Jimmy Gressier : « J’arrive à Dublin avec une forme que je n’ai jamais eue sur un Europe de cross »

08 décembre 2021 à 15:21

À quatre jours des Championnats d’Europe de cross-country à Dublin, Jimmy Gressier est passé ce mercredi devant les journalistes en conférence de presse virtuelle. Le Boulonnais de 24 ans se présente dans la capitale irlandaise avec beaucoup d’envie et sera en quête de sa toute première médaille internationale dans les labours chez les seniors. Un beau défi pour le triple champion d’Europe espoirs de la spécialité qui aura face à lui de solides adversaires, à commencer par le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, champion olympique du 1500 m à Tokyo l’été dernier. Interview.

Jimmy, depuis quand avez-vous en tête de courir aux Championnats d’Europe de cross-country à Dublin ?

Après les JO de Tokyo, quand j’ai repris l’entraînement, je savais que pour me remettre vite dedans, il me fallait un objectif concret et qui arrivait assez vite. La forme était déjà en train de revenir et c’est en sortant de mon stage en altitude à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) fin octobre que je me suis dit que j’allais participer aux France de Montauban et au cross d’Allonnes pour montrer cet état de forme et ainsi participer aux Europe de cross-country qui tombaient à pic.

— Dans quel état d’esprit abordez-vous ce rendez-vous continental ?

C’est ma première participation chez les grands en cross, j’ai tout à prouver et rien à perdre. J’arrive sur ce championnat avec l’envie de prendre beaucoup de plaisir. Le cross est une grande partie de moi-même, c’est là où j’ai commencé, que je me sens le plus fort, que je ne réfléchis pas et que je cours à l’instinct. Au vu des forces en présence, ça va être un beau spectacle et j’en salive d’avance d’être sur la ligne de départ aux côtés de très bons coureurs. Ce qui me fait encore plus plaisir, c’est que j’arrive à Dublin avec une forme que je n’ai jamais eue sur un Europe de cross. Post-Jeux olympiques, j’ai senti que j’avais passé un cap à l’entraînement.

Le plus difficile n’est-il pas de s’affirmer maintenant au niveau senior ?

La densité et le niveau sont plus élevés mais il faut continuer de courir à l’instinct. Il faut être plus prudent dans la première partie de course. J’étais favori chez les jeunes et maintenant je suis outsider chez les seniors. Dans ma tête, je pars sur un top 5 mais je sais que je peux aller chercher beaucoup mieux. Je ne me mets aucune pression. Bien sûr, à un moment donné dans la course, il faudra faire parler l’instinct qui va prendre le dessus sur les capacités physiques et j’espère que je vais avoir cette opportunité. C’est souvent bon signe pour moi, cela veut dire que je suis bien. J’ai un niveau aux alentours des 27’10/27’30 sur 10 km et les meilleurs européens se situent à cette époque de l’année dans ces eaux-là. Il y aura des pistards, des routards et de purs crossmen comme moi. Pour tirer son épingle du jeu, il faudra être aux avants-postes et tenter quelque chose.

— Avec Jakob, vous ne vous êtes plus affrontés dans les labours depuis le 11 décembre 2016 à Chia, en Italie, lors des Championnats d’Europe de cross-country chez les juniors. Comment vivez-vous ces retrouvailles ?

Beaucoup de passionnés se sont excités sur la venue de Jakob Ingebrigtsen qui est pour moi l’un des meilleurs coureurs au monde si ce n’est le futur plus grand coureur de tous les temps. Tout le monde souhaite la bataille entre nous deux. Sur la piste pour l’instant, il n’y pas de débat, mais en cross, c’est une opposition d’homme à homme. J’ai hâte de me battre à ses côtés et d’avoir la chance de pouvoir vaincre un champion olympique malgré le fait qu’il soit plus jeune que moi. Avec la forme que je tiens en ce moment, j’ai quand même une chance de pouvoir m’exprimer. Le plus important, c’est que moi je crois dur comme fer que je peux réussir à le battre. Ce ne sera pas une course contre Jakob mais contre les meilleurs européens dont fait partie Jakob et dont je fais partie. L’Italien Yemaneberhan Crippa, le Belge Isaac Kimeli ou encore l’Espagnol Carlos Mayo seront présents. Je rêve de revivre une émotion comme à Samorin (Slovaquie) en 2017 quand je partais dans un top 10 dans ma tête et qu’à 1 km de l’arrivée je me retrouve devant et que je vais peut-être gagner.

En cas de victoire dimanche, et on vous le souhaite, avez-vous déjà réfléchi à une nouvelle célébration dont vous avez le secret ?

