Athlétisme : Les modalités de sélection et les minima pour les Championnats du Monde 2023 de Budapest

17 décembre 2022 à 15:43

La Fédération Française d’Athlétisme a dévoilé les modalités de sélection pour les Championnats du Monde de Budapest (Hongrie) qui se tiendront du 19 au 27 août 2023. L’instance hexagonale va suivre l’évolution de la politique de World Athletics qui donne de plus en plus de crédit au système de ranking par rapport aux minima, devenus très élevés. Une petite révolution qui est amenée à durer dans l’athlétisme mondial et qui doit permettre d’augmenter le nombre d’athlètes tricolores dans les compétitions internationales. Explications. 

Souvenez-vous, après la finale du 10 000 m aux Mondiaux de Eugene en juillet dernier, Jimmy Gressier s’était arrêté au micro de France Télévisions pour expliquer sa performance, regrettant d’avoir laissé trop d’énergie tout au long de la saison pour réussir les minima. « Je sens que je manque de fraîcheur, avait-t-il déclaré. Quand il faut se faire mal, j’ai du mal. C’était compliqué aujourd’hui. On a peut-être des minima trop durs par rapport à ceux de World Athletics (27’28 sur le 10 000 m). Ce n’est pas une critique, c’est un constat. Aujourd’hui, malheureusement, on a des mecs et des filles qui restent à la maison car ces minima sont trop durs. On le voit bien aujourd’hui (sur le 10 000 m), le chrono on s’en fout un peu, devant, ça ne gagne pas spécialement vite. »

Les minima imposés par la Fédération Française d’Athlétisme pour se qualifier pour ce rendez-vous planétaire étaient selon lui trop élevés, et « crament » les athlètes de l’équipe de France avant même que la compétition n’ait commencé. Pour rappel, en athlétisme, les minima représentent un chrono, pour les courses, ou une marque, pour les concours, à réaliser obligatoirement au cours de la saison afin de décrocher le sésame pour les championnats internationaux. Ils sont fixés par World Athletics, mais la FFA peut, si elle souhaite choisir des niveaux de performance minimum encore plus difficiles à valider. C’est ce qu’elle avait fait pour les Mondiaux de Eugene : Sur 44 épreuves (hommes et femmes confondus), 19 minima fixés par la Fédération étaient supérieurs à ceux fixés par World Athletics, notamment en sprint et en demi-fond.

 

Le système du ranking entre davantage dans les débats

Vous l’aurez compris, depuis plusieurs années, les modalités de sélection pour les grandes compétitions internationales divisent. Face à ce constat, la direction technique nationale de la FFA, sous l’impulsion de son directeur de la haute performance Romain Barras, a fait réformer leur construction. Le champion d’Europe 2010 du décathlon a tout d’abord mis en place un travail collaboratif pour effectuer le débrief des modalités de sélection mises en place en 2022, puis pour réfléchir à celles de 2023, notamment dans l’optique des Mondiaux de Budapest. « On s’est appuyé sur les avis des athlètes et des coachs persos, en leur demandant ce qui, selon eux, était vertueux ou, à l’inverse, pouvait nuire à la performance. Tout en gardant en tête le cadre institutionnel qui émane de World Athletics, de l’Agence nationale du sport et de notre Fédération. »

À l’image de nombreux autres sports, à l’image du tennis, (ATP ou WTA), l’athlétisme dispose également depuis février 2019 d’un classement mondial, le ranking. Cet outil permet de valoriser la régularité des athlètes et offre des certitudes quant à la capacité de produire une performance au meilleur moment, c’est-à-dire lors des échéances nationales et internationales les plus importantes. La FFA veut se servir du système de ranking, en plus des minima habituels, pour déterminer les athlètes qualifiés pour les Mondiaux 2023 qui doivent avoir lieu du 19 au 17 août 2023 à Budapest (Hongrie). « Ce qui est ressorti de ces échanges, c’est que le ranking, devenu un critère majeur des modalités, va prendre de plus en plus de place au fil des années. Au départ, 70% des sélectionnés pour les grands championnats l’étaient grâce aux minima et 30% grâce au ranking. Pour 2023, les minima ont été durcis et on est sur du 50-50. On se dirigera dans le futur vers du 30-70. »

 

La course aux points dans les Meetings

Afin de découvrir et d’adopter cette nouvelle culture du ranking aux meilleurs athlètes de l’Hexagone, la FFA avait déjà mis en place un système de ranking dans le cadre des modalités de qualification pour les différents championnats de France estivaux : Elite (24 au 26 juin à Caen), Espoirs (9 et 10 juillet à Albi) et Cadets-Juniors (15 au 17 juillet à Mulhouse) ainsi que pour l’Open de France (23 et 24 juillet à Epinal). Il servait à compléter les listes des engagés, en plus des traditionnels minima.

