Auteur du meilleur concours de sa carrière, Quentin Bigot a terminé au pied du podium au marteau avec un jet à 80,24 m à Eugene. Dans un concours d’une densité exceptionnelle, il a évolué à son meilleur niveau et n’a absolument rien à regretter. Grande satisfaction pour Alice Finot qui a impressionné en remportant sa série du 3000 m steeple avec un nouveau record de France à la clé en 9’14″43 et a montré qu’il faudrait compter sur elle en finale. Pascal Martinot-Lagarde, Sasha Zhoya et Just-Kwaou-Mathey, les trois hurdlers engagés en séries du 110 m haies, ont passé le cap des séries. Même réussite pour Wilfried Happio sur 400 m haies. Récit !
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Soixante-trois centimètres. C’est ce qui a séparé le troisième de la finale, le Norvégien Eivind Henriksen (80,87 m) de Quentin Bigot ce soir en finale du marteau. Un écart plutôt faible mais au fond, le lanceur d’Athlétisme Metz Métropole n’a rien à se reprocher. Son concours a été d’une régularité bluffante, avec 78,86 m au deuxième essai comme pire marque et une moyenne de 79,63 m sur l’ensemble de ses six tentatives, le plus régulier de tous les concurrents, et a donc dépassé la barre symbolique des 80 mètres, sur son troisième essai, avec 80,24 m. Un lancer tout proche de son record personnel, de 80,55 m, établi cette année. Il fallait faire mieux pour monter sur la boîte ce samedi. Il y a des quatrièmes places frustrantes et pas du tout réjouissantes. Mais celle décrochée par Quentin Bigot ne peut pas entrer dans cette catégorie. L’élève de Pierre-Jean Vazel a tout bonnement réalisé le meilleur concours de sa carrière à 29 ans.
Un résultat qui ne suffisait pas à satisfaire le vice-champion du monde de Doha en 2019, qui visait le podium aujourd’hui. « Il aurait fallu que je batte mon record pour aller chercher la troisième place. J’ai un sentiment mitigé, je suis quand même content parce que faire 80 mètres dans un grand championnat, c’est assez rare dans l’histoire du marteau. C’est le jeu, l’an passé aux JO le podium était accessible à 80,50 m. Je savais qu’avec un petit 80,50 m ça ne suffirait peut-être pas, et ça n’a pas suffi. Déçu parce que je ne ramène pas de médaille mais je suis à ma place étant à mon meilleur niveau ». Le concours, d’une densité exceptionnelle a été particulièrement stressant pour tous les suiveurs. Pour l’or, Pawel Fajdek s’est avéré intouchable avec ses 81,98 m, la meilleure performance mondiale de la saison. Le Polonais a décroché un cinquième titre mondial consécutif au lancer du marteau et a devancé son compatriote, le champion olympique de Tokyo Wojciech Nowicki (81,03 m). Pour donner une idée du niveau incroyable, lors de la quatrième place de Quentin Bigot à Londres en 2017, le Lorrain avait réalisé 77,67 m, qui ne lui aurait pas ouvert les portes d’un top 8 à Eugene. Pawel Fadjek, lui, n’avait même pas franchi les 80 mètres (79,81 m).
Alice Finot, le record et la finale
Le demi-fond français se porte bien depuis le début de ces Championnats du Monde d’athlétisme. Après la qualification de Mehdi Belhadj en finale, son homologue féminine a frappé fort, très fort même. Pour sa deuxième sélection internationale, la vice-championne d’Europe en salle 2021 du 3000 m de Torun a une nouvelle fois été au top lors du grand rendez-vous de l’année comme en témoigne sa victoire en séries avec ses 9’14″34 du soir. Il parait logique de battre un record de France en finale, beaucoup moins en séries, surtout en demi-fond ! C’est la troisième fois de la saison que la steepleuse de 31 ans, installée en Galice, pulvérise le chrono national de référence après ses 9’21′ »41 de Huelva et ses 9’19′ »59 de Stockholm. « J’attendais ce championnat avec impatience parce que je savais que j’allais avoir la configuration qui allait me permettre d’élever mon niveau et d’améliorer mon chrono. Je revalide un record de France, c’est génial ! », se réjouit l’ingénieure dans le secteur de l’automobile.
