En réalisant une série de performances impressionnantes dans les travaux d’Hercule des décathloniens, Kévin Mayer s’offre à 25 ans le titre de champion du monde avec un total de 8768 points. Exceptionnel.
Question « superlatifs », Kévin Mayer avait déjà mis la barre très haut il y a un an après sa médaille d’argent au décathlon à Rio. Mais il va encore donner du fil à retordre à la presse en obtenant ce samedi à Londres le titre mondial au terme de deux journées venues d’ailleurs. Pour signer cette remarquable performance de 8768 points, le vice-champion olympique a accumulé les performances de choix durant deux jours où il a battu trois records personnels (100 m, 400 m et 110 m haies). Il devance largement les Allemands Rico Freimuth (8564 points) et Kai Kazmirek (8488 points).
Numéro 1 mondial virtuel depuis la retraite du recordman du monde Ashton Eaton fin 2016, il y a eu, vendredi et samedi, Mayer et les autres. Et pendant que les autres se battaient pour savoir qui aurait l’honneur de devenir vice-champion du monde, le Montpelliérain s’est battu contre ses adversaires, mais aussi contre lui-même, pour réussir là où tout le monde attendait qu’il réussisse. C’était écrit, certes, mais encore fallait-il suivre le scénario à la lettre. Déterminé, il a rendu une copie parfaite malgré un petit accroc à la perche. Retour sur deux journées palpitantes, épreuve par épreuve.
.
100 m : Départ canon
Kévin Mayer ne pouvait pas mieux lancer ses dix travaux. Engagé dans la deuxième série du 100 m, vendredi matin, le Français pulvérise son record personnel (10″81) établi à Rio l’an dernier grâce à un chrono de 10″70. Avec un vent défavorable (-0,8 m/s) mais un départ rapide, le combinard prouve qu’il n’est pas gêné par sa pancarte de favori dans le dos et se met dans d’excellentes conditions pour la suite de ce décathlon. Après cette première épreuve, il pointe logiquement à la quatrième place du décathlon avec 929 point. C’est le Canadien Damian Warner qui s’est montré le plus rapide en 10″50.
.
Saut en longueur : Une montée crescendo
Quand il est lancé, plus rien ne peut l’arrêter. Dans le bac à sable du stade olympique de Londres, le vice-champion olympique monte en puissance progressivement. Son premier essai est validé à 7,33 m, son deuxième mesuré à 7,37 m, puis un troisième et ultime à 7,52 m (vent nul). Il s’agit de sa meilleure performance de la saison, non loin de son record à 7,65 m. Kévin Mayer termine quatrième de l’épreuve derrière le Thaïlandais Sutthisak Singkhon (7,65 m), l’Allemand Kai Kazmirek (7,64 m) et le Russe Ilya Shkurenev (7,62 m). Une performance qui lui permet de récolter 940 points supplémentaires et de rester quatrième au classement provisoire avec 1869 points, à 29 points du nouveau leader : l’Allemand Rico Freimuth (1898).
.
Lancer de poids : Mayer prend les commandes
Kevin Mayer continue sur sa lancée et cette fois-ci, le premier essai aura été le bon. Le Français se classe deuxième au lancer du poids, grâce à un meilleur jet à 15,72 m, son meilleur lancer de la saison, derrière le Grenadin Lindon Victor (15,86 m). Cette performance lui permet de marquer 834 points et prendre la tête du classement provisoire (2703 points) aux dépens de l’Allemand Rico Freimuth (14,85 m), relégué à 26 unités. Mayer a néanmoins mis la barre très haute pour ses concurrents. Il est pour l’instant dans les mêmes eaux que lors de son décathlon record de Rio (4 points d’avance après 3 épreuves).
.
Saut en hauteur : Solide leader
Kévin Mayer prend de la hauteur et bondit près de son record personnel (2,10 m). L’athlète entraîné par Bertrand Valcin échoue par trois fois à 2,11 m mais réalise une superbe performance avec 2,08 m. Le recordman d’Europe de l’heptathlon marque 878 points et prend la cinquième place du concours, dominé par l’Allemand Kai Kazmirek (2,11 m). Après quatre épreuves, Mayer est solide leader avec 3581 points et est en avance de 42 unités sur son record du France. Il devance de 109 unités les deux Allemands Rico Freimuth et Kai Kazmirek.
.
400 m : Un tour de piste express
Auteur d’une grosse dernière ligne droite, Kevin Mayer boucle son 400 m à la deuxième place en 48″26, record personnel à la clé (ancien à 48″28). Un très bon chrono qui lui rapporte 897 points et lui permet de cumuler 4478 points à l’issue de la première journée. Il compte 43 points d’avance sur son record de France. Lancé sur des bases de 8 900 points, Kévin Mayer compte une longueur d’avance sur son poursuivant immédiat, l’Allemand Kai Kazmirek (4421). Il est plus que jamais dans la course au titre !
