Meeting de l’Eure : Just Kwaou-Mathey et Agathe Guillemot prêts à enflammer Val-de-Reuil

30 janvier 2025 à 19:59

Antre historique des fans de l’athlétisme, le stade couvert Jesse Owens de Val-de-Reuil accueillera pour la neuvième fois de son histoire le Meeting de l’Eure Crédit Mutuel pour un dimanche qui sent bon la poudre. Histoire de se réchauffer aux côtés de quelques-uns des meilleurs athlètes tricolores et de la planète. Coup de projecteur sur cette compétition rolivaloise avec Florian Desjardins.

Après un Meeting de Nantes réussi de A à Z, le circuit Premium français pose ses valises à Val-de-Reuil pour le Meeting de l’Eure Crédit Mutuel ce dimanche 2 février. Lors de cette neuvième édition d’un événement classé parmi les 10 meilleurs meetings en salle mondiaux, rien que ça, l’arène Jesse Owens, où la piste a été réaménagée en juillet dernier, sera sans aucun doute le théâtre d’exploits retentissants. Depuis plusieurs années, l’incontournable du calendrier indoor français attire des champions olympiques, mondiaux et européens, offrant un spectacle de haute volée aux aficionados normands.

 

 

« On a plus de 25 olympiens, plusieurs médaillés, se réjouit Florian Desjardins, nouveau directeur du Meeting mais toujours accompagné par son prédécesseur Dominique Lesoeur. Le plateau est plus important que les années précédentes. On arrive à avoir un beau plateau sans forcément chercher à négocier avec les athlètes à droite et à gauche, mais plutôt grâce à l’histoire et à la réputation du Meeting. Après, cela reste à confirmer sur le terrain, mais on est satisfait, il y a des défis dans toutes les épreuves. J’attends beaucoup de records nationaux ! ». Présentation et florilèges des meilleures chances de performances XXL à venir.

 

Just Kwaou-Mathey veut enfin triompher à la maison

Prophète dans sa région, Just Kwaou-Mathey (7″43 en 2024) revient dans l’arène pour récupérer son bien, alors qu’il reste sur deux deuxièmes places dont la dernière, au dénouement cruel l’an passé, doit encore lui trotter dans la tête lorsque l’Espagnol Asier Martinez, champion d’Europe 2022 à Munich, venait à s’imposer d’un rien (7″49 contre 7″51). Le médaillé de bronze des Mondiaux en salle de Glasgow l’an dernier est revenu aux affaires le week-end dernier à Nantes avec une quatrième en 6″72 (record égalé en séries puis en finale). « Le Meeting de l’Eure ne se ferait pas sans Just, dévoile le chef d’orchestre de l’événement. C’est quand même l’enfant star ici et on espère qu’il fera une grosse perf’. Ce serait bien qu’il gagne, mais il aura fort à faire contre les meilleurs français, mais aussi avec le Polonais Jakub Szymanski qui vient de claquer 7″41 au Luxembourg le 19 janvier. »

La concurrence sera donc de taille pour le sociétaire à l’Évreux AC, qui avait été victime d’une rupture du tendon d’Achille lors d’un stage de préparation en avril 2024, ce qui avait engendré son forfait pour les JO de Paris. Encore et toujours bien accompagné dans ce Meeting de l’Eure Crédit Mutuel qui n’hésite pas à mettre à l’honneur les hurdlers, des pointures telles que Pascal Martinot-Lagarde (7″45 en 2014), l’homme aux huit médailles européennes et mondiales sur 60 m haies qui s’apprête à vivre vraisemblablement sa dernière saison indoor, avant de raccrocher les pointes.

 

 

Relevons aussi la présence d’Aurel Manga (7″53), lauréat à Nantes en 7″60, Romain Lecoeur (7″66) mais aussi Erwann Cinna (7″63) qui tenteront de semer la zizanie dans une salle Jesse Owens chauffée à blanc notamment par la course à obstacle féminine. Une favorite se dégage sans hésitation : Laëtitia Bapté, triple championne de France en salle de la spécialité (2021, 2022 et 2023), dont le meilleur chrono a été enregistré en 7″90. Nul doute que Judy Chalcou (7″98), Laura Valette (8″06) ou Aelys Gente (8″08) se faufileront parmi les plus coriaces à l’arrivée. « On clôture à chaque fois le Meeting avec les deux épreuves de haies, donc ça apporte une visibilité supplémentaire à la discipline. On ouvre en quelque sorte la saison européenne et on espère avoir de belles perfs mondiales. » Les fans n’en attendent pas moins.

