Championnats du monde d’athlétisme : Azeddine Habz, son jour viendra

23 août 2023 à 23:17

Dans une finale du 1500 m marquée par la victoire du Britannique Josh Kerr devant le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, Azeddine Habz a pris la onzième place en 3’33″14 aux Championnats du monde d’athlétisme de Budapest. Belle soirée pour Alice Finot qui a validé son ticket pour la finale du 3000 m steeple et a réalisé les minima olympiques.

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Dans un Centre national d’athlétisme de Budapest quasiment plein, les spectateurs s’attendaient à vivre une démonstration de Jakob Ingebrigtsen en finale du 1500 m. Il n’en sera finalement rien. Le Norvégien de 22 ans devra encore patienter avant de devenir champion du monde sur la distance dont il détienr le record d’Europe. Comme l’an dernier à Eugene, le prodige du demi-fond a dû se contenter de l’argent à Budapest avec la victoire du Britannique Josh Kerr. Le prodige de 22 ans n’a visiblement pas retenu la leçon de Eugene. Battu au finish par l’étonnant Jake Wightman l’an dernier, il a une nouvelle fois été piégé par un Britannique après avoir fait tout le travail en tête de la course. C’est cette fois-ci Josh Kerr qui lui a brûlé la politesse, pour 26 centièmes de seconde (3’29″38 contre 3’29″65). Quant à Jakob Ingebrigtsen, il tentera de se venger sur 5000 m, comme il l’avait fait à Eugene où il s’était paré d’or cinq jours après son échec sur 1500 m.

Dans une finale où sept concurrents sur douze avaient couru sous les 3’30 en 2023, Azeddine Habz visait sans rougir la boîte. Longtemps dans le coup pour la breloque, le représentant du Val d’Europe Montévrain Athlétisme a finalement pris la onzième place en 3’33″14.  « J’étais bien placé, je savais que ça allait s’emballer dans les 150 derniers mètres. Ça s’est bien passé jusqu’aux derniers 200 m, où je n’ai pas réussi à relancer et où ça coince. Les jambes n’ont pas répondu. Ensuite, dans la tête, ça n’a fait que chuter. Je ne veux pas dire que je suis satisfait, mais j’ai appris des trucs. C’étaient mes premiers championnats du monde. Je fais une finale. C’est plutôt pas mal. Je compte retourner au travail pour être au rendez-vous l’année prochaine à Paris. C’est un résultat frustrant. Le gars qui fait troisième (le Norvégien Narve Nordas), je l’ai déjà battu cette année à Oslo et en demies. Je suis vraiment déçu. La médaille de bronze était prenable. »

Coup double pour Alice Finot

Alice Finot maîtrise l’exercice des séries sur 3000 m steeple. Elle l’a encore prouvé ce soir, en décrochant sans trembler son billet pour la finale. Rapidement, un groupe de cinq s’est formé grâce au travail d’écrémage de l’Albanaise Luiza Gega et un écart s’est creusé avec avec la sixième. La recordwoman de France de la spécialité (9’10″04 à Florence) n’avait ensuite qu’à contrôler son effort dans le dernier kilomètre. Quatrième en 9’20″27, la sociétaire du CA Montreuil 93 a vécu une belle première soirée dans la capitale hongroise en s’acquittant aussi des minima pour les Jeux olympiques de Paris 2024.

« J’ai levé les yeux vers le grand écran à mi-course, pour voir si on s’était détachées, et j’ai vu qu’on était un groupe de cinq. Je me suis dit qu’il fallait gérer mon effort. Mais au 2000 m, je me suis rendu compte qu’on était sur les bases des minima olympiques (fixés à 9’23″00). Je me suis dit : « ne ralentis pas tant que ça ». J’ai validé les deux choses que j’étais venue chercher dans cette course : les minima olympiques et la finale. Je suis super contente. En finale, j’ai intérêt à ce que ça parte tactique. Je prendrai le départ avec les deux scénarios en tête et je me battrai avec les armes du jour ». Dimanche à 21h05, Alice Finot tentera de faire mieux que Sophie Duarte, cinquième aux Mondiaux d’Osaka en 2007.