Record personnel sur 400 m pour Kevin Mayer (48″26) qui conclut une journée parfaite ! #London2017 #athlétisme pic.twitter.com/LuqFcqjtlF
— francetv sport (@francetvsport) 11 août 2017
.
110 m haies : Mayer se lève du bon pied
Kévin Mayer débute idéalement la deuxième journée du décathlon. Pour cette sixième épreuve, le Français s’offre un troisième record personnel. Il réussit le troisième temps de sa série, en 13″75. Trois centièmes de mieux que son précédent meilleur chrono établi le 1er juillet dernier lors du Meeting de Paris. Il engrange 1007 points supplémentaires. Au général, le médaillé d’argent de Rio compte 5485 points. Soit 108 de plus que son nouveau dauphin, l’Allemand Rico Freimuth (5377). Le Canadien Damian Warner est troisième avec 5370 points. Le combinard tricolore compte 78 points de mieux qu’ Rio après sept épreuves.
.
Lancer du disque : Encore mieux qu’à Rio
Après avoir mordu son premier essai, Kévin Mayer réussit un jet à 47,14 m sur sa deuxième tentative. Un lancer meilleur que celui qu’il avait établi à Rio avec 46,78 m. Ce qui lui permet de comptabiliser 6296 points. Soit 85 de plus qu’aux Jeux après sept épreuves, lorsqu’il avait établi son record de France. Présent dans le groupe B, Rico Freimuth remporte le concours avec un jet à 51,17 m. Ce qui lui permet de revenir à 24 points du Français au général, avec 6272 points. L’Ukrainien Oleksiy Kasyanov se replace en troisième position (6095 points) et réussit un lancer à 48,79 m.
.
Saut à la perche Tout près du pire
Côté suspense et émotion, on a été plutôt bien servis. Détenteur d’un record à 5,40 m, la perche constitue un de ses gros points forts. Pourtant, c’est sur cette épreuve qu’il a failli tout perdre. Sûr de lui, Kévin Mayer choisit de démarrer son concours en dernier, à 5,10 m. Après avoir échoué par deux fois à cette hauteur, il se retrouve dos au mur pour sa dernière tentative : Il frôle la barre en retombant, laquelle vacille et finit heureusement par rester sur les taquets. Miracle. Le Français sauve son décathlon et se rapproche du titre mondial. Le champion du monde junior échoue ensuite par trois fois à 5,30 m et totalise 7237 points après 8 épreuves. L’essentiel est assuré.
.
Lancer du javelot : Même touché, ça lance fort
Il a ensuite enchaîné avec le lancer du javelot et là encore, nous avons assisté à une performance honorable. Toujours gêné par une douleur au coude apparue lors du Meeting de Paris où il a pulvérisé son record personnel (70,54 m), Kévin Mayer expédie son engin à 66,10 m dans le ciel londonien. Avant la dernière épreuve de ce décathlon, le 1500 m, le Français est tout proche du titre de champion du monde avec 173 points d’avance sur son second, l’Allemand Rico Freimuth (8067 points contre 7894). Il compte également 7 unités d’avance sur son record de France.
.
1500 m : Une course au courage
Il avait besoin de boucler son 1500 m en 4’25″00 ou moins pour améliorer son total record de 8 834 points. Kévin Mayer passe la ligne en huitième position en 4’36″73 et avec un large sourire. Son visage présente des signes de fatigue au vu des efforts consentis pendant deux jours mais qu’importe. Il l’a fait… L’or lui va si bien.
C’est le décathlon des records pour un Kévin Mayer au sommet de son art. « Kéké » complète un incroyable palmarès, et continue de battre records sur records. Sur un an, le Français vient tout simplement de remporter une médaille olympique, un titre et un record d’Europe de l’heptathlon. Il est sans aucun doute le nouveau patron des épreuves combinées mondiales et devrait conserver cette pancarte pendant encore quelques belles années. Il entend poursuivre son parcours sans faute jusqu’aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Un nouvel objectif que personne ne semble en mesure de contester aujourd’hui.
Décathlon : 100 m : 10″70 – Longueur : 7,52 m – Poids : 15,72 m – Hauteur : 2,08 m – 400 m : 48″26 – 110 m haies : 13″75 – Disque : 47,14 m – Perche : 5,10 m – Javelot : 66,10 m – 1500 m : 4’36″73
La rédaction vous conseille : Teddy Tamgho, un athlète dans la peau d’un coach