On fait le bilan de l’équipe de France d’athlétisme aux JO de Tokyo

09 août 2021 à 15:16

Avec une seule médaille, en argent, décrochée par Kevin Mayer au décathlon, l’équipe de France d’athlétisme n’a pas franchement brillé à Tokyo en réalisant son moins bon bilan olympique depuis plus de vingt ans et les JO de Sydney en 2000. Si ce bilan interroge forcément à trois ans d’accueillir les meilleurs athlètes du monde aux Jeux de Paris 2024, les Bleuets ont affiché de belles promesses pour la suite. 

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SPRINT

Pourvoyeur de médailles ces dernières années, le sprint tricolore quitte Tokyo avec seulement trois places de finalistes.

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Ils ont été à leur niveau

L’état de forme de Jimmy Vicaut était une des grandes inconnues de ce début de Jeux. Auteur d’une saison moyenne avec un meilleur chrono de 10″17, le sprinteur exilé aux États-Unis était bien loin de ses 9″86. Le finaliste de Rio en 2016 ne passe pas le cap des demi-finales cette fois-ci, avec une meilleure marque de la saison améliorée en séries (10″07). S’il quitte le Japon en ayant perdu son record d’Europe, pas de regrets néanmoins pour le pensionnaire de la SCO Ste Marguerite de Marseille, au vu de son année compliquée.

Gémima Joseph venait à Tokyo pour prendre de l’expérience en vue de Paris 2024. Mission accomplie pour la benjamine de la délégation tricolore, qui repart avec un nouveau chrono sous les 23 secondes, établi en série (22″94). La marche était trop haute pour accéder à l’étape supérieure, mais ce n’est que partie remise. La sprinteuse guyanaise de 19 ans a tout de même couru sa première finale olympique, avec le relais 4x100m qui n’a pas démérité. Septièmes au final, les Bleues sont à leur place.

Sur le tour de piste, Amandine Brossier avait elle aussi la ferme envie de montrer ce qu’elle valait, pour ses premiers Jeux. Avec un temps de 51″30 en demi-finales, l’Angevine de 25 ans échoue à cinq centièmes de son record personnel. Pas de regrets à avoir néanmoins, il fallait courir sous les 50 secondes (49″81 pour la dernière repêchée au temps) pour rallier le top 8. La forme était là. Contrat également rempli pour Ludvy Vaillant (49″02) et Wilfried Happio (49″49) tous deux demi-finalistes sur 400 m haies.

Dans une discipline au niveau global stratosphérique (47″93 pour passer au temps en finale), difficile d’envisager mieux. On ne savait pas trop dans quelle catégorie placer Pascal Martinot-Lagarde. Le hurdler venait pour une médaille, frustré par sa quatrième place des Jeux de Rio. Après deux années pourries par les blessures, le sociétaire de l’ES Montgeron termine finalement cinquième de la finale. Une déception pour lui. Mais avec le recul, réaliser 13″16 dans ces conditions, est une belle revanche. Huitième de cette même finale en 13″38, Aurel Manga n’aura pas démérité, en égalant par deux fois son record personnel en séries et en demi-finales (13″24).

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Ils espéraient mieux

Le sort s’acharne en revanche sur Wilhem Belocian, blessé et incapable de franchir le neuvième obstacle de sa série. Sa belle saison (record personnel en 13″15) laissait espérer de belles choses pour le hurdler guadeloupéen. Le constat est amer pour les relais. Mis à part le 4×100 féminin, aucune équipe n’est parvenue à se qualifier pour une finale olympique. C’est déjà mieux qu’il y a cinq ans à Rio où aucun des collectifs ne s’était hissé dans le top 8. Diminuée par une blessure au genou droit contractée il y a près de trois semaines à l’entraînement à Nantes, Laura Valette (8e en 14″52) n’a pas pu défendre ses chances d’accéder aux demi-finales sur 100 m haies. De son côté, Cyréna Samba-Mayela n’a pas pris le départ en raison d’une blessure à l’ischio-jambier survenue lors de l’échauffement.