Sa capacité à se dépasser et à abaisser dans les grandes largeurs ses chronos chaque année lors des championnats ne peut que susciter l’admiration. Aujourd’hui, la pensionnaire du CA Montreuil ne s’est pas réservée. Elle n’avait pas le choix dans une course où figurait la championne olympique ougandaise Peruth Chemutai (5e en 9’16″66). On la retrouvera avec grand plaisir mercredi 20 juillet à 4h45 pour la grande explication. « Il ne faut pas griller les étapes, j’ai fait comme ça aux Europe de Torun. Mon idée c’était de participer, ensuite de passer en finale et enfin de faire une médaille donc je recommence le même schéma. On verra s’il y a une médaille et avec une course comme celle-ci, je ne m’interdis pas de rêver à un top 8 et de me rapprocher du podium parce que j’ai devancé des filles qui me semblaient intouchables ». Alice Finot est encore prête à faire des merveilles…
Trois sur trois pour les hurdlers
Premier des trois spécialistes tricolores des haies hautes à entrer en action, Pascal Martinot-Lagarde a produit une course poussive et pris la cinquième place de sa série du 110 m haies en 13″49 (-0,5 m/s). Alors que les quatre premiers seulement de chaque course filaient en demi-finales, le champion d’Europe de Berlin a dû patienter jusqu’à la fin des séries pour savoir s’il rejoignait le tour suivant. Plus de peur que de mal pour PML qui est repêché avec le premier temps des cinq courses. Malgré une préparation plus que compliquée et seulement une séance spécifique complète dans les jambes, le sociétaire de l’ES Montgeron, qui cumule 11 médailles en grands championnats, sait qu’il peut faire bien mieux. « À l’échauffement, je sentais que ça ne répondait pas comme je voulais mais parfois les sensations sont trompeuses, on se sent bien et finalement on fait une mauvaise course, parfois on se sent pas super et on fait une bonne course. Je suis quelqu’un qui peut monter en forme à chaque tour. À chaque fois je fais une série correcte, une demi-finale plus rapide et en finale je donne tout. 13″49 ce n’est pas fou fou pour une série. Cette année est absolument énorme en termes de performance avec de gros chronos réalisés par les Américains et les Jamaïcains ! ». Les haies restent une discipline incertaine et PML aime l’odeur des grands rendez-vous…
De son côté, Sasha Zhoya, placé dans la troisième série, a connu une mise en action hésitante et commis une grosse faute lors du huitième obstacle heureusement sans frais, mais a assuré l’essentiel en coupant la ligne en troisième position (13″48, -0,3 m/s). « J’ai quasiment perdu l’équilibre sur la huitième haie lorsque l’Américain Daniel Roberts a chuté mais j’ai eu de la chance d’avoir trouvé les ressources nécessaires pour enchaîner. Ce n’est pas la course parfaite mais il y a de belles choses à faire en demi-finales ! ». Pour ses premiers grands championnats, Sasha Zhoya arrive avec l’appétit de ceux qui sont programmés pour aller décrocher la lune. À 20 ans à peine, il débarque dans la Mecque de l’athlétisme américain avec le cinquième temps des engagés (13″17) pour décrocher son premier titre de champion de France Elite il y a quelques semaines à Caen. Lui qui n’a couru que cinq 110 m haies chez les seniors avant ce soir arrive aux Mondiaux avec l’ambition d’une médaille. Finalement, le Français qui a fait la plus belle impression est Just Kwaou-Mathey qui est allé chercher son billet pour les demi-finales grâce à sa troisième place en 13″32 (+0,2 m/s), à cinq centièmes de son record.
Sur 400 m haies, aucun souci pour Wilfried Happio, troisième de sa série en 49″60, qui rejoint sans grande difficulté les demi-finales malgré un départ hésitant. « J’ai foiré mon départ mais j’ai fait le job ! Il fallait assurer sa place en demi-finales sans trop dépenser d’énergie parce le prochain tour est déjà demain et il va falloir battre son record pour intégrer la finale. »
Crédits photos : Solène Decosta / STADION
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STADION À EUGENE !
Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Championnats du monde d’athlétisme dans l’Oregon, du 15 au 24 juillet. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous planétaire (sélection tricolore, retransmission TV en direct, programme complet, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !
