Clément Bruchon : « Au fil des années je touche de plus en plus à mes rêves dans le trail »

17 octobre 2023 à 14:16

À 21 ans, Clément Bruchon est l’un des jeunes espoirs du trail français. Engagé sur la VO2 Trail du Festival des Templiers ce samedi 21 octobre, le sociétaire du CS Bourgoin-Jallieu, membre de la Team HOKA, fait figure de favori. Même s’il espère décrocher un podium, l’athlète médaillé de bronze de la Young Race du Marathon du Mont-Blanc en juin dernier, court avant tout pour le plaisir de partager sa passion. Entretien !

L’INTERVIEW VOUS EST PRÉSENTÉE PAR

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— Clément, vous allez vous présenter sur la ligne de départ de la VO2 Trail du Festival des Templiers samedi. Qu’est-ce que le Festival des Templiers représente pour vous  ?

Il faut savoir avoir des courses sans objectif, et ça sera le cas aux Templiers. Car là, je prépare surtout ma saison hivernale de cross-country et de 10 km route. Après, c’est histoire de mettre un dossard et de partager. J’aime bien mettre des dossards et faire ce genre de courses, en plus ce n’est pas une petite course, mais juste pour profiter et y aller avec l’état de forme qu’on a, sans trop se prendre la tête. Et parfois, c’est là qu’on fait de très bonnes courses. Il n’y a pas besoin de tout le temps se mettre beaucoup de pression et d’avoir un gros objectif. Je pense qu’il faut aussi savoir profiter à côté.

 

— Vous êtes tout de même annoncé parmi les favoris de la VO2 Trail. Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette course ?

Oui, j’ai vu que j’étais affiché parmi les favoris. Pour une course sans pression, il y a quand même un peu d’enjeu car quand notre nom apparaît, les gens regardent et on est un peu attendu. Mais qu’est-ce qu’on peut me souhaiter ? J’aimerai bien être dans le top 3, ça peut être une bonne opportunité, en plus devant il y a quand même du beau monde. Ça reste une course à niveau et à renom, donc un top 3 ça serait franchement sympathique.

 

— Avez-vous étudié le parcours et le profil de votre course aux Templiers ?

Oui, j’ai regardé. Alors après je ne connais pas trop le coin, c’est un peu technique mais ça va. Moi je m’entraîne beaucoup dans le Beaufortain, dans la Chartreuse, ce sont des massifs vraiment techniques. Je sais que là-bas ce n’est pas tout à fait pareil. Après, niveau profil j’ai vu qu’on partait et qu’on avait un petit kilomètre de plat, puis on prend quasi tout le dénivelé d’un coup. Après j’ai vu qu’on avait un beau plateau sur une dizaine de kilomètres au sommet, puis de la redescente. Ça va se courir assez vite !

 

— Vous avez regardé vos principaux concurrents ? Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Je ne regarde plus trop… Avant, j’étais quelqu’un qui regardait énormément les listes de course, et ça me mettait une pression monumentale. J’ai énormément foiré de courses à cause de ça, parce que du coup je me mettais une pression pas possible, en mode « il y a untel, il vaut ci, il vaut ça, il est plus fort que moi« . Et en fait mentalement je me mettais une barrière en me disant « si je pars avec lui, forcément je vais craquer » et je craquais du coup. Ça va faire une petite année où, que ce soit sur trail, sur route, sur cross, je ne regarde plus du tout la liste des engagés. Personnellement, ça m’apporte du mieux, car je sais qui je suis, ce que je vaux, et je sais comment je dois partir. J’ai l’habitude maintenant de faire des courses et d’avoir ma propre gestion de course. Je ne me mets plus cette barrière de « ah mince, je suis avec lui et il est plus fort que moi, je vais craquer« . Donc je n’ai pas spécialement regardé, après je sais qu’il y a quand même des beaux noms et ça fait toujours rêver quand on voit qu’on court avec des athlètes de renom, c’est toujours chouette d’avoir cette opportunité et d’avoir notre nom à côté.

« J’ai toujours baigné dans cette dynamique de la nature, et c’est ce que j’adore dans le trail. »

Clément Bruchon

— Et vous arrivez à jongler entre la route, le cross, le trail… ?

C’est souvent la question qu’on me pose. Et j’en parlais, que ce soit avec mon coach Célestin Crespin ou avec ma Team HOKA : le côté que néglige beaucoup de traileurs, c’est cette saison hivernale. Le trail est une discipline où la vitesse reste de côté. Et vu que je travaille bien cette base de vitesse, en trail ou en course en montagne, ça me sert énormément. Parce que pour tout ce qui est portion de relance, faux plat montant, faux plat descendant, à des endroits où des montagnards pêchent un peu et n’arrivent pas à relancer, moi en mettant la même intensité, je relance plus vite. Souvent, c’est là que je fais des écarts sur les courses. Car je n’ai pas un profil « gros monteur », je n’ai pas de grosses jambes, je suis assez sec, je n’ai pas de puissance, mais du coup j’arrive à m’accrocher dans les montées car je suis léger, donc le rapport poids/puissance, forcément, il est bien. Mais après sur tout ce qui est faux plat ou plat, ce sont mes points forts et j’arrive bien à relancer.

 

— Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le trail ? Qu’est-ce qui vous donne le plus de plaisir en courant ?

Déjà, le paysage. Je suis quelqu’un qui adore la montagne, outre faire du trail. Je fais énormément de bivouac et de randos, j’ai toujours aimé ça. Mes grands-parents, des deux côtés, ont fait de la haute montagne, j’ai un de mes deux grands pères qui était guide de haute montagne. Donc depuis mes deux ou trois ans je vais en rando et j’ai toujours baigné dans cette dynamique de la nature, et c’est ce que j’adore dans le trail. Parce qu’en soi, j’aurais pu aller sur piste mais ça ne me branchait pas du tout. Donc c’est vraiment ce partage avec la nature en trail, qui est juste incroyable. On a de la chance, on peut voir des paysages que certaines personnes n’ont pas la chance de voir. Puis, c’est aussi le fait d’être tout le temps dans le dur, même si c’est sur deux ou trois heures. Car si on a des montées, le cardio tape, après en descente, il faut être plus vigilant. Donc même si c’est deux ou trois heures, on est tout le temps dans l’effort, et j’adore ça. Il y a un chouette dépassement de soi, c’est pour ça que j’adore cette discipline.

 

— Qu’avez-vous appris grâce à votre sport ? Comment vous a-t-il fait grandir ?

Pour moi dans le sport, les plus grosses valeurs sont l’humilité et le partage. J’ai toujours eu cette humilité même en débutant et ça a conforté ces valeurs que je pouvais avoir. Même s’il y a forcément des gens qui sont plus forts que d’autres, des niveaux qui diffèrent, il ne faut pas prendre la grosse tête. Il faut toujours rester dans le partage et dans l’humilité.

 

— Quelle est votre séance préférée et l’endroit où vous préférez vous entraîner ?

Moi qui viens de la route, j’adore tout ce qui est séance seuil, même le seuil en côtes. Il n’y a pas de séance que je n’aime pas, j’adore m’entraîner, j’adore courir ! Je fais aussi du vélo parce que si on court trop on se blesse. Tout ce qui est effort long en fait, moi j’aime bien tous les efforts qui dépassent dix, quinze, vingt minutes en entraînement. Ce sont des efforts où on est dans le dur, mais pas trop quand même, donc on peut toujours réfléchir, penser, profiter.

 

— À quelle fréquence vous entraînez-vous ?

Là je reviens sur des grosses semaines, donc je m’entraîne huit à neuf fois par semaine. À côté, cette année je vais mettre une séance de musculation, jusqu’à présent je n’en faisais pas mais il me manque énormément de puissance, et même pour éviter les blessures… Puis il y a aussi tout ce qui est étirements etc. Ça représente une quinzaine d’heures d’entraînements purs. Après l’été, c’est peut-être un peu moins gros, comme c’est plus du spécifique et que la caisse se fait l’hiver, c’est peut-être plus du onze/douze heures. Mais c’est toujours dans ces eaux-là

« Le trail est un sport où il y a une mixité et tout le monde peut s’enrichir de l’expérience de chacun. »

Clément Bruchon

— Avez-vous un grand rêve, en tant qu’athlète ?

On a tous des grands rêves, des grands objectifs. Moi, à court ou moyen terme, ça serait chouette d’intégrer au moins une fois l’équipe de France. Je pense que pas mal d’athlètes rêveraient d’avoir l’honneur d’intégrer une équipe comme ça, même sur une seule course. Et après, c’est de toujours pouvoir profiter dans mon sport, au niveau où je suis. Je profite des courses, forcément il y a le résultat, mais je me déplace sur une course pour profiter aussi, et j’ai toujours envie d’avoir cet élan.

 

— Y a-t-il une course à laquelle vous rêvez de participer, où que vous rêvez gagner ?

Plus tard, j’aimerai bien passer sur du très long, parce qu’ils m’impressionnent sur cette gestion de course, que ce soit sur l’UTMB ou la Diagonale des Fous… La Diagonale des Fous, c’est vrai que c’est une course qui m’attire vraiment. Un peu plus que l’UTMB, parce que je trouve que maintenant l’UTMB, c’est mon ressenti, ça fait « usine », avec les courses de qualification et tout. Mais une course qui est un peu restée mythique pour moi, c’est la Diagonale des Fous. J’ai de la chance d’être suivi par HOKA, en tant qu’étudiant, quand on passe de « rien » à ça… Être accompagné par une marque, franchement c’est une expérience incroyable. Je sais que j’ai de la chance et que beaucoup de personnes souhaiteraient être à ma place. Il y a des rassemblements, on a de la chance d’avoir de l’équipement… C’est une chance incroyable, et je vais tout faire pour que ça dure longtemps. Ça aussi c’était un grand rêve quand j’ai commencé à courir, je vois qu’au fil des années je touche de plus en plus à mes rêves dans le trail.

 

— Vous disiez vouloir vous mettre sur du très long. C’est quelque chose que vous envisagez dans un futur proche ?

Peut-être pas dans un futur proche, car j’ai encore des chronos à descendre sur route, j’aimerai bien m’essayer au semi-marathon. Et puis pour le moment en trail, vu que je suis assez rapide, tout ce qui est format 20/30 km, c’est ce qui me correspond le mieux. Et si je veux réussir à avoir une sélection en équipe de France, il faut que je reste lucide, je sais que ce sont ces distances qui me vont le mieux. Mais ce qui est sûr c’est que dans quatre, cinq, allez six ans grand maximum, j’en aurais déjà fait et je pense que je me lancerais dedans, parce que ça m’attire vraiment.

 

— Selon vous, quelles sont les valeurs prédominantes pour être un coureur épanoui, peu importe son niveau ?

Encore une fois, le partage et l’humilité. Je vois trop de gens aux qui souhaitent être les champions du quartier, de la région. Ce n’est pas pour être méchant, mais ce genre de personnes se déplacent sur les courses dans l’objectif de gagner ces petites courses, mais on ne les verra jamais profiter sur des plus grandes courses. Et souvent, elles sont fermées et on ne peut pas les aborder, on ne peut pas se parler. Et je trouve ça dommage. Quelque soit le niveau, il faut rester ouvert et pouvoir discuter et partager avec tout le monde. Ce n’est pas parce qu’on est plus fort qu’il ne faut pas parler aux moins forts, et inversement. Pour moi, le trail est un sport où il y a une mixité et tout le monde peut s’enrichir de l’expérience de chacun. Et c’est ce qu’il faut retenir dans le sport. Le but c’est de partager et de profiter. 