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DEMI-FOND ET MARATHON

Fort de cadres expérimentés et d’une relève pleine de promesses, le demi-fond français s’est présenté à Tokyo avec des ambitions différentes : faire prendre de l’expérience, et si possible accrocher une médaille dans un univers où la densité semble être à son summum.

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Les belles surprises

Il est l’une des révélations de ces Jeux. À 23 ans, Gabriel Tual a fait une belle entrée dans la cour des grands, en terminant septième de la finale du 800 m en 1’46″03. Arrivé au pays du soleil levant avec le vingt-quatrième temps des engagés, le Girondin n’était pas le plus attendu des Tricolores. En courant intelligemment, à son meilleur niveau (record personnel battu en demi-finale avec 1’44″28), Gabriel Tual sait désormais ce qu’il lui reste à faire pour combler l’écart avec ceux qui sont devant. Lui aussi est de la génération 98, et malgré son titre de champion de France élites, il n’était pas forcément attendu en finale. Et pourtant, Alexis Phelut s’est accroché pour se qualifier à la place (3e en 8’19″36), sur ses premiers Jeux. Un peu émoussé par la répétition des efforts, l’Auvergnat termine finalement douzième de la finale en 8’23″14. Un bon apprentissage pour la suite. Pour sa première participation aux Jeux olympiques, Nicolas Navarro (30 ans), qui s’était fixé l’objectif d’un top 30, a terminé à une éclatante douzième place du marathon ce dimanche matin à Sapporo. Le meilleur classement Français sur la dernière épreuve d’athlétisme.

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Ils ont été à leur niveau

En devenant le premier Français depuis 1992 à atteindre la finale du 5000 m, Jimmy Gressier a réalisé une belle performance pour ses premiers Jeux. Celui qui incarne la relève du demi-fond tricolore a franchi la ligne en 13e position en 13’11″33, à moins de trois secondes de son record personnel (13’08″99). Le Boulonnais n’a aucun regret à avoir. Azeddine Habz avait le neuvième temps des engagés, suite à sa course incroyable au Meeting Herculis de Monaco (3’31″74). En demi-finale, le Francilien a pu constater la marche qu’il lui restait à franchir pour atteindre la finale. Dans une course où le record olympique a été battu, il aurait dû courir au niveau de son record pour se qualifier. Compliqué, mais pas impossible dans trois ans. Morhad Amdouni a terminé dixième du 10 000 m (27’53″58). Le Corse visait plutôt le marathon (17e en 2h14’33), une semaine plus tard, mais cette place le situe correctement dans la hiérarchie mondiale. Trente-huitième du marathon olympique féminin en 2h36’29, Susan Kipsang Jeptooo a réalisé une course courageuse et a terminé à sa place.

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Ils espéraient mieux

Sur 800 m, Benjamin Robert et Pierre-Ambroise Bosse repartent tous deux déçus de Tokyo. Le premier aurait aimé passer le cap des séries, mais il a coincé dans l’emballage final. Le second, champion du monde à Londres, était attendu en finale, mais le manque de rythme et de courses – la faute à des mois de blessures – s’est fait sentir en demie. Rénelle Lamote visait la finale, elle est finalement sortie en demies. Forte d’un nouveau record personnel (1’57″98), la Montpelliéraine d’adoption s’était imposée en patronne en séries. La demi-finale a été plus compliquée. En l’absence de la Sud-Africaine Caster Semenya, le 800 m femmes est à la recherche d’une nouvelle star, et la densité s’est renforcée avec pas moins de 25 athlètes sous les 1’59 au bilan. Cinquième en 1’59″40, c’est trop juste pour rentrer dans les huit premières.

