Dorian Louvet : « Fier de représenter l’athlétisme français dans Koh-Lanta »

04 décembre 2020 à 9:34

Dorian Louvet (30 ans) a accroché le bon wagon. Champion de France national sur 3000 m steeple en 2016 (record en 8’57″16), le contrôleur SNCF a atteint la finale de Koh-Lanta, les 4 Terres. S’il n’ira pas sur les fameux poteaux lors de la grande finale diffusée ce vendredi après s’être arrêté à l’épreuve de l’orientation, aucun regret pour le sociétaire de l’EA Mondeville-Hérouville qui avait déjà tout donné. Pour Stadion, le protégé d’Adrien Taouji a longuement débriefé sur son incroyable aventure.

— Dorian, qu’est-ce qui vous a poussé à participer à Koh-Lanta ?

Ça a toujours été un rêve de gosse ! Quand je regardais Koh-Lanta à la télévision, j’ai toujours eu l’envie de participer, je m’y voyais bien. J’aime le côté compétition du jeu, ses épreuves pour pouvoir se surpasser et surtout pour vivre une expérience unique. C’est ce qui m’a poussé à postuler il y a de ça dix ans, même si je ne m’inscrivais pas tous les ans, c’était la quatrième ou la cinquième fois en 2019. Cette année-là a été la bonne et je ne regrette pas du tout d’avoir persévéré. 

— Vous avez dit dans votre vidéo de présentation « Koh-Lanta c’est mes Jeux olympiques à moi ». C’est réellement le cas ?

J’ai beaucoup d’amis qui sont des athlètes de haut niveau et quand ils me demandaient de choisir entre participer aux JO ou à Koh-Lanta, j’ai toujours dit que je préférais participer à Koh-Lanta. Pourtant, on sait que pour tout athlète, le rêve c’est de participer aux JO. Et moi Koh-Lanta, c’est mon rêve et mes Jeux olympiques à moi. Quand je suis arrivé aux îles Fidji, je me suis dit que j’avais une chance inouïe d’y être et il ne fallait pas la gâcher. Je n’avais pas envie de passer à côté de cette aventure comme quand tu vas aux JO où tu as envie de vivre le moment à fond. J’ai vraiment profité de chaque instant.

—  Malgré votre esprit de compétiteur, vous étiez toujours placé mais pas gagnant lors des épreuves individuelles. C’est un peu frustrant ?

Je l’ai très mal vécu pendant le jeu, la preuve c’est que j’ai craqué sur la dernière épreuve avant les poteaux, celle de la course d’orientation. Aujourd’hui avec du recul, je vois le côté positif de l’aventure en me disant que j’ai fait 39 jours (sur 40 possibles) et que je suis finaliste. J’ai existé autrement que par des victoires mais ça me reste en travers de la gorge. C’est quelque chose que j’ai toujours du mal à accepter. Quand tu réussis à briller sur les épreuves en équipes, tu t’attends aussi à briller en épreuves individuelles.

—  Vous n’êtes jamais passé très loin de la victoire à chaque fois…

Il y a des épreuves qui étaient plus faites pour moi comme, bien sûr, les épreuves sportives et d’autres moins. Cependant, je suis sûr qu’Usain Bolt, même s’il est plusieurs fois champion olympique et recordman du monde du 100 m, tu lui demandes de ramener trois pièces de bois à l’aide d’une corde au bout de laquelle se trouve un crochet, ça a beau être un athlète hors-norme, ça ne va pas l’aider plus que ça. Lors de la réunification (NDLR : moment placé au vingtième jour environ de l’aventure durant lequel les deux équipes s’allient), j’arrive un peu avec l’étiquette de l’aventurier qui est le plus fort sur les épreuves. Il n’y a pas eu beaucoup d’épreuves sportives mais quand il y en a eu, j’ai manqué le coche.

— Vous êtes toutefois fier de votre parcours dans l’aventure ?

Si c’était à refaire, je referais exactement la même aventure mais je gagnerais les épreuves individuelles (il rigole). Je n’ai jamais vraiment été en danger sur les conseils, j’ai plutôt bien mené ma barque, j’ai créé de solides affinités et j’ai été jusqu’au bout avec mes alliés. Lors de la course d’orientation, je suis dans un état d’épuisement assez avancé. On découvre les images en même temps que les téléspectateurs et j’avais oublié que je n’étais plus moi-même. C’est un peu dommage d’échouer à ce niveau-là mais il faut relativiser, j’ai fait une belle aventure.

— Depuis plusieurs années, les athlètes, à l’image de Naoil Tita (gagnante de « L’île des Héros » 2020), se mettent régulièrement en évidence dans le jeu. Comment l’expliquez-vous ?

Les qualités et les valeurs indispensables d’un bon aventurier de Koh-Lanta, tu les retrouves aussi chez les athlètes. Que ce soit des qualités d’endurance et de coordination ou des valeurs de cohésion et d’esprit d’équipe. Quand tu fais de l’athlétisme, d’une part, mentalement on est prêt à partir s’entraîner peu importe le temps et l’heure, prêt à encaisser les séances dures et prêt à se relever après un échec. D’autre part, l’athlétisme est un sport individuel avec une forte dimension collective parce qu’on aime être en groupe. Et Koh-Lanta c’est exactement la même chose. On remarque également que les athlètes sont aussi appréciés du public parce je pense qu’on véhicule des valeurs fortes. Je suis très fier de représenter l’athlétisme français dans Koh-Lanta.

