Championnats du monde d’athlétisme : Noah Lyles et Shericka Jackson à toute vitesse sur 200 m

26 août 2023 à 11:23

Les spectateurs ont encore vibré ce vendredi soir lors de la septième journée des Championnats du monde d’athlétisme à Budapest. Dans une enceinte en ébullition, les fusées du 200 m ont brillé de mille feux. L’Américain Noah Lyles a remporté un troisième titre consécutif sur le demi-tour de piste, parvenant à réaliser le doublé 100 m-200 m, tandis que la Jamaïcaine Shericka Jackson s’est rapprochée de sept centièmes du record du monde en 21″41. Dans le concours de saut du triple saut, la Vénézuélienne Yulimar Rojas a attendu son sixième et dernier essai pour s’adjuger un quatrième titre mondial d’affilée, alors qu’elle n’était que huitième avant une dernière tentative à 15,08 m.

Rugir au départ et à l’arrivée, tel est le quotidien de Noah Lyles dans ces Mondiaux de Budapest. En quête d’un doublé (100 m- 200 m) plus vu sur un rendez-vous planétaire depuis celui d’Usain Bolt à Pékin en 2015, l’Américain voyait les choses en grand cette année. La première étape avait été admirablement gravi samedi dernier après une victoire fantastique et un premier titre mondial sur 100 mètres pour le natif de Gainesville. C’était donc avec une grande confiance que le sprinteur de 26 ans retrouvait  » son » 200 m où il a déjà été sacré à deux reprises (Doha en 2019 et Eugene en 2022).

Favori, le Floridien faisait partie de l’énorme contingent américain dans cette finale où quatre d’entre eux étaient au départ. La tension montait petit à petit lorsque les lions furent lâchés. Noah Lyles, d‘une grande justesse techniquene caracolait pas seul en tête dans le virage mais a effectué une énorme différence dans la dernière ligne droite pour se détacher définitivement de la meute. Ça y est, il rejoignait les légendes au panthéon du sprint avec ce doublé historique qui restera dans les annales de l’athlétisme. 

 

 

Dorénavant auréolé de cinq titres mondiaux entre le 100 m, 200 m et le relais 4×100 m, l’Américain de « seulement » 26 ans s’impose petit à petit comme le sprinteur numéro 1 de la planète. Dans cette finale, le chrono de 19″52 (-0,2 m/s) est anecdotique mais la performance est gigantesque. « C’est un grand sentiment de savoir que j’ai fait quelque chose que peu de gens ont réalisé. Dans mon documentaire, j’ai dit que je voulais que ce soit fait, que c’était différent de n’importe qui d’autre, et que je voulais gagner deux médailles d’or. Je voulais montrer que je suis différent. Aujourd’hui, je l’ai montré. Je suis double champion du monde. (…) D’autres sont aussi avides d’or que moi. Aujourd’hui, je suis arrivé avec cette mentalité de champion. Usain Bolt l’a fait, et il me dit qu’il voit ce que je fais et qu’il le respecte, c’est incroyable », déclarait le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Tokyo 2021 qui devrait participer à la finale du relais 4×100 m avec les Etats-Unis ce samedi.

Loin derrière, dans ce 200 m d’anthologie, son jeune compatriote Erriyon Knighton prend la médaille d’argent, flashé en 19″75, alors que le troisième Letsile Tebogo, en argent sur le 100 m, se pare d’une nouvelle médaille (19″81) et confirme qu’il faudra compter sur lui à l’avenir. À la peine ces derniers mois, le champion olympique en titre de la spécialité, le Canadien Andre De Grasse a pris la sixième place en 20″14 et espère revenir à son meilleur niveau avant les Jeux olympiques de Paris l’année prochaine.

 

Shericka Jackson à sept centièmes du record du monde

Quelques minutes plus tôt, les spectateurs du Centre National d’athlétisme de Budapest avaient déjà admiré un éblouissant 200 m féminin où le record du monde était passé à un cheveu d’être battu, sept centièmes exactement). Le plateau de cette finale du demi-tour de piste faisait saliver les amoureux de vitesse avec notamment Shericka Jackson (championne du monde en titre), l’Américaine Gabrielle Thomas (meilleure performeuse mondiale de la saison en 21″60) mais aussi la lauréate du 100 m cinq jours plus tôt, l’Américaine Sha’Carri Richardson.

