Chronométrés respectivement en 28’42 et en 33’44, records de l’épreuve battus, les Français Azeddine Habz et Mélody Julien ont brillamment inscrit leur nom au palmarès de la 17e édition des 10 km des Quais de Bordeaux qui a rassemblé près de 3600 coureurs ce dimanche.

Il ne fallait pas être grand devin ou spécialiste émérite en course à pied pour se rendre compte dès le début de la course que la victoire n’allait pas échapper à Azeddine Habz. Malgré la présence de coureurs de bon niveau national qui ont assuré le spectacle sur les rives de la ville, ils ont vite mesuré la différence de niveau qui les séparait d’un athlète sélectionné aux Jeux olympiques cet été. Jusqu’au troisième kilomètre, seuls les courageux Maxime Bargetto et Maël Sicot étaient parvenus à garder le contact avec le demi-fondeur licencié au Val d’Europe Athlétisme. Une petite accélération de ce dernier et le voilà seul en tête filant vers une victoire promise, prenant sans cesse du champ sur un peloton véritablement mis KO. Comme on pouvait s’y attendre, l’athlète coaché par Philippe Dupont à l’INSEP, les adidas Adios Pro coloris « Sunrise Bliss » aux pieds, a su répondre aux attentes en s’imposant avec la manière par cette matinée fraîche (8 degrés) et nuageuse. Heureusement, la pluie a eu la bonne idée de s’abstenir.

Son record personnel sur 10 km (28’32) établi dans les rues fraîches de Houilles en décembre 2019 n’est pas tombé, mais la performance reste belle. Auteur d’un temps de 28’42, record de l’épreuve réduit en miettes (29’21 par Benjamin Choquert en 2019), il nous confiait à l’arrivée : « Ce 10 km est une première étape dans ma préparation hivernale, qui m’a permis de valider mon état de forme actuel. J’ai pris les devants dès le début et après j’ai essayé de garder la même allure tout du long, avec des très bonnes conditions, un parcours roulant et un climat un peu frais. Il y avait beaucoup de spectateurs ce qui était très appréciable ! Je remercie les organisateurs avec Éric Dubus, Kévin Sourigues et Caroline Pujol, tous les bénévoles, les spectateurs ainsi que mon coach Philippe Dupont ».

Désormais, focus sur Montauban dimanche prochain pour y disputer les Championnats de France de cross-country où la concurrence sera féroce. Avec une 14e place en 2019 à Vittel, il avait déjà montré son potentiel dans les labours. Avec des résultats en progression chaque saison, le meilleur est encore à venir pour Azeddine Habz.

Records personnels pour Pilleux et Sicot

Quarante six secondes plus tard, en 29’28, après une fin de course remarquable Adrien Pilleux franchissait la ligne en pulvérisant son record (ancien : 30’11). La troisième place revient à Maël Sicot (29’30), de plus en plus souvent cité dans nos colonnes. Descendu sous la barre symbolique des 30 minutes sur 10 km pour la première fois à Barcelone en fin d’année dernière avec un temps de 29’33, le représentant du CIMA Pays d’Auray a récidivé en abaissant sa marque de trois secondes. « Quinze jours après le marathon Vert de Rennes (2h20’50), je suis vraiment content, j’ai pris des risques. On avait vent de dos sur les trois premiers kilomètres, jusqu’au pont Jacques-Chaban-Delmas. On passe en 5’41 au 2e km. J‘ai ensuite temporisé avec le vent de face de l’autre côté du quai mais j’ai tenté de maintenir le rythme. Dans le dernier kilomètre, c’est revenu par l’arrière mais je me suis « arraché la gueule » au sprint avec Adrien Pilleux. Ma prochaine course sera le semi-marathon de Boulogne-Billancourt le 21 novembre et ensuite je vais repartir sur un cycle d’entraînement pour la saison de cross 2022 avec comme échéances les Bretagne ainsi que les France aux Mureaux ».

Mélody Julien intouchable

Sans doute faudra-t-il désormais s’habituer pendant de nombreuses années à ce scénario lors des courses hors stade se déroulant dans tout l’Hexagone : Mélody Julien cueillant les lauriers de la victoire quasiment chaque week-end. La protégée de Max Lesauvage, qui portait les Nike ZoomX Vaporfly Next% 2 coloris « Rawdacious », a ajouté le 10 km des Quais de Bordeaux à sa collection déjà très bien garnie à 22 ans. Venue dans l’optique de préparer le rendez-vous national de cross où elle aimerait décrocher l’or chez les espoirs, la Montredonnaise, recordwoman de France du 10 000 m (33’07″25) et du semi-marathon (1h12’51) et du marathon (2h40’25) dans la catégorie, a raflé la mise en 33’44 devant Valentine Chapelotte (34’27) et Julia Paduch (34’50), malgré une petite baisse de régime dans les derniers kilomètres. Le temps de référence sur ce tracé est expédié aux oubliettes (Garance Blaut en 34’29). La course s’annonçait disputée chez les féminines. Finalement, elle ne l’a pas été tant que ça suite au forfait de Fadouwa Ledhem en raison d’une gêne à l’ischio-jambier.

Une star du foot dans le peloton

À la lecture des résultats, un nom inattendu a particulièrement retenu notre attention, et il s’agit de Rio Mavuba. Trois ans après avoir pris sa retraite, l’ancien joueur de l’équipe de France de 37 ans (13 sélections) continue de courir. Pas après un ballon, mais plutôt derrière des chronos. Parti avec l’objectif de faire moins de 40 minutes, il a bouclé les 10 bornes dans le temps de 39’18. Sur le plus long terme, l’ancien milieu des Girondins a annoncé vouloir s’aligner sur un semi-marathon et un marathon assez rapidement, au printemps 2022.

Le rendez-vous bordelais peut être fier de la participation pour sa 17e édition. Près de 3600 coureurs s’y sont pressés cette année. Chaque année, l’événement propose d’arpenter dans la bonne humeur les beaux sites de la « La Belle Endormie ». En effet, les coureurs ont pu se régaler tout le long des quais de la Garonne, franchissant le Pont Jacques-Chaban-Delmas puis le Pont de pierre. Mais il n’en reste pas moins un défi sportif pour certains coureurs en quête de chrono. L’événement populaire girondin ne cesse de prendre de l’ampleur d’année en année avec 9 coureurs en moins de 30 minutes. « Nous sommes satisfaits de la densité. Les participants ont pu courir dans des conditions idéales. Nous avons pu apercevoir de nombreux sourires à l’arrivée et c’est probablement ça le plus important. Cette édition offre de belles perspectives pour la prochaine en 2022 », se réjouit Kévin Sourigues.

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Crédits photos : Corentin Baudry / STADION