Les lanceurs de marteau Quentin Bigot et Alexandra Tavernier font partie des grandes chances de médailles de la délégation française aux Jeux olympiques de Tokyo. Tous deux n’ont pas connu un parcours dénué d’embuches. De retour au plus haut niveau, ils avancent avec maturité vers leurs objectifs.
À 27 ans, Alexandra Tavernier n’est plus la jeune médaillée de Pékin 2015. La Haut-Savoyarde a connu les tumultes de la dépression. Elle ne s’en est jamais cachée, et a toujours fait face. Avant de revenir au sommet, au point d’être aujourd’hui l’une des outsiders au marteau. Il faut dire que tout est allé très vite pour la lanceuse française. En trois ans, elle devient championne du monde juniors (2012), championne d’Europe espoirs (2015) et glane le bronze aux Mondiaux de Pékin en 2015. Mais en 2016, le train qui doit l’amener au titre à Rio, déraille. Alexandra Tavernier a quitté l’INSEP, pour s’installer en Bretagne près de Gilles Dupray, son nouvel entraîneur. Ce changement de vie et ce nouveau statut sont difficiles à vivre. 11e à Rio en 2016, 17e à Londres en 2017, la lanceuse, d’habitude si joviale, perd son sourire. Elle décide de se faire aider.
Championne du monde de lancers de menhirs en 2018
« J’ai très peu de souvenirs de Rio. C’est une année black-out. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, je suis quelqu’un de radicalement différente maintenant. Je n’ai aucune appréhension par rapport à ça », assume-t-elle volontiers aujourd’hui. Car la jeune femme a remonté la pente, et trouvé son équilibre. En 2018, la voilà vice-championne d’Europe, quelques jours après avoir été sacrée… Championne du monde de lancer de menhirs.
Arrive alors 2020. Le Covid, et son lot d’incertitudes. Le confinement se passe plutôt bien, en famille. Alexandra Tavernier peut lancer avec son petit frère dans le champ d’à côté. À la reprise, le 11 juillet 2020, elle bat le record de France, avec un jet à 74,94 m à Vénissieux. Cette année, celle qui a un lanceur de marteau tatoué à l’épaule est allée encore plus loin, avec cette marque à 75,38 m à Salon-de-Provence le 21 février dernier. Elle a aussi remporté le concours aux Championnats Europe par équipes à Chorzow. La voilà définitivement de retour au premier plan, prête pour Tokyo. La preuve, dès sa première séance à Kobé, Alexandra Tavernier bat un de ses records à l’entraînement : « Tous les voyants sont au vert ! ». Son entrée en lice est prévue dimanche, aux alentours de 2h du matin (heure française). « Pour l’instant, cette saison, j’ai fait un podium à chaque compétition, à chaque championnat. J’ai une forme titanesque, ma technique est quasiment au point », confirme la sociétaire d’Annecy Haute Savoie Athlétisme, qui sait qu’elle n’aura rien à perdre.
Bigot, pour écrire une page de l’histoire
Son collègue Quentin Bigot a lui aussi tout le potentiel qu’il faut pour terminer sur la boîte. Deuxième à Doha mais touché par le Covid en mars dernier, le Messin garde toutes ses chances. Lui aussi a connu des moments difficiles. Champion d’Europe juniors, sélectionné pour les Jeux de Londres en 2012 à 19 ans… La voie paraît tracée pour lui, qui connaît par cœur l’histoire de sa discipline. Jusqu’à la bêtise. Contrôlé positif lors de l’Euro par équipes en 2014, il écope d’une suspension de deux ans pour dopage. Le voilà remis sur le droit chemin, prêt à repartir au combat en étant propre. Avec Pierre-Jean Vazel comme entraîneur, il reprend sa route. Quatrième des Mondiaux de Londres en 2017, celui qui est aussi conducteur de train fret décroche l’argent à Doha en 2019. Une performance historique, puisqu’il devient le premier lanceur tricolore masculin à remporter une médaille dans un rendez-vous planétaire.
« À mon meilleur niveau le jour de la finale »
2021 apparaît comme l’année ou jamais pour monter sur la boîte. Quentin Bigot a changé ses entraînements, favorisant la technique à la vitesse. Il sent que les progrès sont là, reste à les concrétiser en compétition. Le Covid vient le clouer au lit quelques jours, en mars. Mais cela n’empêche pas le jeune papa de battre son record, en envoyant son marteau à 79,70 m. La barre des 80 mètres se rapproche. Tout se passe bien à Kobé pour l’élève de Pierre-Jean Vazel : « Je bats pas mal de mes records à l’entraînement, donc les indicateurs sont au vert ». En fin connaisseur, il préfère ne pas avancer un pronostic : « Une médaille mondiale ne veut pas dire une médaille aux Jeux. Pour moi, l’important est d’être à mon meilleur niveau le jour de la finale. Si je suis cinquième à 79 ou 80 mètres, qu’est ce que vous voulez que je fasse de mieux ? C’est du sport, les autres sont parfois meilleurs ». Rendez-vous dans la nuit de dimanche à lundi, pour avoir un premier verdict.
Texte : Mathilde L’Azou
Crédits photos : Matthieu Tourault
STADION À TOKYO !
Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Jeux olympiques de Tokyo. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près l’intégralité des épreuves d’athlétisme (sélection tricolore, les retransmissions TV, le programme jour par jour, les résultats et les clichés des Bleus…). Bons Jeux en notre compagnie !
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