Stadion a reconnu le parcours des Championnats de France de cross-country à Carhaix

10 mars 2023 à 10:00

Les 11 et 12 mars 2023 se tiendront les Championnats de France de cross-country à Carhaix (Finistère), sous les fenêtres du château de Kerampuilh. Pour patienter ensemble jusqu’à là, notre équipe de passionnés est partie en éclaireur découvrir le parcours. Afin de voir ce que le circuit breton a vraiment dans le ventre et se faire notre propre avis, on s’est plongé dedans aux côtés de Philippe Pellois, Président de la Commission Nationale Running, qui a dessiné le parcours. Excellente nouvelle pour tous les passionnés d’athlétisme : le tracé proposé par les organisateurs devrait offrir un magnifique spectacle. Suivez le guide !

Des milliers de personnes massées au mois de mars sur le site de Kerampuilh ? Non, les Vieilles Charrues n’ont pas changé de date. La prairie carhaisienne évoque peut-être pour beaucoup d’entre vous le célèbre festival de musique mais c’est bien au cross-country qu’elle doit toutes ses lettres de noblesse les 11 et 12 mars 2023. Les cadors de la musique laisseront place à ceux des labours. Suite à l’immense succès de Plouay en 2018, il était fort probable que l’élite du cross français n’attende pas une éternité pour revenir sur les terres bretonnes afin de disputer les Championnats de France de cross-country. Après les succès populaires avec plus de 30 000 spectateurs en 1996 et 2000, c’est la troisième fois que les meilleurs français se retrouveront à Carhaix.

« Il est magnifique »

Vous êtes nombreux parmi les abonnés de Stadion à attendre avec impatience les Championnats de France de cross-country à Carhaix. Et vous nous connaissez, on ne pouvait pas rester les bras croisés à la suite des nombreux retours positifs que vous nous aviez faits parvenir lorsque nous étions partis en reconnaissance sur le tracé des Championnats d’Europe des labours à Turin en décembre dernier, aux côtés de l’équipe de France . Alors ce vendredi 24 février, de quoi vous mettre sérieusement en appétit, on s’est empressé d’aller découvrir le circuit de cette grande messe nationale afin de pouvoir tout vous raconter.

Aux premiers abords, le tracé est splendide et offre de quoi s’amuser un peu. « Je ne pense pas qu’il sera très beau, il sera magnifique ! ». La promesse est signée du passionné Philippe Pellois, qui joue le rôle le chef d’orchestre entouré d’une équipe de bénévoles extraordinaires. « C‘est un tracé très physique, même s’il ne pleut pas beaucoup et que le terrain soit à peu près sec, au vu des montées, des descentes, de quelques virages serrés à négocier, ce qui annonce de nombreuses relances », avance-t-il, odomètre à la main pour vérifier les bonnes mesures de la petite boucle.

Le site de Kerampuilh n’a rien à voir avec les hippodromes dont l’absence de difficultés est parfois pointée du doigt pas les crossmen. « On a fait de très beaux parcours de cross ces dernières années. Plouay en 2018 et les Mureaux en 2022 étaient des œuvres d’art. À Carhaix, on est sur ce même calibre, renchérit celui qui veille au respect du cahier des charges. Chaque décimètre du parcours est vérifié par mes soins. Un coureur ne doit pas être surpris, il ne doit pas y avoir de piège ou d’endroit dangereux. La largeur du terrain est de huit mètres pour permettre aux athlètes de courir dans de bonnes conditions. Pour mettre en place un circuit pareil, il faut trois semaines de travail. Il y a 10 km de filets qui doivent être installés ainsi que 2500 poteaux en bois ou en plastique à planter, qui doivent être espacés de trois à cinq mètres ».