 

Le Mile après le 800 m pour Agathe Guillemot

Depuis sa finale du 1500 m des Jeux olympiques de Paris (9e), Agathe Guillemot continue de marcher sur l’eau. Alignée sur 800 m à Rennes (2’02″09), le 5 janvier, minima pour les Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn (Pays-Bas, du 6 au 9 mars 2025) à la clé, la native de Pont l’Abbé a pris la deuxième place à Nantes en 2’01″68. Celle qui avait signé un splendide 15’31 sur le 5 km de la Cursa Dels Nassos de Barcelone en début d’année, devenant la quatrième performeuse française de l’histoire sur cette distance, tentera d’améliorer son record de France du Mile en salle (4’29″02) ce dimanche. À presque une année près (son record date du 30 janvier 2024 à Ostrava en Tchéquie), devrait-on être les seuls à voir un signe du destin ? Adèle Gay, seule tricolore à ses côtés, devra sûrement suivre un rythme effréné posé par l’Éthiopienne Birke Haylom (2’06 au 800 m) qui espère battre le record du monde juniors en salle (4’24″10 par Kalkidan Gezahegne depuis 2010).

 

 

Corentin Le Clézio au révélateur Attaoui

Temps fort d’une édition électrique, le 800 m fera lever la foule euroise, que ce soit chez les hommes ou chez les dames. Dans la liste des engagés masculins, l’olympien éliminé aux repêchages des JO de Paris Corentin Le Clézio (1’44″25 en plein air) démarre 2025 en douceur mais devra se frotter à l’inépuisable Mohamed Attaoui, cinquième de la finale au Stade de France et dont le record d’Espagne qui plus est a été homologué en 1’42”04 à Monaco en juillet dernier. Un jeune espoir de 20 ans, Louey Ouerrat (1’45″93 en plein air), espère se mêler à la bataille qui s’annonce bouillante sur des bases élevées que devra amorcer le Polonais Patryk Sieradzki, habituel lièvre de la réunion.

 

 

Chez les féminines, deux copines bretonnes s’attendent à se tirer la bourre pour la victoire finale des deux tours de piste parrainés par Stadion. J’ai nommé Léna Kandissounon (1’59″65 en plein air), quatrième des Europe de Rome et éliminée prématurément des Jeux olympiques, ainsi que Clara Liberman, victorieuse du 800 m nantais dimanche dernier avec en prime les minima réalisés en 2’01″46 pour Apeldoorn. Afin d’envoyer les demi-fondeuses du Haute Bretagne Athlétisme vers les sommets, Julia Chérot, autre Bretonne, fera le lièvre (temps d’arrivée estimé : 1’58) d’une course où les fusées kényanes Vivian Chebet Kiprotich (1’58″26) et Sarah Moraa (championne d’Afrique, 1’59″39) seront de redoutables concurrentes, alors que toutes les filles inscrites sont passées sous les 2’01. La Suissesse Audrey Werro (1’57″76 en 2024) détient le meilleur chrono de toutes les engagées. Attention, ça va courir vite, très vite !

 

Bastien Augusto VS George Mills sur 3000 m ?

On a beau être vice-champion d’Europe du 5000 m, rien ne fait de vous un favori sur une distance un peu plus courte. C’est ce que doit se dire George Mills, qui s’était embrouillé avec Hugo Hay à l’arrivée de la première série du 5000 m aux JO. À Val-de-Reuil, le Britannique sera chassé lors du 3000 m tant attendu car peu commun. « On va essayer de tirer George Mills au mieux pour qu’il puisse réaliser la meilleure performance possible, assume Florian Desjardins. Il va y avoir de la concurrence, on a quand même des gars qui ont déjà couru en moins de 7’40 cet hiver ». Comme poursuivant, Bastien Augusto (07’42″10 à Metz en 2023) pourrait être le plus accrocheur. Revanchard en 2025 après avoir manqué l’événement de l’année à Paris, le fondeur du Bourges Entente Athlétisme s’est amusé en cross depuis et semble prêt à repartir de plus belle sur piste. Dans cette course aux étoiles, les Normands auront une chance  d’améliorer leur chrono de référence : Marc Lauret (07’50″76), Aurélien Radja (07’53″93) et Ishak Dahmani (08’11″31). 