Il est vrai que mes célébrations font parler et que tout le monde me donne quelques petites idées, mais on en discute en rigolant. On laissera parler l’instinct si j’ai la possibilité de passer la ligne d’arrivée en tête.

Collectivement, sur le papier, vous pouvez viser le podium..

On n’a pas spécialement abordé ce sujet mais si chacun fait le taf de son côté, je pense que l’on peut aller chercher quelque chose de bien. Je ne me rends pas trop compte de ce que l’on peut faire par équipes.

Quel est votre avis sur le circuit qui vous attend en terre irlandaise ?

On a déjà vu quelques vidéos. Chez les seniors hommes, sur une distance de 10 000 m, on a une petit boucle d’1 km à parcourir une seule fois et une grande boucle de 1,5 km à emprunter six fois. Ce que j’affectionne particulièrement c’est que tout semble avoir été mis en œuvre pour rendre la course agréable aux coureurs, mais aussi aux spectateurs. Ce circuit permet de contrôler la distance parce que parfois sur certains tracés il est difficile de savoir si l’arrivée est proche ou non. Ce format de course est optimal pour ça. À Tilburg (Pays-Bas) en 2018, lors de mon deuxième titre espoirs, j’avais aimé « tourner en rond ». Je pense que le parcours sera assez gras parce que c’est beaucoup d’herbe boueuse. Il y a également quelques côtes.

Comment s’est créé votre nouveau groupe d’entraînement à l’INSEP baptisé « Lions Track Club Paris » ?

Ce groupe a été créé pour impulser une dynamique collective et un esprit d’équipe dans un sport qui est avant tout individuel. Nous sommes rattachés à l’emblème du lion qui est le symbole de la force. On partage beaucoup avec les jeunes Valentin Gondouin et Luc Le Baron qui viennent de rentrer dans le groupe et qui essayent de se professionnaliser en vue des JO 2024. L’année dernière, j’étais tout seul à l’entraînement avec le vélo devant moi et maintenant je suis avec quatre gars en plus donc c’est un changement. Je suis très bien entouré pour progresser avec également Mehdi Belhadj et Mohamed-Amine El Bouajaji.

 Après Dublin, comment va s’articuler votre saison jusqu’à l’été 2022 ?

On sait déjà ce qu’on va faire jusqu’à cet été à quelques détails près. J’aurai aimé battre mon record d’Europe du 5 km à l’occasion de la Corrida du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer mais elle a été annulée récemment en raison de la crise sanitaire. Je vais courir à la Corrida de Houilles sur 10 km le 26 décembre. Ensuite, je partirai en stage pour préparer la saison en salle sur 1500 m afin de travailler la vitesse. Sur la période janvier-février, je vais effectuer un travail sur du très court que je n’ai pas l’habitude de faire. À l’entraînement, on est en train de se chauffer pour réaliser un 800 m en salle pour s’amuser avec les copains mais avec un but de performance au bout. Avant les JO de Tokyo, j’ai passé de bonnes séances spécifiques 1500 qui me laissaient penser que je pouvais courir aux alentours des 3’30/3’33 mais je n’ai pas eu l’opportunité de m’exprimer sur la distance. Cet été 2022 s’annonce intense, avec les championnats du Monde à Eugene (15 au 24 juillet) et les championnats d’Europe à Munich (15 au 21 août).

Quel est votre meilleur souvenir aux championnats d’Europe de cross ?

Mon premier titre de champion d’Europe espoirs en 2017 à Samorin, c’est là que j’ai réellement commencé à croire en moi. Les deux années avant j’avais fait quatrième et en 2017 à 1500 m de l’arrivée je suis décroché parce que Yemaneberhan Crippa commence à partir et à nous mettre 30 mètres. Je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose malgré la fatigue. J’arrive à sortir du peloton de chasse et à ma plus grande surprise je reviens plus facilement que ce que je croyais sur Crippa. Je regarde sur ma gauche et je m’aperçois que l’arche d’arrivée n’est qu’à 1000 m. À partir de là, je décide de ne plus prendre un mètre de retard et c’est exactement ce qui s’est passé. À 500 m de l’arrivée, je le vois craquer et ça me donne de la force en plus en comprenant que j’allais être champion d’Europe.

Pour découvrir l’article de présentation des Bleus présents à Dublin, rendez-vous sur Running Heroes.

Crédit photo : STADION

STADION À DUBLIN !

Votre média Stadion a le plaisir d’annoncer sa présence aux Championnats d’Europe de cross-country à Dublin. Notre rédaction a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous continental (sélection tricolore, retransmission streaming en direct, programme complet, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !

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