Alexis Miellet et Baptiste Mischler espéraient franchir le cap des séries du 1500 m. Le Dijonnais n’a pas eu les jambes qu’il fallait pour passer, au terme d’une course très tactique. Le second cité, avec son nouveau record personnel de 3’32″42, pouvait logiquement prétendre à une place en demie. 11e de sa série qui s’est courue plus rapidement que les autres, il est le premier non-qualifié au temps, pour 27 centièmes. Djilali Bedrani venait à Tokyo pour une belle place d’honneur. La médaille paraissait même accessible, pour prendre le relais de Mahiedine Mekhissi. Septième de sa série, le leader français du 3000 m steeple n’a pas pu s’exprimer pleinement et quitte prématurément la compétition. Même constat pour Louis Gilavert, douzième de sa série en 8’36″35.

Hugo Hay espérait une série tactique pour se qualifier pour la finale du 5000 m, il a été servi. Le dernier kilomètre, couru en 2’25, lui a été fatal. Septième en 13’39″95, le champion de France de la discipline voit les autres athlètes de la deuxième série lui passer devant. Le jeune fondeur de 24 ans sait ce qu’il lui reste à faire avant Paris 2024. Hassan Chahdi s’est classé quarante-cinquième en 2h18’40 du marathon olympique mais a mis un point d’honneur à franchir la ligne d’arrivée.

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SAUTS

À l’image du reste de la délégation, la sélection pour Tokyo pour les sauts était un mix de jeunes pousses prêts à grandir jusqu’à Paris 2024, et d’une génération déjà habituée des grands championnats.

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Ils ont été au niveau

Finaliste à Berlin en 2018 (8e) puis à Doha en 2018 (10e), Rouguy Diallo a confirmé sa régularité au plus haut niveau, en se qualifiant à nouveau pour la finale du triple saut, à Tokyo. Neuvième, après avoir été privée au tout dernier moment de la huitième place, synonyme de trois essais supplémentaires, la Niçoise coachée par Teddy Tamgho n’a pas à rougir de son concours. Il lui reste encore un palier à franchir pour se rapprocher du top 5. Le jeune Melvin Raffin a réussi à rallier la finale, mais aucun de ses sauts n’a été mesuré. Une performance frustrante, mais qui lui servira pour Paris 2024.

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On aurait tant aimé…

Voir Renaud Lavillenie remporter une troisième médaille en autant de participations aux Jeux. L’histoire aurait été belle. De retour à son meilleur niveau cet hiver (6,06 m au All Star Perche), le Clermontois s’était préparé pour Tokyo. Une entorse à la cheville lui mène la vie dure en qualifications. En finale, cette chute en toute fin d’échauffement le blesse à l’autre pied. Au courage, l’ancien recordman du monde va tout tenter pour obtenir sa place dans le top 3. Finalement, ce sera une huitième place, grâce à ce saut réussi à 5,70 m.

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Ils espéraient mieux

Yanis David et Augustin Bey auraient bien aimé rallier la finale à la longueur, pour leur première participation aux Jeux. La première citée n’a pas réussi à aller plus loin que 6,27 m, quand le second n’a pas pu tenter sa chance en qualifications. Blessé au tendon d’Achille, son aventure olympique s’est arrêtée prématurément après deux essais mordus. La France était bien représentée au triple-saut, avec trois concurrents sur la liste des engagés. Ni Benjamin Compaoré (16.59 m), ni Jean-Marc Pontvianne (trois essais mordus) ne sont parvenus à s’exprimer en qualifications.

Valentin Lavillenie espérait sans doute mieux en qualifications du saut à la perche. Malgré un saut à 5,65 m, le vice-champion d’Europe en salle de Torun ne rallie pas la finale, tout comme le jeune Ethan Cormont. Le jeune champion d’Europe espoirs de la discipline n’a pas réussi à aller plus haut que 5,50 m, mais cette expérience lui sera bénéfique pour le futur.

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LES LANCERS

Les lanceuses et lanceurs français avaient de bonnes chances de médaille en arrivant à Tokyo. Ils rentrent finalement bredouilles, mais avec de belles promesses pour les prochaines compétitions.

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Ils sont à leur place

Nos lanceurs de marteau faisaient tous deux partie des outsiders. Avec un nouveau record de France en poche (75,38 m), Alexandra Tavernier est arrivée à Tokyo sereine et confiante, bien décidée à oublier la déception de Rio. Mais son meilleur jet en finale, mesuré à 74.41m, n’a pas suffi. La voilà qui termine au pied du podium, à une cruelle quatrième place. « C’est la plus grande déception de ma vie », souffle-t-elle en zone mixte. À 27 ans, la Haut-Savoyarde reviendra. 