 

Marie-Julie Bonnin toujours plus haut

4,51 m au Dévoluy, 4,66 m dans une ambiance Koh-Lanta à Bordeaux… Marie-Julie Bonnin (23 ans) attaque l’année de la meilleure des manières, en quête d’un record de France (4,75 m) qui ne tardera pas à lui échapper. La perchiste de 23 ans se mue en tête d’affiche d’un concours où trois compatriotes seront également de la partie : Elise Russis (4,40 m), Alix Dehaynain (4,53 m) et Albane Dordain (4,46 m). « On a la chance d’avoir un Meeting de Miramas qui est deux jours avant, et on s’organise mieux pour la venue de différents athlètes, détaille le patron du Meeting de l’Eure Crédit Mutuel. Et puis il y a le Perch’Xtrem de Caen qui fait sa première édition vendredi soir, donc ça a permis aussi d’attirer des Américains qui viennent pour le circuit du Perche Elite Tour au sein de notre meeting ».

 

 

Baptiste Thiery se frotte aux Ricains

Un peu plus tard, en conclusion d’une soirée qu’on espère remarquable, les hommes s’élanceront pour la première fois dans l’histoire du Meeting jusqu’au toit de l’enceinte rolivaloise lors d’un concours à l’accent made in USA prononcé. De ce fait, le détenteur du record du Meeting (5,80 m), Chris Nielsen, vice-champion olympique en 2021 à Tokyo, mais également deuxième des Mondiaux d’Eugene en 2022, mènera le contingent étatsunien en compagnie, notamment, de Jacob Wooten (5,75 m en 2025) et Zachery Bradford (5,82 m en 2024). Seul Frenchie participant, le combinard Baptiste Thiery ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin après avoir égalé son record en franchissant 5,75 m au premier essai du Perche Elite Tour de Rouen vendredi dernier. Attention au Belge Ben Broeders, finaliste des trois derniers Mondiaux et partenaire d’entraînement d’Armand Duplantis l’an dernier, qui semble armé pour atteindre les 6 mètres en 2025.

 

Orlann Olière et Gémima Joseph aux coudes à coudes sur 60 m ?

Les femmes les plus rapides de l’Hexagone s’attendent à batailler jusqu’aux derniers mètres pour la victoire finale du 60 m. Et les plus en vue devraient être Orlann Olière et Gémima Joseph, des fusées à ne louper sans aucun prétexte. La première se présentera avec le meilleur chrono à son actif (record en 7″15 en 2019, 7″18 au Luxembourg le 18 janvier), alors que cette distance lui va à ravir. Sa jeune concurrente essayera tant bien que mal de se frayer un chemin grâce à son explosivité débordante. Il lui faudra également se méfier de sa coéquipière en équipe de France, Chloé Galet (7″29), dont la détermination ne cesse de croître, mais aussi d’autres Françaises dont les chronos peuvent affoler les plus grosses cylindrées : Marie-Ange Rimlinger (7″35 à Nantes), Cynthia Leduc (7″24), Anne Maquet (7″43), Noémie Denon (7″46), Khadijah Cherifou (7″47), Serena Kouassi (7″47), Sabrina Gros (7″48).

Et pourtant, il se pourrait qu’une Tricolore ne passe pas cette ligne droite en première position. La faute à la Belge Delphine N’Kansa (Neuilly-Plaisance Sports, 7″18) et à l’Ivoirienne Maboundou Koné (Entente Paris Université Club Stade Français, 7″19), sprinteuses licenciées dans des clubs de notre territoire. Une lutte de tous les instants se prépare.

 

Thomas Gogois défie le colossal Lazaro Martinez

Bien que le plateau ne soit pas aussi élevé que l’an passé où les trois médaillés des Championnats du Monde de Budapest s’étaient fait plaisir dans le bac à sable de Val-de-Reuil, le spectacle promet d’être au rendez-vous lors du fameux concours de triple saut. Le Cubain Lazaro Martinez, présent en 2024 et au palmarès long comme le bras (vice-champion du monde 2023, champion du monde indoor 2022 et finaliste aux JO 2024), demeure le gigantesque favori malgré la participation de Thomas Gogois, médaillé de bronze aux Championnats d’Europe 2024, et Melvin Raffin (17,20 m), deux Tricolores en mission. « Il manque Hugues Fabrice Zango mais la bataille va être plus serrée qu’auparavant », assure sans impunité Florian Desjardins.

 

Une double championne du Monde s’invite à la fête

Réputé dans l’Hexagone et dans le monde de l’athlé international, le Meeting de l’Eure Crédit Mutuel pourra se vanter pendant longtemps d’avoir accueilli une double championne du monde. Ce n’est d’autre que l’Américaine Chase Jackson, titrée à Eugene en 2022 puis Budapest en 2023 au lancer de poids, qui se tiendra sa place au concours en compagnie de sa dauphine en Hongrie, Sarah Mitton. Deux Françaises, Alexandra Aubry (15,96 m) et Christine Gavarin (15,54 m) chercheront à élever leur niveau pour s’approcher des monstres de la discipline. « On a la chance d’avoir à la fois la championne d’Europe, la championne du monde, la vice-championne du monde et deux finalistes olympiques sur les huit athlètes, se félicite l’organisateur. Ça reste exceptionnel et je pense que même un Meeting Gold ou un Championnat du Monde serait heureux de les avoir. On peut s’en réjouir ! ». À noter par ailleurs la présence de la Britannique Morgan Lake, sixième des Mondiaux en salle 2024 à la hauteur, qui essayera à nouveau de se frotter à la meilleure performance de cette réunion normande, culminant à 1,95 m.