Une arrivée devant le château de Kerampuilh

Avouons-le de facto, on n’a pas poussé la conscience professionnelle jusqu’à courir pointes aux pieds mais une longue et assidue reconnaissance à pied a été, bien sûr, de rigueur. Commençons par le commencement : Pour les habitués, disons que la ligne de départ se situe au même endroit que lors des épreuves régionales FFA ou scolaires : une ligne droite interminable de plus de 400 m qui ne présente pas de difficultés majeures mais qui nécessitera toutefois de bien se placer d’emblée. On y relève toutefois plusieurs parties très grasses mais non boueuses. Différent de celui des courses individuelles, le départ du relais mixte (entre le repère H et J) a pour originalité la présence d’une butte après seulement 30 mètres d’effort. Il y a quatre boucles différentes : petite (1000 m), moyenne (1900 m), « 1/2 grande » (2160 m) et grande (2400 m).

C’est dans un cadre princier que sera jugée l’arrivée puisque la dernière ligne droite, longue de 150 m, s’effectuera devant l’esplanade et sous les fenêtres du château de Kerampuilh. « On essaye toujours de mettre en valeur le patrimoine de la ville qui accueille le championnat ». En cas de sprint final, spectacle garanti, le suspense sera haletant jusqu’à la ligne ! Pour nous, il n’y a pas de miracle : il sera difficile de s’imposer si on ne dispose pas d’une bonne vitesse de base. Jimmy Gressier, champion de France 2021 du cross court à Montauban, Morhad Amdouni, le tenant du titre sur le cross long aux Mureaux, et Félix Bour, deuxième en 2021 à Montauban, ont toutes les qualités pour briller sur un tel tracé.

Une boucle en forme de cœur

Lorsque l’on arrive aux abords du tracé, on ne voit qu’elle. C’est même la grande particularité du circuit : les coureurs emprunteront une boucle en forme de cœur (repère N) dessinée aux abords du Glenmor. Ce petit passage mérite vraiment le détour, comme le montre notre image. « Le cœur a une double signification : L’une affective car on sait que la Bretagne adore le cross et en même temps ce cœur sera ce centre où on rassemblera toute la France du cross ».  

« Tracer un cœur permet de se différencier des autres parcours, Carhaix est un lieu mythique du cross-country français », poursuit Alain Le Coq, qui est également aux manettes de cette mise en place du circuit et était déjà présent lors des éditions 1996 et 2000. Ce cœur est une partie du circuit un peu « casse pattes » qui peut commencer à peser sur les organismes. Lors de notre visite, le sol était sec et damé sur la majeure partie de cette portion mais toutefois un peu plus boueux sur des parties hautes.

Trois points stratégiques

Le président de la commission nationale du running à la FFA, qui connaît le parcours dans ses moindres recoins, assure que le tracé va avantager les purs crossmen par rapport aux pistards et avance trois points chauds : « Tout d’abord, il y a le coeur qui n’est pas vraiment facile à négocier car ça monte et ça descend, ensuite il y a l’embranchement de la grande boucle, juste après le château, qui est très technique avec un profil de « montagnes russes » et enfin il y a la partie à 300 m de l’arrivée, où il y aura une petite rivière qui est suivie d’une montée et d’une descente et qui sera vraiment une partie costaud ». Il estime que le parcours va être très exigeant pour les organismes au fur et à mesure des tours et qu’il ne pourra de toute évidence que consacrer des champions aguerris !

Des obstacles, en veux-tu en voilà

Concevoir des parcours spectaculaires est l’un des objectifs de Philippe Pellois afin de redonner un coup de pep’s à la discipline. Ne manquant pas d’imagination, il a parsemé le tracé d’obstacles et de difficultés pour corser l’affaire : rajout d’un plan d’eau (repère Q), des buttes et un revêtement sableux pour traverser une largeur de route. « Les athlètes devraient se régaler ». On ne peut pas anticiper encore les conditions météo mais sauf catastrophe, on peut déjà éliminer les pointes de 18. Il faudra toutefois au moins des pointes de 12 voire des pointes de 15 mm. Toutefois, il est très probable que le terrain soit de plus en plus gras au fur et à mesure que les courses vont se succéder.

