La marche athlétique en danger ?

10 avril 2017 à 20:39

Et si lors des Jeux Olympiques et des Championnats du monde, le 50km marche était supprimé et le 20 km remplacé par un semi-marathon ? Le 30 mars dernier, à la surprise générale, le Comité international olympique (CIO) a proposé à la Fédération Internationale d’Athlétisme (IAAF) ce projet pour moderniser, selon ces instances, les épreuves de marche athlétique. Cette éventuelle décision sera prise les 12 et 13 avril prochain et​ mise en place à partir de 2018. Les marcheurs se mobilisent pour préserver leur discipline. Une pétition mise en ligne a, en quelques jours, été largement relayée sur les réseaux sociaux. Elle n’a pas manqué de faire réagir. Yohann Diniz ne cache pas son incompréhension. Grâce à lui, son record du monde et ses trois titres européens entre 2006 et 2014, la marche est entrée sur le devant de la scène. Aujourd’hui, il lutte pour défendre sa discipline menacée.   

— Stadion : Bonjour Yohann, cette proposition entend moderniser et rendre plus accessible la marche athlétique. Quelle est votre analyse ? 

L’IAAF a effectivement modernisé l’athlétisme quand on est passé du mile au 1500m. Mais passer de 20 à 21km, elle est où la modernisation ? Cela ne change rien et ils veulent supprimer le 50km. L’épreuve sera ouverte aux femmes lors des prochains Mondiaux en août. Mais ils ont fixé les minima à 4h06″, soit plus vite que le record du monde de la Portugaise Inès Henriques (4’08″26). Ils mettent en place ce projet pour le retirer l’année suivante, c’est très bizarre. 

Quelles seraient les conséquences directes sur la pratique en France et dans le Monde ?

La marche athlétique est un sport abordable qui prend de plus en plus d’ampleur. Le jour de la course, il peut y avoir tous les scénarios possibles. A Rio, sur le 50km marche, c’était indécis jusqu’au bout, il y a eu de la stratégie, des rebondissements. C’est une course que tous les marcheurs ont vécu pleinement. Pas le temps de s’ennuyer. De nombreux spectateurs viennent me voir après les courses en me disant qu’ils avaient pas vu le temps passer, qu’ils s’étaient amusés pendant plus de trois heures. 

— On sent une grande mobilisation au sein des marcheurs, tant de niveau national que de niveau mondial. Comment voyez-vous la suite ?

Une pétition a été mise en ligne pour contester ce projet. Mais je ne sais si c’est cela qui va faire changer les choses. On est trois leaders mondiaux, le Slovaque Matej Toth champion olympique, l’Austratien Jared Tallent, vice-champion olympique cet été et moi-même à faire du lobbying auprès des institutions qui sont influentes auprès l’IAAF. Pour lutter contre ce projet on est en train d’avancer des arguments efficaces et adaptés. On s’est renseigné sur les audiences télé. On a remarqué que la marche est incroyablement suivie et pas qu’en France mais partout dans le Monde. La marche est une discipline universelle où tous les continents sont représentés. Cela permet même de mettre en avant et de promouvoir des « petits » pays le temps de la course.

— Par vos titres et vos records depuis 10 ans, vous avez démocratisé et mis en lumière cette discipline en France. Quel est votre ressenti à l’heure d’aujourd’hui ? 

Il n y a pas eu de consultation et en plus de cela, il n’y a pas de véritable argumentation en face. C’est une discipline qui fait partie de manière intégrante de l’athlétisme. On véhicule des valeurs fortes comme la rigueur, le dépassement de soi, l’effort. Et puis si on pousse l’analyse un peu plus loin on parle même de sport écologique. Je vais bientôt passer le flambeau donc je fais surtout cela pour nos jeunes talentueux. 

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