Sur les sublimes 20 km de Marseille-Cassis, Nicolas Navarro (1h03’24) et Marie Bouchard (1h12’58) ont pris la troisième place et décroché le titre honorifique de premier Français, en prenant des risques dans la descente vers Cassis. L’Ougandais Samuel Kibet s’est imposé en maîtrisant la course du début jusqu’à la fin et pliant la distance en 1h00’36. Près de 20 000 coureurs, habitués et amateurs, ont pu profiter du magnifique itinéraire à travers le Parc National des Calanques dans des conditions météo agréables malgré le vent de face. Récit de notre reporter embarqué sur une moto, qui vous fait revivre cette matinée exceptionnelle.
Il n’a manqué qu’un grand soleil pour rendre encore plus éclatante cette édition 2023 de Marseille-Cassis, mais on ne va toutefois pas faire les difficiles. Alors que toute la semaine de grosses averses étaient annoncées et que les prévisions étaient pessimistes, quelques rayons de soleil, qu’on n’espérait plus transpercent les gros nuages noirs, se sont invités pour la matinée sur les applications des téléphones portables. Le vent a soufflé certes, pas aussi fort que prévu non plus. Les 20 000 concurrents engagés ont eu droit à des conditions presque idéales. Il y a des jours comme ça, où vous remerciez les cieux.
C’est l’histoire d’un privilège : celui de se retrouver pendant une petite heure en tête des 20 km Marseille-Cassis, aux premières loges de ce grand spectacle. Pour la troisième année d’affilée, nous avons enfourché la « moto presse » afin de suivre les principaux acteurs. Le forfait d’Hassan Chahdi, souverain en 2022, annoncé vendredi soir par l’organisation, en raison d’un gène au genou, rebattait totalement les cartes pour la victoire.
🏃 Le départ du Marseille – Cassis vient d'être donné.
C'est parti pour 20 km de course 🏁🏅 20 000 coureurs sont attendus dans les rues de la cité phocéenne en direction de Cassis 🇫🇷
➡ Pour suivre la course : https://t.co/3oUWqBpNlJ pic.twitter.com/2hecikRiQc
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Sur un parcours, tracé entre collines et mer, sur lequel on n’a pas eu le temps de s’ennuyer une seule seconde, le cadre est idyllique et convivial. Il faut dire que c’est allé vite devant, ce dimanche matin, entre Marseille et Cassis, malgré la fraîcheur de la météo. Le public s’est massé en nombre sur le bord du parcours, notamment à l’approche de l’arrivée, pour donner de la voix et encourager les participants. Une fois n’est pas coutume, en raison d’une première partie de tracé difficile, personne n’a osé lancer les hostilités dès les premiers hectomètres. Avec plusieurs faux plats au menu, la dizaine d’athlètes qui compose le groupe de tête n’avait aucun intérêt à partir pied au plancher.
Samuel Kibet, sacré grimpeur !
C’est finalement l’Ougandais Samuel Kibet qui a lancé la première offensive. « Le parcours est magnifique ! Au troisième kilomètre, c’était encore du faux plat montant, je me sentais bien, j’ai donc accéléré la cadence mais personne n’a décidé de me suivre. C’était plus pentu au 5e km, au Col de la Gineste et là je me suis dit que c’était le bon moment pour prendre la fuite », confie-t-il. Champion du monde 2022 de course en montagne en montée et descente, il n’est pas étonnant de voir le fondeur de 23 ans prendre la poudre d’escampette dès le col de la Gineste. Le tracé convenait parfaitement à ses qualités. Parti sur des bases proche de l’heure de course, le premier 10 km est bouclé en 32’18, après un passage au cinquième kilomètre en 15’14. Dès lors, commençait un long raid solitaire de 15 km jusqu’à l’arrivée.
🇺🇬 Samuel Kibet remporte la 44e édition de Marseille-Cassis 🥇
🥇 L'ougandais s'impose en 1 heure et 35 secondes. Le kényan Joseph Koech termine deuxième 🇰🇪 pic.twitter.com/gb6781hUrD
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Grandes. Elégantes. Aériennes. Légères. Les foulées de Samuel Kibet dans le « toboggan » vers Cassis sont un modèle du genre. Sûr de sa force, celui qui n’avait jamais couru plus de 12 km sur route en compétition officielle, s’est calé sur son allure pour ne jamais faiblir jusqu’à la ligne d’arrivée. L’affaire était faite en 1h00’36. L’Ougandais ne pouvait cacher sa satisfaction sur la ligne d’arrivée malgré une légère déception sur le chrono. « Je voulais faire moins d’1 heure mais je suis satisfait car il y avait beaucoup de vent. J’essayerai de revenir l’année prochaine à Marseille-Cassis pour faire 58 minutes », promet-il.
🇫🇷 Nicolas Navarro prend une très belle troisième place dans ce Marseille – Cassis 🏃
🔜 Rappel: le français a déjà réalisé les minimas olympiques pour disputer le marathon des Jeux Olympiques de Paris 2024 🏅 pic.twitter.com/TrnTdCCr2M
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Nicolas Navarro, premier à l’applaudimètre
Alors que la deuxième place revient au Kényan de l’AC Miramas Joseph Koech (1h02’46), un habitué du circuit français, que l’on voit régulièrement dans les événements running, Nicolas Navarro a terminé troisième. Le local de la SCO Ste Marguerite n’a pas gagné mais, pour les spectateurs, il était le meilleur ! Au sonomètre, c’est à lui que revient la palme des encouragements et il a définitivement conquis le cœur de son public. Longtemps à la lutte avec le Marocain Youssef Ben Hadi (4e en 1h04’09) pour la médaille de bronze, le protégé de Jérémy Cabadet, se connaissant bon descendeur, a imprimé un rythme soutenu à partir du 10e km pour fausser compagnie et a creusé l’écart avec son rival. Poussé par la foule et à la faveur d’une belle relance dans le final, sur les hauts de Cassis, le douzième des JO de Tokyo sur marathon est allé chercher une deuxième troisième place après 2021.