 

 

Le 3000 m marche mixte et un 800 m de sport adapté au rayon des nouveautés

Nouveauté et pas des moindres, le 3000 m marche mixte aura lieu sur la piste couverte et devrait réjouir les 2400 spectateurs qu’attend la tête de gondole Aurélien Quinion, neuvième du 20 km marche des JO de Paris, mais surtout papa depuis ce fameux 1er août 2024. « La marche, ça fait un paquet de temps qu’on attendait de la mettre au programme, confie le maître de l’organisation. En tant qu’ancien marcheur, c’était l’occasion, et on voulait un format particulier, d’où la mixité de l’épreuve. Même si celle-ci ne sera ni qualificative ni enregistrée, l’idée, c’est aussi de mettre en avant la discipline. Elle a lieu juste avant l’ouverture du Meeting international et, en termes de visibilité télé ou en termes de public, ça a du sens. Il y a Aurélien Quinion et Vanessa Denisselle, la star française de la marche et la star locale ».

Puis, pour encourager l’inclusion sportive, un 800 m de sport adapté hommes a été ajouté. La nouvelle piste en tartan, qui promet des performances encore plus impressionnantes et un confort maximal pour les athlètes, va assurément souffrir pour le plus grand bonheur des spectateurs. « Ce n’est pas rien quand même, ce passage de 6 à 8 couloirs avec un nouvel éclairage et une nouvelle organisation de l’espace. Voilà du nouveau matos, et c’est pas mal pour les performances ! »

 

Un Pré-Meeting régional pour se mettre l’eau à la bouche

Mettre en avant les athlètes de sa région n’est pas chose aisée, mais le Meeting de l’Eure Crédit Mutuel tient à ce que certaines épreuves amateures aient lieu en amont de la réunion internationale… et dans les conditions les plus optimales possibles, Wavelight à la clé. « C’est plutôt le niveau national dans certaines épreuves, s’amuse le responsable de l’événement. Pour nous, ça a du sens de faire intégrer les meilleurs normands, mais également de faire en sorte que nos athlètes soient mis dans les meilleures conditions. Sur nos championnats, ils n’ont pas l’occasion d’avoir la Wavelight. On essaie de faire une confrontation avec quelques “Parisiens”, des athlètes amateurs de l’extérieur de la région, pour les amener vers la performance. L’année dernière, on a permis à 85% des Normands de faire leur ‘season best’ ou leur record personnel. Nous sommes un outil à la performance pour les meilleurs régionaux. »

 

« On veut qu’il y ait constamment du show et des choses à voir »

Cette année encore, les animations ont évolué avec la mise en place d’une boutique en ligne, de goodies exclusifs pour le public et des espaces dédicaces pour rencontrer les athlètes. « On réserve quelques surprises, notamment pour les présentations des finales, souffle Florian Desjardins. On a gardé un peu ce qui fait aussi la marque de fabrique du Meeting. On est quand même atypique en termes d’animation avec trois concours en simultané, ce qui est rarement le cas sur des réunions comme celle-ci. On veut qu’il y ait constamment du show et des choses à voir ». Le mythique 400 m haies tant chéri par le Meeting de l’Eure Crédit Mutuel reviendra-t-il au programme des festivités ? Rendez-vous l’an prochain pour le savoir.

 

 

En direct sur Stadion puis Athlé TV et L’Équipe Live

Vous pourrez suivre le « Pré-Meeting » de la compétition sur la page Facebook de Stadion de 13h55 à 15h40, grâce aux images mises à disposition par les organisateurs. Ensuite, la Fédération Française d’Athlétisme vous proposera une retransmission en direct du programme international sur la plateforme Athlé TV et sur les applications AthléTV Apple et Android (gratuit pour les licenciés FFA), dès 16h. L’Équipe Live 3 et BFM Normandie retransmettront également l’événement international avec Kévin Legrand et Vanessa Gladone aux commentaires.

Informations et Billetterie sur www.meeting-eure.fr

Texte : Dorian Vuillet
Crédit photo : Solène Decosta / STADION

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