Un circuit visible pour les spectateurs

Un très bon point : Le tracé est aussi créé pour que les spectateurs aient la meilleure visibilité possible. Le parcours est en effet assez compact pour permettre au public d’avoir une bonne compréhension des différentes courses. Sur certains points hauts du parcours, à l’image de repère R, on voit la totalité du parcours sans trop bouger. « D’ici, on a un large panorama sur tout le parcours qui est très visuel. »

Un conseil pour les milliers de crossmen qui vont s’engager corps et âme sur ce tracé ? « Il faut bien analyser le parcours en amont, ça permet de voir les endroits où il y a des relances. S’il y a toujours un peloton groupé dans ces fameux 300 derniers mètres, celui qui va passer le mieux cet enchaînement avec la rivière et la butte a de grandes chances de l’emporter. Le cœur tracé sur le parcours pourrait aussi faire office de juge de paix. »

Pour enrichir notre analyse du parcours, on a demandé l’avis de spécialistes bretons, Donovan Christien et Laëtitia Bleunven, alignés tous deux sur le cross court.

« J’étais assez surpris du parcours parce qu’il ne ressemble pas à celui que lequel on a l’habitude de courir à Carhaix. Il y a pas mal de rajouts qui viennent amplifier la difficulté du tracé. Il y a beaucoup de virages, avec certains qui font même plus de 90 degrés et un enchaînement de buttes. Hormis la ligne droite du départ, il n’y a vraiment pas une seule seconde de répit. J’ai pris la température du parcours en réalisant une séance de fartlek et je pense qu’il faudra pas mal de fraîcheur le jour-J parce que ça fait que monter et descendre. »

Donovan Christien

« Le parcours est extraordinaire, tant pour les spectateurs qui auront une visibilité extraordinaire que pour les athlètes. Les vrais crossmen vont se régaler. Philippe Pellois et les bénévoles de l’Athlétisme Loisirs Carhaix Plouguer (club support) ont réussi à réunir tous les éléments du cross-country sur un même parcours : il est à la fois très exigeant, ludique et spécifique. Il y a tout : dénivelés, buttes, faux plats, virages en épingles, rondins, surfaces variées. Il y en a pour tous les goûts. Le terrain est un peu sec actuellement, il ne manque plus que la boue pour avoir un festival. Le cœur sur le tracé reste, je crois, l’un des endroits les plus techniques. C’est moderne et original comme idée. Je suis aussi très fière que la Bretagne présente un tel parcours. Hâte d’y être ! »

Laëtitia Bleunven

Une ambiance de feu est attendue

De la passion, des émotions, un parcours d’exception, le cœur de Carhaix va battre de nouveau au rythme des Championnats de France de cross-country. Cela fera donc vingt-trois ans que la capitale du Poher n’a pas résonné des foulées des meilleurs crossmen et crosswomen de l’Hexagone. Vingt-trois ans que la prairie de Kerampuilh guette l’arrivée de la ferveur, la victoire, la bagarre, la sueur, la fête, la bonne humeur, le public connaisseur et passionné… Ne nous y trompons pas : Des Championnats de France de cross-country disputés en Bretagne ne sont jamais pareils aux autres. L’ambiance y est exceptionnelle sur cette terre mythique de cross. D’ailleurs, ce n’est pour rien que le championnat de Bretagne s’appelle le championnat du monde de Bretagne de cross !

« J’espère qu’il fera très beau le jour des Championnats et qu’on aura des dizaines de milliers de spectateurs avec une ambiance comme les Bretons savent très bien la faire, confie Philippe Pellois qui tient à souligner le travail des bénévoles et leur grand dévouement, prêts à se plier en 4 pour satisfaire les athlètes et les spectateurs. « Nous avons vraiment ici une organisation 6 étoiles. Je tiens à remercier les bénévoles qui sont formidables, ça bosse très sérieusement dans la joie et la bonne humeur. C’est une bande de fous furieux ! », sourit Philippe Pellois.

Si cette reconnaissance du tracé des Championnats de France de cross-country était une belle aventure, que dire de ce que vivront les participants dans dix jours. On espère que quand vous allez découvrir le parcours, vous aurez une meilleure idée de comment cela se passe en coulisses ! Désormais, à vous de briller et rendez-vous maintenant sur la ligne de départ, dès le samedi 11 mars avec le relais mixte à 17h30. On vous laisse, cette visite nous a donné envie d’aller courir !

Crédits photos : Baptiste Kerrien / STADION & FFA

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