« J’étais revenu pour réitérer ma performance de 2021, c’est un podium qui me comble ! », se réjouit Nicolas Navarro. Heureusement, nous n’avons pas eu de pluie. C’était ma septième participation (première en 2013, il y a 10 ans) et je n’ai jamais connu la pluie sur Marseille-Cassis donc je croise les doigts pour que ça continue. Il y avait beaucoup de vent de face mais c’est pareil pour tout le monde. J’ai fait une bonne semaine de 170 km à l’entraînement mais les jambes ont plutôt bien répondu ». Une prestation qui va lui apporter toute la confiance dont il aura besoin pour les prochaines échéances, à commencer par le Marathon de Valence le 3 décembre où il avait claqué 2h07’07 en 2022. « C’est toujours rassurant de finir sur un podium d’une grande classique comme ça ». Les résultats des autres Tricolores ? Abderrazak Charik (5e en 1h04’29), Florian Carvalho (6e en 1h04’33), Benjamin Choquert (7e en 1h05’20), Adrien Toucas (9e en 1h06’52) et Fouad Latreche (10e en 1h06’52) se hissent dans le top 10.
Marie Bouchard, une première réussie
Sur la troisième marche du podium des féminines, Marie Bouchard (1h12’58), pour sa première participation à la classique provençale, affichait également une belle joie dans l’aire d’arrivée, au terme d’une belle bataille face à Léonie Périault (4e en 1h14’01) ), médaillée de bronze du relais mixte de triathlon des JO de Tokyo. Marie Bouchard, coachée par Laurent Le Bras a fait preuve de sagesse en attendant son heure et en faisant la différence dans la dernière partie de la descente. « Ça a été une belle course jusqu’au bout, rien n’était joué. Léonie m’a doublée au début de la descente et puis je l’ai redoublée à trois ou quatre kilomètres de l’arrivée. J’avais dans mon champ de vision la deuxième qui n’était pas très loin. Les paysages sont magnifiques, j’ai essayé d’en profiter dans la montée, un peu moins dans la descente. Heureusement que je ne connaissais pas le parcours parce qu’il y a encore quelques difficultés en arrivant dans Cassis et je n’aurais pas attaqué autant si j’avais su qu’il y avait encore une côte pas loin de l’arrivée ».
Changement de surface désormais pour Marie Bouchard, interne de médecine à Brest de 29 ans, que l’on retrouvera sur le cross de sélection pour les Championnats d’Europe de cross-country le 19 novembre à Allonnes, dans la banlieue du Mans. La Française de 29 ans disputera son prochain marathon à Séville le 18 février 2024. Succès pour l’Éthiopienne Wede Kefale en 1h11’26 devant l’Algérienne Nawal Yahi (1h12’41), visage bien connu des courses hexagonales.
🇪🇹 Wede Kefale s’impose chez les femmes en 1’11 »26 🏆
⏱ Elle a dominé toute la course en passant en tête à tous les intermédiaires 👏 pic.twitter.com/kiBYYV9TCZ
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Du premier au dernier, la même émotion
Avant d’accueillir l’Olympico, match de football entre l’OM et le OL à l’Orange Vélodrome ce soir, plus de 20 000 personnes (56 nations représentées, 19 232 finishers) ont pris possession du Boulevard Michelet ce matin, devant le parvis de l’enceinte marseillaise à l’occasion de la 44e édition du 20 km de Marseille-Cassis. À 9h, une marée humaine s’est élancée dans la joie et la bonne humeur. Des champions, des anonymes, des licenciés, des non licenciés, de tous âges, venus parfois en famille, entre amis, en groupe, tous passionnés de course à pied et du dépassement de soi.
Le chronomètre en haut de l’arche tourne depuis déjà plus de deux heures, les arrivées se succèdent. C’est le moment où cette course mythique prend une saveur toute particulière. Les incroyables performances des fondeurs tricolores n’en ont pas pour autant fait oublier les efforts des milliers d’anonymes qui ont aussi réalisé un exploit en franchissant la ligne d’arrivée. Pour beaucoup d’entre eux, apercevoir les hauteurs de Cassis et réussir à boucler les 20 kilomètres représente un défi tout aussi exceptionnel que celui de réaliser en un peu plus de 60 minutes pour un coureur expérimenté comme Samuel Kibet ou Nicolas Navarro.
La ligne d’arrivée de Marseille-Cassis est un tourbillon d’émotions. On a aperçu cette petite fille trop fière de son papa. Un autre papa trop fier de sa grande fille. Ce père et son fils qui ne se sont pas quittés pendant 20 bornes pour s’offrir une arrivée, main dans la main. Celui qui passe la ligne les yeux rougis sans rien dire. Celle qui pousse au contraire un énorme cri comme pour évacuer tous les efforts consentis pour en arriver au beau milieu des vignes de Cassis. Plusieurs centaines de déguisements ont fleuri sur le parcours. Un coureur habillé en « Forrest Gump » avec les Nike Cortez aux pieds a particulièrement attiré notre attention, ce qui ne l’a pas empêché de négocier l’épreuve en un peu plus de 2 heures d’effort.
Marseille-Cassis reste et restera, le rendez-vous running à ne pas manquer !
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Crédits photos : STADION