Magique ! La benjamine de la délégation tricolore à 21 ans Cyréna Samba-Mayela est sacrée championne du monde en salle du 60 m haies avec un nouveau record de France en 7″78 à Belgrade ce samedi. Pour parvenir à cet exploit, car c’en est un, la hurdleuse coachée par Teddy Tamgho a été impeccable de maîtrise tout au long de la journée. Récit d’un moment d’athlé comme on les aime tant.
L’Équipe de France tient sa médaille. La première. Et elle est en or, pendue au cou de Cyréna Samba-Mayela qui est devenue ce soir la onzième athlète française (39 médailles françaises dans la compétition au total) à inscrire son nom sur la première ligne d’un palmarès mondial en indoor. Après avoir dû déclarer forfait avant sa série aux Jeux olympiques de Tokyo, en raison d’une douleur à l’ischio-jambier survenue à l’échauffement, la hurdleuse de 21 ans a effacé d’un trait épais, samedi soir, ce mauvais souvenir du Japon. Aujourd’hui, cet épisode malheureux de sa vie d’athlète semblait définitivement enfermé dans une case de son cerveau.
Il était 21h10, dans la Stark Arena, lorsque les tribunes ont été le théâtre d’une sourde explosion. Une explosion de joie, d’émotion, de rage contenue, des sensations indescriptibles que seul le sport peut procurer : Cyréna Samba-Mayela venait d’apercevoir son nom et son chrono sur le panneau d’affichage au terme d’une merveille de course, comme seules les grandes championnes sont capables d’offrir. Elle a craqué et n’a pu retenir ses larmes. Lancée comme une balle, elle a repoussé les assauts de la menaçante bahaméenne Devynne Charlton (7″81) dans les derniers mètres pour passer la ligne en 7″78. En tête. En or. Avec le record de France. « Quand je coupe la ligne, je sais que je suis première et je ne peux pas m’empêcher de pleurer, rembobine-t-elle en zone mixte. Je ne sais pas ce qui s’est passé pendant la course, black out ! C’était incroyable ! C’est un relâchement de la pression que j’avais depuis des années. J’ai toujours été très ambitieuse et les personnes autour de moi également. Ça fait plaisir de voir que le travail paie, et là je vais travailler encore plus dur ».
Avec ses manchons aux bras, l’un en bleu du côté droit, l’autre en rouge à gauche, elle a pris le temps de s’envelopper dans le drapeau français, tout en continuant à laisser les larmes couler. Après Monique Éwanjé-Épée (deuxième en 1991 à Séville), Patricia Girard (troisième en 1993 à Toronto et en 1997 à Paris) et Linda Ferga-Khodadin (troisième en 2004 à Budapest), elle est la quatrième Française à monter sur un podium dans la compétiton planétaire sur 60 m haies. En championne intelligente qu’elle est déjà, en athlète sûre d’elle qu’elle a toujours été, Cyréna Samba-Mayela incarne à merveille cette nouvelle génération d’athlètes tricolores décomplexés qui affirment, disent et prouvent que des Français peuvent répondre présents lors des grands événements. Cet esprit conquérant, on l’espère que les hurdleurs Pascal Martinot-Lagarde et Wilhem Belocian, en piste demain, l’ont aussi bien emmené dans leurs bagages.
Quel talent !
À 21 ans, Cyréna Samba-Mayela est loin d’être une inconnue. Elle s’est faite remarquer depuis les catégories jeunes. Révélée en 2017, avec un titre de vice-championne du monde cadettes sur 100 m haies, à Nairobi (Kenya), la sociétaire du Lille Métropole Athlétisme, qui s’entraîne à l’Insep sous la houlette de Teddy Tamgho (champion du monde en salle du triple saut à Doha en 2010), a aussi décroché la médaille d’argent aux Europe espoirs sur 100 m haies l’été dernier à Tallinn (Estonie). Elle a donc concrétisé, déjà, dans la catégorie seniors, toutes les promesses qu’elle a pu laisser entrevoir chez les jeunes depuis quelques années en décrochant sa première médaille internationale chez les grands.
Une journée pleine de maîtrise
Déjà présentée comme une candidate à une breloque lors des Europe en salle de Torun (Pologne) l’hiver dernier, Cyréna Samba-Mayela avait perdu ses moyens, quittant la compétition prématurément dès les séries. Ce samedi, à 9h50, pour son entrée en lice à Belgrade, elle a fait plus qu’assurer l’essentiel : une victoire en petites foulées avec le meilleur chrono des six séries en 7″91. Une belle métamorphose en l’espace d’un an qui doit beaucoup au travail mental qu’elle a effectué. Alors qu’il fallait enchaîner séries, demi-finales et finale sur la même journée, ce premier tour programmé de bon matin avait toutes les allures d’un piège. Regardez la Jamaïcaine Danielle Williams qui en a largement fait les frais. La meilleure performeuse de l’hiver avec 7″75 a été éliminée dès les séries (6e en 8″23), après avoir trébuché sur le troisième obstacle alors qu’elle survolait jusque-là les débats. Une absence qui changeait la donne et qui rebattait les cartes pour le podium, et aussi pour la victoire.
En demi-finales, en début de soirée, l’étudiante en école d’architecture intérieure a produit un effort solide et convaincant, pour couper la ligne en 7″85, deuxième meilleur temps des trois courses, la plus rapide étant la Bahaméenne Devynne Charlton (7″81). Il n’en faut pas plus pour la désigner Cyréna Samba-Mayela comme l’une des favorites. À ce moment-là, on se disait que l’affaire est plutôt bien embarquée pour la médaille, tant rien ne semble troubler la quiétude de la Française. « Je suis contente d’être ici et j’apprécie chaque moment, et ça a été cela toute la journée. Entre la demi et la finale, j’ai pris le temps de me reposer et de discuter tranquillement avec mon coach. En arrivant à Belgrade, on s’est dit que l’on prenait les choses étape par étape. J’étais dans un bon mood aujourd’hui. »
Un début de saison canon
Sa rentrée canon sur 60 m haies à Karlsruhe, en Allemagne, le 28 janvier, en 7″84, lui permet d’effacer des tablettes Anne Piquereau et son record de France espoirs en salle (7″89 en 1986), et de devenir la troisième performeuse française de tous les temps derrière le record national co-détenu en 7″82 par Linda Khodadin-Ferga et Monique Éwanjé-Épée. Ses prestations ces dernières semaines laissaient supposer qu’elle était en mesure de s’approprier ce record. Un temps de référence de 7″84 qui lui permettait de pointer en Serbie au quatrième rang des engagées, derrière les Jamaïcaines Danielle Williams (7″75) et Britany Anderson (7″82), et l’Américaine Gabriele Cunningham (7″82). Cyréna Samba-Mayela n’a ensuite pas eu beaucoup de courses dans les jambes. Si « CSM » n’a pas pu aller aux Championnats de France Elite en salle de Miramas (26 et 27 février) en raison d’une gastro, elle s’était préparée spécifiquement pour ces Mondiaux en salle et est revenue en belle forme au meilleur des moments avec une victoire en 7″92 lors du Meeting de Paris Indoor le 6 mars.
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Crédits photos : Matthieu Tourault / STADION
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STADION À BELGRADE !
Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Championnats du monde en salle à Belgrade. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous planétaire (sélection tricolore, retransmission streaming en direct, programme complet, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !
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