Flavie Renouard faisait aussi partie des prétendantes à une place en finale. Brillante lors de la Diamond League de Londres avec un chrono de 9’19″07, la pensionnaire du Caen Athlétic Club a vu la qualification s’éloigner au passage du 1500 m (4’44″91) lorsque la championne olympique de Tokyo, l’Ougandaise Peruth Chemutai a accéléré la cadence. Détachée du groupe de tête et loin des cinq premières places directement qualificatives, la championne d’Europe espoirs en 2021 a mis à point d’honneur à s’arracher dans la dernière ligne droite, devançant l’ancienne championne du monde Emma Coburn. Neuvième en 9’39″91, Flavie Renouard garde surtout la même volonté : celle de tout donner pour le maillot bleu. 

« Encore une fois, on passe à côté et on ne prend pas une potentielle médaille »

Troisième à Pékin en 2015, puis douzième en 2017 à Londres et sixième en 2019 à Doha, Alexandra Tavernier ne vivra pas une quatrième finale planétaire au lancer du marteau à Budapest. La Haut-Savoyarde installée à Ploumilliau, en Bretagne, n’avait sûrement pas envisagé s’arrêter subitement après trois essais. Surtout après « lancé deux fois à 73 mètres avec une facilité assez déconcertante » à l’échauffement. Après un premier jet intéressant à 70,19 m, le marteau est resté dans la cage au deuxième essai. « Pourquoi ? Je n’en sais encore rien, même si je pense que c’est le mental qui a cédé. Je vais débriefer ça avec la psy et le coach. La finale est hyper ouverte et, encore une fois, on passe à côté et on ne prend pas une potentielle médaille. Ça fait mal… ». En effet, pour s’ouvrir les portes de la finale, il fallait réaliser plus de 71,25 m, une marque réalisée par la Danoise Katrine Koch Jacobsen. Deux surprises dans ce concours de qualification qui a été fatal à la recordwoman du monde (82,98 m en 2016), la Polonaise Anita Wlodarczyk (71,17 m) et à l’Américaine Brooke Andersen (67,72 m), championne du monde en titre du lancer de marteau, troisième femme au monde à franchir les 80 mètres (80,17 m en 2023). « Il y a eu de mauvaises ondes pendant ce concours. Deux championnes du monde sont passées à côté », affirme Alexandra Tavernier.

Placée dans le groupe A, en tout début de programme de la soirée, Rose Loga, vice-championne du monde et d’Europe juniors en 2021, ne sera malheureusement pas non plus de retour dans l’aire demain. Si l’élève de Baptiste Lacourt a mordu sa première tentative, elle a eu le mérite de se remettre dans le droit chemin avec un jet à 67,95 m avant de voir son marteau retombé hors secteur à son troisième essai. Déjà en difficulté aux Championnats d’Europe Espoirs disputés à Espoo (Finlande) mi-juillet, la Chartraine de 21 ans, détentrice d’un record à 71,09 m réalisé en 2021, voit son aventure s’arrêter là. « Le concours s’est plutôt bien passé. Au premier essai, j’ai vraiment ressenti le stress des Mondiaux. J’avais le cœur qui battait fort quand je lançais. J’ai pris le temps de me calmer et j’ai su me remobiliser aux deuxième et troisième essais. J’ai pris des risques à ma dernière tentative. Je n’étais pas dans une situation où je pouvais me permettre d’assurer. Je n’ai aucun regret. »

La marche était un peu haute pour Cyréna Samba -Mayela

Dès la première demi-finale du 100 m haies, les chronos se sont affolés et la deuxième et dernière prise au temps (la Jamaïcaine Megan Tapper) avait claqué un 12″55, ce qui signifiait déjà, comme il était prévisible, que Cyréna Samba-Mayela, en lice dans la demie suivante, devait s’emparer du record de France (co-détenu par Monique Éwanjé-Épée et Cindy Billaud en 12″56). Auteure d’un bon départ, la championne du monde du 60 m haies a commis une faute sur le septième obstacle qui l’a privée de toute chance d’un exploit. La protégée de Teddy Tamgho a terminé cinquième en 12″95 (-0,7 m/s). « Je savais qu’il fallait que je me surpasse pour aller en finale. J’ai essayé de saisir l’occasion, mais je n’ai pas pu rester dans mon schéma de course. Je me suis laissée entraîner par le rythme de Tobi Amusan (recordwoman du monde en 12″12) et je n’ai pas pu assumer. Je suis sûre que cette course va me servir pour la suite. »

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Crédits photos : Solène Decosta / STADION

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