Mekdes Woldu : « J’ai pleuré de joie »

07 mai 2025 à 11:29

ASICS et Mekdes Woldu, c’est la belle histoire de ce week-end, marquée par un troisième record de France décroché lors de la « Tokyo : Speed : Race ». Tout juste débarquée de la capitale japonaise, la pensionnaire de l’Entente Franconville Césame Val-d’Oise, dont la personnalité rayonne autant que ses performances, s’est confiée à notre micro à Paris. Avec son sourire éclatant et l’émotion sincère qui l’habite, la fondeuse de 32 ans a tout pour nous toucher en plein cœur.

— Mekdes, en étant chronométrée en 31’01 sur 10 km, vous avez mis une sacrée claque au record de France. Aviez-vous cette performance en tête ou a-t-il été une belle surprise par rapport à l’objectif initial de 31’15 ?

Le chrono m’a un peu surprise mais le record, non car c’était clairement mon objectif. Je visais au moins 31’15, en me disant que j’allais aller le chercher. C’est la première fois que je le dis publiquement, d’habitude je garde ça pour moi. Il n’y avait aucune raison que j’échoue. ASICS avait tout mis en place, c’était bien organisé. J’ai eu droit à deux excellents pacers, un Espagnol et Félix. J’étais concentrée sur leur foulée juste devant moi, sur les gens qui criaient mais pas sur le chrono, ni les kilomètres. Le chrono final m’a surprise, j’étais en état de choc à l’arrivée. À 100 mètres de la fin, j’ai ralenti en voyant que j’étais en dessous des 31 minutes, j’ai perdu un peu de temps en me demandant ce qui se passait. Mon coach a toujours eu ça dans sa tête, lui, il y croyait déjà avant la course. Il savait que je pouvais faire moins de 31’10. Mais 31’01, c’est exceptionnel pour moi. Je ne savais pas que j’étais à cette allure-là, j’étais concentrée sur les pacers et l’ambiance. Je ne faisais que crier et j’ai pleuré de joie.

— Depuis combien de temps aviez-vous en tête ce record à Tokyo ?

On connaissait la date de l’événement depuis longtemps. Dès que j’ai su qu’il y aurait ce 10 km ASICS à Tokyo, je me suis fixée cet objectif car j’avais tout le temps le record de France en tête. C’était motivant de le noter dans mon carnet. Je voulais ce record depuis des années. Après mon travail pour le marathon, il fallait retrouver la vitesse. Les cross et les Jeux militaires, où j’ai eu la chance de mettre mes pointes, m’y ont beaucoup aidée. C’était un vrai challenge d’y aller car je n’avais pas fait de cross depuis un certain temps, mais j’étais heureuse de porter le maillot, de rapporter des médailles pour l’équipe. Ensuite, j’ai choisi de faire le 10 km plutôt que le semi aux Championnats d’Europe de Running à Bruxelles (13 avril), car il y avait une belle équipe féminine et de vraies chances de médailles. C’était aussi une façon de récupérer et de travailler ma vitesse avant Tokyo. Tout cela s’est construit dans l’objectif clair de faire ce record.

— Le fait de savoir si tôt que vous visiez ce record a-t-il facilité la préparation ?

Oui ! Plus on anticipe, mieux on organise l’entraînement. C’était intense. Mon entraîneur, Thierry Choffin, était dur avec moi, mais ça a fonctionné ! Il me connaît très bien, sait de quoi j’ai besoin pour récupérer. Après le marathon, il a tout fait pour que je récupère vite et retrouve de la vitesse, alors que je n’avais que 10 jours avant les cross militaires, et un mois avant Bruxelles. Ce n’est pas facile de combiner récupération et travail de vitesse. Mais il a su doser et m’aider à me préparer de la meilleure des manières. Je suis très heureuse de faire ce chemin avec lui.

— Vous avez retrouvé Félix Bour au 4e km. Comment cela s’est-il passé ? Quel rôle a-t-il joué pour vous pousser jusqu’au bout ?