Si la quête des minima ne deviendra plus une priorité pour certains athlètes, ils vont toutefois devoir trouver des compétitions. Et si possible de bon niveau. La spécificité de cette formule est d’attribuer des points bonus en fonction du niveau de la course. Un meeting départemental rapporte moins qu’un régional, qui lui-même rapporte moins qu’un national et encore moins qu’un international. Dans le détail, le mode de calcul du ranking prend en compte un nombre minimum de performances, fixé préalablement et adapté aux spécificités de chaque discipline. « Dans les modalités pour Budapest, seule la place de l’athlète au ranking est prise en considération, et plus directement la performance brute. C’est un changement de paradigme pour l’athlétisme, une évolution des mentalités impulsée par World Athletics et que l’on se doit de suivre.

Afin d’augmenter les chances des athlètes tricolores de récolter des unités pour progresser dans le ranking, la FFA a décidé d’accompagner « un certain nombre de meetings afin de les faire monter en gamme. L’objectif est de permettre aux athlètes français d’aller marquer des points lors des compétitions hexagonales dans le cadre du ranking, un système qui valorise non seulement la performance brute, mais aussi la régularité et le classement lors des meetings les mieux classés ». Cet hiver, dix meetings français sont intégrés au programme du World Indoor Tour, un record.

 

Vers une sélection française élargie à Budapest

L’ambition de la FFA aux Championnats du Monde 2023 de Budapest 2023 est de présenter l’équipe de France la plus compétitive possible dans l’optique des Jeux olympiques de Paris 2024. Cela se traduit par la volonté de sélectionner les athlètes ayant une réelle possibilité de figurer dans les 24 premiers de l’épreuve dans laquelle ils sont engagés. « On a été très exigeants pour Eugene 2022, car on avait besoin de resserrer la sélection pour créer un noyau dur performant. Pour Budapest, on va un peu ouvrir la sélection, en fixant le cut du ranking au top 24 pour tous les athlètes et au top 30 pour les champions de France. Il y avait 41 athlètes aux Etats-Unis, on espère en avoir entre 50 et 60 en Hongrie, relais inclus. »

 

Les minima World Athletics pour Budapest 2023

Hommes

  • 100 m : 10″00
  • 200 m : 20″16
  • 400 m : 45″00
  • 800 m : 1’44″70
  • 1500 m : 3’34″20
  • 5000 m : 13’07″00
  • 10 000 m : 27’10″00
  • Marathon : 2h09’40
  • 110 m haies : 13″28
  • 400 m haies : 48″70
  • 3000 m steeple : 8’15″00
  • Hauteur : 2,32 m
  • Perche : 5,81 m
  • Longueur : 8,25 m
  • Triple saut : 17,20 m
  • Poids : 21,40 m
  • Disque : 67,00 m
  • Marteau : 78,00 m
  • Javelot : 85,20 m
  • Décathlon : 8460 points
  • 20 km marche : 1h20’10
  • 35 km marche : 2h29’40

 

Femmes

  • 100 m : 11″08
  • 200 m : 22″60
  • 400 m : 51″00
  • 800 m : 1’59″80
  • 1500 m : 4’03″50
  • 5000 m : 14’57″00
  • 10 000 m : 30’40″00
  • Marathon : 2h28’00
  • 100 m haies : 12″78
  • 400 m haies : 54″90
  • 3000 m steeple : 9’23″00
  • Hauteur : 1,97 m
  • Perche : 4,71 m
  • Longueur : 6,85 m
  • Triple saut : 14,52 m
  • Poids : 18,80 m
  • Disque : 64,20 m
  • Marteau : 73,60 m
  • Javelot : 63,80 m
  • Heptathlon : 6480 points
  • 20 km marche : 1h29’20
  • 35 km marche : 2h51’30

Crédit photo : Solène Decosta / STADION

ARTICLES RÉCENTS
Cross d’Allonnes 2024 : Jimmy Gressier en terrain conquis

Cross d’Allonnes 2024 : Jimmy Gressier en terrain conquis

Pour cette 60e édition du Cross d'Allonnes, Jimmy Gressier a pris le meilleur face aux spécialistes des haut plateaux et s'offre un deuxième succès après celui acquis en 2021. Dix ans après le dernier podium d’une Française, Manon Trapp s'est classée troisième et...

NOUVEAUTÉS
NOUVEAUTÉS

NEWSLETTER

Rejoignez nos 30 000 abonnés pour ne rien manquer de l'actualité de l'athlétisme, du running et du trail !