On en connaît qui n’ont pas décollé de leur canapé et de leur écran ce matin. Grâce aux images fournies par les organisateurs du Semi-marathon de Lille, vous avez assisté en direct sur notre page Facebook à la victoire et au record d’Europe de Jimmy Gressier sur 5 km en 12’57, trois secondes devant Yann Schrub (13’00) qui aurait pu s’approprier le nouveau chrono de référence du Vieux Continent sur la distance. Ils n’en finissent plus de surprendre, serait-on tenté d’affirmer, en usant de l’oxymore.
Il fallait être branché sur la page Facebook de Stadion ce dimanche matin (120 000 viewers à la fin du live!). Tout était prêt pour trois énormes courses (5 km, 10 km et semi-marathon) et les fusées du macadam ont offert au public venu en nombre, des moments, comme, sans doute, il n’en avait jamais vécu dans la capitale des Flandres. Le monde de la course à pied était en émoi : Jimmy Gressier et Yann Schrub, deux des plus grands fondeurs de l’histoire dans l’Hexagone, à l’insatiable appétit, se défiaient sur 5 km. La question n’était pas de savoir si le record d’Europe allait être battu, mais qui allait en être le détenteur à l’arrivée et de combien le chrono allait-il être abaissé ?
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Jimmy Gressier : « Le plus dur était de battre Yann Schrub »
C’est une course qui se gagne en cavalant pied au plancher. Mis en orbite par le finaliste européen en salle sur 3000 m à Apeldoorn Romain Mornet (passage au 2e km en 5’05, sur les bases de 12’50, puis 7’40 au 3e km), les deux amis dans la vie mais rivaux en compétition ont dévalé le Boulevard de la Liberté à des allures stratosphériques (plus de 23 km/h). Au terme d’un finish irrespirable et dans une ambiance assourdissante digne du Tour de France, le Boulonnais Jimmy Gressier a renouvelé ses efforts pour produire à la fois du spectacle et faire l’étalage de son talent.
Le « p’tit gars » du Chemin-Vert a fait basculer la discipline dans l’irréel en claquant un nouveau record d’Europe en 12’57, retranchant 15 secondes à sa propre marque établie à Monaco en février 2023 (13’12). Il y a un an déjà, ici-même, Jimmy Gressier avait laissé une trace indélébile dans l’esprit des spectateurs en s’appropriant le record d’Europe du 10 km en 27’07 (battu depuis par le Français Etienne Daguinos en 27’03 à Lille, puis par le Suédois Andreas Almgren en 26’53 à Valence).
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« Le plus dur était de battre Yann Schrub », confie le nouvel ambassadeur de KIPRUN. Le protégé d’Adrien Taouji est un homme de parole et d’ambitions. Des limites ? Il n’en connaît plus en ce début de saison tonitruant (deux records de France en salle : celui du 3000 m à Boston en 7’30″18 le 8 février et du 5000 m à New York en 12’54″92 le 14 février). Le titre sur semi-marathon lors des Championnats d’Europe de course sur route (12 et 13 avril à Bruxelles) lui semble une formalité. « Chanter une Marseillaise en Belgique sera mon objectif. On va planter le drapeau tricolore. » Le rendez-vous est pris. Pas le temps de savourer pour Jimmy Gressier qui part en stage en altitude à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) dès ce mardi pour préparer cet événement, en compagnie notamment d’Etienne Daguinos, absent pour cause de fatigue ce dimanche.
Coup de tonnerre chronométrique pour Yann Schrub en 13’00
Et que dire de la performance de Yann Schrub, qui a comme d’habitude pu compter sur son fan club au bord de la route ? Le finaliste olympique du 10 000 m aux JO de Paris s’est emparé de la troisième place, derrière Jimmy Gressier et l’opportuniste uruguayen Santiago Catrofe (12’57, nouveau record national). « Je voulais montrer que j’étais capable de partir vite et de tenir », détaille le fondeur lorrain. J’ai tenu avant de craquer dans les derniers mètres ». Ce chrono canon confirme sa forme exceptionnelle en ce début de saison, après un 3000 m en 7’35″11 le 8 février à Metz.
Pas de quoi décevoir le médaillé d’argent aux championnats d’Europe 2024 sur 10 000 m, qui abaisse de 22 secondes son record sur la distance (13’00 contre 13’22 à Monaco en 2022), ce qui donne une idée du rythme ultra-rapide de l’épreuve nordiste. « Je n’ai rien à regretter. Je sais ce qu’il me reste à faire pour battre Jimmy. », souligne le premier Français champion de France de cross-country… à Bruxelles en 2023. Il a affiché un large sourire après l’effort, et on comprend pourquoi. Lui aussi aura la ferme intention de ramener une breloque « voire mieux » dans la capitale belge sur 10 km.
