permis au triple champion de France de cross-country, de battre son record personnel (2h09’15 contre 2h09’53). Juste derrière, en 23e position, Nicolas Navarro (2h09’17) est lui resté fidèle à son plan de course, après un départ en retrait des deux premiers Français. Avec une régularité de métronome, le pensionnaire d’Aix Athlé Provence est descendu pour la première fois de sa carrière sous les 2h10 (ancien 2h10’01). Florian Carvalho (34e) réalise une performance très honorable avec 2h10’24 et repart avec un nouveau temps de référence (2h12’53). S’il était encore à prouver l’exceptionnelle densité des chronos, il est à souligner que 30 athlètes au total sont passés en-dessous des 2h10, un record mondial (ancien 28 athlètes).

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Record du monde du semi pour Kandie

À 8h pile, 30 minutes avant le marathon, pendant que vous vous flâniez à la boulangerie après une grasse matinée bien méritée, les spécialistes du semi-marathon ce sont élancés. Et 57 minutes et quelques 32 secondes après le coup de pistolet du départ, Kibiwott Kandie franchissait la ligne d’arrivée avec le record du monde en poche (passage au 10 km en 27’25), grâce à une impressionnante accélération à 3 kilomètres de l’arrivée. « Très content d’avoir battu ce record de plus de 30 secondes, je suis également très fier pour le Kenya », a-t-il commenté immédiatement après son exploit. Le record de l’épreuve est pulvérisé (58’48).

Au-delà de la performance exceptionnelle de Kandie, c’est bien le niveau très élevé de la course qui a impressionné puisque trois autres athlètes auraient pu s’approprier la nouvelle référence mondiale : le champion du monde de la distance 2020, l’Ougandais Jacob Kiplimo (2e en 57’37) et les Kényans Rhonex Kipruto (3e en 57’49) et Alexander Mutiso (4e en 57’59) sont passés sous la barre des 58 minutes sur la distance, alors que l’ancien record planétaire de Geoffrey Kamworor était de 58’01 à Copenhague (Danemark) le 18 septembre 2019. En sixième position, on retrouve le recordman d’Europe (59’13), le Franco-Suisse Julien Wanders en 59’55, ce qui donne une idée du rythme ultra-rapide de l’épreuve espagnole.

Dans cette flopée de records, sa performance aurait presque pu passer inaperçue. Pour sa première expérience sur semi-marathon, la recordwoman du 1500 m (350« 07 en 2015) Genzebe Dibaba a rallié la ligne d’arrivée dans l’excellent chrono de 1h05’18, synonyme de 13e meilleure performance mondiale de tous les temps. L’Éthiopienne reste toutefois à bonne distance du record du monde du semi-marathon détenu depuis février par l’Éthiopienne Ababel Yeshaneh, en 1h04’31 et réalisé lors d’une course mixte.

Tous les résultats, en cliquant ici.

Crédit photo : STADION

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