Félix devait initialement pacer Étienne (Daguinos). J’ai une pensée pour lui car j’ai vécu la même chose. Ce sont des moments difficiles mais on s’en relève plus fort. Au 4e km, j’ai vu Félix et il est resté avec moi. Ce n’était pas sûr qu’il me rejoigne, mais surtout il devait aider Étienne jusqu’au 5e ou 6e km. Je ne comprenais pas ce qui se passait. À la base, mon pacer, c’était l’Espagnol. D’avoir deux pacers exceptionnels devant moi, notamment Félix, que je considère comme mon frère, ça a été un vrai soutien. Il me fait penser à mon agent, Riad (Ouled), qui m’encourage à chaque marathon, en me rappelant mes entraînements, ma famille, mes amis… C’est comme s’il avait déjà couru avec moi sur d’autres compétitions alors qu’on ne s’est jamais croisés en compétition. Il levait sa main pour dire au public de m’applaudir. Il me motivait, comme j’en avais besoin : « Tu vas faire le record sinon tu ne remontes pas dans l’avion ! ». Il accélérait à chaque kilomètre, et arrivés au dernier, il m’a dit « Tu vas le faire en moins de 3 minutes ». Il avait raison ! C’est un record qu’on a eu en équipe.

— Qu’avez-vous ressenti pendant la course ? Aviez-vous conscience que vous étiez sur les bases du record ?

On visait 3’06 / 3’07 au kilo. Mon pacer initial était prudent, ce qui m’allait bien. Je préfère rester sur la réserve, surtout en revenant d’un marathon. Mais quand Félix nous a rejoints, on a accéléré. À partir du 6e, j’ai compris que ça allait être dur, mais ils étaient là pour moi. ASICS, les pacers, le public, mon agent, tout le monde était là. Je me rappelais tous mes efforts faits pour arriver là. J’entendais crier mon nom. Le souffle peinait, mais je me suis accrochée. Dans la tête, j’étais tellement forte, et j’avais les jambes qui suivaient. Je repensais à la difficulté du marathon. Mais, je savais que j’étais dans le bon tempo car j’avais confiance en eux. Un officiel donnait le chrono tous les kilomètres, c’est la première fois que je courais sans montre.

— Côté équipements, vous avez couru avec la METASPEED EDGE TOKYO, comme à Barcelone. Le choix de ce modèle a-t-il eu un impact concret sur vos sensations ou vos performances ? Envisagez-vous d’utiliser les deux autres modèles ASICS (METASPEED SKY TOKYO et METASPEED RAY) pour d’autres distances ou à l’entraînement ?

Bien sûr, avec ce modèle, on est complices ! Je l’avais testée plusieurs fois au Kenya. Le lendemain de notre arrivée à Tokyo, j’ai eu la chance de tester une nouvelle paire. Ça a matché et je préférais courir avec un modèle dont j’avais l’habitude. Je me sens rapide avec cette chaussure, elle est adaptée à mes pieds et à ma foulée. On s’envole ensemble (rires). J’ai aussi utilisé la Sky pour mon premier marathon, à Hambourg, et les JO de Paris. Le choix dépend du parcours, de la foulée, des appuis. La Ray, elle est magnifique. Je l’ai juste essayée en marchant pour l’instant, mais j’ai hâte de la tester en courant, et de faire un nouveau record avec !

— Vous avez confié être tombée amoureuse de la ville de Tokyo ! Un petit mot sur l’ambiance de ce voyage et ce que vous avez retenu de cette expérience collective ?

C’était unique. On formait une vraie famille avec des athlètes venus du monde entier. On trouvait le moyen de communiquer et on partageait notre passion, même sans parler la même langue. Le voyage, en business class avec Félix et Étienne, l’accueil, la communion, et la présence de mon agent… C’était une expérience incroyable.

— Vous faites tomber les records de France (semi-marathon à Malaga en 2022, marathon à Barcelone en 2025 et 10 km à Tokyo en 2025). Quel est votre prochain objectif estival ?

Je suis ravie, je vais retrouver ma famille en finale des Interclubs à Franconville, le 18 mai, sûrement sur 3000 m. Cette année, ce sera sur la piste où je m’entraîne. Ensuite, le grand objectif, ce sont les Mondiaux (13 au 21 septembre). J’espère être sélectionnée à Tokyo pour le marathon. En attendant la décision de la Fédération, je suis ouverte à un 10 000 m ou à un 5000 m avant, mais on verra ce que l’avenir me réserve.

Propos recueillis par Sabine Loeb
Crédits photos : Albin Durand / ASICS

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