Fort de sa médaille d’argent obtenue aux Mondiaux de Doha, Quentin Bigot était lui aussi cité parmi les favoris de la discipline. Mais son meilleur lancer, mesuré à 79,39 m, à seulement 31 centimètres de son record, ne lui permet pas de se faire une place sur le podium. Cinquième, le Messin n’était pas déçu par son concours : « Je fais la deuxième meilleure performance de ma carrière, j’étais cinquième au bilan donc je suis à ma place. Il faut être réaliste, je ne suis pas capable de faire 81.50m pour le moment ». La barre des 80 mètres n’est plus très loin pour Bigot, qui est évidemment motivé pour Paris 2024.

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Ils espéraient mieux

Fort d’un nouveau record personnel en 66,66 m, Lolassonn Djouhan pouvait espérer rentrer en finale. Il aurait fallu pour cela que le discobole lance au niveau de son meilleur jet. Il misait beaucoup sur son deuxième essai, généralement le plus réussi. Mais celui-ci arrive hors zone. Djouhan termine finalement vingt-et-unième, avec un meilleur lancer mesuré à 60,74 m. Cette expérience lui servira pour les prochaines échéances. Évidemment, Mélina Robert-Michon aurait souhaité un dénouement différent pour ses sixièmes Jeux. Depuis Pékin en 2008, la vice-championne olympique de Rio s’était toujours qualifiée en finale. Pas cette fois. Quinzième des qualifications avec un jet à 60,88 m, la médaille attendra. « Mon concours a été à l’image de ma saison : difficile, reconnaissait-elle, mais ce serait mal me connaître de penser que je vais arrêter sur une mauvaise note. C’est plutôt une bonne motivation pour Paris 2024 ».

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MARCHE

Ils sont à leur place

Quarante-neuvième à Rio en 2016, Kevin Campion a été exact au rendez-vous des Jeux olympiques de Tokyo sur 20 km marche. Le marcheur originaire de Vénissieux s’est classé seizième du 20 km marche dans le superbe chrono de 1h23’53 étant donné les conditions climatiques à Sapporo (800 km au nord de Tokyo) où se disputent les épreuves de marche et le marathon.  Pour son premier rencard olympique, le Mayennais Gabriel Bordier s’est classé vingt-quatrième en 1h25’23.

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On aurait tant aimé…

Voir Yohann Diniz finir son immense carrière sur un autre scénario. Contraint à l’abandon lors du 50 km marche à Sapporo, le recordman du monde (3h32’33) ne remportera pas de médaille olympique. Une récompense qui aurait été amplement méritée pour l’ensemble de son œuvre et pour ce qu’il a apporté à la marche athlétique française depuis près de deux décennies.

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ÉPREUVES COMBINÉES

Il est à sa place

Ceux qui suivent l’athlétisme H24 savent à quel point il est immense. Ceux qui ont profité des Jeux olympiques pour s’intéresser à l’athlétisme ont vite compris qu’il n’était pas vraiment un athlète comme les autres. Ce gars-là, c’est Kevin Mayer. Qu’on soit spécialiste ou non, difficile de ne pas être impressionné par toute l’étendue de son talent. Oui, Kevin Mayer visait l’or. Comment imaginer une autre issue ? Mais son dos, bloqué dès son arrivée au Japon, a compliqué la donne. Difficile d’aller rivaliser avec un Damian Warner (record olympique avec 9018 points) dans la forme de sa vie, quand on est pénalisé à ce point par son corps. Le recordman du monde (9126 points) a serré les dents, pour aller chercher au courage cette deuxième place (8728 points). Il s’agit de sa première médaille en plein air depuis son titre de champion du monde à Londres en 2017.

Texte : Mathilde L’Azou
Crédit photo : Solène Decosta / STADION

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