Une montée « casse-pattes » longue de 160 m, de la glaise ou encore des machines sur le parcours… Vous avez pu voir et entendre beaucoup de choses sur le parcours des prochains Championnats de France de cross-country 2024 qui se tiendront sur le site de Cap’Découverte (Le Garric, dans le Tarn) ces 9 et 10 mars. C’est un tracé qui s’annonce difficile surtout au regard de la météo capricieuse annoncée en amont du rendez-vous national des labours. Pour satisfaire votre curiosité et vous aider à vous préparer au mieux, Stadion est parti à la chasse aux informations auprès de Philippe Bellessort, responsable du parcours des Championnats de France. Et spoiler : préparez les pointes de 18 mm, au risque de rester coincer dans la côte.
C’est un lieu chargé d’histoire qui accueillera 4500 coureurs en quête d’aventure et de boue ce week-end. Ancienne mine à ciel ouvert, le Cap’Découverte a été totalement aménagé pour la pratique du sport, comme en atteste l’organisation du contre-la-montre du Tour de France en 2003 dans cet espace de 600 hectares. La Route d’Occitanie est également passée sur ce terrain à deux reprises en 2018 et 2020. Cette fois-ci, pas de roues au programme, seulement des pointes sous les chaussures et de la boue jusqu’aux genoux à l’occasion de l’ultime échéance nationale de l’hiver.
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« C’est le cross des titans »
Pour vous renseigner au mieux sur ce parcours qui s’annonce d’ores et déjà historique, nous nous sommes adressés au plus fin connaisseur du circuit. Philippe Bellessort, responsable du parcours de ces Championnats de France de cross-country 2024, a répondu à nos questions afin de satisfaire votre (et notre) curiosité pour vous permettre de vous préparer au mieux. En plus du titre de champion de France à aller chercher ce week-end, il y a le titre de « titan » à remporter. « Les titans se sont les machines présentes autour du parcours qui servaient à une ancienne mine ouverte. Symboliquement, on peut dire que celui qui va gagner ce cross sera un titan, ça vous donne la difficulté du parcours ». On peut penser que toute personne qui réussit à dompter ce parcours pourrait se glorifier d’être « un titan », ferez-vous partis de ce clan de géants ?
De la glaise, de la boue et des côtes
La boue sera bien évidemment au rendez-vous ce week-end, particulièrement si la météo reste comme annoncée : de la pluie les jours précédents et l’organisateur attend même des orages dans la journée de vendredi. Cela pourrait totalement transformer le parcours à la veille de l’événement national, pour le plus grand bonheur des amoureux des vrais cross. Pour notre interlocuteur, le parcours présente trois types de terrains différents, un terrain stabilisé, des parties en glaise et des montées (puis des descentes inévitablement). On remarque pas mal de virages, d’aller-retour qui seront à négocier pour les participants. C’est une difficulté qui peut être tournée à l’avantage si elle est bien anticipée, et ces virages sont également l’occasion de relances incroyables.
Pour Philippe Bellessort, il y a un endroit à ne pas manquer pendant la course, où on peut faire la différence avec ses adversaires. « C’est le milieu de la moyenne boucle, Il y a une descente assez abrupte sur 10 m puis on continue et au bout de 300 m, on repart sur la fameuse montée de 160 m. C’est ici qu’il faut faire la différence ou, pour sûr, sur le milieu de la moyenne boucle ». Pour braver ce terrain aussi capricieux que la météo, le responsable du parcours préconise des pointes de 18 mm sous vos chaussures. Peut-être une taille légèrement grande mais il assure que les côtes, notamment la montée « casse-pattes », seront difficiles à passer sans ces 18 mm surtout s’il a plu. Pour sûr, les pointes de 15 mm sont à prévoir mais attention au terrain stabilisé qui peut être difficile avec des pointes trop importantes. La glaise qui donnera un aspect de colle sera à prendre en compte dans le choix des pointes car, si vous ne vous enfoncerez pas dans la boue comme l’année dernière à Carhaix, il pourrait être tout aussi difficile de lever les jambes sur ce terrain.
Deux imposants virages dans la boucle de départ
On ne vous apprend rien, un des moments majeurs d’un cross est le départ et les organisateurs ne vous ont pas simplifié la tâche pour dimanche. C’est en effet deux énormes virages qui devront être domptés, en plus du jeu de placement à gérer. La première ligne droite sera cruciale pour préparer ces deux premières difficultés, puis la ligne droite à la sortie de ce virage sera l’occasion de placer une première relance avant d’entamer la première boucle. Cette boucle de départ de 650 m permettra déjà de faire un premier point sur les potentielles issues de la course. Les petite, moyenne et grande boucles sont elles aussi composées de plusieurs virages, de relances à exploiter et de petites montées et de descentes qui ajoutent encore de la difficulté au circuit. Les bénévoles ont facilité la reconnaissance du parcours en mettant une couleur spécifique pour chaque boucle, du jaune pour la petite, du rouge pour la moyenne et du bleu pour la grande.