— Qu’est-ce qui est le plus difficile entre un cross et le parcours du combattant ?

Le parcours du combattant est vraiment l’épreuve que je voulais gagner. Mais quand on l’a fait, on a faim et on est seulement à 30% de nos capacités physiques. Tu fais 10 mètres, t’es déjà KO. J’ai pourtant l’habitude d’enchaîner les efforts et les séances difficiles où je finis par terre sur la piste mais la difficulté n’est pas comparable. L’avantage d’un cross contrairement au parcours du combattant, c’est que t’as quand même le temps de récupérer et de te relancer même si ça devient dur sur la fin.

— Comment s’est déroulée la reprise de l’entraînement après Koh-Lanta ?

Quand je suis rentré de Koh-Lanta, j’étais épuisé physiquement. J’ai mis un mois et demi pour aller faire mon premier footing. C’était un 5 km à 6 minutes par kilo et à la fin, j’étais en croix. Petit à petit, c’est revenu et pendant le confinement j’ai réussi à m’entraîner et à récupérer un niveau correct. Au sortir du confinement, on a fait un test sur 2000 m où j’ai claqué 5’35.

— Avez-vous prévu de réaliser une saison en 2021 ?

Dès que la diffusion de Koh-Lanta sera terminée, je compte bien reprendre un rythme de sportif et mon quotidien d’athlète. C’est quelque chose qui me manque. J’ai hâte de retrouver mon meilleur niveau. Même s’il est difficile de se projeter, j’aimerais bien participer aux France de cross à Montauban (14 mars) et ce serait mon premier objectif de la saison.

— Vous êtes entraîné par Adrien Taouji (voir notre reportage) qui coache également de grands espoirs de l’athlétisme français à l’INSEP (Jimmy Gressier, Claire Palou, Emma Oudiou, Maëva Danois). A-t-il été un soutien de poids pour vous en amont du jeu ?

Cela fait 10 ans qu’on travaille ensemble et je crois que je suis un de ses plus vieux athlètes en activité. C’est pour moi beaucoup plus qu’un entraîneur et on a une complicité qui va bien au-delà de l’athlétisme. Je réalise ses plans d’entraînement les yeux fermés parce que j’ai une confiance aveugle envers son travail. Il connaissait mon rêve pour Koh-Lanta et a été l’une des rares personnes à savoir que j’avais été sélectionné. Lorsque j’étais en train de passer les castings, j’avais du mal à me concentrer sur l’athlétisme. Il me connaît par coeur et il voyait qu’à l’entraînement j’avais un peu la tête ailleurs. En 2019, j’avais plus trop envie de courir mais d’aller à Koh-Lanta. On a effectué une préparation spécifique pour le jeu avec notamment de la préparation physique et de la proprioception. On a de la chance à Caen de pouvoir profiter de ses compétences. 

— Vous faites partie des ambassadeurs 2020 pour la marque Mizuno…

Je remercie Mizuno parce que la marque m’a fait confiance bien avant Koh-Lanta. Ça fait maintenant deux ans qu’on est ensemble. Ils apprécient ma personnalité et les valeurs que je peux dégager. Mizuno, ce n’était pas une marque que je portais forcément, j’ai testé leur produit et j’ai été très satisfait de ce qu’ils m’ont proposé. Je suis très fier de pouvoir représenter Mizuno au sein de l’athlétisme français. C’est une marque dynamique qui a pour ambition de se développer et de s’implanter dans le monde de l’athlétisme après avoir fait ses preuves dans le running et dans le trail. Si je peux les accompagner dans ce projet, ce sera avec plaisir.

— Quels sont vos projets pour la suite ?

Le sport est ma passion et devenir coach sportif, c’est une idée que j’ai en tête depuis quelques temps. J’ai un bon relationnel et je suis plutôt pédagogue. Je suis actuellement en train de passer mon diplôme que j’aurai dû passer l’an passé mais je suis parti à Koh-Lanta. Je propose du coaching individuel (renforcement musculaire, préparation physique…), du coaching sportif pour entreprises et collectivités ainsi que des plans d’entraînement running à distance (10 km, semi, marathon). Je conserve toutefois toutes mes fonctions en qualité de contrôleur à la SNCF.

— Que pensez-vous des trois finalistes : Loïc, Brice et Alexandra ?

Sans bien évidemment dénigrer les autres saisons, c’est l’une des premières saisons (21 au total), où quoiqu’il arrive ce soir, ce sera un beau vainqueur. Et on se le dit même depuis l’orientation. Les retours des téléspectateurs vont également dans ce sens.

— Votre pronostic pour ce soir ?

Force est de constater que Loïc a fait une superbe aventure et est apprécié par tous les candidats…

(Re)découvrez l’article sur notre tribu idéale des athlètes français, en cliquant ici.

Crédit photo : STADION

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