Au terme d’une course passionnante, Leila Hadji a remporté le 5000 m femmes en 15’48″74 lors de la première journée des Championnats de France Elite d’athlétisme à Angers ce vendredi. Teuraiterai Tupaia et Jona Aigouy au javelot, ainsi que l’épatant Tom Reux au disque ont signé leur première victoire chez les grands. Tous les favoris en lice lors des séries de leur épreuve ont rejoint le tour suivant.
La championne de France Elite du 5000 m féminin a un nom ! Et c’est Leila Hadji. C’est à environ 400 m de l’arrivée que la demi-fondeuse du Pays de Fontainebleau Athlé a fait basculer cette finale. Jusqu’alors, elle était restée bien positionnée aux avant postes, prête à réagir en cas d’attaque de ses concurrentes. L’athlète entraînée par Thierry Choffin place une accélération foudroyante et s’envole, seule au monde, dans le dernier tour du parcours pour décrocher l’or avec une avance considérable, loin devant la championne de France en titre Alessia Zarbo (15’53″02) et la sélectionnée aux JO sur marathon Susan Kipsang Jeptooo (15’54″84). Plus personne ne la reverra. Dans les 50 derniers mètres, la championne de France espoirs du 1500 m en 2019 a eu le temps de savourer avant de couper la ligne d’arrivée en 15’48 »74, record personnel pulvérisé. « J’ai joué la surprise en partant super vite et je sais que les demi-fondeuses ont un peu de mal avec ça. Je sors de deux années compliquées où j’ai eu beaucoup de problèmes de santé. J’avais vraiment perdu espoir, le haut niveau devenait compliqué pour moi et je doutais énormément. Cette première place me donne un énorme coup de boost. Il ne faut pas lâcher et avoir confiance en soi. »
Tupaia et Aigouy sacrés au javelot
En expédiant son engin à 79,05 m dans le ciel angevin, Teuraiterai Tupaia a brillamment dominé la finale du javelot, juste devant son camarade de l’Entente Haute Alsace Rémy Conroy (74,12 m). Premier français depuis dix ans à lancer plus de 80 mètres (80,86 m le 16 juin dernier à Strasbourg), l’espoir de 22 ans n’était pas entièrement satisfait de sa performance à l’issue du concours. « Je suis un peu déçu mais l’objectif c’était le titre. Il y a eu de l’envie sur le cinquième et sixième jet mais ça sortira sûrement lors des Championnats d’Europe espoirs à Tallinn (Estonie), du 8 au 11 juillet où je viserai le podium pourquoi pas la première place. Pour aller encore plus loin, il me manque de la régularité, de la technique et encore plus de relâchement car j’ai tendance à m’emporter dans mes jets ». Il y aura des lendemains bien meilleurs, même si celui-là n’était déjà pas si mal pour le Tahitien, sixième meilleur performeur français de tous les temps.
Chez les femmes, tout le monde l’attendait et elle n’a pas déçu, Jona Aigouy a décroché la palme avec un premier essai mesuré à 56,64 m, devançant sa coéquipière du CA Balma Alizée Minard (54,00 m). « Ça fait presque deux ans que je n’ai pas pris de vacances pour préparer deux objectifs, les France Elite et les Europe espoirs. Je suis contente de cette régularité autour des 56 mètres mais il va falloir aller encore plus loin ». Toujours du côté de l’aire de javelot, nous ne pouvons pas manquer de souligner la quatrième place d’Alexie Alaïs avec 48,79 m, qui a remporté les trois dernières éditions. Gravement blessée au genou gauche (rupture du ligament croisé) lors des Championnats de France Elite en septembre dernier, il aura fallu bien du courage et de la persévérance à l’élève de Magali Brisseault au pôle de Boulouris pour être de nouveau performante dix mois après.
Victoire royale de Tom Reux
Arrêtons-nous un moment sur ce concours du disque, dont le prénom du vainqueur n’était pas celui attendu. Sacré dans l’exercice à sept reprises dont trois lors des trois précédentes éditions, Lolassonn Djouhan (minima olympiques avec 66,67 m cette année) semblait intouchable. Dès son deuxième essai, après un premier non-mesuré, le discobole du Martigues Sport Athlé prenait le contrôle des opérations avec un jet moyen à 56,11 m. Dès l’essai suivant, Tom Reux, le dauphin de Djouhan en 2019 à Saint-Étienne et en 2020 à Albi, marquait à son tour son territoire, avec un lancer à 59,39 m. Un avantage qui tenait jusqu’au dernier essai du champion en titre, qui cassait la ligne des 60 mètres (60,33 m). La logique allait donc être respectée. Mais ce qui fait la beauté de notre sport, c’est que le scénario n’est jamais écrit à l’avance. Le Malouin de 22 ans reste dans son concours et pousse son disque qui n’en finit plus de planer. 60,68 m ! Une marque synonyme de record personnel (ancien : 60,46 m) et de titre de champion de France. « Je savais que je pouvais passer devant Lolasson au dernier essai, je ne me suis jamais dit que le concours était perdu », rembobine le protégé de Régis Quérard. J’ai tout mis et c’est passé. J’étais vraiment heureux et content quand j’ai découvert ma performance, c’était exceptionnel ».
Les différents favoris en lice ont passé le cap des séries ce vendredi. Et plusieurs finales prévues ce samedi s’annoncent explosives. Sokhna Lacoste (52″34) et Amandine Brossier (52″75) ont fait forte impression sur 400 m et ont passé sans encombre le cap des séries du tour de piste. Ludvy Vaillant (50″79), Wilfried Happio (50″87) et Victor Coroller (51″65) se sont imposés dans leur course respective sur 400 m haies. Aucun souci pour Nasredine Khatir (1’47″97), Gabriel Tual (1’48″56) et Benjamin Robert (1’48″21) qui n’ont pas eu à puiser dans leurs réserves dans leur série du 800 m. On retrouvera sans grande surprise Charlotte Mouchet (4’25″83), Aurore Fleury (4’26″43), Bérénice Fulchiron (4’28″73) et Bérénice Cleyet-Merle (4’28″77) pour la grande explication du 1500 m. Enfin, dans les épreuves combinées, c’est Annaelle Nyabeu Djapa qui vire en tête à l’heptathlon avec 3524 points. Du côté du décathlon, c’est Valentin Charles qui mène les débats avec 3979 points.
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Crédits photos : Matthieu Tourault / STADION