Le responsable du parcours a une petite préférence sur le parcours : « Du début de la boucle rouge, jusqu’à la jonction avec la moyenne boucle, c’est ma partie préférée. J’aime beaucoup aussi ces grosses machines qui sont au bord du parcours ». Ces machines sont la touche historique de ce parcours, apportant une autre dimension à cette compétition et surtout un cadre unique en France de cross. Ces machines étaient utilisées dans l’ancienne mine à ciel ouvert située sur cet espace. « Il y a des ESC, des camions géants avec des roues qui font trois mètres de haut mais également des grues avec des godets où on peut mettre jusqu’à quarante personnes dedans. Il y a aussi des bulldozers, une sauterelle (une machine avec un tapis permettant de déverser des éléments d’un camion à un autre). Et toutes ces machines vont rester en place ». Le musée de la mine est situé juste à côté du parcours pouvant permettre une petite visite pour les férus d’histoire.
La montée « casse-pattes »
Tout parcours de cross possède sa spécificité, un élément redouté de tous et qui permettra de faire la différence au moment crucial. Au Cap’Découverte, c’est assurément la très redoutée montée « casse-pattes » que le responsable du parcours nous a décrite. « Elle fait 160 m avec 15% de dénivelé, le tout en glaise. Si elle a le temps de sécher, ce sera praticable en revanche, si on a des averses tous les jours et surtout la veille, ça va être très collant. »
« Il va falloir avoir des grosses cuisses »
La glaise qui colle, les montées à répétition, les faux plats, les virages puis les relances… Tous les ingrédients sont réunis pour concocter un cross d’une belle difficulté et surtout, qui va faire chauffer les pattes des coureurs. C’est un parcours pour les vrais crossman et crosswoman, qui nécessite d’être passé par toutes les étapes de cross cet hiver. « Il va falloir avoir des “grosses cuisses” pour un peu caricaturer parce qu’il faut assumer les relances en permanence, ça monte et ça descend constamment. Il faut être un vrai titan pour ce cross. »
Contrairement aux précédentes éditions des Championnats de France de cross-country comme à Carhaix en 2023 ou à Montauban en 2021 qui présentaient des parcours relativement plats ou peu vallonnés, le parcours est ici beaucoup plus en relief, avec des relances constamment et ne laissant aucun répit aux coureurs qui sont tout le temps amenés à relancer. Pour Philippe Bellessort, « c’était gras mais pas très vallonné. Alors qu’ici, on va avoir du très gras mais en plus, collant et non de la boue qui s’enfonce comme à Carhaix. C’est vraiment de la colle. Il faut avoir fait une bonne saison de cross pour faire la différence et s’en sortir. »
Offrir une belle expérience aux spectateurs
Le parcours a été pensé pour permettre aux spectateurs de profiter au maximum du spectacle que vont proposer les coureurs ce week-end. Des portes ont été installées partout sur le parcours, sauf à certains endroits qui sont interdits pour des raisons de sécurité (côtes dangereuses, ronces, etc). Le public aura donc tout le plaisir de suivre le dénouement de chaque course et ne manquer aucune miette du show.
Un parcours qui restera gravé
Le parcours est beau, tant pour son cadre que pour le circuit proposé, mais ce n’est peut-être pas le plus beau parcours des Championnats de France de cross-country selon Philippe Bellessort. En revanche, il restera pour sûr gravé dans les mémoires, peut-être plus que les précédents. « La seule inquiétude reste la météo qui pourrait changer totalement le parcours. Ce sera un Championnat de France comme rarement organisé et les athlètes s’en souviendront peut-être comme l’un des plus costauds jamais fait. »
« Créer de beaux souvenirs »
Au-delà de l’aspect sportif, l’organisation souhaite être créatrice d’émotions, de souvenirs et de sourires. L’expérience doit être exceptionnelle tant pour les athlètes que pour le public et aussi pour les bénévoles passionnés et impliqués. « Les bénévoles ont fait un super boulot depuis plusieurs semaines pour certains, et depuis plusieurs jours pour l’ensemble sur les derniers jours de préparation. Grâce à eux, l’expérience sera incroyable. Un Championnat de France réussi serait que tout le monde reparte avec de beaux souvenirs, qu’ils repartent avec des sourires de la compétition et qu’ils s’en souviennent longtemps. »
Á cette reconnaissance, nous pouvons être sûr que cet événement restera gravé dans les mémoires du cross français. Reste à savoir qui parviendra à s’inscrire dans l’histoire de ces Championnats de France de cross-country 2024 ? Réponse dès ce samedi 9 mars avec le départ des relais mixte donné à 17h10, puis dimanche dès 9h pour les courses individuelles. Le spectacle sera total.
Retrouvez toutes les informations sur les Championnats de France de cross-country 2024 (direct vidéo, parcours, programme…), en cliquant ici.
Texte : Sarah Ali
Crédits photos : Philippe Bellessort