Mais une d’entre elles faisait office de favorite et voulait repartir de Budapest avec une deuxième breloque d’or mondial sur 200 m autour du cou. Autrice d’un chef d’œuvre majestueux, Shericka Jackson semblait seule au monde dans une course dominée de bout en bout et conclut en beauté avec un chrono hallucinant de 21″41 (+0,1 m/s), deuxième meilleur temps de l’histoire de la discipline. Malgré ça, la Jamaïcaine avait la moue à la ligne d’arrivée, déçue d’être passée à seulement sept centièmes du vieux et controversé record du monde de Florence Griffith-Joyner (21″34 en 1988 à Séoul). 

 

 

Les Américaines Gabrielle Thomas (deuxième en 21 »81) et Sha’Carri Richardson (3e en 21 »92, record personnel) n’ont pu qu’admirer l’exploit monumental de la sprinteuse de 29 ans et complètent le podium d’une course qui aura marqué les esprits donc ceux de la principale protagoniste Shericka Jackson. « Hier (lors des demi-finales), j’ai été un peu plus passive. Je pense que je me suis bien débrouillé ce soir. J’ai fait une bonne course ce soir. 21″41 est un temps dont je ne peux pas me plaindre. Même si j’avais l’habitude de courir le 400 m, je peux faire encore mieux sur 100 m et 200 m. Je me sens comme une témoin et si vous pouvez créer quelque chose, si vous le voulez vraiment, n’abandonnez jamais. Même si j’étais assez proche du record du monde, ce n’était pas ce que j’avais en tête. Je vais continuer à travailler et j’espère pouvoir maintenir au moins ce niveau. Nous verrons si le record du monde viendra.« 

 

Yulimar Rojas titrée pour la quatrième fois

Sur le gong ! Revenue des fins fonds d’un concours du triple saut mal embarqué ce vendredi soir, Yulimar Rojas a attrapé pour la quatrième fois la médaille d’or mondiale après 2017, 2019, 2022. Pas à son aise lors des trois premiers sauts, la Vénézuélienne de 27 ans grattait les trois tentatives supplémentaires grâce à une « petite » marque de 14,33 m (vent nul), synonyme de huitième place provisoire. Mordant son quatrième puis son cinquième essai, la détentrice du record du monde (15,67 m) s’avançait pour une sixième et dernière tentative sous une pression immense. Mais la « rockstar » de la discipline n’avait pas dit son dernier mot et malgré des difficultés bien visible lors d’un concours dominé jusque-là par la vice-championne du monde en 2019 à Doha, l’Ukrainienne Maryna Bekh-Romanchuk (15,00 m), la championne olympique de Tokyo en 2021 s’envola ver les cieux de Budapest.

 

 

Retombée à 15,08 m (vent nul), Yulimar Rojas toucha à nouveau le Graal après un 43e saut à plus de 15 mètres. Incroyable. « C’était très difficile. Le fait que j’ai gagné la compétition avec ma dernière tentative la rend très spéciale et mémorable. C’est mon septième titre de champion du monde consécutif (en plein air et en salle confondu), mais c’est le plus spécial de tous. Ma dernière tentative était la preuve du travail acharné que j’ai fait, de mon état mental et de ma confiance en moi. Je ne me souciais pas de la distance, la seule chose que j’avais en tête, c’était l’or. Après avoir remporté les Jeux olympiques de Tokyo en 2021, j’ai dit le lendemain que les Vénézuéliens ne travailleraient pas parce que tout le monde dans le pays était en fête. Et bien maintenant, ce sera plus ou moins la même chose. Je vais faire la une partout. Mais plus important encore, je vais être dans le cœur de tout le peuple vénézuélien ». L’Ukrainienne Bekh-Romanchuk, en argent, ramène la toute première médaille à son pays tandis que la Cubaine Leyanis Perez Hernandez complète le podium (14,96 m) d’un concours invraisemblable dont les suiveurs assidus du triple saut se souviendront pendant longtemps.

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION

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