Les deux hommes se sont livré une partie sens dessus dessous. Un combat de boxe, un vrai. Pour mesurer la teneur de leur performance, il suffit de lire les bilans mondiaux tous temps où Jimmy Gressier et Yann Schrub sont remontés au cinquième et au neuvième rang d’un classement dominé par l’Éthiopien Berihu Aregawi (12’49 à Barcelone le 31 décembre 2021). Rien ne nous dit qu’ils voudront à nouveau inscrire leur nom au palmarès du 5 km à Lille…
Valentin Gondouin et Fabien Palcau percutants sur 10 km, les Françaises en jambes
On ne saurait compter les records tant ils ont été pléthoriques. Valentin Gondouin et Fabien Palcau ont tenté de résister à l’hégémonie africaine. Longtemps dans le groupe de tête, le pensionnaire de l’EA Mondeville Hérouville Valentin Gondoin a « franchi un gros cap ». Un chrono alléchant en 27’23 et une très belle sixième place d’une course remportée par l’Ougandais Kenneth Kiprop (27’09). Avec à la clé, un nouveau record personnel foudroyant, son ancien temps de référence étant de 27’54. « Sur les deux premiers kilomètres, j’ai essayé de temporiser et j’ai réussi à relancer ensuite pour éviter d’avoir le vent de face tout seul. C’était une prise de risque mais ça se termine d’une très belle manière. La dernière ligne droite, on se sent poussés par le public, quel plaisir de courir ici. C’est un rendez-vous incontournable avec de très grosses courses et les conditions sont idéales. »
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Son compatriote Fabien Palcau (12e au scratch), vice-champion de France de cross-country à Challans, s’est illustré sur la même distance en un peu moins de 28 minutes (27’54, ancien : 28’12). Chez les féminines, la victoire est tombée dans l’escarcelle de l’Éthiopienne Asmarech Anley, à quelques secondes de son propre record du monde juniors (30’34 contre 30’23). Côté Tricolores, le triathlète olympique Emma Lombardi (32’30), Philippine de La Bigne (32’31), Alessia Zarbo (32’34), Alice Mitard (32’34) et Célia Tabet (32’40) n’ont pas flanché pour repartir de Lille avec un « RP » dans leur bagage.
Félix Bour huitième sur semi-marathon, podium féminin 100% tricolore
Le public n’aura pas eu à attendre longtemps avant de voir du spectacle. Les plus matinaux d’entre vous ont pu apprécier les foulées de Félix Bour, toujours aussi aériennes. Ou presque. Sur la distance reine (plus de 10 000 coureurs inscrits), le champion de France de cross-country voulait surfer sur son excellente dynamique du moment. Lancé à pleine balle, le sociétaire du Racing Multi Athlon s’est peu à peu remobilisé pour temporiser. « J’ai senti dès le cinquième kilomètre que c’était compliqué. Je me doutais que la forme allait finir par passer. Habitant à Reims, c’était l’occasion de découvrir l’ambiance lilloise et je ne suis pas déçu. Si j’avais été dans un bon jour, ça aurait été la course parfaite, il faudra revenir l’année prochaine ! ».
Avec ses armes, le natif de Bar-le-Duc a couru « au sensation » sur la deuxième partie d’effort. Félix Bour a finalement rallié la ligne d’arrivée en 1h02’27, à distance de son record réalisé le 26 janvier dernier à Séville (1h00’00). Mentionnons aussi les 1h03’32 de Baptiste Jard et les 1h03’42 de Yoann Kowal. La palme est revenue à l’Éthiopien Berehanu Tsegu en 1h00’11.
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La déception animait le visage de Salomé Brun, pourtant lauréate du jour en 1h12’05. Malgré une nouvelle marque de référence (1h15’55 en 2023 ici-même), il y aura des lendemains bien meilleurs. Même si celui-là n’était pas si mal pour la représentante de l’AO Charenton. « Mes temps étaient meilleurs à l’entraînement », regrette-t-elle. Tout le contraire d’Héloïse Laigle, deuxième en 1h13’26. Pour sa première incursion sur cette distance, la Décinoise ne pouvait contenir son émotion à l’issue de la course. « Arrivée au 14-15ème kilomètre, j’ai senti que je retrouvais une aisance de course. C’était magique ». Une autre Tricolore, Mathilde Sénéchal, ferme la marche du podium en 1h13’29. Cette fois, c’était bien fini. Dommage, tant le spectacle était beau. On aurait aimé qu’il ne s’arrête jamais…
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À l’écoute des attentes des coureurs, l’équipe organisatrice a dévoilé deux annonces pour l’édition 2026 : La jauge sera rehaussée à 25 000 participants (18 000 sur les trois formats ce dimanche) et une quatrième épreuve fera son apparition, le marathon. Les années se succèdent et les chronos ne cessent de s’affoler à Lille. L’année prochaine risque encore d’être abracadabrantesque ! On y sera ! Et vous ?
(Re)visionnez le Semi de Lille dans les conditions du direct sur notre page Facebook.
Tous les résultats du semi-marathon de Lille 2025
Texte : Renaud Chevalier
Crédit photo : Adrien Guillard & Mehdi Louhaichi / STADION