« Plus la distance sera longue, plus je me vais diriger vers une chaussure de trail avec du confort. »

Clément Bruchon

— Avec quelle paire de chaussures allez-vous courir à Millau ?

Je vais courir avec les HOKA Tecton X 2. J’ai hésité avec les Zinal 2. Mais comme je commence à faire pas mal de kilomètres et à enchaîner, les Tecton X2 c’est une paire que j’affectionne particulièrement parce qu’elles sont dynamiques, et en même temps elles restent confortables. Alors que sur la Skyrhune (23 septembre 2023), je ne faisais pas encore beaucoup de kilomètres à l’entraînement, et j’ai couru avec les HOKA Zinal 2. C’est une paire qui est ultra dynamique, on est ultra proche du sol, on a un super bon maintien, mais par contre il n’y a pas du tout d’amorti, et tu finis la course, le lendemain il n’y a plus trop de jambes. Ce sont deux paires différentes, et c’est pour ça que j’ai décidé de privilégier l’amorti de la Tecton X 2.

 

— Quand vous choisissiez une chaussure de trail, quel est le critère le plus important ? Qu’est-ce qui est le plus important dans une chaussure de trail ?

Ça dépend du parcours. Là je prends la Tecton X 2, mais c’est sûr que je ne mettrais pas ça sur tout ce qui est format « skyrace ». Parce qu’on est haut, on ne sent pas trop le sol donc on risque plus de se tordre les chevilles… C’est vraiment en fonction de la technicité du terrain, du dénivelé et de si ça va être roulant ou pas. Pour savoir si on prend plus une chaussure confortable et dynamique, ou vraiment une chaussure sans trop de confort. En fonction de la distance aussi, s’il y a besoin d’amorti. On ne va pas prendre la même chaussure entre un 20 et un 40 km, parce que forcément sur un quarante il y aura besoin de plus d’énergie musculaire. Si on prend une chaussure qui tape sur quarante kilomètres, on va se détruire musculairement, et au bout de vingt kilomètres on aura mal aux jambes. Alors que maintenant on a de la chance avec les nouvelles chaussures et les nouvelles mousses qui sont sorties de pouvoir enchaîner les kilomètres plus facilement. Plus la distance sera longue, plus je me vais diriger vers une chaussure de trail avec du confort.

 

— Vous faites partie de la Team Alltricks, qu’est-ce qui vous plaît dans cette équipe ?

Je les ai découvert surtout à l’UTMB, et ce qui me plaît, encore une fois, c’est ce partage entre tout le monde. On n’avait pas tous le même niveau, il y en avait qui se connaissait moins. Et mine de rien, je vois qu’on est tous passionnés par la même chose. Je suis quelqu’un d’assez réservé de base et d’assez timide, et c’est vrai que quand on s’est vus la première fois, j’étais assez stressé, mais le fait de partager la même passion, il y a tout de suite eu une bonne entente, et c’est ça que j’ai adoré.

En collaboration avec Alltricks

En collaboration avec Alltricks, Stadion sera sur place à Millau durant les trois jours du Festival des Templiers pour couvrir l’événement. La boutique en ligne spécialisée dans le vélo et la course à pied a rejoint la marque HOKA au rang de partenaire majeur du Festival des Templiers et pour une durée de trois ans jusqu’en 2025.

Les activités à ne pas manquer sur place

Vendredi 20 octobre à 10h : Morning run ALLTRICKS x HOKA

Samedi 21 octobre matin à 8h15 : Yoga session

Pour découvrir l’ensemble des produits running, trail et athlétisme chez Alltricks, rendez-vous ici.

Propos recueillis par Emeline Pichon
Crédit photo : Cyrille Quintard

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