Les apparences sont souvent trompeuses. Si vous croisez Cynthia Leduc dans la rue pour la première fois, jamais vous n’imaginerez qu’elle est en fait un vrai bâton de dynamite. Sur la piste, même si de son propre aveu elle doit encore s’améliorer, ses départs sont impressionnants. Les spectateurs de l’Accor Arena vont pouvoir de nouveau le constater de visu ce samedi à l’occasion du Meeting de Paris Indoor. L’athlète de 25 ans a de l’énergie à revendre. Hier en fin d’après-midi, l’une des taulières du sprint français s’est confiée à notre journaliste Coline Balteau à l’hôtel des athlètes.
Depuis la finale du relais 4×100 m aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, on ne l’avait plus vu en compétition. Après un an et demi loin des pistes, Cynthia Leduc a accroché son premier dossard lors des Régionaux à Miramas le 28 janvier (7″42 en séries puis 7″40 en finale). Ce mercredi à Mondeville, la sprinteuse d’Annecy Haute-Savoie Athlétisme a accéléré le rythme (7″35 en séries puis 7″38 en finale). Ce soir, on la retrouvera à Paris. Un beau souvenir puisqu’elle avait décroché une victoire de prestige dans la capitale en 2020. Victime de tendinites et fissures au tendon d’Achille depuis 2020, la championne de France Elite indoor 2020 et 2021 avait fait le choix de serrer les dents et de repousser l’opération pour après le grand rendez-vous au Japon. En septembre 2021, une ostéotomie (section d’un os) est réalisée. Dix-huit mois plus tard, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. Pourtant, les mois ont été longs. Deux ont été nécessaires avant qu’elle puisse commencer sa rééducation : remarcher et trottiner. Son entourage a été important dans ce processus. « C’est sûr que lorsqu’on regarde les meetings à la télé, cela donne envie de courir, nous confie-t-elle. « Mais, ça va. Franchement, je trouve que ma rééducation s’est passée assez vite. Après; cela s’est principalement joué au mental. Il ne fallait pas que je lâche. »
Rassurée sur son état de forme
7″35, c’est le chrono affiché à son arrivée mercredi, en série à Mondeville (7″38 en finale). Au niveau des sensations, ce n’est pas encore ça. Dix-huit mois sans aucune compétition, cela se sent. D’ailleurs, les courbatures étaient présentes après sa soirée de mercredi. Le temps de récupération est pour l’instant un peu plus long. « À l’entraînement, ça va. Je me sens bien. En compétition, ce n’est pas pareil. Il faut le temps que tout se remette en place. Après, je suis satisfaite du chrono, cela reste une première course après une opération. Je suis rassurée sur mon état de forme. Je ne pensais pas qu’après autant d’arrêt, cela allait être aussi bizarre de recourir en compétition ». Ce soir, sur la ligne droite bleue de l’Accor Arena spécialement aménagée pour l’occasion, Cynthia Leduc aura à cœur de descendre son chrono et pourquoi pas se rapprocher de son record. Istanbul et les championnats d’Europe en salle (2 au 5 mars) restent dans un coin de sa tête. Pour cela, elle devra égaler son record personnel de 7″24. La vice-championne d’Europe 2019 espoirs du 100 m ne sera tout de fois pas déçue si elle n’atteint pas cet objectif, le plus important reste l’été. « Cet hiver, c’était vraiment pour me remettre dans le bain des compétitions, retrouver des sensations et me rassurer. Cela casse également la routine des entraînements. »
Améliorer son départ
Si la qualification n’est pas atteinte, elle mettra un clap de fin à sa saison indoor juste après les Championnats de France Elite, le week-end prochain, à Aubière. La concurrence y sera rude mais comme lors de chaque compétition, elle espère descendre son chrono, être sur le podium et une première place si possible. Pour cela, il lui faudra prendre un très bon départ. C’est le point technique qui lui fait défaut depuis longtemps. Cela n’a jamais été son point fort et les mois au placard ne l’ont sûrement pas aidé. En plus, depuis septembre 2022, Cynthia Leduc a changé de coach et s’entraîne désormais avec Daniel Darien, père de Garfield. « Je n’ai jamais été très forte. Avec mon nouveau coach, c’est une nouvelle technique à assimiler. »
Paris, Paris
Les principaux objectifs restent évidemment pour l’été. Tout est préparé en vue de Paris. Les Jeux olympiques 2024, le plus grand objectif de sa carrière. À domicile, cela reste symbolique, nous partage-t-elle. « Tout ce qui précède, ce sont des étapes ». À Tokyo, en 2021, la Martiniquaise avait terminé à la septième place avec le relais 4×100 m. Si l’équipe aurait évidemment aimé faire mieux, elle a pris cela comme une bonne expérience pour se préparer à Paris. Paris, même si ce ne sera ni la première, ni peut-être la dernière olympiade de l’athlète qui fêtera ses vingt-six ans la semaine prochaine, cela restera la plus belle de toute. Cynthia Lecuc espère pouvoir se qualifier également en individuel. « Je croise les doigts. L’objectif est sur 100 m et 200 m. Si je dois faire un choix ? Le 200 m. C’est ce que je préfère. »
Texte : Coline Balteau
Crédit photo : Maxime Le Pihif / STADION